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4 février 2007

RMS : un recentrement de l'armée

Sur le nouveau site de la Revue Militaire Suisse, dans la phase de développement initiale s'achèvera dans quelques semaines, 1 article a été mis en ligne ce soir : Le rôle de l'armée recentré sur le pays, en réaction à l'actualité de ce jour.

Bonne lecture !

Publié par Ludovic Monnerat le 4 février 2007 à 21:36

Commentaires

"... la vie de caserne, le rythme bien rôdé des écoles et des cours de répétition, restent l'alpha et l'oméga de l'armée..."
la contestation gagne même le coeur de l'armée helvétique !
quelque chose changerait-il dans la confédération ?

Publié par JPC le 4 février 2007 à 22:10

Ah, permettez-moi de vous contredire, JPC, par une citation éloquente :

"Quelques-uns de nos instructeurs ont admirablement compris leur rôle d'éducateurs. [...] D'autres, malheureusement, manifestent une tendance au formalisme, une exagération pédante de détails accessoires, une inconscience des exigences véritables de la guerre, qui feraient croire que, pour eux, la caserne est le cadre normal de l'activité militaire, et la réussite d'une inspection, le but final de leurs efforts. La façon d'agir de ces fonctionnaires fait plus pour compromettre, dans notre jeunesse, l'esprit militaire, que toutes les campagnes des adversaires de l'armée", Général Guisan (Rapport à l'Assemblée fédérale sur le service actif 1939-1945, p. 188)

Publié par Ludovic Monnerat le 4 février 2007 à 22:28

Personnellement je trouve très inquiétant qu'un objectif aussi fondamental d'armée XXI soit remis à plus tard si facilement, sans réel débat, pour des raisons qui n'ont pas l'air de tenir la route.

Ce département manque de courage et de cohérence pour défendre son projet que le peuple a accepté.

Ce pays doit arrêter de baser sa politique de sécurité sur des mythes et une lecture de l'histoire baisée. A ce niveau Le rapport Bergier aurait été une occasion unique. Malheureusement, il a été très mal exploité par les politiques. Il aurait permis d'enfin relativiser le rôle de la neutralité et de notre pseudo non-implication pour nous préserver des conflits qui nous entouraient.

Au lieu de cela, nous avons une discussion de la politique de sécurité qui abouti à une solution inadéquate voir anachronique par rapport au monde dans lequel nous vivons.

Dans ces conditions, armée XXI est un échec total. J'aurais dans un sens préféré un blocage total qui oblige enfin tout le monde à faire le deuil des solutions passées pour enfin constaté et surtout réaliser le changement de paradigme qui s impose.

Publié par Crys le 4 février 2007 à 23:02

"Ce pays doit arrêter de baser sa politique de sécurité sur des mythes et une lecture de l'histoire baisée. A ce niveau Le rapport Bergier aurait été une occasion unique. Malheureusement, il a été très mal exploité par les politiques."

Dans "L'Homme qui tua Liberty Valance", John Wayne répondit "imprimez la légende" au journaliste qui demandait s'il fallait écrire la vérité. Un pays sans mythes est un pays sans futur. En ce sens, et pour une fois, le monde politique suisse a bien agi, en traitant le rapport Bergier de la façon la plus adéquate possible, avec un très joli classement vertical.

Et un peu de bonne lecture pour contrebalancer la vision, quand même fort orientée, du rapport sus-nommé:

http://www.stephenhalbrook.com/books.html

Publié par fass57 le 4 février 2007 à 23:28

Ce n'est malheureusment pas des mythes vieux de plus de 60 ans nous protegeront des menaces, elles bien concretes qui nous risquent de nous toucher ces 20 prochaines années!

A mon tour de vous conseiller de relire Andora de Max Frisch.

Il illustre bien comment le mythe est l'espace dans lequelle viennent se réfugier les lâchetés et les compromissions les plus inacepptables, alors même que les conditions exigeraient de devenir un véritable guerrier dans le sens le plus noble du terme.

Publié par Crys le 4 février 2007 à 23:52

Ridicule :

« En ce sens, et pour une fois, le monde politique suisse a bien agi, en traitant le rapport Bergier de la façon la plus adéquate possible, avec un très joli classement vertical (fass 57) ».

