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1 mars 2007

Bosnie : 11 ans de stabilisation

Les pays membres de l'Union européenne ont donc décidé cette semaine de réduire le volume de la force multinationale en Bosnie de 6000 à 2500 soldats, en raison de l'amélioration des conditions sur place. Certains pays, comme la Grande-Bretagne, ont naturellement un besoin impérieux de troupes pour d'autres missions de stabilisation. Il n'en demeure pas moins que 11 ans après le déploiement complet de la Peace Implementation Force (IFOR) et ses 60'000 militaires sous commandement de l'OTAN, dont 10'000 issus de pays non membres, la mission en Bosnie semble près de son terme. Elle représente certainement un succès sur le plan militaire.

Néanmoins, le temps nécessaire pour stabiliser un pays déjà épuisé par une guerre qui a fait environ 100'000 morts selon les recherches les plus récentes est un indicateur instructif. Surtout pour des missions de stabilisation déclenchées dans la foulée d'une intervention militaire accomplie sans l'accord du pays hôte. Le cas du Kosovo est à cet égard éclairant : l'expulsion des forces militaires, paramilitaires et policières serbes consécutive aux 78 jours de bombardements alliés a permis un nettoyage ethnique au ralenti qui, malgré le caractère immoral d'une telle action, réduit fortement les probabilités d'une nouveau conflit. Raison pour laquelle la KFOR, n'était-ce son incapacité à pleinement remplir sa mission, risquerait de maintenir la crise en croyant maintenir la paix - à force de confondre cessation des hostilités ouvertes et règlement des divergences d'intérêt.

Pourtant, le fait que les principaux criminels de guerres bosno-serbes soient toujours en liberté (alors que Slobodan Milosevic a fini ses jours en prison) et la persistance de mouvements ultranationalistes montre que rien n'est entièrement acquis, et que le succès militaire attend encore d'être transformé en succès politique, économique et sociétal. Ainsi, à ces 11 années de présence militaire visible et dissuasive vont s'ajouter des années de pressions diplomatiques, d'aides financières et d'initiatives éducatives pour gérer la phase post-conflit et empêche un basculement vers une situation pré-conflit. Le retrait des contingents de l'EUFOR annonce la fin du début et non le début de la fin, de sorte qu'il n'est pas faux de considérer qu'un effort soutenu pendant une génération est et sera nécessaire pour franchir les 3 étapes de l'action internationale : intervention, stabilisation et normalisation.

De nos jours, les souvenirs du conflit bosniaque, entre les massacres à la chaîne et les snipers terrorisant Sarajevo, commencent à perdre en force. Un clou chasse l'autre, et les guerres avivées ou révélées par les attentats du 11 septembre 2001 ont largement changé le référentiel. Toutefois, cette perspective générationnelle et transversale est bien celle qu'il faut adopter en considérant les points chauds du globe, les conflits qui s'y déroulent, ainsi que les raisons qui nous poussent à agir ou à ne rien faire.

Publié par Ludovic Monnerat le 1 mars 2007 à 18:50

Commentaires

"l'expulsion des forces militaires, paramilitaires et policières serbes consécutive aux 78 jours de bombardements alliés a permis un nettoyage ethnique au ralenti qui, malgré le caractère immoral d'une telle action, réduit fortement les probabilités d'une nouveau conflit."

"Au moment de l'ultimatum de Rambouillet, la guerre civile avait déjà fait près de deux mille victimes et trois
mille réfugiés. Mais l'épurification ethnique de grande ampleur n'avait pas encore commencé. Les masses de réfugiés que l'on a pu voir sur tous les écrans de télévision après le début des bombardements de l'OTAN furent bien davantage l'effet de ces opérations que leur cause."

"Mais le succès militaire n'a pas atténué le malaise que m'avait alors inspiré la volonté de l'OTAN de démembrer un État avec lequel ses membres entretenaient toujours des relations diplomatiques normales et avec lequel l'OTAN avait conclu un accord sur la Bosnie deux ans plus tôt seulement."

