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31 janvier 2007

Irak : l'autocensure en marche

Il n'y a plus lieu de s'étonner que la presse démocrate américaine donne une couverture systématiquement négative de l'Irak : toute voix discordante en son sein est rapidement rappelée à l'ordre et priée de ne pas franchir la ligne du parti. L'exemple du New York Times, paraît-il une référence en matière de qualité journalistique, est éloquent à cet égard : alors que les succès sont transformés en défaite par une sélection biaisée et une majoration des faits (de façon répétée), un membre de la rédaction qui voit une chance de succès américain en Irak est admonesté par ses chefs, et ses propos traités d'aberration. Alors qu'un autre journaliste du NYT peut se livrer à des diatribes antiaméricaines sans la moindre réaction.

Il doit être assez étrange, dans une opération militaire telle que "Iraqi Freedom", de se rendre compte qu'une partie importante des médias à domicile minimisent vos succès, maximisent vos échecs et se comportent comme s'ils recherchaient votre défaite... Au moins, l'autocensure des belligérants médiatiques a le mérite de leur retirer toute prétention éthique. On y gagne en clarté.

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30 janvier 2007

RMS : chaos stratégique et maintien de la paix

Sur le nouveau site de la Revue Militaire Suisse, dans la phase de développement initiale s'achèvera dans quelques semaines, 2 articles ont été mis en ligne récemment :

Bonne lecture !

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29 janvier 2007

Les barbares parmi nous

L'information ne surprendra pas les fidèles de ce blog, où les questions liées à l'intégration des immigrants et à la place croissante de l'islam suscitent des débats enflammés : d'après une étude citée dans cet article, 37% des jeunes musulmans vivant en Grande-Bretagne veulent l'application de la charia au lieu des lois actuelles, 37% également souhaiteraient envoyer leurs enfants dans des écoles islamiques au lieu de l'école publique laïque et 74% préfèrent que les femmes musulmanes portent un voile. Mais le pire n'est pas que leurs parents soient nettement moins enclins à une telle tendance : 36% des sondés estiment que la conversion de musulmans mérite d'être punie par la mort, et 13% admirent les mouvances islamistes en guerre contre l'Occident. Encore heureux que l'enquête d'opinion n'ait pas abordé des thèmes tels que la lutte contre le terrorisme ou l'égalité entre hommes et femmes !

A l'évidence, le temps n'est plus au constat des méfaits du multiculturalisme, de ce relativisme ethnomasochiste qui conteste toute supériorité et toute vérité en matière de valeurs, d'idées ou de cultures, et qui s'en prend systématiquement à l'Occident blanc, chrétien et opulent. Pendant que les idiots utiles hurlent au loup et s'opposent de toutes leurs forces à ceux qui luttent, une idéologie totalitaire, archaïque, sexiste, homophobe, bornée et surtout belligène étend son ombre sur nos cités, gagne les consciences ébranlées par l'absence de repères, conquiert les âmes en quête d'autorité et d'absolu. Pendant que l'Europe s'offusque des échos de la guerre, s'agite dans l'espoir de figer le temps, grandit en son sein une génération dont une forte part ne songe qu'à la subvertir, qu'à lui imposer une loi barbare, qu'à l'arracher à la modernité et à la liberté.

Les barbares sont bel et bien parmi nous. A des degrés divers, naturellement : l'enquête en question ne fournirait pas nécessairement les mêmes proportions en France, en Allemagne ou en Suisse. Avec déjà ça et là quelques réactions, quelques vélléités de conjurer l'affrontement qui se profile derrière de telles enquêtes, derrière l'avènement d'un ennemi intérieur que l'importation des idées plus que celle des hommes a fait naître et croître. Est-il possible d'empêcher cette guerre, cette conquête d'un continent rongé par le poids de l'histoire, déchiré par la guerre froide, émasculé par l'illusion pacifiste ? Pouvons-nous combattre la barbarie sans produire davantage de barbares, ou pire devenir barbares nous-mêmes ?

La foi en notre démocratie directe m'amène à répondre par l'affirmative. Derrière les cris d'orfraie des élites gauchisantes, la population suisse ne s'y trompe pas et voit bien que ceux qui défilent sur la place fédérale en brandissant le coran sont une menace pour notre sécurité. A condition de maîtriser la circulation des hommes, celle des idées ne peut être [qu'] à notre avantage, car la liberté politique, religieuse et économique reste l'arme absolue face à tous les totalitarismes. Les barbares ne prolifèrent que par nos propres largesses, faiblesses et capitulations ; leur nature parasitaire les empêche de créer, de construire, de concrétiser une alternative à la civilisation moderne. Et le temps ne joue pas en leur faveur...

Posted by Ludovic Monnerat at 21h40 | Comments (91) | TrackBack

Interruption du blog

Comme nombre d'entre vous l'ont constaté, ce site a connu une interruption d'environ 24 heures suite à un problème technique ou administratif que je n'ai point encore identifié. Mon informaticien a donc su régler la chose... Merci pour les gentils et inquiets messages que j'ai reçus dans l'intervalle ! :-)

Posted by Ludovic Monnerat at 15h53 | Comments (5) | TrackBack

27 janvier 2007

Irak : le vent du boulet

Et si les renforts américains en route vers Bagdad ne faisaient qu'accélérer la défaite de l'insurrection sunnite, aujourd'hui bien entamée déjà ? Cette thèse, inimaginable pour quiconque se fie à la couverture des médias traditionnels (surtout francophones) et donc au "désastre" qu'ils annoncent depuis bientôt 4 ans, est celle avancée par un analyste irakien proche de l'ancienne opposition à Saddam Hussein. L'aspect intéressant de ses propos réside dans l'angle adopté : c'est parce que l'insurrection a subi des pertes croissantes, parmi les combattants (suite à l'action de contre-insurrection) comme parmi les non-combattants (violences interconfessionnelles), qu'elle sent désormais le vent du boulet. Et seuls les djihadistes sembleraient enclins à poursuivre la lutte :

The wider Sunni insurgency - the groups beyond Al Qaeda - is being slowly, and surely, defeated. The average insurgent today feels demoralized, disillusioned, and hunted. Those who have not been captured yet are opting for a quieter life outside of Iraq. Al Qaeda continues to grow for the time being as it cannibalizes the other insurgent groups and absorbs their most radical and hardcore fringes into its fold. The Baathists, who had been critical in spurring the initial insurgency, are becoming less and less relevant, and are drifting without a clear purpose following the hanging of their idol, Saddam Hussein. Rounding out this changing landscape is that Al Qaeda itself is getting a serious beating as the Americans improve in intelligence gathering and partner with more reliable Iraqi forces.
In other words, battling the insurgency now essentially means battling Al Qaeda. This is a major accomplishment.
Last October, my sources began telling me about rumblings among the insurgent strategists suggesting that their murderous endeavor was about to run out of steam. This sense of fatigue began registering among mid-level insurgent commanders in late December, and it has devolved to the rank and file since then. The insurgents have begun to feel that the tide has turned against them.
In many ways, the timing of this turnaround was inadvertent, coming at the height of political and bureaucratic mismanagement in Washington and Baghdad. A number of factors contributed to this turnaround, but most important was sustained, stay-the-course counterinsurgency pressure. At the end of the day, more insurgents were ending up dead or behind bars, which generated among them a sense of despair and a feeling that the insurgency was a dead end.
The Washington-initiated "surge" will speed-up the ongoing process of defeating the insurgency. But one should not consider the surge responsible for the turnaround. The lesson to be learned is to keep killing the killers until they realize their fate.

Il est naturellement très difficile à distance de mesurer l'exactitude de ses propos, qui se basent apparemment sur des sources locales, mais qui peuvent très bien relever d'une opération d'information visant à contrer le défaitisme croissant dans la classe politique américaine. Pourtant, ce sont exactement ces sources qui fournissent les meilleures indications sur l'évolution d'un conflit de basse intensité, qui se joue avant tout sur les facteurs immatériels tels que la volonté et la légitimité. L'étude des chiffres disponibles, elle, fournit une direction générale : les pertes des forces de sécurité irakiennes diminuent, les pertes américaines stagnent, les attaques physiques augmentent et les pertes en non-combattants aussi ; tous signes d'une insurrection en voie de radicalisation et de marginalisation dans une lutte intrasociétale à sens unique. Et pour laquelle les renforts américains sont une bien mauvaise nouvelle.

