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13 avril 2005

Insignifiance à la une

Plusieurs médias romands enchaînent aujourd'hui pour le troisième jour consécutif sur une affaire que l'on pourrait croire de la plus haute importance : les soupçons de tricherie dans l'élection de Miss Suisse Romande. C'est bien entendu une histoire mitonnée dans la meilleure marmite à ragots, avec de jolies jeunes filles à peine vêtues, un mouton noir aux traits androgynes, une sombre rumeur de complot, la menace de poursuites judicières et des enjeux financiers en filigrane. Un mélange de beauté et de laideur, de morale et de gros sous, d'apparences et de coulisses qui fournit le cadre d'un feuilleton racoleur et sans doute rentable. Quoi de mieux qu'une Miss qui déplaît pour dépasser l'aspect nunuche des concours de beauté ?

Les personnages adulés et haïs font tous vendre, mais il le font au mieux lorsqu'ils sont couplés, lorsqu'ils forment un tandem doté d'une dynamique propre : le gentil et le méchant (pour la TSR, c'est Annan contre Bush !), la belle et la laide (Diana et Camilla!), la victime et son bourreau, etc. Cette caricature digne d'un spectacle de marionettes s'accorde naturellement au format des médias populaires, qui recherchent des personnages simples, typés et contrastés pour faire de l'information un produit alléchant et digeste. Pareille insignifiance montée en épingle pourrait paraître anodine, et somme toute sans conséquence. Mais elle signifie surtout, par la place et l'habitude prise, que des sujets véritablement importants ne sont pas traités, ou le sont avec les mêmes méthodes.

Il ne faut pas compter sur les médias pour devancer les problèmes et se focaliser sur l'essentiel. La nécessité de vendre s'oppose trop au besoin d'informer pour cela. Penser l'avenir est une toute autre discipline!

Publié par Ludovic Monnerat le 13 avril 2005 à 9:55

Commentaires

J'ai eu ce weekend avec un ami un assez longue discussion sur la place d'Israël dans l'opinion publique. J'étais d'avis que c'était en fait une nouvelle forme d'anti-sémitisme, quasiment uniquement de gauche cette fois, qui définissait en très grande partie la perception peu favorable d'Israël de nos jours (cf. à ce sujet: http://www.upjf.org/documents/showthread.php?threadid=6384).

Mon ami par contre pensait que la cause était plutôt à rechercher du côté des médias, qui, quelles qu'en soit les raisons, n'informait pas ou alors très mal sur les faits. S'y ajouterait une ignorance quasi-totale de l'histoire. Tout cela cumulé avait pour résultat la diabolisation d' Israël.

Je pense finalement que la vérité se situe au milieu. Il est vrai que les médias portent une lourde part de la responsabilité de l'abrutissement et de l'ignorance des gens. Exemple: Un des correspondants de la NZZ pour le Proche-Orient, arabophile au maximum, rapportait l'histoire des jeunes palestiniens tués par des soldats israëliens il y a quelques jours. Il reprenait sans réserves la version absurde selon laquelle les jeunes jouaient au foot dans cette zone interdite...! S'il avait été honnête, il aurait au moins mentionné la version qu'en donnait Tsahal...

En conséquence, le lecteur, faisant confiance à la NZZ, retiendra uniquement que Tsahal tire sur des jeunes innocents qui jouent au foot...

Mauvaise publicité...

Publié par Robert Desax le 13 avril 2005 à 10:40

J'ai tendance à préférer que les média s'intéressent à des futilités plutôt qu'ils se répandent en propagandes. La devise Shadok me semble adaptée : "Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que sa connerie sur des choses intelligentes."

Et finalement, ne vaut-il pas mieux que la presse se positionne sur les ragôts et laisse le marché des news aux blogueurs ?

Publié par Evoweb le 13 avril 2005 à 10:54

Bien qu'on entende parler à peu près tous les jours d'Isrël, de Palestine, d'intifada, de juifs et d'arabes, j'ai du attendre d'avoir 35 ans pour voir, incrédule, à la TV ( et même pas sur la TSR! ) un docu historique raisonnablement objectif qui synthétisait l'histoire de cette région depuis la fin 19ème!
Et et je peux garantir que pas 1 personne sur 4 ne cette histoire-là , même grossièrement. Ce qui d'ailleurs, ne les empêche nullement de proférer n'importe quoi sur le sujet.