Si le rapport Bergier a laissé la classe politique indifférente, c'est surtout parce que ce dernier était lié à l'affaire des fonds juifs. C'était avant tout un instrument politique destiné à appaiser les critiques. Pourtant comme l'a démontré cette affaire, il ne sert à rien de vouloir cacher certaines vérités historiques ; elles finissent toujours par vous éclater à la figure. Il est bien plus intelligent d'essayer de comprendre le passé, en tirant parti de ses forces et ses faiblesses!

Publié par Alex le 5 février 2007 à 9:19

"...alors même que les conditions exigeraient de devenir un véritable guerrier dans le sens le plus noble du terme."

Je vois mal comment on peut se battre efficacement, un martinet dans chaque main, à se flageller en permanence.

Certains, qui aimeraient bien que l'on fasse leurs guerres pour eux, commencent même à comprendre qu'un eunuque n'est pas forcément un combattant très utile.


"C'était avant tout un instrument politique destiné à appaiser les critiques."

Comme cette affaire était également un instrument politique pour l'autre bord, comme l'a très bien dit en son temps le conseiller fédéral Delamuraz.

En élargissant le contexte, il faudrait être aveugle pour ne pas constater que les gens commencent à déglutir la repentance imposée, à fortiori pour des fautes dont on est innocent et pour lesquelles la culpabilité de nos pères est loin d'être établie, ce que nos politiques ont, pour une fois je le répète, très sagement compris.

Ou alors si un inventaire doit être fait, il doit être fait à charge et à décharge (ce qui pourrait être fort amusant en passant).

Publié par fass57 le 5 février 2007 à 11:08

Il ne faut pas tout mélanger...
1. L'histoire n'est pas là pour juger, mais pour établir des faits. Je crois que le rapport Bergier a été établi dans cet esprit. Même si ses conclusions ont pu soulever passions et émotions.
2. Cette question a surtout mis en évidence des questions liées aux décisions de la Suisse officielle, que des pratiques individuelles (culpabilité de nos pères).
3. Le seul élément que l'on peut reprocher à cette démarche, c'est qu'elle a avant tout mis en évidence des aspects négatifs (qui ont abondamment été repris par les médias, car nouveaux pour le grand public ; bien que de nombreuses études historiques avaient déjà soulevé certains aspects de la question). Quoi qu'il en soit cette démarche reste salutaire...

Publié par Alex le 5 février 2007 à 11:27

Il ne s'agit en aucun cas de faire de la repentance ou d'expier nos fautes par rapport au passé, mais de développer un esprit critique sur notre histoire.

Il est drôle de voir le même sentimentalisme que vous reprochez aux « gauchistes » vous empêchez d'avoir l'esprit assez ouvert pour revisiter notre passé.

Il faut simplement prendre acte qu'une doctrine et une idéologie qui a marché pour une période de notre histoire n'est pas le Graal auquel nous devons nous soumettre bêtement sans prise en compte de l'environnement qui a considérablement changés depuis.

Publié par Crys le 5 février 2007 à 11:44

Bon, et si on ne s'éloignait pas trop du sujet, mmh ? :-)


"Personnellement je trouve très inquiétant qu'un objectif aussi fondamental d'armée XXI soit remis à plus tard si facilement, sans réel débat, pour des raisons qui n'ont pas l'air de tenir la route."

Vous avez entièrement raison, crys, et je me suis dit la même raison en lisant dans le communiqué que le DFAE avait "pris connaissance". Est-ce que le Conseil fédéral soutient la démarche, laisse faire puisqu'il s'agit de ressources du DDPS, ou alors va demander une position plus collégiale ? Je penche pour la seconde hypothèse...

Publié par Ludovic Monnerat le 5 février 2007 à 11:59

Etes vous au courant qu'une patrouille espagnole de l'UNIFIL au Liban a échappé de peu à un attentat et a été condamnée par son commandement par son excès de zèle à chercher des armes (elle a bien cherché l'attentat, elle provoque les terroristes) ?

Publié par fboizard le 5 février 2007 à 12:55

Merci de mettre un lien, j'avais de toute manière l'intention de me pencher sur l'UNIFIL aujourd'hui...

