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31 juillet 2006

Une saignée discrète et mortelle

Haro sur Israël : la destruction d'un immeuble à Cana et la mort de nombreux non combattants ont produit sans surprise une avalanche de condamnations, mais aussi d'appels à un cessez-le-feu dont on se demande bien ce qu'il ferait pour la résolution du conflit. Privilégiant comme de juste la sécurité nationale à l'opinion internationale, l'Etat juif n'a pas d'ailleurs pas tardé à mettre entre parenthèses sa trève annoncée de 48 heures dans les bombardements aériens, puisque ses ennemis n'ont pas fait mine de le suivre sur cette voie. La pression politique s'accroît, à la fois pour une décision rapide sur le plan militaire et pour une interruption rapide du conflit, ce qui devrait amener au moins à court terme une poursuite de l'escalade. Avec les inévitables "bavures" que produit le recours à la puissance aérienne hors de l'appui direct aux troupes terrestres.

Cet échec en termes de perception reste cependant marginal sur le déroulement des opérations du côté israélien : l'objectif principal de celles-ci étant une usure du Hezbollah, afin de le rendre matériellement incapable de poser une menace ces prochaines années (et donc accessoirement de servir de vecteur à l'Iran, d'où l'intérêt d'une partie de la communauté internationale à laisser les hostilités se poursuivre), il s'agit bien d'affecter les capacités de la milice chiite, et non les volontés de quiconque. A ce stade, on ne peut qu'être surpris que les Israéliens n'aient pas encore déclenché une offensive en règle jusqu'à la rivière Litani, destinée à prendre dans la nasse les combattants du Hezbollah, dont la qualité indéniable rend le remplacement difficile, et à les anéantir plus sûrement ; peut-être les spectres du passé expliquent-ils cette timidité opérationnelle.

Pour le Hezbollah, en revanche, la frappe meurtrière de Cana revêt une importance cruciale : elle permet de focaliser la communauté internationale sur des violences injustifiables du côté israélien, et donc de mettre entre parenthèses les casus belli dont s'est rendue coupable la milice islamiste, mais aussi et surtout d'augmenter les chances d'un cessez-le-feu imposé à Israël et qui demeure sa seule chance de victoire. Les combats terrestres très durs du Sud-Liban ont en effet décimé ses meilleures unités, affûtées par des années d'accrochages contre Tsahal, alors que les frappes aériennes nombreuses de l'aviation israélienne ont infligé des pertes énormes à ses réserves d'armes ainsi qu'à son infrastructure de commandement. D'où la nécessité impérieuse de s'entourer de boucliers humains : c'est déjà une question de vie et de mort.

Pour les Israéliens, qui tiennent enfin dans leur mire un ennemi mortel ne pouvant plus se dérober sous peine de perdre la face, c'est-à -dire son poids politique et symbolique, il est désormais nécessaire de poursuivre implacablement l'entreprise en cours et de continuer à éliminer le Hezbollah jusqu'à ce qu'il n'existe plus en tant qu'organisation armée. Nasrallah et les siens ont été surpris de la réaction israélienne après l'enlèvement des soldats de Tsahal, car ils n'avaient pas prévu qu'ils créaient ainsi une justification pour une opération destinée à les saigner à blanc. A présent, cette saignée s'accroit chaque jour un peu plus, avec son cortège de drames et de douleurs pour la population civile, mais avec au bout du compte une perspective stratégique inimaginable voici quelques mois encore - et que seul le retrait de Gaza a rendu politiquement possible.

Voilà du moins mon analyse, à chaud et brièvement, depuis mes montagnes tessinoises...

COMPLEMENT (1.8.06, 0845) : Quelques articles lus ce matin dans Le Figaro apportent des précisions intéressantes. Tout d'abord ce récit d'Adrien Jaulmes, qui tombe bêtement dans le panneau en reproduisant les déclarations du Hezbollah, alors que nombre d'indices - pertes avouées, destructions subies - plaident pour une défaite sévère. Qu'à l'aube du XXIe siècle un journaliste "couvrant" une guerre pense encore que la conquête territoriale est le but des armées est assez surprenant. Les annonces du Gouvernement israélien concernant l'extension des opérations semblent indiquer que rendre publique une telle intention n'aurait plus guère d'influence sur le terrain, ou au contraire que mettre en fuite le Hezbollah permettrait de l'achever. Enfin, les chiffres au sujet de l'économie israélienne replacent les pertes subies dans une perspective stratégique plus réaliste.