Plus tard, il sera possible de dire si l'Irak est effectivement le Guadalcanal de cette guerre globale, le point focal où l'attrition quotidienne joue un rôle décisif, et où la capacité à poursuivre la lutte est la condition sine qua non de toute victoire. Mais des combats prenant toujours plus la forme d'un nettoyage ethnique et confessionnel sont exactement la forge où viennent se fondre les casus belli et d'où peut émerger une nation plus stable, plus homogène, plus forte aussi, et plus libre. Libre notamment de combattre les djihadistes qui, par dizaines de milliers, ont déjà perdu la vie dans le piège irakien...

Posted by Ludovic Monnerat at 18h54 | Comments (11) | TrackBack

26 janvier 2007

Alerte média : Raids

A tous ceux qui s'intéressent à la chose militaire contemporaine, notamment en Suisse, je conseille la lecture de la prochaine édition de Raids : ils y trouveront un article faisant le point sur la mutation des grenadiers, réalisé suite à une visite de Frédéric Lert à Isone en novembre dernier, à l'instant même où le soussigné y dirigeait un exercice avec les écoles de grenadiers. Pendant 3 jours, ce journaliste spécialisé a ainsi accompagné la troupe durant la préparation et l'exécution d'une action directe aéromobile. Je me réjouis de voir les photos qu'il a prises à cette occasion ! :-)

Posted by Ludovic Monnerat at 20h17 | Comments (1) | TrackBack

25 janvier 2007

La loterie militaire en marche

Cet article de 24 Heures sur la succession du Chef de l'Armée a le mérite de donner au grand public un aperçu de la grande loterie militaire aujourd'hui en marche. Chaque nomination d'un général donne lieu à de nombreuses spéculations, voire à des discussions passionnées, dans les rangs de l'armée. Il en va naturellement de même pour le prochain CdA, même si la dimension politique du poste complique singulièrement les choses.

La semaine dernière, lors du rapport des professionnels de l'Etat-major de conduite de l'armée, le commandant de corps Keckeis a donné un long entretien à caractère très personnel, qui a permis de mieux mesurer les spécificités de l'homme qui, depuis maintenant 4 ans, dirige avec une énergie exceptionnelle une institution militaire minée par les coupes budgétaires, les querelles politiques et la cécité stratégique. On ne peut que souhaiter à son successeur la même capacité à maintenir le cap choisi malgré les coups encaissés presque chaque jour, de l'intérieur comme de l'extérieur...

Posted by Ludovic Monnerat at 8h42 | Comments (7) | TrackBack

24 janvier 2007

Remerciements

Le temps malheureusement me manque pour pleinement y participer, mais je tiens à vous remercier chaleureusement pour la qualité des commentaires et l'intensité des débats ci-dessous ! Je pense que cela nourrit nos réflexions et que de tels échanges sont nécessaires pour intégrer différentes perspectives, historiques ou autres, et ainsi augmenter notre savoir - pour ne pas dire notre sagesse ! :-)

Posted by Ludovic Monnerat at 23h44 | Comments (1) | TrackBack

23 janvier 2007

Le pacifisme des militaires

Dans le débat enclenché par le billet ci-dessous a été émise une phrase qui ne peut manquer de me faire réagir, malgré l'heure tardive (due à des journées très bien remplies) : "le coeur du problème, en matière de défense, c'est que nos militaires sont devenus psychologiquement pacifistes". Hélas, hélas, trois fois hélas, cette phrase est en grande partie exacte, même si les militaires ne font que subir les contrecoups de sociétés gangrénées par l'idéologie pacifiste. Je ne pense pas que l'exemple d'un officier de l'Armée de l'Air soit représentatif : les armes techniques ont toujours eu une distance par rapport à la guerre que les armes combattantes n'ont pas. Il n'en demeure pas moins que la transformation des armées en organisations d'aide humanitaire d'urgence est une triste et perverse réalité.

Je me souviens d'un épisode qui m'avait frappé voici 9 ans, lorsque je commandais une compagnie d'infanterie mécanisée durant mon service pratique à l'ER inf méc 1/98 de Bière. J'avais dû organiser rapidement une série de démonstrations pour une visite un brin impromptue d'officiers du recrutement dans l'école, qui comptait alors une seule compagnie (et uniquement le printemps : l'inf méc démarrait encore). Dans l'une des démonstrations, un groupe de recrues illustrait les différentes capacités des systèmes de simulation - Panzerfaust et fusil d'assaut. Evidemment, pour en montrer le fonctionnement, le plus simple consistait à faire en sorte qu'en homme tire sur un autre et que le rayon laser, avec la cartouche de marquage signalant le bruit et le sifflement du gilet de la recrue prise pour cible, symbolisent une ouverture du feu. Réaction horrifiée de certains colonels dans l'assemblée : "comment, vous faites tirer vos soldats les uns sur les autres ?"

Il y aurait beaucoup à dire pour expliquer cette dérive vers le pacifisme et l'angélisme, notamment dans une armée qui n'a pas connu le combat depuis belle lurette. Je pense toutefois que la transformation de la société par l'illusion lénifiante du pacifisme et la nécessité pour les militaires de plaire à cette société (le taux d'approbation de l'armée est une mesure essentielle de succès aujourd'hui, comme si une armée devait être plus convenable qu'efficace) expliquent pourquoi le combat, la guerre, le sang et la mort sont toujours plus absents de la préparation militaire. L'un de mes amis, qui a longuement roulé sa bosse avant de trouver sa place dans l'armée, a pour coutume de séparer les militaires en trois catégories : les carnivores, les herbivores et les papivores. Il n'est guère besoin d'une grande imagination pour comprendre que les deux derniers sont seuls à être agréés par les pontes civils qui, du recrutement des jeunes adultes à l'assessment des candidats militaires professionnels, condamnent toute inclination spontanée envers l'application de la force.

Je terminerai par une citation d'un homme dont les écrits précoces, avant la Seconde guerre mondiale, rassemblent presque l'essentiel de la chose militaire : "Il faut que les maîtres aient des âmes de maîtres, et c'est un calcul bien mauvais que d'écarter de la puissance les caractères accusés sous prétexte qu'ils sont difficiles. Moyennant des commodités dans les rapports immédiats, on risque de tout perdre quand les grands jours sont venus". Charles de Gaulle, Le Fil de l'épée.

Posted by Ludovic Monnerat at 23h45 | Comments (67) | TrackBack

22 janvier 2007

La manipulation des sources

Le temps me manque aujourd'hui et ces prochains jours pour traiter le sujet en détail, mais les dernières révélations sur l'affaire de la source contestée utilisée par AP pour fournir des informations dramatiques en provenance d'Irak méritent le détour. Lorsqu'une vérification sur place montre que des mosquées censées avoir été détruites et incendiées dans un attentat sont toujours debout et ne portent pas les signes d'une telle attaque, c'est toute la crédibilité des agences de presse qui est en cause. Avec deux angles majeurs : la dépendance envers des collaborateurs locaux, qui peuvent être manipulés ou manipulateurs, et la réticence des médias à décrire avec transparence le cheminement de l'information. Pour un belligérant non étatique, l'influence des perceptions reste de toute manière bien plus facile par une action à la source, et contrecarrer de telles manipulations prend du temps et de l'énergie.

Une manoeuvre allant dans ce sens reposerait ainsi sur quelques actions simples :

Nul besoin d'être grand clerc pour se rendre compte que, au vu du fonctionnement des médias en Irak et des incohérences entre perception et réalité, une telle méthode d'influence des esprits est probablement à l'oeuvre.

Posted by Ludovic Monnerat at 18h42 | Comments (38) | TrackBack

21 janvier 2007

Succès conventionnel en Somalie

Voici quelques jours, j'ai décrit sur le site de la Revue Militaire Suisse le rôle des armements lourds dans la maîtrise des espaces, citant brièvement l'exemple tout récent de l'armée éthiopienne en Somalie. Cette analyse d'une telle guerre éclair conventionnelle vient fournir plusieurs informations de détail qui méritent le détour. Extrait

In Somalia, Flankers hit airports, roads, ammo dumps, Islamic militia camps and convoys - disrupting transport, communications and emergency re-supply - while T-55s sporting external fuel tanks crawled south ahead of self-propelled howitzers. Hinds flew top cover and even dropped 250-kilogram gravity bombs. Mil Mi-17 medevac choppers evacuated wounded troops. Helicopters kept pace with the ground advance by way of forward operating bases.
These heavy forces faced just a few thousand Islamic troops boasting nothing heavier than "technicals" - pickup trucks hauling heavy machine guns. There were reports of Eritrean forces aiding the Islamists and even swapping artillery barrages with the invaders; if true, this resistance hardly slowed the Ethiopian advance. The Ethiopian government claims 1,000 Islamist fighters killed while declining to cite its own, surely lighter, losses.

