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4 juin 2005

Un rêve en panne

Cette analyse de l'agence UPI (trouvée via InstaPundit) se livre à une chose devenue très rare : le retour sur les dires récents d'un intellectuel en vue, en l'occurrence Jeremy Rifkin et son rêve européen. Le texte ne manque pas d'opposer les théories de l'auteur américain avec la réalité illustrée par les référendums en France et aux Pays-Bas :

"The European dream is a beacon of light in a troubled world," writes Rifkin, somewhat rhapsodically. "It beckons us to a new age of inclusivity, diversity, quality of life, deep play, sustainability, universal human rights, the rights of nature and peace on Earth."
Although many of these values are clearly written into the constitution Dutch and French voters so comprehensively rejected, they were almost invisible in the two referendum campaigns.
[...]
[T]he abiding image of the campaign will remain French leftists stoking up fears about Polish plumbers taking French jobs -- hardly an advertisement for liberty, equality or fraternity.

Ce retour à la réalité est certainement l'une des grandes qualités d'une expression vraiment démocratique. Mais il souligne aussi la fragilité d'un processus qui, pour être encensé par des intellectuels tels que Jeremy Rifkin, manque cruellement de légitimité populaire et reste abstrait - et donc propice aux manipulations - pour la majorité des citoyens européens. Et si l'Union Européenne était une fausse bonne idée, un concept viable s'il s'arrêtait au seul domaine économique (et sécuritaire, eu égard à l'évolution des menaces), un rêve opposé à l'identité des peuples et des personnes ? Cette question rejoint la conclusion de l'analyse précitée :

Supporters of the EU have often compared the club to a shark -- if it stops moving forward it will sink. The goal of an "ever closer union" among peoples and states is even written into the union's founding treaty, as if it were an historical inevitability. For almost 50 years, European states have voluntarily handed more powers to Brussels and the bloc has never stopped moving forward, despite numerous crises. If EU leaders decide to scrap the constitution at a mid-June summit, it will mark the first significant step backward for the union in its history. The EU will be in uncharted waters. The question is: will it sink or swim?

Et si l'Union continuait à avancer, mais dans une autre direction ?

Publié par Ludovic Monnerat le 4 juin 2005 à 23:27

Commentaires

Il ne me semble pas que ce soit l'Europe qui a été remise en question par ce vote, mais la forme que les élites voulaient lui donner. L'argument qu'il s'agissait d'un "vote pour ou contre l'Europe" a été fréquemment utilisé par les partisans du Oui, mais ne résonnait que chez une fraction de l'électorat du Non.

Voir notamment : "Citoyen durable: Les cocasseries du non" : http://citoyendurable.blogspot.com/2005/05/les-cocasseries-du-non.html

Publié par Evoweb le 5 juin 2005 à 0:00

Peut-être...

Mais en dans le même temps, beaucoup, grâce au récent NON français, on alimenté leur réflexion sur l'identité même de l'Europe et de sa viabilité dans le long terme. Après tout, se disent-ils, l'Europe n'est-elle pas une utopie ?

Pour preuve, plusieurs dirigeants aujourd'hui se posent (enfin ?) la question de savoir si l'euro est réellement une bonne chose.

À suivre donc...

Publié par Colonel X. le 5 juin 2005 à 4:01

Les politiciens n'ont pas réussis à convaincre les peuples de la nécéssité d'une Union Européenne politique. Comme le signale Colonel X., l'évidence d'une destinée collective culturelle et politique européenne ne s'est pas imposée aux peuples.

Les identités se construisent face à l'altérité, et en ce sens, l'émergence de l'islam en Europe pourrait être analysé comme une opportunité pour définir plus clairement ce que sont ( ou ne sont pas ) les valeurs européennes communes, de Madrid à Oslo en passant par Varsovie. Ce serait même une nécéssité si l'on voudrait éviter que certains extrêmistes ne s'emparent de la question.

Publié par fingers le 5 juin 2005 à 9:36

Il faudrait tout de méme outrepasser ce contexte identitaire ou l'on se définit "nous contre eux", cela n'a conduit qu'a des guerres depuis des millénaires.

Publié par Frédéric le 5 juin 2005 à 10:08

Frederic,
renoncer à confondre dans des valeurs qui ne sont pas les siennes, ce n'est pas forcément vouloir s'opposer. Parler systématiquement des guerres passées pour tenter de convaincre les eurosceptiques n'apporte pas grand chose à la crédibilité du machin de Bruxelle, bien au contraire.

Publié par Ruben le 5 juin 2005 à 11:22

Le conflit n'est pas une conséquence mécanique de l'altérité. Si c'était le cas, chaque individu combattrait les autres dans une guerre perpétuelle de tous contre tous et aucune société ni civilisation n'aurait pu émerger dans ces conditions. C'est une vision hitlérienne du monde.

Je précise néanmoins que je ne fait absolument pas partie de ces mouvements de droite qui s'autoproclament "identitaires" (et dont certaines théories que j'ai parcourues sur quelques forums, si elles n'étaient pas aussi risibles, feraient froid dans le dos).

Publié par fingers le 5 juin 2005 à 12:38

Publié par Ruben le 5 juin 2005 à 15:22