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22 novembre 2005

Le vecteur humanitaire (2)

Voici presque un mois, j'avais souligné le fait que l'aide humanitaire était aujourd'hui devenue ouvertement une arme dans la conquête des esprits. Ce billet du Counterterrorism Blog semble indiquer, dans l'intervalle, que les efforts des organisations islamistes dans le Cachemire pakistanais ont porté leurs fruits. Et de s'interroger sur la manière d'y faire face :

The situation in Kashmir once again demonstrates the dilemma we face in dealing with active, but terrorism tainted, Islamic charities when they constitute an important part of humanitarian crisis relief efforts. This problem arises regularly as with the Southeast Asia Tsunami crisis and in places like Somalia, Sudan, Lebanon and Gaza where terrorist groups have established and maintain essential local humanitarian and social support structures. Dismantling these groups and building new structures to replace them still remains a remote option. Yet efforts are necessary to contain these groups and to restrict them from using their resources for terrorism related activities.

Confrontées à la destruction de leurs éléments opérationnels là où ils sont engagés, les organisations islamistes trouvent donc dans la diversification et le découplage de leurs activités une manière de survivre, de prolonger la lutte et de la faire tourner à leur avantage. C'est l'un des avantages de leur nature parasitaire : la possibilité de profiter des failles et des faiblesses d'une société donnée pour prendre une influence croissante. Elles parviennent ainsi à s'adapter à une situation changeante, comme celle créée par le tremblement de terre au Pakistan, grâce à un fonctionnement très proches des chaînes que j'ai décrites dans mon appréhension de la menace future. Et la séparation apparente de leurs fonctions, pourtant mues par une idéologie et un projet communs, constitue leur meilleure protection.

Laisser croître le parasite islamiste dans une société, par la circulation des idées et des personnes, entraîne le risque de le voir peu à peu prendre le contrôle de ses fonctions essentielles, comme la santé, l'éducation et bien entendu la sécurité. Le point de non retour, s'il existe, est atteint lorsque l'islamisme fait partie de la vie quotidienne sous toutes ses facettes ; c'est une chose que les Taliban n'ont pas réussi à faire en Afghanistan, peut-être faute de temps et sûrement faute d'une méthode adaptée, mais c'est probablement ce que le Hezbollah a accompli au Liban et le Hamas dans les territoires palestiniens. Lorsqu'un mouvemement irrédentiste et prosélyte - deux termes désormais proches du pléonasme - parvient à imposer l'idée d'une "aile politique" ou d'un "volet social", ce point est atteint.

Dans cette perspective, le désarmement des esprits que subit l'Occident revient à ouvrir un espace béant dans lequel le parasite islamiste peut s'insérer et prospérer. Perdre la bataille des idées faute de la livrer nous contraindra encore plus sûrement à mener la guerre que l'on pense conjurer par des mesures financières ou des concessions symboliques.

Publié par Ludovic Monnerat le 22 novembre 2005 à 20:34

Commentaires

C'est en effet ainsi que, par exemple, les Frères musulmans ont pu étendre leur influence et leur emprise sur la société égyptienne.

Le terme de "parasite" est particulièrement bien approprié, tant le comportement des mouvements islamistes rappelle le mode de fonctionnement de ce type d'organisme.

Publié par Sotek le 22 novembre 2005 à 22:17

Il n'est pas à exclure que ce mode opératoire ne fasse école en dehors du monde islamique. Demain, même en Suisse, une sorte de samu social privé, financé par une obscure fondation peut commencer à tisser la même toile que celle tissée par l'Université islamique de Gaza puis du Hamas. Il est peu probable néanmoins qu'une telle opéaration ne réussisse chez nous: la liberté, l'accès aux soins, à l'emploi et aux médias dont nous jouissons les empêcheront de sortir plus d'une poignée d'abrutis.

Par contre, en afrique, une telle opération -guidée ou non par des islamistes- a toutes les chances d'aboutir, même dans des pays en paix démocratique, tels que la tanzanie.

Publié par LolZ le 23 novembre 2005 à 2:29

"... Le terme de " parasite " est particulièrement bien approprié..."

Je pense que non. Ce serait plutôt le terme saprophyte qui conviendrait le mieux et le danger réside dans sa forme virulente qui peut se manifester dans certaines conditions. L'Islam et l'Islamisme ne font qu'un et nous cohabitons avec depuis l'origine de notre monde occidentale " en bonne intelligence " sauf que parfois sa virulence s'exprime et perturbe cet équilibre précaire. Alors le risque est réel pour l'Occident comme pour l'Islam et ceci explique cela.

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 23 novembre 2005 à 5:46

On pourrait rappeler ce que le parasitisme islamiste doit aux idées que nous avons en commun : si le nationalisme de l'occident ne nous avait pas habitués à l'idée de "richesses nationales", et son étatisme à la confiscation par les puissants des industries pétrolières créées par d'autres, les "princes" séoudiens auraient peut-être moins d'argent pour diffuser la propagande wahhabite et aider les terroristes.

Ce n'est pas la Zakat qui donne leur argent aux islamistes. Cet argent est en grande partie volé, mais volé d'une manière, et sous des prétextes, que bien des gens trouvent acceptables aujourd'hui.
Peut-être qu'on saurait mieux les combattre si on avait mieux compris pourquoi.ce n'est pas seulement la destination de cet argent, mais aussi son origine, qui est criminelle, ceci expliquant aussi cela.

Publié par François Guillaumat le 23 novembre 2005 à 16:46