Henry Kissinger in "La nouvelle puissance américaine ; Le livre de poche, 2001, p 382 à 388"

http://www.peres-fondateurs.com/forum/viewtopic.php?pid=104217#p104217

"....(alors que Slobodan Milosevic a fini ses jours en prison)"

S'il était toujours vivant (quel mort opportune, pas la seule d'ailleurs), n'aurait-il pas dû être libéré, étant donné que la Cours international de justice vient d'exonérer légalement la Serbie du crime de génocide à Serbrenicja? Rappelons également que le général canadien, commandant la zone à l'époque, conteste encore aujourd'hui cette qualification et notamment les chiffres des victimes annoncées. En passant, si un juriste pouvait m'expliquer comment on peut qualifier de génocide un probable crime de guerre, où seuls des hommes furent tués?

"De nos jours, les souvenirs du conflit bosniaque, entre les massacres à la chaîne et les snipers terrorisant Sarajevo, commencent à perdre en force."

Pas sûr. La victoire des bosno-musulmans montre bien que l'irrédentisme a de beaux jours en Europe, si tanté que l'on sait trouver les bons appuis. Quant au Kosovo (et dire que l'aviation militaire suisse a refait gratuitement le cadastre de cette province serbe), quel plus bel exemple pour prendre conscience qu'une majorité ethnique légitime peut lentement se faire remplacer par une minorité, pour finir dépossédée de tout et abandonnée de tous.

P.S. Et qui se souvient de l'Opération Storm, quand les forces bosno-musulmanes et croates, alliées provisoirement, effectuèrent le nettoyage ethnique de la Voïvodine, avec l'appui opérationnel discret des USA? (près de 20'000 déplacés serbes et plusieurs milliers de morts dans divers massacres).

Publié par fass57 le 1 mars 2007 à 20:06

En passant, j'aimerais bien voir des chiffres avérés et vérifiables concernant les victimes de cette guerre, avant que la législation mémorielle préparée par Bruxelles ne criminalise définitivement ce genre de questions, pourtant raisonnables et légitimes.

Par rapport à ceci...

http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2005-03-28%2019:13:34&log=articles

... par exemple.

Sur cela...

"Quand l'Otan a commencé à bombarder la Yougoslavie, en 1999, elle a affirmé réagir à ce qu'elle appelait un « massacre de 40 civils » par l'armée yougoslave, à Racak, village du Kosovo."

... je me souviens aussi très bien des images de la délégation européenne inspectant cette scène, sous le coaching serré du très efficace porte-parole de l'OTAN, un petit sentier creux en montée, avec des corps parsemés de façon trop régulière et sans les traces visibles auxquelles on aurait pu s'attendre en pareil cas.


Voilà , j'arrête de squatter ce fil, mais si quelqu'un a des réponses à mes interrogations, je suis preneur ;-)

Publié par fass57 le 1 mars 2007 à 20:30

Fass 57 : Est-ce que la question de ce massacre n'a pas déjà été abordée dans ce blog ? Bien que comprenant très bien votre point de vue et ayant été aussi très profondèment choqué par l' intervention de l'OTAN - en particulier le bombardement de Belgrade -, l'ambiance qui a précédé cette intervention était particulièrement lourde dans le Kosovo. La technique de l'UCK ressemblait à s'y méprendre à celle des miliciens chiites en Irak : ils tiraient dans le dos d'une patrouille de policiers serbes et s'enfuyaient se réfugier dans leur village, à l'abri des civils. Quand les policiers serbes voulaient aller les chercher, le combat continuait dans le village. Alors les Serbes ont commencé à mettre d'abord le feu aux maisons, voire aux villages. En rentrant de Vucitrn sur Pristina, un certain jour d'automne 1998, nous avons compté 14 incendies. Dans les compte-rendus des organisations qui intervenaient de façon très proche, il était déjà fait mention d'exécutions sommaires presque tous les jours. L'hypothèse que les Serbes sont tombés dans le panneau de l'UCK paraît fort probable. Mais cela signifie que l'UCK jouait ce genre de cartes en sachant d'avance que les Américains - pardon, l'OTAN ! - allaient intervenir, donc qu'il y avait accord préalable entre eux.
Anecdote : Savez vous qu'à l'époque la mafia américaine était dirigée par un Kosovar albanophone ? (qui était à la petite école avec qqn de ma connaissance...)

Publié par Roland le 1 mars 2007 à 21:50

En voyant Ségolène Royal mettre une gerbe aux monument aux morts par eux-mêmes qui ont déclenché les émeutes françaises, j'y ai vu comme un avant-goût d'un Kosovo sur Seine...Ce qui est sûr c'est la gestion spécialisée d'enclaves islamiques a de beaux jours devant elle.