Publié par Ludovic Monnerat le 5 février 2007 à 13:05

Pour revenir sur le sujet principal:

Une évolution est-elle seulement possible en sachant que l'UDC s'oppose aux engagements à l'extérieur du territoire national (voire aux échanges - cf. épisode durant lequel des blindés français devaient venir en Suisse) et que les socialistes sont généralement contre l'armée ?
Entre ces deux pôles, les partis du centre ne se risquent pas à empoigner un thème assez peu porteur...
La situation actuelle risque de perdurer ; à moins, notamment, que la population accepte notamment de revoir la notion de neutralité...

Publié par Alex le 5 février 2007 à 13:19

A ce propos Monsieur Monnerat, êtes-vous certain qu'une évolution (faire comme si ce changement n'etait dans le fond qu'un détail)dans ces conditions soit réelement plus prolifique. N a-t-on pas touché le coeur même du sens de la réforme "la sécurité par la cooperation".

Un blocage aurait le merite d'obliger la classe politique à faire un choix et d'éventuellement passer par le peuple.

Enfin, si je parle de neutralité c'est bien parce que c'est cette idée, poussé à son extreme, qui nous bloque et nous empeche de penser en "dehors de la bôite" afin de réformer notre systeme de sécurité.


Publié par Crys le 5 février 2007 à 17:06

Surprise: Hezbullies attacking UNIFIL
Jane's Defense Weekly ^ | Feb. 1, 2007

Posted on 02/03/2007 2:11:55 PM PST by Zionista Feminista

IED incident alarms UNIFIL 2

Suspected militants from the armed wing of the south Lebanese Shi'ite Party of God (Hizbullah) recently planted a series of improvised explosive devices (IEDs) against a patrol of Spanish troops serving with the bolstered UN Interim Force in Lebanon (UNIFIL 2). The incident is understood to be the first of its kind since the 14 August 2006 ceasefire, which ended the 34-day conflict between Hizbullah and the Israel Defence Force (IDF) in south Lebanon.

[Jane's Defence Weekly - first posted to http://jdw.janes.com - 01 February 2007]

Je n'ai pas retrouvé la dépêche qui disait que le commandement de l'UNIFIL pense qu'ils l'ont bien cherché, mais je l'ai vue.

Publié par fboizard le 5 février 2007 à 17:49

Toujours pour en revenir au sujet principal, il me semble qu'il y a deux attitudes à éviter.

- Celle de l'UDC, un peu trop centrée sur un nationalisme étroit, alors que nous devrions tous désormais penser en termes de nationalisme européen. A la décharge de l'UDC, il faut bien dire que la volonté de créer une alliance militaire européenne forte et indépendante, à laquelle nous pourrions apporter notre petite pierre, ne semble pas très vivace chez les responsables politiques de l'Europe.

- Celle des atlanto-mondialistes qui aimeraient bien nous envoyer faire nos cours de répétition dans les plaines iraniennes, tout en continuant à pousser leurs pions en Europe, afin de nous maintenir dans une situation permanente de vassalité stratégique.

Evidemmment, la première attitude est infiniment moins dommageable que la seconde car, elle maintient en gros un acquis, certes de façon un peu trop conservatrice, tandis que la seconde pourrait vraiment nous envoyer, à court terme en plus, sur le double chemin de la vassalité et des aventures incertaines.

Oui, à choisir entre le patriote un peu buté et l'agent de l'étranger, je choisis toujours le patriote.

Publié par fass57 le 5 février 2007 à 18:38

"Enfin, si je parle de neutralité c'est bien parce que c'est cette idée, poussé à son extreme, qui nous bloque et nous empeche de penser en "dehors de la bôite" afin de réformer notre systeme de sécurité."


Si vous comptez là -dessus, vous vous fourrez le doigt dans l'oeil jusque à l'omoplate!

Je me souviens par exemple d'une discussion de section, il y a 7-8 ans, avec une troupe de rudes valaisans, qui, à l'évocation de ce qu'ils feraient en cas de guerre, disaient qu'ils "déserteraient" la ligne de front, pour aller défendre par les armes "leur village et leur famille".

Alors si vous comptez transformer ces rudes gaillards en gardes-frontières bénévoles au Moyen-Orient ou en supplétifs dans une expédition iranienne, je vous souhaite franchement bonne chance et aussi de courir vite pour échapper aux fourches :-)))

C'est pourquoi, si l'on se place sur cette ligne atlanto-mondialiste, il convient nécessairement de neutraliser ou même de détruire ce qu'il y a de "national", dans une défense par définition "nationale", les attaques contre la neutralité armée étant bien évidemment un des moyens utilisés.