Le cas des médias traditionnels est mon avis désespéré, surtout celui, par exemple, de la TSR, qui confond informer et éduquer ( dans un sens gauchisant, cela va de soi ).
Internet, de ce point de vue, représente une des plus importante révolution de ces derniers siècles.

Publié par fingers le 13 avril 2005 à 11:32

C'est vrai. J'ai souvent constaté en présence de personnes extrêment hostiles à l'égard d'Israël qu'ils ignoraient quasiment tout du conflit et de son histoire. Leur perspective commence en fait avec ce moment de septembre 2000 quand le méchant Sharon avait provoqué la "résistance" des Palestiniens. Ils ont peut-être encore un vague souvenir de Rabin. Et Arafat fut un charmant Che Guevara agé... C'est tout. Quand on parle de la Shoa, ils roulent les yeux, quand on parle des différentes guerres israëlo-arabes, ils font semblant de tout déjà savoir...

Si on a de la chance, leur discours devient néanmoins un brin plus différencié après un petit cours d'histoire... Avec moins de chance, on risque de se faire traiter de "facho réactionnaire".

Publié par Robert Desax le 13 avril 2005 à 14:29

Ha oui, le fameux "facho"... Oui, en effet :-))

Publié par fingers le 13 avril 2005 à 14:56

Je crois que l'hostilité envers Israel est plus profonde que ce que l'on peut s'imaginer. Ici en Allemagne entre amis ou connaissances le simple fait de défendre avec robustesse la politique israélienne met tout le monde mal à l'aise et c'est tout juste si les gens ne vous demandent pas si vous ne seriez pas un peu juif sur les bords. C'est très perturbant car tout est en non-dit.
En France dans les milieux de gauche c'est encore pire car Sharon est un nazi. Le défendre est d'ailleurs inconcevable.
On assiste là à un phénomène très inquiétant quand on sait que de 1933 à 1945 la propagande du III Reich vomissait tous les jours sur la plutocratie américaine et la juiverie internationale.

Publié par Roland Milelli le 13 avril 2005 à 16:18

regrettable de tomber dans les mêmes travers que ces derniers. C'est-à -dire (par rapport à certains textes figurant ci-dessus) : faire des généralités, caricaturer le comportement des journalistes, ainsi que le traitement de l'information, ne relever que les aspects négatifs.


Les critiques qui, dans leur dénonciation, servent d'exutoires sont rarement constructives ; donc en soit peu intéressantes (sauf à exprimer une exaspération ou une certaine frustration).

Salutations

Alex

PS Internet, au point de vue informatif, Internet est tout aussi génial que problématique. Dans l'ensemble, les informations disponibles sont largement imprécises et trafiquées. Même si de très bons sites d'information sont disponibles.

Publié par Alex.swissroll.ch le 13 avril 2005 à 16:22

"regrettable de tomber dans les mêmes travers que ces derniers. C'est-à -dire (par rapport à certains textes figurant ci-dessus) : faire des généralités, caricaturer le comportement des journalistes, ainsi que le traitement de l'information, ne relever que les aspects négatifs."

??

Vous voulez donc dire que les journalistes font des généralités, caricaturent les comportements et ne relèvent que l'aspect négatif?
Si c'est le cas, ces travers me semblent plus graves et dangereux de la part de journalistes (des professionels, s'il faut le rapeller) que de nous, sachant que nos propos n'engagent que nous-mêmes.
De plus, si je comprends bien, il ne serait pas pertinent de dénoncer ces travers journalistiques sous prétexte que nous tomberions à notre tour dans exactement ces même travers?

J'ai du mal comprendre...

Publié par fingers le 13 avril 2005 à 17:44

"En France dans les milieux de gauche c'est encore pire car Sharon est un nazi"

En effet, dans la plupart des milieux de gauche et d'extrême-gauche, il faut apprendre par coeur et répéter jusqu'à plus soif le mantra "Bush-Sharon-Poutine=Nazis". Emettre une objection n'est pas envisageable, sous peine de se faire traiter de "facho", voire même de (ne riez pas)"sioniste"...

