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14 novembre 2005

La malédiction du parasite

Les attentats suicides perpétrés la semaine dernière par Al-Qaïda en Jordanie, et qui ont notamment massacré des Palestiniens participant à une cérémonie de mariage, sont le dernier exemple en date des actes contre-productifs de la mouvance islamiste globale. Les confessions télévisées de la femme de l'un des islamikazes, ainsi que les images des Jordaniens manifestant dans les rues d'Amman en vouant Al-Zarqaoui aux gémonies, permettent ainsi de s'interroger sur l'avenir du terrorisme d'origine islamiste. La rue arabo-musulmane, que nombre de commentateurs occidentaux voyaient se soulever en masse à la veille de l'offensive américaine en Afghanistan, témoigne en effet d'une répugnance toujours plus marquée à l'endroit des méthodes d'Al-Qaïda - et de ceux qui agissent en son nom.

Pourtant, les dirigeants de la nébuleuse ne méconnaissent pas la situation. L'un des enseignements rappelés par la plupart des guerres asymétriques du XXe siècle reste le fait que les idées ne peuvent pas être combattues par la puissance de feu ; c'est une vérité que nombre d'armées ont appris à leur dépens, au Vietnam ou en Afghanistan, comme l'a souligné avec éloquence Thomas X. Hammes dans son livre The Sling and The Stone. Les injonctions du docteur Al-Zawahiri et les écrits des idéologues d'Al-Qaïda prouvent qu'ils ont compris à quel point les idées démocratiques étaient une menace mortelle pour leur intégrisme spirituel et pour leurs ambitions temporelles. Mais il existe deux étapes entre la compréhension et l'action, entre la détection du danger et la capacité de le conjurer : la légitimation et la décision.

La légitimité d'agir est le point faible évident d'Al-Qaïda. L'attentat terroriste peut susciter l'adhésion des foules lorsqu'il frappe l'ennemi directement et de façon spectaculaire, comme l'a montré la série d'attaques jusque et y compris le 11 septembre. Cela ne suffit pas en soi à atteindre les objectifs fixés, mais préserve au moins un socle d'appuis et de relais à terme indispensable. Toutefois, comme toute démarche belligérante, la méthode terroriste comporte toujours un risque majeur de montée aux extrêmes, laquelle se concrétise par des attaques aveugles, des bains de sang qui finissent par révolter la majorité des gens. Les islamistes peuvent bien rationaliser les massacres dont ils se vantent, leur voix est de moins en moins représentative de ceux qu'ils prétendent défendre.

Cela s'explique par la faiblesse de leur processus décisionnel, par la dissémination des volontés. La mouvance Al-Qaïda est certes capable de frapper n'importe où dans le monde, grâce à la pénétration de son idéologie et à la dispersion de ses fidèles, mais elle est aussi susceptible de frapper n'importe quoi, parce que ces derniers n'ont pas toujours la perspective d'ensemble nécessaire. Une organisation pareillement décentralisée et participative, qui fonctionne comme une franchise sectaire, est aussi difficile à anéantir qu'à diriger. Le dénominateur commun et les liens opérationnels sont trop ténus pour que la volonté des dirigeants nominaux puisse se concrétiser dans le temps, dans l'espace et dans la modalité souhaités. Les critiques voilées adressées à Al-Zarqaoui illustrent cette faiblesse souvent ignorée.

Ainsi, la mouvance islamiste est frappée de ce que l'on pourrait appeler la malédiction du parasite : son existence dépend des sociétés qu'elle infiltre, des frustrations qu'elle canalise, des lacunes qu'elle comble. Elle est avant tout capable de détruire, et non de construire ; elle ne peut pas prendre le pouvoir, mais seulement exploiter ses carences. Et changer d'état, c'est-à -dire passer du liquide au solide, du spirituel au temporel, du futur au présent, ou encore du dispersé au concentré, revient à augmenter aussi bien son efficacité que sa vulnérabilité. Seule notre faiblesse donne aux islamistes l'espace pour prospérer et se multiplier ; un parasite ne peut vaincre que par défaut.

Posted by Ludovic Monnerat at 14 novembre 2005 20h32

Commentaires

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Publié par: Jean-Jacques le 17 novembre 2005

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Publié par: Jean-Jacques le 17 novembre 2005

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Publié par: Jean-Jacques le 26 décembre 2005

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Publié par: Jean-Jacques le 26 décembre 2005

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Publié par: Jean-Jacques le 26 décembre 2005