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1 mai 2006

L'anachronisme des antimilitaires

Le Groupe pour une Suisse sans armée refait parler de lui : sèchement remis en place par la population lors de sa dernière initiative visant à s'attaquer frontalement à l'institution militaire, il tente désormais un retour par la bande, en lançant une initiative populaire visant à l'interdiction des exportations du matériel de guerre. En capitalisant sur les polémiques vécues l'an passé à propos de la vente de matériel périmé, et notamment des chars de grenadiers, ce groupuscule dont l'assemblée générale réunit quelque 60 militants a semble-t-il choisi un thème ancien à même de lui redonner un élan nouveau. Ses connexions privilégiées dans les médias n'ont d'ailleurs pas disparu : hier, l'agence télégraphique suisse a ainsi jugé l'événement suffisamment important pour en faire une dépêche urgente, que j'ai reçue avec un brin d'amusement par SMS!

Le soutien affiché par des mouvements de gauche et d'extrême-gauche n'empêche pas cette initiative d'être marquée par un anachronisme criant : d'une part, en affirmant que la Suisse exporte des armes qui servent dans la « prétendue guerre » contre le terrorisme, paraît-il exclusivement mue par des intérêts énergétiques, le GSSA perpétue sa vision caduque d'un monde où les guerres sont le fait des armées, alors que ces dernières sont très majoritairement engagées pour les empêcher, les circonscrire ou les stopper ; d'autre part, en se focalisant sur l'exportation d'armes produites dans un pays donné, le GSSA propage l'illusion que les frontières nationales jouent encore un rôle déterminant dans les conflits armés de notre ère, alors que la différence entre sécurité extérieure et intérieure s'est partout réduite à néant ou presque. Seuls des idéologues convaincus peuvent ainsi professer des théories à ce point éloignées de la réalité.

Cela dit, la gauche - et la gauche de la gauche - n'ont pas le monopole de l'idéologie passéiste, et une partie de la droite nationaliste pourrait être tentée de soutenir cette initiative au nom d'une application toujours moins pragmatique de la neutralité ; une telle alliance contre nature ayant déjà eu raison du programme d'armement 2004, on ne saurait l'écarter ainsi d'un revers de manche. Du coup, si les signatures nécessaires sont récoltées à temps, ce qui semble hautement probable, ce sont probablement des arguments économiques - avec une note d'autarcie pour l'industrie de défense suisse - qui devraient être les plus efficaces contre une telle coalition, en plus naturellement des dispositions restrictives de la loi actuelle. Avec à la clef la possibilité de mener un débat enrichissant sur la nécessité de produire des armements de haute qualité, et sur l'impossibilité de le faire uniquement avec les commandes raréfiées de l'armée suisse.

Comme quoi le GSSA, avec ses échecs en série lors des votations populaires, joue tout de même un rôle positif en démocratie!Il faut juste espérer que la transformation des conflits armés et leur extension au sein des sociétés ne soient pas supplantées, dans l'esprit des décideurs, par des débats théoriques ancrés dans le siècle dernier.

Publié par Ludovic Monnerat le 1 mai 2006 à 16:00

Commentaires

Vous citez l'assemblée générale de cette association qui a réuni ces "60 membres"... Et pourtant, les conclusions de cette assemblée font un sujet entier au journal de la TSR.

Comme quoi, il suffit que 60 personnes aient une opinions suffisamment à gauche et cela leur ouvre grand les portes du journal télévisé.

Question trollesque: combien de militants d'extrême droite au crâne rasé devraient se réunir pour provoquer une écoute aussi complaisante de leur position de la part des journalistes? :-)

Publié par Stéphane le 1 mai 2006 à 17:36

Le GSSA reste décidémment ce qu'il a toujours été: Un groupe de guignols politiques. Pour reprendre l'idée de Stéphane, on pourrait un peu les considérer comme étant les Trolls de la démocratie suisse. ;-)

Publié par Sisyphe le 1 mai 2006 à 23:54

Depuis qelques temps déjà , je consulte régulièrement votre site.
D'une manière générale, j'approuve votre position sur la lutte contre le terrorisme, qu'il soit "islamiste" ou non.
Cependant les réactions de certains de vos correspondants demandant/exigeant l'interdiction de l'Islam m'inquiètent pour deux raisons principales
1- cette décision pousserait à la clandestinité rendant tout contrôle quasi impossible, alors qu'il serait d'autant plus nécesaire.
2- se sentant persécutés, les adhérents ou sympatisants verraient leur conviction renforcées. Leur zèle de créer de nouveaux disciples augmenterait. Ces derniers, surtout des jeunes déboussolés par l'absence d'éducation, seraient tentés par l'attrait du fruit défendu et l'esprit de clan.
Bien à vous.