Publié par fass57 le 5 février 2007 à 18:47

Assez de désinformation fass57 !

Il n'a jamais été question d'envoyer sans leur consentement des miliciens dans des missions de maintiens de la paix et encore moins au moyen-orient.

Ne caricaturisez donc pas les missions à l'étranger pareillement.

Concernant votre exemple de discussion de section:
d'après ce que vous en dites, je dois dire que je ne souhaiterais pas devoir compter sur ces soldats en situation de combat. Imaginez un peu que tous les soldats se comportent pareillement et vous comprendrez bien que c'est la négation même d'une organisation militaire collective efficace.


Publié par Crys le 5 février 2007 à 19:41

"Il n'a jamais été question d'envoyer sans leur consentement des miliciens dans des missions de maintiens de la paix et encore moins au moyen-orient."

Mais j'ai bien conscience que cela ne concernerait que des volontaires (de là peut-être ces velléités de pousser le service long), tout en liant quand même l'ensemble de notre nation au destin et aux intérêts particuliers du bloc étasunien (intérêts qui ne sont pas tous concomittants avec les nôtres, loin de là ). On voit bien ce qui se passe avec la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie, l'Ukraine, la Géorgie etc...

Sans oublier que cela pourrait aussi poser des problèmes pour les troupes non-déployées dans ce type d'opérations extérieures: quelle serait ma marge de manoeuvre, si j'étais par exemple engagé dans un unité de soutien basée en Suisse, devant préparer la logistique pour une unité intervenant dans un conflit à l'étranger, conflit auquel je pourrais, pour diverses raisons, être opposé? Alors que je ne peux imaginer une seule raison valide, la plus minime soit-elle, qui pourrait me décider à ne pas défendre mon pays, dans le cadre d'une défense NATIONALE!

"d'après ce que vous en dites, je dois dire que je ne souhaiterais pas devoir compter sur ces soldats en situation de combat."

Si vous ne voyez pas le monde qu'il y a entre des propos tenus autour d'un feu et ce qui se passerait dans la réalité, je ne sais quoi dire.

En tout cas, je sais que si j'avais dû aller au feu, j'aurais été fier et confiant d'avoir de tels gars, patriotes organiques, à mes côtés, bien plus qu'avec une section "benetton" dont je ne partagerais ni "l'ethnos" ni ne comprendrait la "philia".

Il y a le film "300" qui devrait bientôt, sur nos écrans, expliciter, sous un jour artistique, bien mieux que ce que j'essaie de décrire ici maladroitement avec mes pauvres mots.

Publié par fass57 le 5 février 2007 à 20:20

"L'esprit de pack" européen est né aux termopyles.
Cet épisode historique et ce film sont un symbole.;)

Publié par Three piglets le 5 février 2007 à 20:44


@Fass57,

Certes, mais un imbécile qui partage le même ethnos que moi reste un imbécile.

Ensuite, si vous voulez que je vous lise avec nuance et finesse alors usez de ces mêmes qualités lors de votre rédaction.

Développer une capacité à protéger et rapatrier les concitoyens Suisses vivants dans une région sinistrée ou en conflit me semble le minimum du minimum et n'a rien avoir avec un alignement avec l'Otan.

Au contraire, c'est enfin affirmer notre indépendance et notre capacité à protéger nos intérêts de manière ponctuelle, certes, avec des moyens limités, mais non négligeables.

Publié par Crys le 5 février 2007 à 22:46

"Développer une capacité à protéger et rapatrier les concitoyens Suisses vivants dans une région sinistrée ou en conflit me semble le minimum du minimum et n'a rien avoir avec un alignement avec l'Otan."