Plus loin, on apprend un peu plus en détail le type de soutien fourni par les Etats-Unis, ce qui permet d'appréhender le niveau de coordination interarmes et interarmées développé par les forces éthiopiennes. Cette offensive est donc un succès conventionnel, une opération classique visant à défaire un adversaire nettement inférieur en prenant le contrôle de l'espace terrestre comme aérien. Du coup, depuis 2 semaines, le conflit est immanquablement devenu non conventionnel, avec des actes de guérilla et de terrorisme qui prennent à contre-pied la domination de l'armée éthiopienne et des forces "gouvernementales" somaliennes. Et je vois mal quelle capacité aurait l'Ethiopie, dont l'équilibre ethnique et religieux est pour le moins fragile, à mener une campagne de contre-insurrection victorieuse alors que ses intérêts vitaux viennent d'être protégés efficacement.

Posted by Ludovic Monnerat at 22h26 | TrackBack

20 janvier 2007

L'inertie de la haine

Le procès des auteurs des attentats manqués du 21 juillet 2005 à Londres livre des informations intéressantes sur la manière, somme toute très simple, avec laquelle les terroristes islamistes ont acquis le matériau nécessaire à la préparation des explosifs. Qu'une erreur de dosage ait finalement empêché la détonation de la charge, et donc ait prévenu la mort et la mutilation de dizaines de personnes, est un hasard sur lequel il ne faut pas trop compter. Les services de sécurité britanniques d'ailleurs sont en permanence sur la brèche, et ces informations complémentaires montrent bien la dimension - notamment temporelle - de la menace :

New Scotland Yard and the British domestic security service MI5 have put together physical evidence and a pattern of interlocking relationships between alleged terrorists that appear to establish a firm link among the subway and bus bombs that killed 52 Londoners on July 7, 2005, a failed set of bombings on July 21, 2005 and a plot to blow up between six and nine airliners, killing as many as 5,000 persons headed to the United States this summer, all the result of three years of planning by British al Qaeda.
Each cell appears to have had ties back to the same British citizen who controlled the plotters from Pakistan and whose identity was first reported by the ABC News Investigative Unit, sources said. That link plus forensic evidence and evidence of overlapping knowledge and personnel in each of the plots is more terrifying to authorities than the prior theory of independent cells operating without knowledge of each others' plans, sources said.
Intelligence sources also say it points to an organized group of cells working to cause carnage and damage to Britain's economy, apparently in an effort to wear down the public will to fight along side the United States in the War on Terror.
Frightening details have also emerged that show how careful the planning was for the latest plot dubbed "Operation Overt," a plot interrupted by authorities at the 11th hour when they felt they had gathered much of the evidence needed to make charges stick.
[...]
Although the terror suspects were homegrown, the plot itself exhibited none of the hastiness from plan to execution or the lack of professionalism in planning that are often the hallmarks of what are commonly called homegrown plots.

La décision de préparer des attaques majeures contre la Grande-Bretagne, selon ces informations, aurait donc été prise entre 2002 et 2003, aboutissant à plusieurs missions données en parallèle à différentes cellules. Cette inertie rappelle encore une fois que, d'une part, et contrairement à l'idée diffusée largement par les médias, ce n'est pas l'opération "Iraqi Freedom" qui a provoqué ces complots terroristes, et que d'autre part les hommes qui s'engagent dans ces actions suicidaires le font dans une perspective stratégique et avec une motivation guerrière. Autrement dit, les Britanniques ne sont pas attaqués pour ce qu'ils font ou ne font pas, mais bien pour ce qu'ils sont ou ne sont pas. Toute tentative d'apaisement, de tolérance, d'ouverture et de compromis à l'endroit des fondamentalistes musulmans est un marché de dupes et le signe d'une faiblesse à exploiter sans tarder. Simplement parce que la haine de l'autre ne se laisse pas raisonner...

Posted by Ludovic Monnerat at 10h57 | Comments (95) | TrackBack

19 janvier 2007

Une révolution naissante

Dans la foulée de la plainte contre la TSR décrite ci-dessous, un autre aspect du transfert de pouvoir entre les médias et le public peut être vu sur cette page, qui montre comment des personnes prises en photo le 11 septembre 2001, et affublées 5 ans plus tard d'une interprétation déplacée, ont saisi l'opportunité de décrire les faits tels qu'elles les ont vécus :

Thomas Hoepker took a photograph of my girlfriend and me sitting and talking with strangers against the backdrop of the smoking ruin of the World Trade Center on September 11th. [...]
We were in a profound state of shock and disbelief, like everyone else we encountered that day. Thomas Hoepker did not ask permission to photograph us nor did he make any attempt to ascertain our state of mind before concluding five years later that, "It's possible they lost people and cared, but they were not stirred by it." Had Hoepker walked fifty feet over to introduce himself he would have discovered a bunch of New Yorkers in the middle of an animated discussion about what had just happened. He instead chose to publish the photograph that allowed him to draw the conclusions he wished to draw, conclusions that also led Frank Rich to write, "The young people in Mr. Hoepker's photo aren't necessarily callous. They're just American." A more honest conclusion might start by acknowledging just how easily a photograph can be manipulated, especially in the advancement of one's own biases or in the service of one's own career.


Naturellement, ce témoignage a été rendu possible par l'appel d'un média électronique, Slate, à retrouver les personnages pris en photo et à leur donner la parole. Le fait que deux d'entre eux ait vu l'image, se soient reconnus puis ait écrit quelques lignes bien senties pour renvoyer le photographe à ses objectifs illustre la force d'Internet. Mais en sortant du rôle de figurant pour entrer dans la production de sens, ces gens ont surtout montré à quel point aujourd'hui la dichotomie parfois tyrannique entre rédacteur et lecteur, entre producteur et consommateur, appartient au passé. Avoir un poste haut placé dans une rédaction, comme l'a constaté à ses dépens Dan Rather, ne peut rien face au talent, à la ténacité et la réactivité des individus au fait des technologies de communication modernes.

Dans les débats sur le thème "médias traditionnels contre médias nouveaux", je lis ou j'entends souvent de doctes relativisations de ce phénomène, qui utilisent généralement l'impact des médias de masse sur le grand public et leur mainmise sur l'information brute au quotidien pour minimiser ce transfert de pouvoir. Mais les premières occurrences d'une transformation majeure ont toujours suscité les mêmes commentaires incrédules, et la voiture, l'avion, l'ordinateur ou le téléphone ont tous connu des critiques passées aux oubliettes de l'histoire. La raison en est que les transformations révolutionnaires ont des effets et des développements qu'il est impossible d'imaginer entièrement, parce qu'elle reposent sur des interactions - ou des modèles économiques, ce qui souvent revient au même - ni entièrement rationnelles, ni entièrement linéaires.

Pour ma part, je pense que la conjonction des ordinateurs, des réseaux sans fil et de la miniaturisation - c'est-à -dire la révolution de l'information - est très loin d'avoir dévoilé toute sa portée. Notamment parce qu'aucune révolution n'a été aussi accessible jusqu'ici.

