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8 mars 2005

Le départ des Super Puma

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MEDAN - La Task Force SUMA a accompli une étape décisive de son repli la nuit passée et ce matin : le chargement de ses 3 Super Puma et du matériel qui les accompagne dans un transporteur géant Antonov AN-124 loué à la société russe Volga-Dnepr. L'avion a atterri aux alentours de 0300 sur l'aéroport de Medan, conformément à l'horaire prévu, et en provenance de Corée du Sud (en-dehors des périodes de maintenance, les 20 avions privés de ce type volent constamment) ; avec ses dimensions massives, il dominait aisément tous les avions de ligne rangés près des terminaux, et a rapidement constitué une attraction pour les fonctionnaires de l'aéroport arrivant peu à peu au travail. D'ailleurs, la grande majorité du contingent suisse était également présente, pour travailler au chargement bien sûr, mais aussi pour prendre de nombreuses photos de l'événement à la lumière des projecteurs (voir ci-dessus l'entrée du premier Puma peu avant 0700) !

Ce type d'avion géant, qui possède une envergure de 73 m et peut transporter jusqu'à 150 tonnes de fret, nécessite une assez grande précision dans le chargement. Ce dernier a duré plus de 4 heures, ce matin, en raison notamment de discussions parfois intenses entre le chef de soute russe et le chef mécanicien suisse - via un interprète, un officier des Forces aériennes qui connaît aussi bien la langue que la mentalité russes - sur l'emplacement exact des hélicoptères et du matériel. Le plan de charge initialement prévu, et basé sur les directives de la société Eurocopter (concepteur du Super Puma par l'entreprise française Aérospatiale), a finalement été nettement modifié et adapté à la situation. Et il est clair que louer un avion privé russe pour un transport lourd exige la présence permanente d'un spécialiste en langue russe et d'un juriste pour aplanir rapidement les différends et les malentendus qui ne manquent pas de se produire.

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Lorsqu'il se pose, l'AN-124 ressemble à n'importe quel avion de transport - à l'exception de sa taille (voir photo ci-dessus) ; en revanche, pour procéder au transfert de la cargaison, son train avant s'escamote et son train central s'affaisse, de manière à abaisser son nez gigantesque, à l'ouvrir et à installer la rampe composite qu'il abrite, tout en ouvrant la soute arrière. L'avion comporte également une puissante grue qui lui permet de hisser et de tirer des charges par les deux ouvertures ; pour les Super Puma, les quelque 10 hommes d'équipage russes ont ainsi utilisé cette grue pour soulever les pales des hélicoptères à l'arrière de l'avion et tirer les hélicoptères eux-mêmes de l'avant. Cependant, les 2 petits monte-charges de la TF SUMA ont permis de déplacer le reste du matériel avec rapidité et précision. Une équipe de mécaniciens rôdés à la manœuvre est indispensable, et les hommes qui ont chargé les hélicoptères en Suisse sont venus spécialement à Sumatra pour refaire le même exercice.

L'intérieur de l'AN-124 ressemble en lui-même à un petit tunnel (voir photo ci-dessous), à travers lequel 2 voitures de tourisme peuvent se croiser, large de 6,4 m et long de 36,5 m. De ce fait, il est capable de transporter des camions-remorques complets, des locomotives, des turbines hydrauliques ou d'autres charges normalement réservées au transport maritime. Les 3 Super Puma ont été engloutis sans difficulté par sa soute, même si l'inclinaison de celle-ci laisse une marge de quelques centimètres seulement avec le sol durant le chargement. Autrement dit, à peu près n'importe quelle charge militaire classique peut être déplacée avec ce type d'appareil, ce qui explique pourquoi les armées y ont régulièrement recours - et pourquoi ces avions sont peu disponibles dans une situation de crise. Seules les Forces armées américaines ne sont pas contraintes de louer ces géants des airs, puisque leurs transporteurs lourds C-5 Galaxy sont presque équivalents, et bien entendu l'armée russe qui en possède 28 exemplaires.

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Je n'ai pas assisté au décollage de l'AN-124, qui mettra environ 15 heures - avec une escale dans le sous-continent indien - pour rejoindre la Suisse. Voir cette masse s'élever dans les airs est paraît-il un spectacle impressionnant.

Publié par Ludovic Monnerat le 8 mars 2005 à 9:14