Pardonnez-moi mon manque de finesse, mais vous souhaitez vraiment changer toute la stratégie de notre armée, son organisation, ses moyens, pour aller sauver trois touristes qui auraient commis l'imprudence de confondre une zone dangereuse avec un village du Club Méditerrannée (je pense par exemple à ces pieds-nickelés qui s'étaient fait capturés en Mauritanie, il y a trois ans)? En gros, transformer notre milice en une sorte de super Touring-Club suisse aéroporté! :-)))

Et c'est certainement mon absence de nuances qui me fait penser que vous vous souciez bien moins de la sécurité de nos touristes (mais quelle excuse!) ou de l'indépendance de la Confédération que de raccrocher notre pays (êtes-vous suisse en passant?), par tous les moyens, au petit train des nations supplétives des USA.

Publié par fass57 le 5 février 2007 à 23:23

"Certes, mais un imbécile qui partage le même ethnos que moi reste un imbécile."

Voilà une différence fondamentale. Un patriote voit avant tout ses concitoyens comme une sorte de famille étendue. Et l'on n'abandonne jamais un membre de sa famille, fut-il un parfait imbécile.

Publié par fass57 le 5 février 2007 à 23:25

"Pardonnez-moi mon manque de finesse, mais vous souhaitez vraiment changer toute la stratégie de notre armée, son organisation, ses moyens, pour aller sauver trois touristes qui auraient commis l'imprudence de confondre une zone dangereuse avec un village du Club Méditerrannée (je pense par exemple à ces pieds-nickelés qui s'étaient fait capturés en Mauritanie, il y a trois ans)?"

Premièrement, il ne s'agit de toute l'armée : seuls des éléments professionnels sont prévus pour être engagés au pied levé dans des missions visant à préserver les intérêts suisses à l'étranger, qu'il s'agisse de protéger personnes et installations ou d'évacuer des citoyens menacés.

Deuxièmement, 10% des Suisses vivent à l'étranger, et des milliers d'entre eux contribuent à la prospérité du pays par une activité économique ou politique dans des régions à risque. Il ne s'agit pas de 3 touristes égarés. Pouvons-nous les laisser à l'abandon et se désintéresser de leur sort ?

Protéger les citoyens suisses à l'étranger avec une petite fraction de l'armée ne revient pas à préparer l'entrée de la Suisse dans l'OTAN ou à devenir le supplétif des Etats-Unis. Cela nous permettrait même, au contraire, d'éviter de devoir supplier les grandes nations de bien vouloir protéger nos concitoyens, comme nous avons encore dû le faire l'été dernier au Liban...

Publié par Ludovic Monnerat le 5 février 2007 à 23:35

"Premièrement, il ne s'agit de toute l'armée : seuls des éléments professionnels sont prévus pour être engagés au pied levé dans des missions visant à préserver les intérêts suisses à l'étranger, qu'il s'agisse de protéger personnes et installations ou d'évacuer des citoyens menacés."

Oui, j'avais bien compris que cela ne concernerait que quelques unités bien spécialisées. De là , mon étonnement sans "nuance" quant à utiliser ce prétexte pour justifier des changements d'ensemble fondamentaux, tant sur la doctrine que sur l'équipement.

Il ne faut pas oublier non plus que tout cela nécessiterait l'achat de moyens de transport aériens, dont l'utilisation, en conditions effectives, rarissime, obligerait de fait à trouver des missions, impliquant des déploiement à l'étranger. En gros, ce serait là l'organe qui créerait la fonction, en forçant la main du politique par la seule présence de moyens disponibles (je vois mal la constitution d'une force de transport aérien conséquente, juste pour transporter des boilles à thé de Payerne à Meiringen).


"Cela nous permettrait même, au contraire, d'éviter de devoir supplier les grandes nations de bien vouloir protéger nos concitoyens, comme nous avons encore dû le faire l'été dernier au Liban..."

Voyez, je ne suis pas si obtus, je pourrais parfaitement imaginer que la Suisse puisse, ponctuellement et dans un cadre bien délimité, participer à des déploiements de secours et de rapatriement menés en collaboration avec nos voisins européens (on pourrait par exemple parfaitement imaginer un pool de transport avec nos voisins autrichiens), dans l'espace euro-méditerranéen.


Publié par fass57 le 5 février 2007 à 23:57

"Premièrement, il ne s'agit de toute l'armée : seuls des éléments professionnels sont prévus pour être engagés au pied levé dans des missions visant à préserver les intérêts suisses à l'étranger, qu'il s'agisse de protéger personnes et installations ou d'évacuer des citoyens menacés.