Publié par fingers le 13 avril 2005 à 17:57

Au niveau d'Internet, je fait plusieurs forums militaires et d'histoire mais personne n'a fait passer la version Israelienne de ce triste événenement.
Quand à l'histoire du conflit -au combien conpliqué- de cette terre pour 2 peuples, presque personne ne se demande pourquoi l'Egypte et la Jordanie n'ont pas donné l'indépendance au territoires Palestiniens qu'elles administrer jusqu'en 1967, cela aurait évité bien des drames.

Publié par Frédéric le 13 avril 2005 à 22:53

J'ai du mal comprendre...

En effet, je conçois que vous avez du mal à comprendre. Mes propos n'étaient pas des plus limpides.
Autrement dit, je suis d'avis qu'il est nécessaire de dénoncer les erreurs et les manipulations des médias. Cependant, de là à diaboliser tous les médias en traitant l'ensemble des journalistes de gauchos incapables, il y a un pas qui ne devrait pas être franchi.
Une partie des textes figurant sous cette rubrique ressemble plus à des réactions émotives qu'à des analyses constructives ; d'où mon scepticisme.

Salutations

Alex

Publié par [email protected] le 14 avril 2005 à 9:05

Que quelqu'un soit de gauche ne signifie certainement pas qu'il soit un incapable.
Très loin de là .
Mais être de gauche ne signifie pas non plus être en accord béat devant tout les concepts dogmatiques et irrationnels que certains nous assènent continuellement en guise d'explications et d'évidences.

Publié par fingers le 14 avril 2005 à 10:24

Un des avantages essentiels de la presse est de diffuser la version officielle des événements : dans les dictatures, c'est une information vitale ; dans les démocraties, beaucoup considèrent que c'est nécessaire pour assurer la cohésion sociale.

Sur les remarques d'Alex :

- Internet n'est pas plus fiable en soi que les journaux, mais offre une beaucoup plus grande diversité d'opinions/approches/analyses, et une beaucoup plus grande réactivité. A chacun ensuite de comparer/synthétiser.

- Pour les généralisations, je suis tout à fait d'accord avec votre dénonciation des risques. Le problème est qu'on ne peut pas ne pas généraliser : d'un certain point de vue on peut même généraliser en disant que tout est basé sur des généralisations (même l'ordinateur sur lequel vous lisez cette page).

- Pour les exagérations, j'ai tendance à penser que celles-ci sont souvent plus valides que les discours plus mesurés, parce que l'exagération montre par elle-même ses limites, alors que le texte mesuré peut-être cru.

Publié par Evoweb le 14 avril 2005 à 10:45

Pour Alex:

Effectivement je ne vois pas plus que toi l'utilité des critiques qui versent dans les travers de ce qu'elles dénoncent, se contentent de prendre un contre-pied parallèle, de facilement détruire là où elles pourraient s'offrir l'ambition de construire. Effectivement il est simple de souligner ce qui ne fonctionne pas, de se laisser aller à l'exutoire. D'avancer des solutions ultimes, à l'emporte-pièce, des solutions toutes faites qui n'en sont pas, à l'image d'un idéal Internet.

Et peut-être est-ce plus compliqué, plus exigeant, d'offrir des propositions en phase avec le rationnel, le pragmatique. Sûrement est-ce plus compliqué, moins démagogique, moins vendeur, de peser le pour et le contre. Sans doute est-ce moins, si on me passe l'expression, "sexy" de relativiser...

Certains pourtant s'y reconnaissent...

A bon entendeur...

Myriam

Publié par Myriam le 16 avril 2005 à 4:51

Abonnons-nous donc tous à la NZZ!

Publié par ajm le 16 avril 2005 à 7:09

Oui! Après la redevance, l'abonnement obligatoire à la NZZ! ( les opinions défavorables ne seront pas tolérées! ) :o)

Publié par fingers le 16 avril 2005 à 11:53