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23 décembre 2006

Irak : une réaction imprévue

Surprise : alors que la conjonction de la victoire démocrate aux élections et de la publication du rapport de l'Irak Study Group semblaient indiquer un retrait progressif des troupes américaines en Irak, à la satisfaction bruyante des opposants comme des ennemis de l'opération "Iraqi Freedom", l'administration Bush penche au contraire pour un renforcement des troupes. Un groupe d'étude formé d'officiers généraux et supérieurs ayant participé à l'opération, actifs ou en retraite, a ainsi développé un plan qui aurait convaincu la Maison Blanche et qui passe notamment par le déploiement de troupes combattantes supplémentaires. La situation actuelle en Irak montre en effet la nécessité de prendre des mesures énergiques dans différents domaines, et avant tout dans la sécurisation de Bagdad, point focal des perceptions et faille majeure de l'opération.

En soi, cette réaction n'est pas entièrement une surprise : les officiers généraux qui avaient demandé la démission de Donald Rumsfeld, au printemps dernier, estimaient en effet le volume des troupes insuffisant ; la défaite électorale des républicains a naturellement créé des conditions favorables pour un infléchissement de la conduite de la guerre. Cependant, il faut relever qu'une augmentation des forces est contraire à la recommandation du commandant du CENTCOM, le général Abizaid, faite au Congrès peu après les élections, et pour lequel le volume actuel correspond aux besoins. En d'autres termes, il n'y a certainement pas d'unanimité militaire pour cette intensification du conflit, même si elle est expliquée par le besoin de fournir de la sécurité à la population irakienne, d'influencer la couverture médiatique qui ronge la volonté américaine de poursuivre l'opération, ou même de reprendre l'initiative, largement laissée entre les mains des autorités irakiennes.

Cette approche comporte néanmoins des risques majeurs :

En bref : il n'y a pas de solution américaine au conflit irakien, et il ne faut jamais perdre de vue que ce dernier n'est qu'une campagne dans un conflit plus vaste dans l'espace, dans le temps comme dans les esprits. Est-ce qu'une présence accrue en Irak renforcerait les Etats-Unis et les démocraties libérales dans leur lutte contre le fondamentalisme musulman ? Voilà la vraie question à se poser.

Publié par Ludovic Monnerat le 23 décembre 2006 à 7:40

Commentaires

Les Américains se sont lancé dans l'invasion de l'Irak au mépris de l'avis de tous leurs alliés sauf Blair, qui restera dans l'histoire comme le caniche de Bush. Cela a été une chance extraordinaire pour les fondamentalistes musulmans d'origine sunnite et wahabite qui ont pu ainsi trouver un second souffle après leur coup du 9/11. Et l'occasion pour l'Iran de devenir une grande puissance régionale en soutenant les chiites irakiens. Exactement ce qu'on a dit aux Américains avant qu'ils ne partent en guerre.
Maintenant, ils sont pris au piège. Là -bas, ils ont tout le monde contre eux, jusqu'aux plus pacifiques des pères de famille. Et pas seulement en Irak mais dans tout le monde arabe, voire musulman. En Europe, beaucoup leur en veulent avec raison d'avoir ainsi gâché nos relations avec les peuples d'autres cultures ou religion pour un résultat aussi lamentable. Une bonne part des Américains partage ce point de vue, par ailleurs.
Nolens volens, les clés de la solution sont maintenant entre les mains des Iraniens. Les Américains peuvent augmenter ou diminuer leurs troupes, cela ne changera rien à terme plus ou moins long. La guerre en Irak est déjà perdue pour eux et finalement, plus vite ils partiront, mieux cela vaudra pour tout le monde. Cela sera certes le chaos en Irak, mais pas plus que cela ne l'est déjà et cela ne durera qu'un temps; alors que cela va continuer comme maintenant tant qu'il restera un seul Américain dans ce pays.

Mais ils ne partiront évidemment pas. On aura donc l'occasion de vérifier ce qui est écrit plus haut dans les deux ou trois ans qui viennent...

Publié par Roland le 23 décembre 2006 à 12:59

Au moment où je poste mon message, la radio diffuse le communiqué de Al-Qaeda qui offre aux Américains une trêve d'un mois pour partir, à condition de laisser leurs armes lourdes.
Traduction: vous ne partirez pas si facilement, vous nous êtes trop utiles en Irak et nous ferons tout pour que vous y restiez le plus longtemps possible...

Publié par Roland le 23 décembre 2006 à 13:37

''Les Américains se sont lancé dans l'invasion de l'Irak au mépris de l'avis de tous leurs alliés''

Jamais entendu parlé de l'Australie, des Pays Bas, de la Norvége, de l'Italie, de l'Espagne, de la Pologne, de la Corée du Sud et autres ?