Posted by Ludovic Monnerat at 18h13 | Comments (3) | TrackBack

18 janvier 2007

Le poids décisif de l'individu

L'importance toujours plus grande prise par les individus est une réalité désormais bien connue au sein des armées. Avec la fin des manoeuvres de masse, dont la Guerre du Golfe reste à ce jour la dernière véritable occurrence (le nombre de soldats partis à l'assaut des troupes irakiennes ayant été divisé par 4 entre 1991 et 2003), et donc la dévaluation de la force brute et mécanique, ce sont les petites unités et les soldats individuels qui font désormais la différence. C'est bien ce qu'explique le général français Vincent Desportes, connu pour son livre "Comprendre la guerre", en soulignant l'importance de la tactique dans le dernier numéro de Héraclès :

Nous assistons à un retour vers la tactique.
D'abord parce que, désormais, dans les nouveaux contextes, les forces sont généralement déployées pour des objectifs infrastratégiques. Ensuite parce que, lors des engagements, les actions sont le plus souvent conduites aux plus bas niveaux, au plus à celui du GTIA, mais beaucoup plus couramment au niveau du S/GTIA, voire du détachement interarmes.
Il y a donc, pour les forces, une impérieuse nécessité de se réapproprier la tactique parce que le succès ou l'échec d'une opération viendront désormais davantage de ceux des multiples actions de petit niveau que de la perfection ou de l'imperfection du plan opératif. L'heure du "caporal stratégique", c'est en fait l'heure du "sergent tactique". Le chef d'état-major de l'armée de terre le dit clairement : "C'est la manoeuvre aux plus petits échelons tactiques, au sol, qui contribue à l'atteinte de l'effet stratégique."

Ces propos soulignent bien la fin d'une époque, celle des armées où personne ne réfléchit et où tout le monde exécute (pour reprendre le mot de Frédéric le Grand), pour une réalité où réflexion et action sont indissociables à chaque échelon - la perspective temporelle des effets considérés évoluant encore au fil de la hiérarchie. Or les armées ont une grande difficulté à s'adapter à cette réalité ; pour un brigadier expliquant à des soldats l'importance des "petits chefs" à l'aune du "caporal stratégique", un autre reproche aux soldats de discuter en plénum le plan en cours de développement dans la compagnie (deux exemples vécus l'an dernier). De nos jours, parmi les troupes engagées au sol, seules les forces spéciales exploitent à fond les qualités individuelles grâce à des processus, des méthodes et des équipements spécifiquement adaptés. Dans les troupes conventionnelles, à l'exception des spécialistes en nombre limité, l'individu reste encore largement un numéro, un élément interchangeable.

Au sein de mon bataillon de grenadiers, une troupe capable de mener des opérations spéciales (nommées opérations particulières en Suisse...), on applique ainsi une méthode participative qui implique chacun dans l'analyse, la préparation, l'exécution et l'évaluation d'une action. Le plan est discuté et rediscuté pendant des jours, au fil de l'entraînement et selon les derniers renseignements reçus, jusqu'à l'insertion de l'élément d'engagement, l'action sur l'objectif et l'extraction vers la base opérationnelle avancée. Et les meilleures idées pour cette action ne viennent pas toujours des officiers, formés en tant qu'aspirants à la tactique, mais bien parfois des sous-officiers et des soldats, qui connaissent l'effet attendu de l'action et qui tentent de l'atteindre au mieux. Rien de tel qu'un plan élaboré en commun pour augmenter l'adhésion comme la motivation.

De telles méthodes sont-elles applicables à des unités conventionnelles, en particulier aux bataillons d'infanterie, qui jouent un rôle essentiel dans toutes les opérations autres que le combat symétrique de haute intensité ? La qualité du matériau humain confié par la société à l'armée de milice suisse, qui rejete environ un jeune homme sur deux pour inaptitude au service, le laisse penser. Mais accepter le poids décisif de l'individu implique avant tout une relativisation des hiérarchies, un apprentissage de l'initiative, une mise en valeur du sens critique, une décentralisation des décisions, ou encore une acceptation de la différence. Toutes choses qui sont à l'opposé de la culture militaire classique, celle des armées qui ont fait des Etats-nations les maîtres de la guerre, et celle qui depuis un demi-siècle mène presque systématiquement à l'échec...

Posted by Ludovic Monnerat at 20h53 | Comments (2) | TrackBack

17 janvier 2007

Nouveaux textes : RMS et MF

Ce début d'année est plutôt productif pour votre serviteur, et deux articles de mon cru ont été aujourd'hui mis en ligne en-dehors de ce site.

Il s'agit tout d'abord d'une nouvelle chronique sur Mondes Francophones, qui tente d'examiner à quoi ressemblerait pour les Etats-Unis en Irak une stratégie de maintien, et non une stratégie de sortie. Ou comment prendre le contrepied des nouvelles mesures annoncées la semaine dernière (ce texte a été rédigé le 2 janvier).

Il s'agit ensuite d'un nouveau texte sur le site de la Revue Militaire Suisse (dont la fin du premier développement devrait être achevée en février), et qui s'appuie sur l'annonce et le démenti de la vente de Rafale français à la Libye pour examiner le rôle des ventes d'armes de haute technologie dans le maintien de la puissance des Etats.

Bonne lecture !

Posted by Ludovic Monnerat at 21h23 | Comments (13) | TrackBack

16 janvier 2007

David citoyen contre Goliath médiatique

Une plainte contre la Télévision suisse romande a été déposée aujourd'hui par un ensemble de plaignants divers, soutenus par quelque 150 personnes, contre un reportage diffusé le 26 octobre dernier par Temps présent sur le groupe terroriste Hezbollah. Sous la plume d'Alain Jean-Mairet, bien connu des lecteurs de ce blog, c'est ainsi une attaque déontologique en règle qui est menée contre l'unique télévision nationale de notre coin de pays, en lui reprochant notamment de :

On peut lire sur le site d'AJM toute la démarche qui a mené à cette plainte, et notamment le compte-rendu assez éclairant de la séance de conciliation entre les deux parties. Les pratiques parfois contestables de la TSR en matière d'information sont suffisamment connues pour qu'il ne soit plus besoin de les mentionner. Ce qui est en revanche fort intéressant, dans cette plainte, c'est la confirmation que le transfert de pouvoir découlant des nouvelles technologies de l'information et de la communication a un impact direct sur les médias traditionnels, jusqu'ici hors de portée du citoyen. Il faut le moyen de rassembler les connaissances, les compétences et les volontés pour s'en prendre à une entreprise aussi influente que la Télévision suisse romande.

Cependant, le David citoyen dispose d'un avantage déterminant contre le Goliath médiatique : il emploie l'arme principale de ce dernier, c'est-à -dire la légitimité, l'éthique, la véracité factuelle et l'équité intellectuelle. Du coup, les biais et préjugés si fréquents dans les rédactions - anti-américains, anti-israéliens, pro-palestiniens, ou encore anti-militaires - sont des vulnérabilités d'autant plus béantes qu'elles contredisent les règles déontologiques qui sont le propre de la démarche journalistique. Perpétuellement en quête de transparence et d'autocritique chez autrui, ce qui d'ailleurs en fait une composante essentielle de toute société démocratique, les médias se trouvent ainsi confrontés aux mêmes exigences à propos de leur travail. Et cette inversion des rôles est souvent mal vécue dans les rédactions habituées à contrôler l'essentiel du discours, soit la presse écrite et la télévision, à l'inverse de la radio, davantage accoutumée à l'expression d'avis divers et critiques.

Bien entendu, une plainte n'est pas une condamnation, et il reste à voir ce qu'en fera l'Autorité indépendante d'examen des plaintes en matière de radio et télévision. Mais l'importance prise par cette démarche, dont il sera intéressant de voir l'écho médiatique (une trentaine d'organes de presse ont reçu en début d'après-midi l'annonce faite par AJM), ne manquera d'avoir des effets au sein des rédactions, car personne n'aime être pris en faute selon ses propres critères...

Posted by Ludovic Monnerat at 13h49 | Comments (47) | TrackBack

15 janvier 2007

Give war a chance ?

Et si la situation en Irak, avec ces attaques et ces attentats qui ensanglantent la capitale et divisent le pays, étaient en fait favorables aux intérêts américains à court terme, comme aux intérêts irakiens - entre autres - à long terme ? Plusieurs analyses récentes, jugeant l'Irak actuellement en proie à une guerre civile, contiennent des réflexions allant dans ce sens.

D'une part, Edward Luttwak affirme dans le Los Angeles Times que la nature artificielle de l'Etat irakien est la cause de ses violences internes et que la communauté internationale, avec un cynisme appuyé mais aussi un certain réalisme, devrait s'en écarter :

That is the mistake that the U.S. and its allies are now making by interfering with Iraq's civil war. They should disengage their troops from populated areas as much as possible, give up the intrusive checkpoints and patrols that are failing to contain the violence anyway and abandon the futile effort to build up military and police forces that are national only in name.
Some U.S. and allied forces still will be needed in remote desert bases to safeguard Iraq from foreign invasion, with some left to hold the Baghdad Green Zone. But for the rest, strict noninterference should be the rule. The sooner the Kurds, Sunni, Shiites, Turkmen and smaller minorities can define their own natural and stable boundaries within which they feel safe, the sooner the violence will come to an end.
Iraq's civil war is no different from the British, Swiss or American internal wars. It too should be allowed to bring peace.