Publié par louis le 1 mars 2007 à 23:45

"Ce qui est sûr c'est la gestion spécialisée d'enclaves islamiques a de beaux jours devant elle."


Avec 10% des albanais du Kosovo habitant en Suisse, et sans même prendre en compte les bosno-musulmans, mon pays a déjà perdu sa souveraineté, tant intérieure qu'extérieure, sur la question des Balkans.


P.S. Avez-vous remarqué que lorsque Ségolène Royal se déplace dans une banlieue arabo-africaine, elle délaisse ses jolis tailleurs pour de sobres pantalons? Signe des temps.

Publié par fass57 le 2 mars 2007 à 0:03

Fass57 dans votre pays (qui est aussi le mien à 100% malgré la consonnance de mon pseudo)le peuple conserve un part non négligeable de sa souveraineté. Il ne me semble pas qu'il l'ait encore perdue totalement. La question poindra lorsque les populations qui n'aiment pas ce régime voudront le changer soit par infusion de normes non démocratiques (le poison lent de "l'accommodement raisonnable") et sédition (comme en France), soit par sécession accomplie. La solution reste donc d'en inhiber les cause en renforçant la préservation de l'ordre démocratique (voyez la libération des suspects d'appartenance à un réseau terroriste par le TF pénal, lequel n'a aucun appui pour incriminer le risque de conspiration anti-démocratique). A noter, pour rappel, qu'il existe déjà et depuis longtemps, un territoire de la douce France, pourtant "indivisible", dont l'Etat s'accommode officiellement de l'application de la sharîa et de la justice cadiale: Mayotte. J'y reviendrai.

Publié par louis le 2 mars 2007 à 8:42

"Fass57 dans votre pays (qui est aussi le mien à 100% malgré la consonnance de mon pseudo)le peuple conserve un part non négligeable de sa souveraineté. Il ne me semble pas qu'il l'ait encore perdue totalement."

Ah, mais vous prêchez là à un convaincu absolu de la démocratie directe, il n'y a en effet rien de plus beau qu'un peuple qui reste objectivement le Souverain. Encore faut-il savoir ce que recouvre le terme de peuple. Moi, je constate simplement que le peuple suisse, émanation naturelle et légitime du pays réel, est en train de s'effacer devant le peuple "suisse", avorton morganatique du pays légal. Or, quand ce processus sera achevé, je ne vois pas pourquoi je resterais démocrate, étant donné que MON peuple, ne sera alors plus le Souverain (je n'appelle pas forcément là à la sédition, il y a aussi la solution du désengagement, de l'exil intérieur ou de l'émigration vers des terres plus compatibles).

Et pour en revenir à l'ex-Yougoslavie (pardon, encore une fois pour le off-topic ci-dessus), c'est le gouvernement suisse qui n'est plus souverain face à la question des Balkans. Comment voudriez-vous que notre gouvernement puisse prendre parti pour le camp serbe (je sais, hypothèse fumeuse, aucun gouvernement occidental ne prend jamais parti pour une nation occidentale qui se défend), avec une telle communauté bosno-musulmane et kosovare installée en Helvétie, face aux risques envers la paix civile dans le pays que cela pourrait susciter (et ne parlons même pas des réseaux politiques, au sein de la gauche, que toute communauté allogène sait si bien tisser en pays étranger).

D'ailleurs, à la réflexion, mon premier paragraphe n'était pas tellement "off-topic", étant donné que la communauté internationale se trompe fondamentalement en voulant imposant au Kosovo une vision républicaine de la nation, alors que c'est la vision ethnique qui primera toujours.

Publié par fass57 le 2 mars 2007 à 10:13

Les Serbes n'ont pas encore capitulé sur le Kosovo, que je sache. Les Slaves du sud savent qu'ils peuvent compter sur les Slaves du nord, et ceux-ci reprennent tous les jours du poil de la bête. Grâce à la guerre en Irak. Finalement, elle a du bon, les Américains ne peuvent plus bouger nulle part...

Publié par Roland le 2 mars 2007 à 11:57

Fass57, nous sommes d'accord! Nos gouvernements nous trahissent. Syndrome eurabien massif, toxique et dolosif pour notre contrat social. Qu'est-ce qui pourrait aujourd'hui les faire changer de cap? Un procès en haute trahison? Un processus de réintégration du peuple dans ses droits? Une procédure d'intégration nouvelle formule, de type incoropration ?