Protéger les citoyens suisses à l'étranger avec une petite fraction de l'armée ne revient pas à préparer l'entrée de la Suisse dans l'OTAN ou à devenir le supplétif des Etats-Unis. Cela nous permettrait même, au contraire, d'éviter de devoir supplier les grandes nations de bien vouloir protéger nos concitoyens, comme nous avons encore dû le faire l'été dernier au Liban..."

Franchement, il faudra m'expliquer comment vous compteriez vous y prendre pour que la Suisse agisse seul. Evacuer des ressortissants d'une zone de conflit ne se fait pas avec deux Casa ou même deux C-130. Pour de telles missions, il faut avoir au minimum la capacité d'envoyer quelques centaines de troupes pour sécuriser un aéroport (avec APC...), pour sécuriser la route menant à la capitale, et bien entendu être réellement prêt à faire le coup de feu et à l'assumer sur le plan politique.

Ce qui relêve bien entendu de l'impossible dans ce pays!

Publié par uralix le 6 février 2007 à 9:21

"Pour de telles missions, il faut avoir au minimum la capacité d'envoyer quelques centaines de troupes pour sécuriser un aéroport (avec APC...), pour sécuriser la route menant à la capitale, et bien entendu être réellement prêt à faire le coup de feu et à l'assumer sur le plan politique."

Oui, c'est là où le bât blesse, à mon avis.

En gros, pour un engagement quand même extrêmement ponctuel, il faudrait constituer une sorte de mini-force permanente d'action rapide, nécessitant tout un arsenal spécifique et très probablement un effectif de soldats professionnalisés.

Outre le fait que cela créérait une sorte d'armée dans l'armée, je vois mal un tel projet se concrétiser dans la situation politique et financière actuelle.

Publié par fass57 le 6 février 2007 à 10:35

Il ne s'agit pas d'agir seul au sens strict du terme, mais de coordonner les moyens avec les alliés de la situation pour défendre nos intérêts.

Je ne partage pas votre pessimisme. Quand on voit ce que fourni l'Autriche ou d'autres petits pays comme capacité de projection, je ne vois vraiment aucune raison opérationnelle pour que notre armée ne puisse pas développer à moyen terme ce savoir faire.

Concernant l'armée à deux vitesses : personnellement je préfère savoir qu'une fraction de l'armée est prête à agir efficacement plutôt que d'avoir une armée qui n'a pas su établir le sens des priorité et dans lequel un nivèlement par le bas empêche que des compétences pointues soient développées et mises en coordination.

Biensure Uralix, le plus dur sera de faire changer les mentalités. Vous pouvez être sur qu une réforme qui met tout le monde d'accord est tout sauf une réforme.

C'est justement pourquoi la communication sur les nouvelles menaces et la réforme qu'elles engendrent est fondamentale. Il faudra enfin accepter comme l'a dit Pierre Maudet (politicien radical), qu'un soldat par définition effectue des missions dangereuses dans lequel il peut être amené à tuer ou à se faire tuer.

Publié par Crys le 6 février 2007 à 12:46

"...que d'avoir une armée qui n'a pas su établir le sens des priorité."

Dans "défense nationale", quel mot ne comprenez-vous pas, "défense" ou "nationale"? La priorité d'une armée, c'est évidemment la défense.... NATIONALE, dans le cadre de ses limites géographiques et au profit de la protection de son peuple et de ses intérêts propres (on peut cependant imaginer des scénarios où l'engagement de l'armée suisse pourrait être envisagé aux frontières de l'Europe). Pas de constituer un arsenal spécifique et une réserve de troupes destinés à des engagements lointains, sous des commandements non-nationaux et souvent au bénéfice d'intérêts peu clairs.

"...et dans lequel un nivèlement par le bas empêche que des compétences pointues soient développées et mises en coordination."

Je ne vois pas au nom de quoi une défense "nationale" impliquerait de fait un nivellement par le bas. Je pense par exemple aux troupes de l'OTAN qui faisaient littéralement dans leur froc à l'idée d'affronter au sol la petite, mais décidée, armée "nationale" yougoslave.

"C'est justement pourquoi la communication sur les nouvelles menaces et la réforme qu'elles engendrent est fondamentale."