Posted by Ludovic Monnerat at 16h43 | Comments (35) | TrackBack

30 juillet 2006

La cécité du scientifique

Les propos du professeur Karl Haltiner font régulièrement grincer des dents au sein de l'armée, en raison de leur éloignement des réalités vécues au quotidien. Cet entretien publié aujourd'hui dans la NZZ aura probablement le même effet, puisque ce sociologue connu pour ses enquêtes d'opinion annuelles prône désormais une armée de milice volontaire. Extrait :

Das Gros der Armeeangehörigen würde aus Freiwilligen beider Geschlechter ab 18 bis etwa 40 oder 50 Jahren bestehen. Sie müssten sich verpflichten, während mindestens fünf Jahren neben ihrem Beruf Militärdienst zu leisten mit der Möglichkeit zur Verlängerung. Wie im heutigen System müssten sie eine mehrmonatige Grundausbildung durchlaufen und pro Jahr mindestens 30 Tage Dienst leisten, davon 20 am Stück. Damit verbunden wäre die Pflicht, Ernstfalleinsätze zu leisten, beispielsweise bei der Bewachung des WEF.

Bien entendu, on pourrait se demander quelle disponibilité aurait cette armée ; notre éminent chercheur zurichois comptant avec des effectifs de 25'000 à 30'000 miliciens, on parvient fort logiquement à une moyenne de 1500 militaires en service, sans prendre en compte l'effet des engagements de grande ampleur, qui réduisent ce chiffre. A peine de quoi garantir dans la durée une mission du type "AMBA CENTRO". Du coup, Haltiner préconise l'augmentation des militaires contractuels, en évitant de préciser que ceux-ci sont aujourd'hui engagés dans l'instruction et non dans l'opération, et donc l'accroissement d'un noyau professionnel dont le sous-effectif est aujourd'hui déjà criant, et qui devrait puiser dans le même réservoir de volontaires...

Tant mieux pour son amour-propre si Karl Haltiner obtient l'audience des médias et des politiciens, à défaut de la confiance des militaires. Pour ma part, je lui conseillerais en premier lieu de réfléchir au sens des armées avant de se lancer dans des chiffres sur les effectifs et les modes de service, dont les implications de toute manière le dépassent.

Posted by Ludovic Monnerat at 17h33 | Comments (4) | TrackBack

29 juillet 2006

Gagner la guerre, perdre la paix

Parmi les nombreux commentaires ci-dessous consacrés au conflit du Proche-Orient a débattue la question des pertes civiles, des actions qui les provoquent et du comportement en général face à une armée supérieure sur le plan du nombre et de la technologie. Dans la mesure où cet aspect du conflit me paraît essentiel pour l'ensemble des armées occidentales, et partant pour les Etats-nations classiques, je me permets d'apporter mes propres réflexions sur le sujet.

Bien entendu, sur le plan militaire, il est vain de reprocher au Hezbollah de se dissimuler parmi la population civile et de ne pas encaisser de plein fouet les coups très durs, des airs comme à terre, portés par les Forces de défense israéliennes. Tout comme les rebelles tchétchènes face aux forces armées russes, le Vietcong face aux divisions américaines, la Résistance face à la Wehrmacht ou les Boers face aux Britanniques, un belligérant inférieur à un autre va chercher à soustraire ses faiblesses et à mener une action où ses propres forces, respectivement les faiblesses de l'autre, amèneront la décision. Les méthodes dites asymétriques dans ce sens sont avant tout la guérilla et le terrorisme, mais le dévoiement du droit international des conflits armés me semble également en faire partie. Et l'infériorité militaire ne justifie pas sa violation délibérée et calculée.