Publié par louis le 2 mars 2007 à 12:23

"Les Serbes n'ont pas encore capitulé sur le Kosovo, que je sache."

Ce n'est pas une question de volonté. Une nation, ce n'est pas une terre, c'est un peuple qui occupe une terre. Comme la terre kosovare est désormais occupée en majorité par des Musulmans, le Kosovo est désormais perdu pour les serbes. Le mieux à faire pour la Serbie, ce serait que lui soient rattachées les dernières zones serbes du Kosovo et d'abandonner le reste, comme on coupe un membre gangrené. Triste, mais réaliste et aussi un avertissement pour nous autres, peuples d'Europe: veillons à ne jamais céder de terrain au plan ethnique; on voit, avec l'exemple kosovar, ce qui se passe quand on ne veille pas avec assez de vigilance aux fondamentaux.

Publié par fass57 le 2 mars 2007 à 13:17

Un exemple illustrant mon propos....

"I would not say that separation or mono-ethnicity is the solution - the contrary is true," he said.

"I think integration, co-existence, living together, multi-ethnicity is the future."

Comme en Irak, au Kurdistan, au Rwanda, au Cachemire, au Sri-Lanka, au Soudan, au Karabak, dans les Balkans etc...

//news.bbc.co.uk/2/hi/europe/6407179.stm

... ou quand notre monde est dirigé par la secte des Teletubbies, chez qui toutes les couleurs sont pastels et vont bien ensemble.

Publié par fass57 le 2 mars 2007 à 14:02

Certains politiciens en quête de voix n'hésitent pas à aller déposer des gerbes "à la mémoire "de deux vauriens analphabètes au point de se réfugier dans un transfo électrique sous tension!... C'est Le même candidat d'ailleurs qui se réjouit de l'efficacité du "Lao Gaï" chinois, ou qui encore apprécie l'action du Hezbollah...

De tels individus jouent contre leur propre Nation...

D'autres , sous couvert de libéralisme sont aux ordres d'une commission sise -non pas à Coblence- mais à Bruxelles, et laissent faire et font ce qu'il faut pour que le pays perde peu à peu sa Souveraineté, son savoir faire, son industrie....

La plupart enfin, sous couvert de "démocratie" qui tourne à la "Démocrassie", voire à la "démocrassouille", n'hésitent pas à faire le nécessaire (menaces téléphoniques, subornations, etc...) pour empêcher que certains candidats (Le Pen, Besancenot, Bové, DE Villiers ,Voinet, etc...) ne puissent se présenter aux futures élections....


Quand un jeune francais "de souche" (parents, grands parents, etc.... jusqu'au temps des rois....) se voit refuser par un organisme d'Etat un logement, qui est par priorité attribué à une famille étrangère, arrivée en clandestin deux ans auparavant, et soutenue par "un collectif d'associations anti-racistes", que croyez vous qu'il se passe? Rien! le "politicien" s'en fout car ainsi il n'y a pas d'incident à gérer... Et le jeune Francais "de souche" serre les poings dans la poche...

Beaucoup de Francais, "enragent" de se voir ainsi maltraiter...

Après, c'est très simple, on lui explique des "fondamentaux" telsque:
"Une Terre, un Peuple"....
"On t'a chassé de la terre de tes Pères! Et tu ne dis rien?"...
"Ils te prennent ton travail..." Et en plus tu paieras pour eux...

Voilà comment cela se passe sur le terrain! C'est un travail de tous les jours, et les journalistes -tenus à l'écart- ne s'en rendent pas compte (de toutes facon, regardez objectivement comment ils opèrent"...
Etc. Etc... De proche en proche, la marmite bouillonne....
Alors après le Kosovo??? la Serbie???? A qui le tour?: le 9-3?, Lille? , Lyon?, Marseille?

Publié par Ar Brezonneg le 2 mars 2007 à 14:20

Le Kosovo est un avenir assez plausible pour l'Europe de l'ouest, en effet.

Publié par pan le 2 mars 2007 à 14:23

"Quand un jeune francais "de souche" (parents, grands parents, etc.... jusqu'au temps des rois....) se voit refuser par un organisme d'Etat un logement, qui est par priorité attribué à une famille étrangère, arrivée en clandestin deux ans auparavant, et soutenue par "un collectif d'associations anti-racistes", que croyez vous qu'il se passe?"