Sîl est exact que les affrontements intercommunautaires et les déplacements de population qui s'ensuivent sont une manière de rendre possible la paix en supprimant une cause majeure de conflit, le raisonnement de Luttwak se heure au fait que l'Irak n'est pas le seul Etat artificiel issu des découpages coloniaux et que son reformatage impliquerait également celui du Moyen Orient.

Mais justement, pareil tumulte ne serait pas nécessairement contraire aux intérêts américains. Dans l'Asia Times, Spengler réfute toute idée de déclin américain et montre au contraire la position toujours centrale des Etats-Unis, notamment pour leur rôle déterminant dans la croissance économique mondiale et pour les convergences d'intérêts que cela entraîne :

For the past three years I have argued that the inner logic of ethnic decline would shape the United States' Iraq policy, rather than the messianic social engineering that temporarily turned the Bush administration's brains into pulled pork. Civil war and partition, de facto or de jure, would turn Iraq's potential for violence inward. Unpleasant as this might be for Iraq, it would be good for US interests, as I wrote on January 21, 2004:
A devilish thought is forming in the back of the American mind: which is better, to have Iraqis shooting at American soldiers, or at each other? During the Cold War, Moscow stood to gain from instability, and Washington sought to stabilize allied regimes (Iran being the exception that proved the rule). Now, with no strategic competitor, America can pick up the pieces at its leisure. As in finance, volatility favors the player with the most options.
Last week was not a good one for America's detractors. The price of oil fell to US$56 a barrel. The same financial markets that swooned in July while Israel fought Hezbollah have forgotten the meaning of risk. The question the world should ask George W Bush is, "If you so dumb, how come you ain't poor"? The US economy and US markets are looking more buoyant than ever.

Là aussi, l'analyse est à mon sens un peu trop centrée, et omet par exemple l'impact de l'Irak sur les opinions publiques en Occident comme aux Etats-Unis, sur l'influence des esprits qui se déroule au quotidien. Cependant, ces deux visions montrent la nécessité d'évaluer la préservation des intérêts pour juger le conflit global dont l'Irak est un élément, et donc le besoin pour les Etats-Unis d'avoir une démarche à long terme axée sur le maintien de la capacité d'action, que celle-ci soit coercitive, persuasive, dissuasive ou subversive. De sorte qu'en Irak, pour donner une chance à la guerre de faire son oeuvre et de permettre la paix, c'est une stratégie de maintien et non une stratégie de sortie qui devrait être adoptée.

Une perspective tracée par un autre article d'Edward Luttwak, cette fois dans le Wall Street Journal :

It was the hugely ambitious project of the Bush administration to transform the entire Middle East by remaking Iraq into an irresistible model of prosperous democracy. Having failed in that worthy purpose, another, more prosaic result has inadvertently been achieved: divide and rule, the classic formula for imperial power on the cheap. The ancient antipathy between Sunni and Shiite has become a dynamic conflict, not just within Iraq but across the Middle East, and key protagonists on each side seek the support of American power. Once the Bush administration realizes what it has wrought, it will cease to scramble for more troops that can be sent to Iraq, because it has become pointless to patrol and outpost a civil war, while a mere quarter or less of the troops already there are quite enough to control the outcome. And that is just the start of what can now be achieved across the region with very little force, and some competent diplomacy.

Un message adressé à la prochaine administration ? Ce serait oublier l'impact de l'idéal démocratique, son potentiel séducteur et belligène. Un conflit où les esprits forment le centre de gravité ne peut être gagné avec uniquement de la force et de la diplomatie, mais celles-ci doivent contribuer à l'objectif final.

Posted by Ludovic Monnerat at 16h05 | Comments (2) | TrackBack

14 janvier 2007

Le confort de la sécurité

Voici plusieurs années que j'ai décrit la multiplication générale des lignes de séparation sécuritaires, notamment pour situer l'engagement des forces de sécurité. Sans encore verser dans les espaces hypersécurisés, on constate aujourd'hui une augmentation des résidences sécurisées, qui ne sont plus l'apanage des plus aisés. Un phénomène naturellement influencé par la perception de l'insécurité ambiante, et donc par une volonté de s'isoler d'un monde à l'apparence toujours plus menaçante pour couler, en principe, des jours heureux. Ou quand la sécurité est vantée comme le premier des conforts, alors qu'elle reste un besoin élémentaire qui est loin d'être insatisfait...

Ce phénomème est intéressant à plus d'un titre. Notamment parce qu'il montre la convergence de réponses individuelles à des problèmes sociétaux, la flexibilité du marché du logement et de la sécurité pour y répondre, et aussi l'opposition tranchée des élus politiques face à cette démarche individualiste. Le fait que les citoyens de la classe moyenne reprennent en mains leur sécurité, même passive, illustre ainsi plus que toute votation populaire la perte de confiance envers les institutions, et notamment la classe politique, pour résoudre les problèmes quotidiens, mais aussi une volonté affirmée de s'en charger. Je pense bien entendu que cette démarche ne peut que gagner en ampleur, à l'encontre des dispositifs collectivistes, et que nous allons vers des sociétés avec une fracture toujours plus marquée entre dépendants et indépendants, entre ceux qui façonnent leur existence et ceux qui la subissent. En espérant que nous n'allons pas entièrement vers un monde à la Gibson...

Posted by Ludovic Monnerat at 17h34 | Comments (4) | TrackBack

Un îlot de liberté en Europe

Les médias - en l'occurrence Le Matin - lui ont tendu la perche, et il ne s'en est pas privé : Arnaud Montebourg récidive aujourd'hui dans ses attaques quasi picrocholines contre la Suisse. Et son langage belliqueux finit par tourner au ridicule :

La réalité, c'est que la Suisse procède à un véritable pillage économique. Avec sa politique fiscale agressive, elle a attiré plus d'un millier de sièges sociaux, ce qui représente des pertes de plus de 50 milliards d'euros pour les pays européens. Excusez du peu! Nous ne pouvons plus accepter cette guerre.

N'entrons même pas en matière sur le fond de l'affaire, puisque les questions de fiscalité ne sont pas les seuls paramètres du problème et que l'attractivité de la Suisse pour les entreprises est un facteur de croissance économique. Non, le fait qu'un élu d'un grand pays comme la France puisse s'en prendre à petit pays comme la Suisse parce que ce dernier a une politique économique et fiscale bien plus efficace, au lieu de se remettre en question, illustre tristement l'inertie intellectuelle qui règne souvent dans l'Union Européenne. Et la nécessité toujours plus claire de tenir à distance cette entité inquitante, de poursuivre un partenariat sans pour autant en être dépendant à tous égards. Ce ne serait pas la première fois depuis plusieurs siècles que la Suisse reste un îlot de liberté en Europe...

COMPLEMENT (15.1 0750) : Comme complément aux propos de Montebourg, il vaut la peine de lire la réaction de Xavier Oberson, avocat et professeur de droit fiscal, aujourd'hui dans Le Matin.

Posted by Ludovic Monnerat at 9h24 | Comments (23) | TrackBack

13 janvier 2007

Revue Militaire Suisse : nouveaux textes

Sur le nouveau site de la Revue Militaire Suisse, dans la phase de développement initiale s'achèvera dans quelques semaines, 2 articles ont été mis en ligne récemment :

Bonne lecture !

Posted by Ludovic Monnerat at 8h59 | Comments (2) | TrackBack

12 janvier 2007

Un ennemi invisible et intangible

L'un des aspects les plus étonnants de la guerre qui oppose les démocraties libérales aux fondamentalistes musulmans n'est autre que le contraste entre l'exposition médiatique des belligérants, et notamment de leur situation matérielle comme immatérielle.

D'un côté, les nations occidentales en général et les Etats-Unis en particulier sont surexposés. Une agence de presse comme AP fait le décompte quotidien des pertes militaires en Irak, alors que d'autres organes médiatiques compilent noms, prénoms, origines et photos des soldats tombés. Les dépenses liées aux opérations en cours sont décortiquées et critiquées, les controverses politiques ou doctrinales sont relayées et amplifiées, les opinions du public sont sondées en permanence. La posture investigatrice et justicière de la presse aidant, le discours officiel tend même à être écarté d'emblée au profit d'un discours donnant une large place à la contestation. Souvent, on n'hésite pas à appliquer des expressions simplistes et péjoratives pour désigner des personnages publics, comme faucon ou tête brûlée, et ainsi imposer une caricature moralisatrice en lieu et place d'une relation factuelle.