Le complexe édifice juridique assemblé au fil des siècles a en effet toujours eu pour but de réduire les horreurs de la guerre, et non à favoriser les armées régulières, même s'il y contribue de facto. Si le moins fort peut faire n'importe quoi, ce n'importe quoi devient l'usage et provoque une escalade conforme à la montée aux extrêmes qui résume la dynamique des conflits. Quand le Hezbollah s'entoure de non combattants, il semble gagnant sur tous les plans : si les FDI ne bombardent pas, il gagne en liberté d'action et manœuvre impunément ; si les FDI bombardent, il gagne en influence politique et peut exhiber autant que "victimes civiles" que de combattants et de boucliers humains tués. Et les dirigeants internationaux de confirmer l'efficacité de cette pratique en vilipandant Israël, pour la simple et bonne raison qu'ils préfèrent spontanément ignorer la nécessité, parfois, de faire la guerre.

Mais le coût à terme de ces méthodes, qui reviennent à embrigader dans la lutte l'ensemble des non combattants, est hélas ignoré de leurs tenants. Le fait que les guerres contemporaines soient devenues sociétales n'implique pas la généralisation d'une mentalité guerrière, sous peine de rendre la société touchée par cette folie incapable de produire autre chose que des armes et de la haine. On peut gagner une guerre en mobilisant de gré ou de force toute une population, mais toutes les ressources investies dans la guerre ne seront plus disponibles lorsqu'il s'agira de gagner la paix. Seule une défaite ayant un coût supérieur justifie une telle mobilisation, et ce n'est de toute évidence pas le cas aujourd'hui sur le territoire libanais, où une milice belligène est punie par la cible de ses attaques terroristes.

Vaincre une démocratie par lassitude, c'est-à -dire par la diminution progressive de sa volonté, suppose un conflit prolongé et des destructions étendues. Il est bien préférable de la désarmer sur le plan moral, en respectant des valeurs telles que le droit des gens en temps de guerre. La vertu est une arme insoupçonnée.

COMPLEMENT (30.7 1520) : Le raid aérien mené durant la nuit par Tsahal au Sud-Liban, qui aurait fait au moins 54 morts, semble une confirmation des effets propres à la tactique appliquée par le Hezbollah. Les appels à l'évacuation lancés par Israël, s'ils avaient été suivis d'effets, auraient permis d'éviter un tel événement...

Posted by Ludovic Monnerat at 18h51 | Comments (82) | TrackBack

28 juillet 2006

En service au Tessin

VueIsone.jpg

La vue ci-dessus a été prise ce matin et montre une facette de cette magnique région qu'est le Tessin. J'y suis actuellement stationné, aux écoles de grenadiers d'Isone, pour mon service pratique de commandant de bataillon (une chose réintroduite dans l'Armée XXI). Il se trouve en effet que j'ai l'insigne honneur depuis le 1er juillet de commander le bataillon de grenadiers 30, ce qui m'amène à devoir accomplir quelques services d'avancement. Après des années de travaux d'état-major, je goûte donc avec plaisir le fait d'être de nouveau à la troupe et de préparer des activités aboutissant à autre chose que des folios PowerPoint et des textes Word ! L'armée de milice a vraiment d'excellents côtés... :-)

Posted by Ludovic Monnerat at 19h20 | Comments (4) | TrackBack

Survivre dans l'impuissance

Cet article du Monde sur la situation de l'UNIFIL mérite d'être lu : il souligne crûment les limites des contingents de maintien de la paix déployés dans un environnement où la guerre menée à son terme est devenue la condition préalable de toute paix. Extrait :

C'est une mission étrange que celle du général Pellegrini. D'un côté, il assure être un "intermédiaire" entre les deux belligérants. De l'autre, il dit ne pas "vouloir connaître" les chefs locaux du Parti de Dieu. "Les gens du Hezbollah, on ne les voit pas, on les entend", confirme un capitaine. Un grand portrait de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, nargue les casques bleus au-dessus d'un mur d'enceinte.
Le général constate que la communauté internationale avait certes obtenu le "retrait israélien" du Liban sud. C'était en 2000, bien avant le déclenchement de la crise actuelle. En revanche, s'agissant de l'"aide à apporter aux autorités libanaises pour qu'elles rétablissent leur souveraineté" sur une zone entièrement contrôlée par le Hezbollah, sa mission est un échec complet, admet le militaire français.
"Nous avons un mandat placé sous chapitre VI de l'ONU, qui ne nous autorise qu'un rôle d'autodéfense et de protection de nos installations", plaide-t-il. Selon lui, seule une force internationale de quelque 10 000 hommes, disposant d'un "mandat musclé" sous chapitre VII de l'ONU, "pour imposer la volonté des Nations unies", pourrait rétablir la paix. En attendant, les 700 hommes de son quartier général tournent en rond, pendant que les 1 300 autres, disséminés dans 43 postes dans tout le Liban sud, essaient d'échapper aux tirs croisés.

