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30 mars 2005

Une mine d'informations

L'un des avantages de l'Internet et des weblogs est d'échapper au spectre d'attention limité des médias. C'est un phénomène connu de longue date : les médias sont en mesure de se concentrer sur un sujet brûlant pendant une période déterminée, puis l'abandonnent précipitamment lorsque le sujet n'évolue plus assez ou si une saturation est atteinte. Le tsunami a par exemple capté l'attention des médias pendant environ 3 semaines, avant de disparaître assez complètement et de n'être abordé qu'à l'occasion d'événements ponctuels. Il en va de même aujourd'hui du Liban, dont les images de manifestations ont fait le tour du monde, mais dont les attentats semblent désormais le lieu commun.

C'est pourquoi il vaut la peine de consulter les compilations d'informations réalisées sur plusieurs weblogs, comme Publius Pundit (ici sur le Liban) et bien entendu les bonnes nouvelles d'Irak, d'Afghanistan ou du monde islamique de l'indispensable Chrenkoff. En livrant un grand nombre de d'informations brutes ou élaborées, ces sites permettent de contourner les choix effectués par les médias (une restriction due à l'espace limité dont ils disponsent, mais hélas également à des opinions parfois tout aussi étriquées) et d'être en mesure d'avoir une meilleure connaissance des détails, et donc de forger soi-même la vue d'ensemble nécessaire.

En d'autres termes, l'Internet permet aujourd'hui à n'importe quel individu connecté et sensé de se transformer en analyste du renseignement et de procéder aux travaux de recherche, d'évaluation et de recoupement qui composent cette activité. Et il ne faut pas s'imaginer que les services de renseignement fassent tout autre chose (la grande majorité des renseignements aujourd'hui sont en source ouverte), ni même qu'ils le fassent beaucoup mieux.

COMPLEMENT I (30.3 1055) : En même temps, cette profusion d'informations gratuites amène les médias traditionnels à devoir élever le niveau qualitatif de leurs productions pour se distinguer et justifier leur coût. Pour la plupart, cela passera par une focalisation sur les analyses (et non des commentaires), en élargissant le cercle des auteurs bien au-delà de rédactions souvent uniformes, mais aussi par une recherche de reportages fournissant une image fiable d'une situation donnée. En guise d'exemple, on peut citer ce reportage du New York Times au Liban, qui brosse un portrait nuancé et précis des opinions et sentiments dans ce pays. Preuve qu'un journal dont le statut de référence appartient au passé continue néanmoins à remplir un rôle important.

Publié par Ludovic Monnerat le 30 mars 2005 à 8:34