D'un autre côté, les mouvances et réseaux islamistes en général sont sous-exposés. On ne connaît d'eux que les chefs principaux, parce qu'ils sont ouvertement recherchés par les nations occidentales et/ou parce que leurs déclarations sont reprises par les médias, qui d'ailleurs les jugent le plus souvent sur leur occurrence et non sur leur contenu. On ne connaît pas le cumul de leurs pertes au combat, qu'aucun organe médiatique ne daigne comptabiliser et qui sont presque toujours annoncées par leurs adversaires. On ne connaît pas ou presque ni leurs ressources financières, issues de nébuleuses dopées par la charité islamique et les pétro-dollars, ni leurs controverses stratégiques, parfois révélées par des messages interceptés, ni les fluctuations de leur volonté. On les traite comme des entités invisibles et intangibles dont la seule manifestation est une preuve de succès, et non comme des acteurs guettés par l'échec.

Cette réduction différenciée est bien entendu largement liée aux impératifs et limites des médias contemporains. La nécessité de ramener un conflit déstructuré à une narration simple et concise aboutit d'un côté à une personnification exagérée, avec quelques dirigeants responsables - et donc coupables - de tout, et d'un autre côté à une véritable dépersonnification, avec des belligérants transformés en facteurs environnementaux. Du coup, le moindre insuccès américain en Irak devient un échec de Bush ou de Rumsfeld, alors que le plus grand succès américain n'est l'échec de personne ; un peu comme un commentateur sportif qui ne compterait les buts et les actions que dans un seul camp, tout événement est aussitôt jugé par rapport aux principaux belligérants étatiques, avec une réévaluation critique de leur position, et jamais par rapport aux belligérants non étatiques. Alors même que les uns et les autres sont en conflit et se trouvent à une distance plus ou moins grande de leurs objectifs.

La surexposition médiatique mène ainsi à une perspective tronquée qui peut fort bien influencer l'issue du conflit. Les études les plus récentes montrent désormais que cela a été le cas dans la guerre du Vietnam : à plusieurs reprises entre 1965 et 1972, les dirigeants de Hanoi ont été sur le point de juger leur effort voué à l'échec et de jeter l'éponge, mais la couverture médiatique entièrement centrée sur les Etats-Unis et leurs alliés a au contraire imposé dans les esprits l'idée d'un adversaire impossible à vaincre, d'une guerre impossible à gagner. Le même phénomène se produit aujourd'hui : un ennemi aux multiples visages finit par n'en avoir aucun, par n'avoir plus figure humaine, par être dépourvu de ce doute permanent, de cette volonté fragile, de ces capacités fluctuantes qui caractérisent tout belligérant. Il devient le vent, la terre, l'eau ou le feu - selon l'interprétation qu'on lui donne. Comment vaincre des éléments ?

Pour se faire une idée réaliste de la situation, il faut donc s'efforcer de tenir un score mutuel, de fixer des critères de succès aussi objectifs que possible et d'évaluer à leur aune la situation des belligérants impliqués.

Posted by Ludovic Monnerat at 22h23 | Comments (7) | TrackBack

Alerte média : Le Temps (4)

Comme l'a fort judicieusement relevé Alex ci-dessous, Le Temps a publié aujourd'hui un entretien que j'ai eu hier avec Eléonore Sulser sur le thème de la stratégie américaine en Irak. Ce qui m'a donné davantage le temps d'exposer d'autres éléments que sur la RSR...

Posted by Ludovic Monnerat at 19h11 | TrackBack

11 janvier 2007

Irak : l'annonce américaine

Dans la mesure où je suis sollicité par les médias sur la chose, je n'ai guère le temps aujourd'hui de mettre en ligne mes réflexions sur les nouvelles mesures annoncées par le Président Bush pour l'opération "Iraqi Freedom". En revanche, je conseille à chacun de consulter le dossier de la Maison Blanche pour se faire une opinion sur ce plan bien plus complet et complexe qu'une simple augmentation des troupes sur place.

Posted by Ludovic Monnerat at 12h51 | Comments (4) | TrackBack

10 janvier 2007

Alerte média : la RSR (7)

Journée bien remplie sur le plan médiatique demain : la Radio Suisse Romande La Première m'a en effet invité à m'exprimer dans le journal du matin, peu après 0700, sur la nouvelle stratégie irakienne présentée ces prochaines heures par le Président Bush, ainsi que durant l'émission Recto Verso, entre 1700 et 1800, pour parler du camp de Guantanamo, qui a été ouvert voici 5 ans.

COMPLEMENT (11.1 1315) : Ma brève intervention ce matin est audible ici.

Posted by Ludovic Monnerat at 15h31 | TrackBack

9 janvier 2007

Une mauvaise pensée...

Or donc, le sieur Arnaud Montebourg a lancé une charge violente contre la Suisse trop concurrentielle sur le plan fiscal, non seulement pour les individus fortunés comme Johnny Hallyday, mais également et surtout pour les entreprises bénéficiaires. Il vaut la peine de citer la conclusion du député français pour mesurer les menaces qui, à le croire, pourraient peser sur notre pays :

Les grands pays européens devront s'unir dans cette perspective afin de construire les conditions d'un changement radical de comportement de ces paradis à nos portes qui, si nous restons les bras ballants, nous préparent l'enfer fiscal.

L'animosité de Montebourg contre la Suisse sous l'angle de la fiscalité n'est pas nouvelle. En revanche, de tels propos, tenus par un porte-parole d'une candidate aux élections présidentielles en pleine campagne électorale, ont évidemment un poids différent. Ne serait-ce que pour le risque réel, pardon la possibilité tangible, que Montebourg devienne ministre si Ségolène Royal recevait la majorité des suffrages au second tour. Mais parce qu'il est inconcevable qu'une telle attaque ne soit pas avalisée par toute l'équipe de campagne, par les spécialistes ès enquêtes d'opinion qui encadrent sa marche vers l'Elysée. D'où une mauvaise pensée : et si les propos de Montebourg n'étaient pas qu'un coup d'éclat médiatique, qu'un thème populaire de campagne, mais la partie émergée d'une offensive bien plus profonde, les premiers coups de tambour d'une attaque en règle ?

Revenons un brin en arrière. "Ségo" ne serait probablement aujourd'hui qu'un souvenir si elle n'avait pas été propulsée par une campagne de publicité signée Ogilvy, dont la directrice de la filiale française est justement l'une des conseillères de la candidate Royal. Cette agence américaine fait partie d'un groupe, WPP, dont le Président, Philip Lader, est un ancien chef d'état-major adjoint de Bill Clinton lorsqu'il était Président des Etats-Unis. Ce groupe est d'ailleurs expert dans l'influence des opinions, et sa filiale Hill & Knowton a ainsi été mandatée par le Koweit en 1990 pour influencer l'opinion publique américaine en faveur d'une action offensive dans le Golfe, au besoin en inventant de faux témoignages, comme l'histoire bidonnée des incubateurs pour enfants prétendument saccagés par la soldatesque irakienne à Koweit City. Une campagne non décisive, mais influente, surtout pour une présidence longtemps indécise.

Quel rapport avec les propos de Montebourg, avec ses menaces de blocus contre la Suisse ? A priori aucun, et il faut vraiment avoir de mauvaises pensées pour en voir un. Toutefois, si certains intérêts économiques décidaient d'attaquer la place financière helvétique par une accusation portée devant le grand public, et donc sous l'angle de la morale, alors l'équipe de campagne de Ségolène Royal offre une opportunité certaine dans ce sens. A partir de là , chacun est libre d'échafauder les hypothèses qu'il veut, et il en faudrait plus pour me convaincre. Mais les mauvaises pensées sont parfois les plus exactes...