Il s'agirait naturellement de savoir si les Nations unies ont une volonté, et bien entendu les capacités, pour une telle action. Engager aujourd'hui une force multinationale signifierait appliquer la résolution 1559, et donc faire la guerre au Hezbollah - exactement ce que fait actuellement Israël, et ce que le Liban n'a pas fait. Sur ce dernier point, on notera toutefois que les appels à l'aide du Gouvernement libanais ces derniers mois dans ce but n'ont pas reçu de réponse de la communauté internationale, peu désireuse de s'impliquer dans cette tâche difficile - et n'ayant pas oublié les attentats de 1983...

Posted by Ludovic Monnerat at 10h21 | Comments (63) | TrackBack

25 juillet 2006

A nouveau absent

Pour différentes raisons que je communiquerai bientôt, lorsque j'aurai gagné mon lieu de service (militaire), je suis et serai à nouveau largement absent de ce site pour une durée assez longue. Toutefois, cela ne m'empêche pas de suivre les commentaires et de censurer les échanges injurieux, comme ceux qui ont été prononcés hier. Qu'on se le dise ! :-)

Posted by Ludovic Monnerat at 8h06 | Comments (27) | TrackBack

20 juillet 2006

Le choix de l'attrition

Méthodiquement, malgré les critiques internationales que suscitent les dommages collatéraux de ses actions, Israël poursuit sa guerre d'attrition contre le Hezbollah, augmentant l'intensité et la diversité de ses attaques au fur à mesure que la milice islamiste voit ses capacités se réduire. User un adversaire faute de pouvoir lui porter un coup décisif est une méthode fragile, mais elle permet aussi de réduire la dynamique mesure / contre-mesure propre à tout affrontement. Le Hezbollah ne peut se prévaloir d'une quelconque occupation pour justifier ses attaques visant directement la population civile : le retrait du Sud Liban met en danger celle-ci, mais renforce la légitimité des actions menées pour la protéger, redonnant ainsi en liberté d'action ce qui a été perdu en espace de protection.

L'intensité des attaques menées avant tout par l'aviation israélienne, a contrario des accrochages terrestres, montre cependant que l'Etat juif avait soigneusement préparé ses plans face à la menace du Hezbollah. Les pertes civiles importantes dans la population libanaise, qui ne joue peut-être pas le rôle de bouclier humain attendu, indiquent d'ailleurs une détermination impitoyable. Alors que le Liban se relevait d'une guerre civile ravageuse, le conflit israélo-arabe revient à nouveau le hanter et mettre son avenir en péril. Est-ce là l'intérêt de l'Etat juif, et de la communauté internationale ? Bien souvent, le choix de l'attrition relève d'une perspective à court terme, dans la mesure où l'attrition représente une orientation plus qu'un but en soi. On compte parvenir à bout de l'autre en réduisant ses capacités, ou sa volonté, ou sa légitimité, et cette action comporte son propre élan.

Si cette solution est la seule, pour un Etat désireux de protéger sa population sans allumer un conflit interétatique, voilà qui serait néanmoins compréhensible.

Posted by Ludovic Monnerat at 21h12 | Comments (124) | TrackBack

17 juillet 2006

Comme un séisme au ralenti

La normalité de la vie quotidienne dans l'Helvétie vacancière offre un contraste saisissant avec l'évolution rapide des événements au Proche-Orient, où les forces de défense israéliennes ont annoncé aujourd'hui leur première incursion au Sud Liban, tout en poursuivant des frappes air-sol et sol-sol de grande ampleur. Les nations occidentales assistent sans grande réaction à une nouvelle phase du conflit opposant Israël au monde arabo-musulman, comme prises par l'inertie de leurs priorités et/ou de leurs illusions (dont le fameux "processus de paix"), et se contentent de proclamations creuses et d'intentions irréalistes - comme cette force onusienne dont on se demande bien qui pourrait l'alimenter, l'équiper, la déployer ou encore la commander. Un peu comme si elles refusaient d'ouvrir les yeux face au danger imminent.