Ces "nouvelles menaces" me font gentiment sourire. Si l'on parle de terrorisme, ce n'est évidemment pas une affaire militaire (sauf pour des opérations ponctuelles), mais avant tout une affaire de police, de renseignement et de politique de population. Si l'on parle de la balkanisation ethnique de nos contrée, qui impliquera peut-être la nécessité d'une réponse militaire de type territorial, là , c'est effectivement une autre affaire (je remarque que ceux qui aimeraient bien nous voir aller combattre dans les déserts sont muets comme des carpes quant à l'évocation de cette vraie menace).

Franchement, pourquoi est-ce si dur d'avouer que toutes ces belles intentions ne visent, in fine, qu'à rendre envisageable, sur le long terme, que des soldats suisses se retrouvent à patrouiller dans un village d'Irak ou dans une ville d'Iran (après tout, c'est le lot de toutes les armées faisant partie ou même seulement récemment entrées dans la sphère d'influence étasunienne).

De mon côté, je n'ai pas honte d'avouer que ma position, sans "finesse" ni "nuances", je vous devance, est clairement centrée sur la chose nationale ;-)

Publié par fass57 le 6 février 2007 à 16:00

C'est le terme national que je ne comprends pas lorsqu'il se réduit à une définition et une action ayant pour limite notre territoire.

La sécurité nationale ne peut plus être défendue uniquement en se basant sur un espace géographique national. Notre sphère d'intérêt au niveau politique et économique est bien au niveau européen que vous le vouliez ou non.

Publié par crys le 6 février 2007 à 18:25

D'ailleurs en économie on différencie bien le PIB (concerne l'économie à l'intérieur du territoire) du PNB (économie des agents nationaux, ici ou à l'étranger). Qui dit défense nationale dit sauvegarde des intérêts nationaux, si possible dans des mesures préventives voire des actions directes, ici ou ailleurs pourvu qu'in fine la sécurité de la nation soit préservée. Il faut simplement trouver l'équilibre entre la dimension vitale de la sauvegarde territoriale et la nécessité d'agir souvent bien au-delà du pâté de maison voisin. Bref, ménager la chèvre qui broute dans la prairie d'à côté, mais encore être capable de défendre le chou qui dort dans le frigo familial.

Publié par Souflette le 6 février 2007 à 22:16

Cette discussion manque de réalisme. La Suisse ne sera jamais la France et nous expatriés suisses en Afrique pouvons seulement espérer que nos voisins français continuent leur politique au moins au niveau de la sécurisation de la population expatriée alors que la pression est forte chez eux pour qu'ils y renoncent. Licorne en Côte d'Ivoire leur coûte 1 milliard d'Euros par an (et permet j'imagine par exemple à Nestlé de continuer de s'occuper de cacao là -bas...). Pour le moment, le parapluie français fonctionne. Il serait plus intelligent de formaliser un peu plus ce processus (par le DFAE en particulier) pour éviter de désagréables surprises lors de la prochaine crise d'Abidjan que de se lancer dans la voie préconisée par Crys, beaucoup trop coûteuse relativement à son utilité. La France est une puissance de dimension internationale, en particulier sur l'Afrique. Elle a les troupes formées pour cela, les moyens logistiques. Que la Suisse conclue un accord prévoyant la protection française dans certains cas serait parfait. Mais cela existe peut-être déjà ?

Publié par Roland le 11 février 2007 à 0:03

@Roland

je n'ai jamais pris la France en exemple pour illustrer le développement Suisse en matière d'action à l'étranger

Prenez plutôt l'Autriche, le Danemark et la Suède vous verrez que malgré des moyens restreints, ils ne font pas du tout pâle figure en terme de transport aérien et force d'action rapide. Ensuite, il est ici question d'actions précises et ponctuelles, pas de sécuriser tout seul une région durant des mois.

Ce n'est pas en terme technique que la solution manque de réalisme. Elle peut par contre être difficilement réalisable en terme politique tant que les conservateurs argumenteront que le rapatriement par d'autres nations "a marché avant alors pourquoi cela ne marcherait pas dans les 20 ans qui viennent."

Je trouve donc un peu léger de considérer ce développement comme irréaliste uniquement en se basant sur ce genre d'argument, qui, par définition considère que le passé est une base solide pour prédire sans faute l'avenir dans ses moindres détails.

Publié par Crys le 12 février 2007 à 18:36