Posted by Ludovic Monnerat at 21h55 | Comments (20) | TrackBack

Un forum de sécurité à Genève

Le 2 février prochain, un forum de sécurité sera organisé à Genève pr l'Université Webster, en partenariat avec la Revue Militaire Suisse (RMS) et le Groupe d'études stratégiques de l'Université de Genève (GESUG). Partagé en 3 thèmes principaux, soit la transformation des conflits, les risques civils et militaires au XXIe siècle ainsi que les dilemmes stratégiques des petits Etats, ce forum sera un événement de haute tenue. Raison de plus pour vous y inscrire dès maintenant !

Posted by Ludovic Monnerat at 12h16 | Comments (2) | TrackBack

8 janvier 2007

Le bilan de décembre

Comme toujours, et avec un peu de retard, je profite du bilan mensuel pour remercier celles et ceux qui lisent ces pages et qui contribuent aux débats. La fréquentation au mois de décembre a connu une baisse dans le nombre quotidien de visites (2124 contre 2299), depages (4216 contre 5058) et de hits (8979 contre 10099).

Comme toujours aussi, voici quelques commentaires à plusieurs entrées grâce auxquelles les moteurs de recherche ont envoyé par ici de louables, quoique parfois étranges, visiteurs :

Bref, merci à tout le monde !

Posted by Ludovic Monnerat at 20h55 | TrackBack

Revue Militaire Suisse : nouveaux textes

Sur le nouveau site de la Revue Militaire Suisse, toujours en phase de développement, 3 articles ont été mis en ligne récemment :

Bonne lecture !

Posted by Ludovic Monnerat at 20h21 | Comments (5) | TrackBack

7 janvier 2007

Somalie : la logique paradoxale (2)

Il n'a pas fallu longtemps pour voir la logique paradoxale de la stratégie à l'oeuvre en Somalie, où la reconquête soutenue par l'Ethiopie a apparemment atteint son point culminant. Les faits décrits par cet article montrent bien le passage à une forme de guerre non conventionnelle, utilisant des ressources sociétales et s'appuyant sur les médias :

We are protesting against the disarmament and the Ethiopian presence in the country. We cannot accept disarmament under occupation," Haeyle Abdulle Hussein, 23, told The Associated Press. "We will wage a holy war instead."
[...]
Shopkeepers closed their businesses and public buses stopped running along Mogadishu's crumbling streets as gunfire crackled all day. Women in flowing Somali dresses and veils shouted "Down with Ethiopia!" as they marched through this ruined seaside town.
The government announced earlier in the day that it was postponing plans to forcibly disarm the city - an operation that had been set to begin Friday, but didn't.
"The prime minister has decided to postpone disarming people by force until an unspecified time," government spokesman Abdirahman Dinari told AP. He did not say why Prime Minister Ali Mohamed Gedi reversed his earlier order.
Dinari also said the protesters represented only a small portion of Mogadishu's population and described them as remnants of the Council of Islamic Courts, which imposed strict Quranic law and threatened criminals with public floggings and executions.

L'arme du chaos est d'une efficacité rare, car elle s'attaque aussi bien à la légitimité qu'à la volonté de l'adversaire, réduisant ainsi le soutien pour son action et la disposition à la poursuivre. Autant s'habituer à cette forme de guerre, à ces chancres métastatiques, qui le plus souvent devront être circonscrits ou modérés faute de pouvoir être anéantis...

Posted by Ludovic Monnerat at 0h25 | Comments (13) | TrackBack

6 janvier 2007

Irak : la garde montante

Ainsi donc, l'administration Bush a annoncé de nouvelles nominations pour les chefs militaires responsables de l'opération "Iraqi Freedom" ; contrairement aux affirmations de la presse, les titulaires ne sont pas remerciés, mais arrivent simplement au terme de leur période de déploiement à un poste, généralement 3 ans, comme le montre la liste des commandants du CENTCOM (Wikipedia se trompe quant au départ du commandant actuel par trop de précipitation, signe que la confusion ne se limite pas aux médias), mais aussi le commandement de la force multinationale en Irak. Cependant, la nomination d'un pilote de l'aéronavale déjà titulaire d'un commandement unifié à la tête du CENTCOM et celle d'un général parachutiste à l'ascension très rapide pour commander les forces en Irak sont intéressantes.

D'une part, l'amiral Fallon s'est distingué à la tête du Pacific Command par des réflexions stratégiques novatrices, ancrées dans la réalité socio-économique mais aussi dans les fluctuations de la puissance dans le Pacifique. En désaccord avec Donald Rumsfeld sur la posture à adopter face à la Chine, Fallon a également exercé un rôle majeur dans la pression militaire face à la Corée du Nord et dans la coopération de défense avec le Japon. Autant militaire que diplomate, il possède exactement la dimension nécessaire à sa future tâche ; parvenu au terme de sa carrière (c'est l'un des derniers vétérans du Vietnam encore en activité), il ne devrait par ailleurs connaître aucun problème pour sa confirmation au Congrès.

D'autre part, le lieutenant-général Petraeus s'est distingué dans les premiers mois de l'opération "Iraqi Freedom", à la fois comme un divisionnaire efficace à la tête de la 101e aéroportée, comme un commandant territorial attentif aux besoins du nord de l'Irak, comme un responsable performant de l'instruction des troupes irakiennes, et surtout comme un chef novateur pour l'instruction des troupes américaines. Il est notamment connu pour avoir dirigé et influencé la publication récente d'un nouveau manuel sur la contre-insurrection (format PDF), avec tous les efforts de transformation doctrinale que cela implique. Vu sa renommée au sein de l'US Army et son profil sans tache auprès du public, il ne devrait pas non plus subir d'obstacle dans sa confirmation.

Que peut-on dire de ces deux nominations ? Par leur formation et par leur expérience, ces deux officiers généraux semblent les mieux à même de mener une campagne non conventionnelle en Irak ; on notera d'ailleurs qu'une colonne publiée hier dans le Wall Street Journal appelait déjà à la nomination du général Petraeus. Cependant, des chefs militaires dotés d'une vision stratégique claire et d'une compréhension aiguë des opérations contemporaines dépendant également de décisions politiques soutenant leur action. Ces derniers mois, plusieurs officiers généraux en retraite se sont plaints du manque de troupes US en Irak et ont fustigé Rumsfeld pour cela. Nous verrons dans quelques jours si une nouvelle stratégique américaine est bel et bien sur les rails, ou si c'est davantage une adaptation de la campagne en cours qui se prépare. En se rappelant les risques liés à une augmentation des forces américaines sur place...

Posted by Ludovic Monnerat at 9h44 | Comments (3) | TrackBack

5 janvier 2007

Iran-Israël : mise à jour

Il vaut la peine de lire ce long tour d'horizon de la position et des possibilités d'Israël face au programme nucléaire iranien. Même si l'on discute de cela depuis des années, une mise à jour s'impose - suite aux événements de l'an passé, en particulier la guerre au Liban et les élections américaines - pour mesurer les possibilités qui s'offrent à l'Etat juif. Surtout que ce dernier apparaît désormais comme de plus en plus proche d'une action préemptive, puisqu'il en vient à considérer toute la région comme incontrôlable dès lors que l'Iran développe l'arme nucléaire :

With Iran plunging ahead with its program in defiance of the UN and the international community, Egypt, Algeria, Saudi Arabia, Morocco, Tunisia and the United Arab Emirates announced in early November that they intended to begin upgrading their nuclear energy programs. Of the six, the most advanced by far are Egypt and Algeria. Turkey is also reported to be toying with the idea of starting a nuclear program.
"To remain a player in the region, these Arab countries will have no choice but to quickly develop nuclear weapons," says a senior government official responsible for formulating strategic policy.

L'analyse faite des Etats-Unis est particulièrement intéressante, puisque les déploiements militaires actuels donnerait alors au Central Command plus encore le rôle d'arbitre en cas de frappe aérienne israélienne, et donc d'assumer une bonne partie de la responsabilité...

COMPLEMENT (7.1 1200) : Cet article résumant des révélations du Sunday Times apporte un éclairage complémentaire.

Posted by Ludovic Monnerat at 23h31 | Comments (7) | TrackBack

4 janvier 2007

Revue Militaire Suisse : nouveaux articles

Sur le nouveau site de la Revue Militaire Suisse, toujours en phase de développement, 5 articles extraits des deux dernières éditions de l'année 2006 ont été mis en ligne :

Bonne lecture !