Il faut recourir à des analystes privés pour rester au contact de la réalité, et se rendre compte qu'à tout instant des milliers de citoyens occidentaux peuvent être otages d'une situation qui dépassent leurs dirigeants. Ainsi, les opérations d'évacuation en cours ou en préparation ne restent qu'une réaction linéaire et convenue face aux développements du conflit, et ne prennent pas en compte ce qu'il révèle des belligérants aux prises. On peine à voir la marque omniprésente du djihad derrière les attaques physiques et verbales qui émanent de Gaza, de Beyrouth, de Téhéran ou d'ailleurs contre Israël. On renonce à admettre que la notion "paix contre territoires" a été durablement disqualifiée par les attaques du Hezbollah et du Hamas. On s'abstient de toute remise en cause même face au désaveu et à l'échec.

Mais la stupeur de la communauté internationale s'accompagne également d'une inclination à laisser les Israéliens se charger du sale boulot, celui consistant à éliminer le groupe terroriste islamiste le plus dangereux au monde, et par là même largement désarmer la théocratie islamiste qui le contrôle et le soutient. Les voiles de l'incertitude se déchirent au ralenti, et soulagent les Occidentaux - et d'autres - de leur dilemme insoluble. Quelque part, l'action déclenchée par le gouvernement Olmert suite aux attaques du Hezbollah est une réponse cathartique, un mouvement qui remplace enfin un statu quo intenable. C'est d'ailleurs à mon sens la raison pour laquelle les dommages collatéraux apparemment nombreux des frappes israéliennes ne suscitent pas davantage de remous. Le conflit est jugé inévitable. Les enjeux justifient les moyens.

Ainsi donc, l'Etat d'Israël endosse aujourd'hui plus que jamais le rôle de sentinelle démocratique, d'avant-garde occidental face aux éléments les plus conservateurs et irrédentistes du monde arabo-musulman. Le monde se prépare à un duel prévu depuis longtemps par les deux camps, et assiste au spectacle à la fois captivant et désolant de la guerre. Peut-être est-il sage de rappeler à cet instant que toute opération de combat reste un gigantesque lancer de dés, sans qu'il soit possible de prévoir les conséquences des résultats obtenus ; l'ampleur du séisme qui se déroule sous nos yeux devrait nous inciter à un sentiment d'urgence renouvelé, et nous amener à être prêt à toutes les éventualités. Le sommes-nous ? Voulons-nous l'être ? Je ne serai pas le seul, sur ce site, à répondre par la négative à ces deux questions légitimes!

Posted by Ludovic Monnerat at 19h37 | Comments (49) | TrackBack

16 juillet 2006

Alerte média : la RSR (3)

Comme les événements au Proche-Orient se développent à un rythme rapide, la RSR La Première m'a invité demain matin, vers 0715, à m'exprimer sur la stratégie militaire israélienne. J'espère avoir davantage de temps que la dernière fois, afin d'éviter tout raccourci susceptible de me valoir d'amers reproches par ici ! :-)

COMPLEMENT (17.7 1130) : Le lien vers l'émission est ici. Merci à ajm pour l'avoir ajouté.

Posted by Ludovic Monnerat at 23h29 | Comments (23) | TrackBack

15 juillet 2006

Une petite devinette (4)

ImageVoyage.jpg

Un brin dépité par les tentatives précédentes, j'ai eu à coeur de concocter une nouvelle petite devinette qui, en principe, devrait tenir un peu plus longtemps. Quelqu'un peut-il situer l'image ci-dessus, prise ce lundi lors de vacances en France ?