En Grande-Bretagne, cette discrimination intentionnelle et organisée contre la population indigène est désormais institutionnelle et ne se cache même plus sous de faux prétextes républicains ou universalistes.

Voyez par exemple ici...

http://www.dailymail.co.uk/pages/live/articles/news/news.html?in_article_id=439284&in_page_id=1770&in_page_id=1770&expand=true#StartComments

... comment le directeur des finances du ministère de l'intérieur du gouvernement Blair avoue, sans ambages, que la commune de Corby est "trop blanche et trop britannique" (sic) pour bénéficier de l'aide de l'Etat (en l'occurrence, l'attribution de postes dans le secteur pénitentiaire).


Désolé de dévier une fois de plus, mais tout se tient, car tout est fait, partout en Europe, de la Serbie au fin fond du Royaume-Uni, pour écraser les populations indigènes. Propos extrémistes? Non, c'est le situation qui devient extrême et qui appellera, mécaniquement, des réponses adaptées.

Publié par fass57 le 2 mars 2007 à 14:56

"...et les journalistes -tenus à l'écart- ne s'en rendent pas compte..."

Je crois que le Système (dont font partie les journalistes, comme courroies de transmission) ne peut plus vraiment savoir ce que pensent les gens. Car ceux-ci, face à la puissante mais très subtile et proprement totalitaire pression socio-politique, ont parfaitement intégré, même de façon inconsciente, l'habitude de la restriction mentale face à ces "fondamentaux". Donc, personne ne peut vraiment affirmer quelle sera la réaction de la population, si, pour diverses raisons, le Système n'arrivait plus à assurer son travail de contention.


"Alors après le Kosovo??? la Serbie???? A qui le tour?: le 9-3?, Lille? , Lyon?, Marseille?"

Pour en revenir aux événements des Balkans, si, disons dans une vingtaine d'années (je suis optimiste) des régions françaises, majoritairement musulmanes, décidaient de faire sécession, que se passerait-il si l'Etat français décidait de recouvrer sa souveraineté? Des raids de F-35 et de B-52 contre l'Elysée et les ponts de Paris? Hypothèse ridicule? Mais c'est en gros ce qui est arrivé à la Serbie.

Publié par fass57 le 2 mars 2007 à 15:07

Après être tombée dans le piège tendu par l'UCK...
Les Serbes ont joué très maladroitement leurs cartes, il ne faudrait pas l'oublier. Et contre des Américains bien déterminés à leur régler leur compte. J'aimerais vraiment un jour comprendre pourquoi...

Publié par Roland le 2 mars 2007 à 15:35

"Les Serbes ont joué très maladroitement leurs cartes..."

Oui, ils auraient été bien avisés de dépenser quelques millions pour louer les services de spin-doctors, chargés du front médiatique dans les média occidentaux. Ne jamais passer pour le méchant de l'histoire!


"J'aimerais vraiment un jour comprendre pourquoi..."

Le vieux jeu des puissance maritimes cherchant à éviter la cohésion des blocs continentaux.

Publié par fass57 le 2 mars 2007 à 15:53

"Pour en revenir aux événements des Balkans, si, disons dans une vingtaine d'années (je suis optimiste) des régions françaises, majoritairement musulmanes, décidaient de faire sécession, que se passerait-il si l'Etat français décidait de recouvrer sa souveraineté? Des raids de F-35 et de B-52 contre l'Elysée et les ponts de Paris? Hypothèse ridicule? Mais c'est en gros ce qui est arrivé à la Serbie."

Hypothèse intéressante. Naturellement, il faudrait que les séparatistes parviennent à présenter une image positive sur le plan international, et notamment avec un impact sur l'opinion publique des puissances susceptibles d'intervenir (pour l'instant les USA, à une moindre échelle quelques nations européennes). On n'en prend pas le chemin, mais tout peut évoluer.

Maintenant, il faudrait étayer cette hypothèse, notamment en montrant le temps qu'il a fallu pour faire basculer la structure démographique du Kosovo (plusieurs décennies), et en montrant déjà dans le détail la proportion ethnique de certaines zones pré-séparatistes en France (vu les blocages de l'INSEE sur les appartenances ethniques et religieuses, ce n'est pas simple).