Posted by Ludovic Monnerat at 21h25 | Comments (1) | TrackBack

Entre fossé et découplage

Un rapport de l'Agence européenne d'armement du 19 décembre dernier (reçu par courriel en PDF, merci à PS) fournit des comparaisons intéressantes entre l'Europe et les Etats-Unis sur le plan militaire pour l'année 2005. J'ai en particulier relevé les éléments suivants (Europe et Etats-Unis, dans cet ordre) :

Les chiffres mis en gras sont à mon sens les plus révélateurs. L'existence d'un fossé atlantique entre l'Europe et les Etats-Unis n'est certes pas nouvelle, et elle inspirait déjà une grande inquiétude dans les années 90, notamment lors des opérations de combat au-dessus des Balkans. Ce qui a changé depuis 2001, et qui est représenté dans les chiffres sur les déploiements, c'est que désormais l'expérience opérationnelle et expéditionnaire est également d'une tout autre ampleur. Non seulement les Américains investissent bien plus et se donnent les moyens de moderniser leurs armées, mais ils les engagent également davantage et sont en train de former toute une génération de cadres ayant l'expérience du combat. En Europe, à l'exception notable de la Grande-Bretagne (qui le paie cher) et dans une moindre mesure de la France (dont le budget militaire reste fragile), les armées sont comparativement vieillissantes, statiques et inexpérimentées.

A mon sens, cette réalité a peu de chances d'être corrigée rapidement, car les initiatives de modernisation en cours, sous la houlette de l'UE (les battlegroups) ou de l'OTAN (la force de réaction), n'affectent qu'une petite partie des armées. Du coup, il est bon de se demander si ce fossé atlantique ne mène pas à un découplage interne, tant il paraît difficile de suivre la locomotive américaine sur la voie high tech qu'elle s'est choisie, en l'absence d'une augmentation substantielle des budgets de la défense. Car au rythme actuel, les armées européennes vont se retrouver avec une élite interopérable et expérimentée (comprenant notamment les forces spéciales, les unités terrestres numérisées, les chasseurs-bombardiers de dernière génération et les navires de combat modernes), capable d'exécuter tous les types d'opérations après projection, et une majorité moins équipée, moins entraînée, moins intégrée, vouée à des missions de sécurisation et de stabilisation avant tout sur le sol national.

Un modèle qui me paraîtrait cohérent si cette majorité était constituée de conscrits...

Posted by Ludovic Monnerat at 13h31 | Comments (11) | TrackBack

3 janvier 2007

Le grand écart opérationnel

Choc en Grande-Bretagne : les révélations publiées dans la presse montrent que la marine britannique, en raison de rééquilibrages budgétaires au Ministère de la Défense, devra mettre sous cocon la moitié ou presque de ses navires de haute mer pour faire des économies. Concrètement, 13 navires sur 44 sont aujourd'hui déjà placés dans une disponibilité réduite, et 8 autres devraient l'être prochainement ; de plus, les acquisitions de destroyers seront réduites de 2 unités, en contradiction avec des promesses faites par le Gouvernement lors de la dernière réduction de la flotte. On comprend que l'opposition accuse ce dernier de vouloir la destruction de la Royal Navy : celle-ci ne serait plus que l'ombre du passé. Pour mémoire, l'US Navy compte aujourd'hui environ 400 navires, dont 11 grands porte-avions et 11 porte-avions moyens.

Quel est le problème auquel sont confrontés les Britanniques pour prendre des décisions aussi déchirantes ? Celui du grand écart opérationnel auquel sont confrontées les principales armées occidentales : équilibrer les coûts d'exploitation considérables des opérations en cours, toujours plus lointaines et complexes, avec les coûts d'investissements gigantesques des équipements de demain. Comme l'indique l'article du Times, c'est le cumul des grands programmes plus coûteux que prévus - dont l'Eurofighter - et des opérations en Irak comme en Afghanistan qui contraint à un rééquilibrage interne au profit de l'Air Force et de l'Army, puisque une augmentation du budget n'entre pas en ligne de compte (même si des discussions ont eu lieu). Les Etats-Unis ont pour leur part augmenté massivement leur budget, mais cela ne suffira pas à empêcher des sacrifices prenant la forme de programmes annulés (comme l'obusier Crusader et l'hélicoptère Comanche pour l'US Army).

En d'autres termes, il est très difficile de mener les guerres d'aujourd'hui et de préparer les guerres de demain si celles-ci sont diamétralement opposées. Et c'est pourtant bien ce qui se produit : les conflits de basse intensité auxquels nous assistons impliquent des volumes de troupes élevés, une usure rapide (et souvent imprévue) des équipements, ainsi que d'importantes dépenses non liées au combat ; à l'inverse, les conflits de haute intensité que préparent la plupart des grands programmes d'armement tablent sur une présence humaine réduite, sur une durée abrégée des opérations ainsi que sur une domination des fonctions combattantes. Naturellement, les systèmes modernes sont suffisamment polyvalents pour s'adapter aux opérations dictées par une menace jamais entièrement prévisible ; mais déployer par exemple des avions de guerre électronique EA-6B Prowler pour brouiller les communications sans fil bas de gamme des Taliban n'est pas un emploi efficient des deniers publics.

Ce grand écart opérationnel, malgré toute l'incertitude de l'avenir, est ainsi un cercle vicieux : la nécessité de concevoir des équipements utilisables dans des conflits d'intensité différents impose une grande polyvalence, et donc un coût en spirale ascendante, lequel exige des coupes budgétaires rendant une nécessaire une polyvalence plus grande encore - et plus chère aussi. D'un autre côté, il faudrait un courage intellectuel et moral considérable pour affirmer de but en blanc que le conflit symétrique de haute intensité n'est plus la priorité des armées, et que par conséquent l'effort principal sur le plan du budget comme de l'instruction doit être porté sur les conflits déstructurés qui reviennent chaque jour dans l'actualité. Avec à la clef une transformation culturelle et institutionnelle de premier plan.

COMPLEMENT (4.1 1200) : Une comparaison intéressante sur le volume des flottes peut être faite avec les forces déployées pour l'opération franco-britannique de Suez, puisque à l'époque ce sont 155 navires de guerre qui ont été engagés, dont 5 porte-avions. Certes, la plupart étaient des vétérans de la Seconde guerre mondiale, mais cette différence reste instructive.

Posted by Ludovic Monnerat at 22h33 | Comments (28) | TrackBack

2 janvier 2007

Le premier de l'année

Je conseille de lire ce billet de Stéphane, sur le Meilleur des Mondes, à propos de l'exécution de Saddam Hussein. Il illustre bien l'importance stratégique et morale de cette pendaison rapidement rendue publique, avant tout pour ses victimes, mais aussi les contorsions intellectuelles des médias dans leur refus unanime de toute condamnation à mort :

[L]es rédactions ont toujours hésité entre différentes perceptions autour de la condamnation de Saddam Hussein, allant de la sournoise théorie du complot à une "défense des valeurs occidentales" bien commode pour justifier l'injustifiable, tout en l'habillant de quelques oripeaux humanistes. Ces gens défendraient-ils d'une telle façon Hitler dans un procès de Nuremberg? Nous n'en saurons évidemment jamais rien. Mais que n'ont-ils pas défendu toutes les victimes de Saddam, crime après crime, année après année! Ces condamnés-là , sans procès, n'ont pas eu droit à ces vaillants avocats pour les défendre. Ni même à autre chose que le silence.
Que ce soit pour ne pas donner raison à Bush - voilà un vrai crime contre l'humanité! - ou au prétexte de ne pas "attiser" le conflit communautaire entre Kurdes, Chiites et Sunnites - et on se demande par quel raisonnement - il était important, crucial même, que Saddam vive.

En passant, on en profite pour féliciter Stéphane et son épouse, puisque leur petit Abel n'est autre que le premier bébé de l'année ! Dommage que l'article du Matin ne donne aucun lien vers le blog ! :-)

Posted by Ludovic Monnerat at 9h37 | Comments (32) | TrackBack

1 janvier 2007

Connecting the dots...

Parfois, la lecture d'informations dispersées au gré de sources diverses est une bonne méthode pour voir des liens, discerner des interdépendances et acquérir une meilleure vue d'ensemble. Considérez ainsi ces différentes nouvelles :

Partant de là , il est intéressant d'examiner la situation du jihad global, c'est-à -dire du principal conflit armé de notre ère, en étant bien conscient que ses développements nous concernent inévitablement...

Posted by Ludovic Monnerat at 16h56 | Comments (17) | TrackBack