Posted by Ludovic Monnerat at 12h10 | Comments (19) | TrackBack

14 juillet 2006

Israël : retour à la case départ

A bien des égards, Israël a corrigé ces dernières années les erreurs stratégiques de ses occupations successives et retrouvé sa situation initiale : un petit Etat entouré d'ennemis plus ou moins déclarés, dont les frontières sont constamment traversées par des attaques de type terroriste (cibles non combattantes) ou militaire (cibles combattantes). Les Forces de défense israéliennes se sont retirées du Sud Liban en 2000, 18 ans après l'opération "Paix en Galilée" ; depuis lors, le Hezbollah en a profité pour augmenter massivement ses capacités d'action et mène depuis 2 jours des opérations de guerre contre l'armée et la population israéliennes. Les mêmes FDI ont évacué en 2005 la bande de Gaza, après 38 ans de présence armée, démantelant au passage les habitations juives et exécutant ainsi une purification ethnique délibérée ; depuis lors, les groupes terroristes palestiniens ont constamment développé leurs capacités d'action (tirs de missile) et mené voici plus de 2 semaines une attaque délibérée sur un poste militaire israélien, provoquant ainsi l'intensification actuelle du conflit. On peut parler de retour à la case départ.

Bien entendu, l'entrée en lice soudaine et massive du Hezbollah (avec plus de 700 projectiles tirés sur la population israélienne en 2 jours) n'est pas étrangère à la situation toujours plus précaire de l'Iran, menacé d'être soumis à des sanctions internationales malgré l'inefficacité flagrante de l'ONU. Par ailleurs, on ne peut manquer de voir dans les attentats de Bombay, à une autre extrémité de l'arc belligène que forme le monde arabo-musulman, le parallélisme d'une guerre qui ne cesse de prendre une dimension planétaire. Il devient ainsi de plus en plus difficile de parler de conflit israélo-palestinien en ignorant les valeurs qui s'affrontent en filigrane, d'expliquer les violences commises dans cette région en excluant leur caractère symbolique et avant-gardiste. Malgré le caractère disproportionné de ses réactions, Israël se défend et tente de préserver son avenir.

Lorsque l'on consulte l'actualité israélienne d'avant la guerre des Six Jours, on ne peut qu'être frappé par la litanie d'attaque de basse intensité menée par les Palestiniens sur la population juive ; la prise de territoires sans évacuation de leurs habitants constituant une erreur, il reste aujourd'hui à Tsahal, qui a le droit et le devoir de protéger les citoyens israéliens contre des attaques prenant la forme d'obus et de roquettes tirés en-dehors du territoire national, de trouver un autre mode opératoire. Celui retenu depuis 2 semaines dans la bande de Gaza, et qui semble se préparer pour le Liban, reproduit dans les grandes lignes l'opération "Bouclier Défensif" menée au printemps 2002 suite à l'escalade des attaques terroristes palestiniennes : des raids aériens et terrestres visant à détruire l'infrastructure des combattants ennemis, à réduire durablement leur capacité d'action, à capturer ou à éliminer leurs dirigeants, ainsi qu'à saisir en masse des renseignements. Frapper et se retirer, en restant prêt à frapper de nouveau. Tout en poursuivant le durcissement des propres défenses, notamment avec la barrière de protection et les dispositifs antimissiles.

La disproportion des actions menées actuellement, qui préparent probablement des coups très durs contre le Hezbollah, réside dans leur intensité, dans leur caractère concentré, un peu comme un boxeur impatient qui rechercherait le k.o. dans un combat nécessairement aux points. La patience n'est certes pas la principale qualité des démocraties, mais l'escalade des faits provoque également une évolution des perceptions qui peut fort bien augmenter massivement les enjeux. Israël est aujourd'hui en position de force : sa population est largement soudée, son économie est en bonne santé, ses ennemis palestiniens sont discrédités, et la situation géopolitique internationale est favorable. Pour durer et l'emporter à terme, de tels avantages doivent être préservés, et non galvaudés dans des actions impulsives qu'il ne serait plus possible de contrôler.

Posted by Ludovic Monnerat at 15h22 | Comments (36) | TrackBack

7 juillet 2006

Une erreur de perspective

Dans la lignée de ces réflexions sur l'inertie des armées et leur inadaptation aux conflits de notre ère, je conseille vivement de lire la dernière colonne de Max Boot, l'un des meilleurs experts contemporains en matière de conflits de basse intensité. Ce dernier porte en effet un regard critique sur la mise en oeuvre opérationnelle de la guerre dite contre le terrorisme, et notamment sur l'inertie de la culture militaire américaine en matière de projection et d'action. Extrait :

