« Le bilan de mai | Accueil | Un hymne à la démesure »

3 juin 2005

Fin de la planification

Contrairement à ce que je redoutais hier, notre général n'a pas mis en pièces la variante proposée par mon groupe, et que j'ai largement contribué à développer. En fait, le rapport de décision - pour prendre un terme militaire suisse - s'est très bien déroulé, dans les 45 minutes imparties, et le commandant de la force terrestre multinationale ZFOR a accepté, à une réserve près mais avec ses félicitations sincères, les recommandations de notre groupe de planification. C'est donc un déroulement complet, articulé par tâches en 4 phases distinctes, et couronné par une demande de moyens précise, qui aurait été prêt ce matin pour la transformation en un concept d'opérations, dernière étape avant la rédaction d'un ordre d'opérations. Ce plan aurait également été transmis à l'échelon stratégique de l'OTAN afin que les nations participantes fournissent les 42'000 militaires demandés, entre 1 brigade aéromobile, 1 brigade blindée légère, 1 brigade mécanisée, 2 brigades d'infanterie de montagne, 1 brigade d'aviation, 2 brigades du génie et différents appuis spécialisés. Rien que cela !

Cependant, comme le cours est parvenu au terme de sa deuxième et avant-dernière semaine, les activités changent, et nous sommes passés cet après-midi de la planification à la conduite de l'opération, en effectuant un saut dans le temps de 150 jours. Notre force est désormais déployée, en fonction d'une solution d'école qui ressemble à s'y méprendre à la nôtre (l'articulation des deux divisions avec leurs différentes brigades ainsi que leurs fonctions sont identiques), et approche de la date à partir de laquelle une disposition essentielle de l'accord de paix doit être appliquée, en l'occurrence le retrait de 2 divisions du pays X au-delà d'une zone démilitarisée. De ce fait, les groupes ont été réorganisés pour former le noyau d'un centre d'opérations interforces multinational (Combined Joint Operations Center, CJOC) et nous avons commencé à prendre nos marques avec le système informatique utilisé pour la simulation de cette situation, qui commencera lundi prochain. Evidemment, le soussigné a hérité de la fonction la plus lourde et devra diriger le CJOC pendant toute la semaine, notamment pour distribuer les tâches entre les autres fonctions représentées - J2, J3, J4, CIMIC, triage, rapports et médias.

Pour des raisons probablement techniques, liées au logiciel de simulation utilisé, nous continuerons à engager la composante terrestre uniquement, et non les autres lignes d'opérations - aériennes, maritimes, spéciales et d'information. En même temps, le commandement d'une force multinationale chargée de traiter avec 4 Etats différents, sous l'autorité politique d'une Alliance de 26 nations, confère automatiquement à la composante terrestre une dimension aussi bien stratégique qu'opérative. Lors du jeu de guerre pratiqué mercredi, quelques actions très simples de la partie adverse - comme le refus d'une brigade du pays X de se retirer sans avoir eu le temps de ramener les corps hâtivement enterrés de ses soldats, durant le conflit que l'OTAN a stoppé - ont illustré des possibilités d'escalade assez vertigineuses. La maîtrise de la violence, un principe stratégique au cœur des missions de stabilisation, exige ainsi une précision inouïe dans les effets déployés et dans le degré de coercition recherché ; en faire trop peut déclencher les hostilités, et en faire pas assez peut ruiner toute crédibilité. Du coup, ce sont souvent des moyens gradués et indirects qui doivent être employés. Comme fournir un appui à une force adverse pour lui ôter des raisons de ne pas se conformer à l'accord de paix!

Les derniers jours de ce cours s'annoncent prometteur. Après un week-end consacré à de nouvelles pérégrinations, naturellement !

Publié par Ludovic Monnerat le 3 juin 2005 à 19:36

Commentaires

Je ne sait pas trop s'il cela entre dans ce post mais que pensez vous de la diffusion par la TV serbe de ce film tourné par les paramilitaires serbo bosniaques montrant les exécutions de civils ?

Une ONG locale en à prit connaissance et la fais distribuer au médias; cela à conduit à l'arrestation quasi immédiate des auteurs de ces meurtres en Serbie.

Cela montre que les ONG peuvent étres utiles pour aider la justice ;)

Publié par Frédéric le 4 juin 2005 à 12:43

Les ONG ne sont pas seulement utiles, elles sont bien souvent indispensables, y compris pour aider la justice (certaines sont effectivement spécialisées dans la récolte de preuves pouvant fonder une procédure). Il faut cependant essayer de garder à l'esprit leurs intérêts et leurs objectifs. De nos jours, très rares sont les ONG a être vraiment neutres...

Publié par Ludovic Monnerat le 4 juin 2005 à 23:43