En tout cas, la dislocation interne de l'Etat-nation par la segmentation de la société qui le sous-tend est une menace majeure, et peut-être la menace principale, en Europe.

Publié par Ludovic Monnerat le 2 mars 2007 à 16:54

Personnellement, çà me rassure que l'on n'entend presque plus parler (dans les médias) de l'ex-Yougoslavie...
C'est un signe que les choses s'apaisent, même si il y a encore des blessures "morales" qu'il faudra traiter pour clore ce chapitre sombre de l'humanité.

Je partage aussi ton opinion, que la politique d'apaisement et de recherche de consensus peut comme ici envenimer une situation dégénérée qui réclame une action forte pour y mettre un terme.

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Publié par Olivier D. alias ze kat le 2 mars 2007 à 18:28

En France, il y a des gens -d'anciens "Gaullistes"- ou encore des personnes qui ouvrent des livres d'Histoire, se souviennent encore qu'en 1944, Roosevelt et le Département d'Etat avaient pour projet de démembrer la France en regroupant la Wallonie, et le Nord de la France pour en faire un état croupion.

Cela se serait fait au fur et à mesure de l'avancée des troupes US. Les USA auraient ainsi utilisé à leur profit les conséquences de la Bataille perdue en 1940. Outre une décolonisation des deux puissances coloniales, l'Allemagne étant ruinée, la Grande-Bretagne en faillite, la France ruinée, pillée aurait été désintégrée...

Maintenant, l'immigration massive en France et en Europe est d'un intérêt certain pour éviter que la puissance européenne ne monte en allure...
Ainsi, les USA restent les plus puissants pour le moment.... Mais, il y a la Chine... Et les USA vivent à crédit!

Publié par Ar Brezonneg le 2 mars 2007 à 19:05

"On n'en prend pas le chemin, mais tout peut évoluer."

Oui, je suis bien conscient que cette hypothèse, quand elle est appliquée à nos pays européens, est encore improbable, notamment vis à vis des facteurs que vous avez énoncés (1). Mais il faut quand même être conscient qu'au-delà d'une certaine masse critique (je dirais 10% du total d'une population; 6% de musulmans aujourd'hui dans la petite Hollande), une minorité, différente à de nombreux égards du socle majoritaire, devient mécaniquement séparatiste (dans le meilleur des cas) ou même suprémaciste, si les circonstances s'y prêtent. A fortiori quand une certaine fatigue civilisationnelle de l'élément majoritaire accélère encore le processus, en offrant des espaces vides qui ne demandent qu'à être remplis (cf. l'exemple anglais ci-dessus).

L'évolution à moyen terme des USA est également un facteur de la plus grande incertitude. Et si je critique souvent les menées anti-européennes de l'Etasunie, je ne vois pas sans inquiétude l'effacement possible de l'Amérique.

Autre paramètre à ne pas oublier, la génération qui est encore aujourd'hui "aux manettes" a toujours vécu dans la sécurité et la prospérité, ce qui la conduit naturellement à ne pas pouvoir concevoir la situation actuelle en termes de chaos et d'instabilité; je dirais même qu'ils sont conceptuellement incapables de percevoir le futur, pas par manque d'intelligence, mais par défaut des catégories mentales appropriées. Je pense notamment à tous ces politiciens de petit temps qui se gargarisent, probablement sincèrement, de "pacte républicain" et de "citoyenneté", sans réaliser une seule seconde que ces belles valeurs abstraites ne survivraient pas une demi-journée à une crise énergétique grave.

"En tout cas, la dislocation interne de l'Etat-nation par la segmentation de la société qui le sous-tend est une menace majeure, et peut-être la menace principale, en Europe."

Oui, c'est une évidence. J'aimerais là -dessus citer Jean Sévilla, dans son dernier ouvrage "Moralement Correct":

""L'époque n'apprend plus le patriotisme, mais la citoyenneté. Une citoyenneté désincarnée!. Une citoyenneté du monde! Mais à quoi sert la nationalité, s'il ne s'y rattache aucune prérogative ? A rien. En dernière analyse, c'est le but recherché : abolir toute différence fondée sur la nationalité. ! La France n'est plus une nation, mais une simple expression géographique. S'y opposer, ce serait céder à la xénophobie!""