In large part for reasons of security and convenience - a few big installations are easier to defend and supply than a lot of small ones - more and more soldiers and support personnel are congregating in a handful of mega-bases, such as Logistics Support Area Anaconda in Iraq, which has about 30,000 inhabitants. When spending time on such installations, it's easy to forget where you are. The only reminder that you're not in Ft. Hood, Texas, comes in the form of occasional, inaccurate mortar rounds or rockets fired by insurgents.
Successful counterinsurgency operations require troops to go out among the people, gathering intelligence and building goodwill. But few Iraqis are allowed on these bases, and few Americans are allowed out - and then only in forbidding armored convoys.
Most of our resources aren't going to fight terrorists but to maintain a smattering of mini-Americas in the Middle East. As one Special Forces officer pungently put it to me: "The only function that thousands of people are performing out here is to turn food into [excrement]."
How to explain this seemingly counterproductive behavior? My theory is that any organization prefers to focus on what it does well. In the case of the Pentagon, that's logistics. Our ability to move supplies is unparalleled in military history. Fighting guerrillas, on the other hand, has never been a mission that has found much favor with the armed forces. So logistics trumps strategy. Which may help explain why we're not having greater success in Iraq and Afghanistan.

Les chiffres mentionnés dans l'article balaient plusieurs lieux communs sur les opérations actuelles en Irak, et dans une moindre mesure en Afghanistan (où l'on commence également à crier au manque de troupes) : ce n'est pas qu'il n'y a pas assez de militaires US en Irak, c'est qu'ils doivent bien trop se focaliser sur la protection de leurs propres infrastructures et convois pour avoir une action décisive en matière de reconstruction ou d'attrition ; ce n'est pas que les militaires US passent leur temps à se planquer dans leurs bases, c'est que la complexité de leur exploitation et la longueur des lignes de communication réduisent leur impact global sur le théâtre d'opérations. Ce qu'il manque aux forces armées US, c'est une vraie culture expéditionnaire, une démarche néocolonialiste qui les amènerait à ne pas tous ou presque transporter leur bout d'Amérique avec eux et qui leur permettrait d'intégrer un autre pays, une autre population, une autre culture, fut-ce pour les influencer ou les contrôler.

Mais peut-être cette lacune n'est-elle finalement pas si négative...

Posted by Ludovic Monnerat at 15h18 | Comments (14) | TrackBack

6 juillet 2006

Le Conseil de l'injustice

Il n'aura pas fallu bien longtemps au nouveau Conseil des droits de l'homme de l'ONU, qui a remplacé la funeste Commission des droits de l'homme, pour montrer son vrai visage : en votant une résolution condamnant Israël pour ses actions militaires en cours sans même adresser le moindre reproche aux Palestiniens, ce nouvel organe onusien poursuit sur la lancée du précédent et consacre l'injustice de la communauté internationale. Le texte accepté par 29 voix contre 11 et 5 abstentions se signale d'ailleurs par une utilisation abusive des Conventions de Genève, le terme de "puissance occupante" désignant Israël alors même que ses actions s'appliquent à un territoire dont l'Etat juif s'est retiré. Comprenne qui pourra.

Il est assez intéressant de constater que la Suisse, tout en soulignant le caractère disproportionné de l'action militaire israélienne (comme je l'ai moi-même dit, et que je maintiens - y voyant même une erreur stratégique susceptible d'entamer les avantages acquis ces derniers mois), n'a pas pu se résoudre à s'opposer à cette résolution injuste. Comment interpréter le fait que la Confédération soit le seul Etat occidental à cautionner cette mascarade de droit international ? Se peut-il que la création du Conseil des droits de l'homme, dont elle est à l'origine, explique son comportement présent ? Quoi qu'il en soit, si le Canada, la République Tchèque, la Finlande, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, la Roumanie et la Grande-Bretagne ont le courage de dire non, il est regrettable que la Suisse se distingue de la sorte.

Posted by Ludovic Monnerat at 19h56 | Comments (23) | TrackBack

5 juillet 2006

Le bilan de juin

Conformément à l'usage, et avec un peu de retard en raison d'un séjour à l'étranger, je profite du bilan mensuel pour remercier cordialement celles et ceux qui consultent ces pages et qui contribuent aux débats. La fréquentation au mois de juin a connu une légère hausse dans le nombre quotidien de visites (2300 contre 2239) et de pages (5272 contre 5144), et une baisse au niveau des hits (8686 contre 9380).

