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4 juin 2005

Un hymne à la démesure

Neuschwanstein.jpg

La pluie qui s'est abattue sur la Bavière la nuit passée et une bonne partie de la journée m'a empêché d'accomplir la première partie de mes plans personnels : une marche matinale en vue de fouler les sommets de l'une des montagnes environnantes. Ce n'est que partie remise, puisque le ciel semble à présent se dégager. Cela dit, la deuxième partie de ces plans - frappés du sceau du bon sens, vous en conviendrez - a pu être accomplie sans aucune friction : la visite du château de Neuschwanstein. Ne pas avoir pris part à la visite organisée par l'école m'avait donné des regrets, surtout en entendant les descriptions prenantes qu'une amie m'en a faites, et j'ai pris en milieu de matinée un bus pour débarquer à Hohenschwangau. Et ainsi découvrir l'un des châteaux les plus impressionnants qui soit, non par sa beauté architecturale ou sa valeur militaire, mais parce que cette demeure de contes de fées incarne à merveille le romantisme allemand.

Ordonnée par Louis II de Bavière en 1868, la construction du château a pris 16 ans pour être achevée, et l'a été peu après la mort mystérieuse du souverain. Aujourd'hui fréquenté par plus de 1,3 millions de touristes chaque année, cet édifice transporte ainsi le visiteur dans les rêves d'un homme dont les aspirations à l'absolu ont précipité le destin tragique, et qui avait conçu une demeure dans laquelle une royauté toute religieuse et mythique pourrait être concrétisée. L'ombre de Wagner, dont Louis II était le mécène, plane naturellement sur tout le bâtiment, notamment sous la forme des héros de légende dont il a tiré des opéras célèbres. D'autres illustrations sont tout aussi saisissantes ; la salle du trône - dont l'architecture évoque une église - arbore ainsi une fresque représentant le roi Ferdinand lors de la Reconquista qui illustre la filiation désirée par ce château, et son anachronisme à la fin du XIXe siècle.

La photo ci-dessus n'a pas été prise par mes soins ; elle provient d'un CD-ROM acheté dans une échoppe près du château, et je n'ai aucun scrupule à la mettre en ligne puisque j'ai payé 14 euros ce qui finalement s'est révélé être un conglomérat de pages HTML entourant 8 malheureuses images haute résolution. Une jolie arnaque pour touriste naïf. Cela dit, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, puisque j'ai oublié stupidement mon appareil photo ; mais le temps pluvieux n'aurait de toute manière pas permis de belles images, et celles faites avec mon smartphone me l'ont montré avec éloquence. Ce qui somme toute n'est pas très grave : c'est bien l'atmosphère de ce château, cet hymne à la démesure et ce rappel mélancolique de la finitude humaine qui forment à mon sens l'essentiel de Neuschwanstein.

Publié par Ludovic Monnerat le 4 juin 2005 à 19:04

Commentaires

A ce sujet, avez-vous vu le film de Visconti "Götter Dämmerung?"

Si ce n'est pas le cas et que vous prévoyez de vous octroyer un peu de repos d'ici 20 ou 30 ans, je vous le recommande chaudement.

Publié par Ruben le 4 juin 2005 à 19:52

Attention à la confusion:

"Götterdämmerung" est en fait "La Caduta degli Dei" / "Les Damnés".

Vous faites sans doute référence à "Le Crépuscule des Dieux", appellation ajoutée au titre officiel "Ludwig".

Je reconnais qu'il y a de quoi s'emmêler les pinceaux! ;-) Quoi qu'il en soit, ces deux films de Visconti sont des chefs-d'oeuvre, à voir absolument...

Publié par Myriam le 4 juin 2005 à 21:12

Mea culpa, Myriam!

Mais vous avez bien raison : deux très grands films dans les deux cas et quelle que soit la langue...

Publié par Ruben le 4 juin 2005 à 21:19