(1) on peut quand même déjà penser aux émeutes à caractère proprement insurrectionnel que la France a connues, il y a une année et demi. J'espère vraiment que ces événements ont été analysés, avec l'attention qu'ils méritaient, dans nos états-majors.

Publié par fass57 le 2 mars 2007 à 19:42

"Naturellement, il faudrait que les séparatistes parviennent à présenter une image positive sur le plan international, et notamment avec un impact sur l'opinion publique des puissances susceptibles d'intervenir..."

Puis-je me permettre une hypothèse fumeuse?

Allez, disons dans trente ans, conflits ethniques "à la yougoslave" en Europe entre les zones musulmanes et les zones indigènes, avec l'Arabie séoudite conditionnant ses livraisons pétrolières aux USA, à l'engagement des forces armées américaines en soutien de la pauvre oumma persécutée par ces méchants xénophobes européens (pour corser le scénario, on pourrait alors imaginer les F-35 des aviations militaires européennes rendus inopérants à distance!!!!).

"En France, il y a des gens -d'anciens "Gaullistes"- ou encore des personnes qui ouvrent des livres d'Histoire, se souviennent encore qu'en 1944, Roosevelt et le Département d'Etat avaient pour projet de démembrer la France en regroupant la Wallonie, et le Nord de la France pour en faire un état croupion."

Oui, l'Amgott pour la zone franco-belge et le Plan Morgenthau pour l'Allemagne. Sans la menace du bloc communiste nécessitant un front européen cohérent, on y passait, le travail entamé en 1917 aurait été proprement achevé!

"Maintenant, l'immigration massive en France et en Europe est d'un intérêt certain pour éviter que la puissance européenne ne monte en allure..."

Encore d'accord. Les stratèges américains doivent certainement réaliser le déséquilibre stratégique qu'il y aurait, à l'horizon d'une cinquantaine d'années entre une Amérique ethniquement balkanisée et une Europe qui aurait gardé sa cohérence et peut-être même fait le lien avec l'espace russe.

Là , je me permettrais de citer un auteur "incorrect" ;-)))

"Imaginez-vous quelle chose signifierait demain, pour la grandeur européenne, la reprise de la collaboration séculaire entre l'élite européenne et les masses russes pour l'exploitation des plus importantes ressources du monde. Drieu la Rochelle"

En gros, le cauchemar ultime des puissances maritimes face à un bloc continental qui deviendrait, de la sorte, proprement inexpugnable.


Voilà , "mode fumeux" off :-)))

Publié par fass57 le 2 mars 2007 à 20:06

"on peut quand même déjà penser aux émeutes à caractère proprement insurrectionnel que la France a connues, il y a une année et demi. J'espère vraiment que ces événements ont été analysés, avec l'attention qu'ils méritaient, dans nos états-majors."

Je suis persuadé que c'est le cas dans l'Armée de Terre. Nos camarades français ont connu suffisamment de désillusions dans les conflits asymétriques du siècle dernier (on les appelait alors "guerres révolutionnaires") pour en avoir tiré un savoir et une intuition hors du commun.


"Autre paramètre à ne pas oublier, la génération qui est encore aujourd'hui "aux manettes" a toujours vécu dans la sécurité et la prospérité, ce qui la conduit naturellement à ne pas pouvoir concevoir la situation actuelle en termes de chaos et d'instabilité; je dirais même qu'ils sont conceptuellement incapables de percevoir le futur, pas par manque d'intelligence, mais par défaut des catégories mentales appropriées."

Entièrement d'accord, et je pense que ceci nous ramène directement à la Bosnie : les dirigeants de l'époque, à commencer par Helmut Kohl, n'ont pas conçu les événements qu'ils ont contribué à déclencher. L'après-guerre froide était alors une inconnue stratégique, avec des règles et des interdépendances à découvrir. Nous en sommes à peu près là aujourd'hui, dans un monde dont la mutation fait qu'il précède toujours notre aptitude à le comprendre.

Publié par Ludovic Monnerat le 2 mars 2007 à 21:37

"Imaginez-vous quelle chose signifierait demain, pour la grandeur européenne, la reprise de la collaboration séculaire entre l'élite européenne et les masses russes pour l'exploitation des plus importantes ressources du monde. Drieu la Rochelle"

Oui! Je suis depuis très longtemps persuadé de cela. Cette idée avait été en son temps exposée par le Général. "L'Europe de l'Atlantique à l'Oural..."