Bien sûr, ces chiffres relatifs ne sauraient être ici alignés sans quelques éléments d'humour. Voici donc mes commentaires à nombre d'entrées grâce auxquelles les moteurs de recherche ont envoyé par ici de très honorables visiteurs :

Bref, merci à tout le monde !

Posted by Ludovic Monnerat at 18h35 | Comments (1) | TrackBack

Une petite devinette (3)

Eglise3.jpg

Comme convenu, voici une petite devinette liée à mon récent séjour : quelle est cette magnifique église ci-dessus, et où se trouve-t-elle ? En espérant qu'une énigme certes modeste tienne un peu plus longtemps que les fois précédentes... :-)

COMPLEMENT (5.7 1750) : Cette devinette n'a donc pas tenu bien longtemps, et je dois donc reconnaître avoir passé le week-end dernier à Prague, une ville absolument magnifique que j'ai pris un grand plaisir à découvrir !

Posted by Ludovic Monnerat at 12h08 | Comments (8) | TrackBack

3 juillet 2006

Football et militantisme

Recemment, j'avais ecrit quelques lignes sur le lien entre la coupe du monde de football et les identites nationales. Ce matin, en parcourant brievement la presse romande depuis le lobby de l'hotel ou je sejourne, je suis tombe sur un editorial de Serge Enderlin, dans Le Temps, qui semble par l'absurde confirmer mes propos en montrant que le rejet de sa propre identite peut trouver une expression via le football. Il est en effet interessant de constater comment Enderlin, qui a priori n'est pas un specialiste du football, explique l'eviction des equipes non-europeennes du Mondial :

Dans cette optique où seul le résultat compte, quelle que soit la pauvreté du spectacle offert, les équipes européennes ont une longueur d'avance sur leurs rivales traditionnelles d'Amérique du Sud. Celles-ci n'ont pas assez d'entraînement pour gérer le minimalisme. Dit autrement: au Mondial du cynisme, l'Europe fait la course en tête.

En preambule, d'un point de vue sportif, je peine a partager de tels propos : la France, l'Italie et l'Allemagne au moins (je n'ai pas vu jouer le Portugal) ont offert depuis le debut de la competition plusieurs matches de qualite, a defaut de l'etre tous ; ces trois equipes ont meme impressionne par leur capacite a emballer la partie en adoptant un rythme tres eleve, une qualite qu'elles partagent avec le Bresil et l'Argentine. Le propos d'Enderlin est d'ailleurs difficile a comprendre si l'on considere que l'Argentine, defaite aux 11 metres, a presente une defense tout aussi solide que les meilleures equipes europeennes. Ce n'est donc pas la perspective sportive qu'il convient d'adopter ici pour comprendre ce texte : la transformation semantique consistant a prendre "l'efficacite" pour la transformer en "minimalisme" puis en "cynisme" ne repose pas sur une logique rationnelle.

Suis-je le seul a penser qu'Enderlin eprouve du depit pour des raisons identitaires a voir les non-Europeens - c'est-a-dire les non-Occidentaux - se faire recaler, alors que leurs victoires auraient permis tellement d'envolees lyriques sur leur superiorite intrinseque ? Ne peut-on voir dans son derapage semantique, incroyable si l'on considere que la plupart de ces joueurs sont des professionnels vivant en Europe, l'envie decue de la defaite des siens, la frustration de ne pas voir battus ces Occidentaux organises et disciplines qui regnent sur les terrains de football comme ils l'ont fait pendant des siecles sur les champs de bataille coloniaux ?

Mais peut-etre vais-je trop loin dans mes reflexions... :-)

Posted by Ludovic Monnerat at 8h56 | Comments (38) | TrackBack

2 juillet 2006

Quelques jours de vacances

Que les fideles de ce blog ne s'inquietent pas de mon silence : je prends quelques jours de vacances et ne dispose que d'un acces ponctuel au reseau. Comme l'a souligne yms, le temps me manque pour suivre ce blog au quotidien, car d'autres priorites sont venues au fil des mois... Sinon, l'absence d'accents indique que je suis en Europe de l'Est. De quoi faire bientot une autre petite devinette ! :-)

Posted by Ludovic Monnerat at 9h39 | Comments (3) | TrackBack