Arrétez de travestir l'histoire, en 2003, c'était la moitié des pays de l'UE qui s'est engagé la bas.

Publié par Frédéric le 24 décembre 2006 à 8:38

Soit, d'accord. N'oubliez pas cependant de mentionner qu'ils se tirent vite fait les uns après les autres...
Mais ce n'était pas le fond de mon message.

Publié par Roland le 24 décembre 2006 à 9:25

Et le Japon, qui eu même une tête coupée... Parlons-en du fond de votre message, vous voulez nous faire gober que l'Iran tire les ficelles... quelle rigolade, les Américains font la démonstration à tous ces pays musulmans qu'ils n'ont pas de choix que de se prendre en main et le plus rapidement possible. C'est tout le contraire de ce que vous pensez. Les Islamistes sont débordés et embourbés dans une violence juvénile qu'ils ne contrôlent plus et avec plus de 60% de la population qui a moins de 20 ans ça peut virer au " polpotisme ". Les Notables de ces pays n'ont plus de prise et savent qu'ils devront faire le boulot si les Américains partent trop vite. C'est une constante dans ces pays d'attendre au dernier moment et évidemment c'est toujours sanglant car leur actions démocratiques se trouvent toujours entravées par la culture de l'émeute. Il n'y a aucune revendication sérieuse de mouvement de libération en Irak, ce ne sont que des exactions visant à départager les factions. Ils sont sortis de leur trou quand ils ont compris que les Américains n'interviendraient plus massivement laissant plus d'initiative à la nouvelle armée d'Irak. Aucune comparaison avec les Talibans et leurs paysans soldats à la solde des Seigneurs de guerre qui font le baroud et laissent sur le carreau des centaines d'hommes pour 4 à 5 morts pour les Occidentaux. Le chef d'état Paquistanais, qui a des centaines de morts dans la lutte aux Talibans, l'a très bien exprimé en disant aux Canadien d'arrêter de pleurnicher pour 4 morts. En bref les Américains ont fait du très bon travail et l'Irak est sécurisé à 80% si ce n'est des banlieues de Bagdad ou la racaille post Saddam s'en donne à cœur joie dans les contrats sordides qui tuent de l'Iraquien et n'on pas de l'Américain. Et en plus les affaires vont bien!

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 25 décembre 2006 à 7:15

Quand on voit les britanniques donner l'assaut à un poste de police pour empécher la possible exécution de 185 prisoniers, il vrai qu'on se dit que les partis en présence songe plus à en découdre entre que de "libérer" le pays de la présence étrangére.

Publié par Frédéric le 25 décembre 2006 à 8:04

1. Je ne dis pas que l'Iran tire toutes les ficelles (elle en tire ou cherche à en tirer quelques-unes, non ?). Je dis que le bilan final risque bien de lui être profitable, ce que personne ici ne souhaite, du moins je le suppose.
2. "Ils sont sortis du trou..." écrivez-vous. Qui est "ils" ? Moi j'ai vu une armée et un parti Baas n'offrir qu'une résistance de façade aux Américains, planquer leurs armes et resurgir en guérilla. Un intervenant qui signe "Antonio" a donné beaucoup de détails sur la situation actuelle du côté des milices de Sadr, vous les avez lus comme moi.
4. Votre analyse des contradictions internes rejoint la mienne, exprimée ailleurs : les Américains en intervenant en Irak ont donné un coup de fouet au recrutement islamiste. Que cela leur pose des problèmes, vous me l'apprenez. Sans vouloir être démesurèment cynique, vu leur façon de combattre par attentats suicide, ils savent comment utiliser cet afflux de candidats, non ? Quand les Américains repartiront, le soufflé va retomber. Restera le problème des répartitions des richesses pétrolières de l'Irak...
Et c'est là que l'Iran risque de profiter de la nouvelle donne.
Je pense que mon opinion diffère de la vôtre sur un plan : l'objectif de l'invasion était de sécuriser au profit des USA une source importante d'énergie, le pétrole saoudien et irakien. Cet objectif a-il des chances raisonnables d'être atteint de cette manière ? Je pense que non et vous semblez penser que oui. Il semble que les Américains ont déjà dépensé 350 milliards de USD pour cette guerre. Alors, 3000 morts, ce n'est effectivement pas grand'chose. Mais 350 milliards...

Publié par Roland le 25 décembre 2006 à 11:26

Pour compléter, cette dépêche de l'AFP de ce matin:
"L'administration américaine accuse régulièrement les autorités iraniennes de soutenir les violences en Irak. Le gouvernement irakien, dominé par une coalition de partis chiites, entend de son côté améliorer ses relations et développer les liens avec le voisin iranien."
Ce n'est pas moi qui prétends que l'Iran tire les ficelles, mais les Américains eux-mêmes.

Publié par Roland le 25 décembre 2006 à 12:42