Quand j'étais étudiant, à Rennes en 1968, un soir, lors d'une réunion de l'UJP, Madame M-M Dienetch nous avait exposé la nature profonde de la France, et de l'Europe en général, en reprenant cette déclaration du Général. Les évènements de Prague venaient d'avoir lieu. Elle nous avait dit alors que c'étaient les derniers feux d'un système voué par nature à l'échec. Et que en fait ce n'était pas l'homo sovieticus qu'il fallait voir, car il était voué aux poubelles de l'Histoire. Mais que c'était la Russie éternelle qu'il fallait discerner: artiste, poéte, joueuse d'échecs... Et que le retour aux anciennes alliances se feraient tot ou tard, par nécessité ou par nature... Ce peuple, est très très proche de nous...

Après, j'ai eu l'occasion de servir sous les ordres d'officiers anciens Français libres, pour qui nous avions grande admiration et respect, et a posteriori, avec l'ancienneté et l'expérience militaires, je me dis que nos maîtres à penser à l'époque étaient vraiment d'un autre niveau que certains agités que l'on rencontre en ce moment!!!

Publié par Ar Brezonneg le 2 mars 2007 à 21:40

"Je suis persuadé que c'est le cas dans l'Armée de Terre. Nos camarades français ont connu suffisamment de désillusions dans les conflits asymétriques du siècle dernier (on les appelait alors "guerres révolutionnaires") pour en avoir tiré un savoir et une intuition hors du commun."


Ces évènements ont été suivis avec grand intérêt! D'ailleurs si vous examinez certains thèmes d'exercice vous remarquerez que le combat urbain apparait souvent!
De même si vous regardez le "gonflement" de l'effectif police au détriment de la Marine et de l'Armée de l'Air... Ou la nature de l'armement, des moyens ... De l'entrainement!...

DEs opérations de guerre urbaine ne sont pas du tout exclues... On parle beaucoup de projection de forces. Regardez ce que font les gens du COS en Afganistan! C'est pour nous une sorte de "conservatoire". Ce n'est pas très éloigné de ce que l'on faisait naguère...

Les ouvrages de Sergent, Léger, Aussaresses, Bigeard, Trinquier, Godard sortent des oubliettes.... Récemment avec des collègues nous avons demandé à des officiers de l'ancienne Xeme DP de nous briefer sur leurs méthodes...

Eh oui! Nous vivons une époque passionnante!

Seulement! Là ce sera sur le "sanctuaire national". Et si ca se passe comme à chaque fois que le Gaulois se réveille (cf. Bagaudes, les Grandes Bandes, la Ligue, la Terreur rouge, la Terreur Blanche, la Chouannerie, la Résistance, l'OAS....), il y a des chances pour que des "éléments extérieurs" -des intrus- n'interviennent horrifiés par le comportement des Francais!!!

Publié par Ar Brezonneg le 2 mars 2007 à 22:00

@ Ar Brezonneg, Nous vivons une époque passionnante à condition de respecter le passé pour pressentir l'avenir ! Nous devons écouter les Islamistes car ce sont les seuls qui peuvent nous instruire de la menace, s'il y a menace... les autres ne font que nous endormir. Il faut toujours croire celui qui nous menace et non pas celui qui tempère. C'est de cette manière que l'on a pacifié des pays d'Afrique et d'Asie avec très peu d'effectifs européens à la tête de troupes indigènes qui sont restées soudées à leurs Chefs et les ont suivis jusqu'à la mort en terre étrangère pour des causes obscures qui les dépassaient.

Publié par Yves-Marie SÉNAMAUD le 4 mars 2007 à 3:24

Fass57: "Avec 10% des albanais du Kosovo habitant en Suisse, et sans même prendre en compte les bosno-musulmans, mon pays a déjà perdu sa souveraineté, tant intérieure qu'extérieure, sur la question des Balkans.

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"Le procès pour crimes de guerre de l'ancien premier ministre du Kosovo Ramush Haradinaj s'est ouvert devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI). Le procureur Carla del Ponte l'a décrit comme un "gangster" et "un chef de guerre".

On peut reprocher ce qu'on veut à Mme del Ponte, mais pas de manquer de courage...

Publié par Roland le 5 mars 2007 à 17:02