Publié par Wuethrich le 2 mai 2006 à 9:30

Les gens qui demandent l'interdiction de l'Islam (comme votre serviteur) affirment que l'Islam même incite à la haine et au terrorisme, par ses simples écritures (Coran, Sunna, Tafsir, Charia), de sorte que les contrôles dont vous parlez sont tout à fait illusoires - plus il y a d'Islam dans une certaine communauté, plus il y a de troubles et de conflits avec les non-Musulmans, peu importe les contrôles.

Une interdiction permettrait d'une part de limiter et de stigmatiser la diffusion de ces écritures incitatrices et d'autre part d'agir très directement contre l'infiltration et l'entrisme que pratiquent les islamistes dans nos pays.

En outre, les terroristes islamiques sont déjà dans la clandestinité, en Occident tout au moins. En interdisant l'Islam, nous les empêchons d'évoluer à l'aise dans les zones grises que constituent les mosquées, les institutions caritatives musulmanes et autres associations islamiques. Nous créons ainsi une zone de non-Islam, où les réformateurs pourront agir à leur aise, sans avoir à subir les pressions constantes d'une communauté musulmane volontiers adverse à toute opposition à sa religion, surtout en son sein.

Votre position, d'autre part, n'est guère tenable en ce qui concerne la Suisse, un tout petit pays sans aucune importance stratégique pour les islamistes et qui ne compte que 3% de Musulmans, de plus très dispersés. Si la Suisse interdisait l'Islam, le changement serait pour ainsi dire imperceptible. Mais ce qui compte, c'est le débat. Ce qui compte, c'est d'examiner enfin avec un minimum de sérieux les motifs pour lesquelles il pourrait être indiqué, raisonnablement indiqué, d'interdire l'Islam:

http://www.ajm.ch/liberty/plainte_18.3.06.pdf

Publié par ajm le 2 mai 2006 à 12:45

Ne serait-il pas possible de mener cette discussion suite à un billet directement lié au sujet ? Je ne vois pas vraiment ce que le GSSA vient faire là -dedans... :-)

Publié par Ludovic Monnerat le 2 mai 2006 à 13:16

Simple association d'idées, peut-être: GSSI...

Publié par ajm le 2 mai 2006 à 13:45

@ Wuethrich

1- cette décision pousserait à la clandestinité rendant tout contrôle quasi impossible, alors qu'il serait d'autant plus nécessaire.

--- Il y a beaucoup de similitudes entre les groupes armés islamistes et les motards criminalisés. Je pensais comme vous qu'a la suite de la Loi anti-gang du Québec que les motards seraient entrés en clandestinité et j'ai eu tord car c'est tout le contraire. Ils se sont adaptés et ont abandonné leur bunker pour de belles propriétés équestres et ont investi dans des affaires comme des entrepôts etc. Pourquoi ? parce qu'ils ont besoin d'être connus pour leur business et leur idéologie ( qui a beaucoup de points communs avec l'Islam ).

La clef du contrôle, c'est nous qui l'avons avec une loi anti-gang ou... une loi anti-islamique interdisant l'Islam tant qu'elle véhicule... ce que nous n'acceptons pas pour tous les autres : les appel à la haine et au meurtre... c'est simple Non !

2- se sentant persécutés, les adhérents ou sympathisants verraient leur conviction renforcées. Leur zèle de créer de nouveaux disciples augmenterait. Ces derniers, surtout des jeunes déboussolés par l'absence d'éducation, seraient tentés par l'attrait du fruit défendu et l'esprit de clan.

--- Tout à fait et comme les motards ils commenceraient par faire des commissions au grand jour et montraient dans la hiérarchie avec une éducation de terrain et des lectures appropriées.

À nous d'offrir mieux et de sanctionner fermement toutes dérives idéologiques et tous commerces illicites... c'est simple Non ! ;-)

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 3 mai 2006 à 2:23

Je suis évidemment contre le GGSA et ses idées. Pourtant je remarque, une fois de plus, que les commentaires affichés ici sont souvent inadéquats, voire déplacés :

« Question trollesque: combien de militants d'extrême droite au crâne rasé devraient se réunir pour provoquer une écoute aussi complaisante de leur position de la part des journalistes? » (Stéphane)

La comparaison est quelque peu abusive. Les milieux d'extrême droite représentent un certain potentiel de violence, alors que le GSSA exclut d'y recourir!

« Le GSSA reste décidémment ce qu'il a toujours été: Un groupe de guignols politiques. Pour reprendre l'idée de Stéphane, on pourrait un peu les considérer comme étant les Trolls de la démocratie suisse. » (Sisyphe)

C'est oublier un peu vite qu'en 1989, le GSSA avait réussi à convaincre plus d'un tiers des votants, pour son initiative visant à supprimer l'armée. Cet événement a certainement été pris en compte dans le cadre des réformes de l'armée.

Pour ma part, je remarque que le débat lancé par le GSSA touche également la question de la neutralité. Cependant, la globalisation de notre monde et l'internationalisation de certains problèmes ne parviendront certainement pas à relancer le débat sur ce sujet lancinant dont les Suisses ne veulent ou n'osent pas aborder.

Publié par Alex le 3 mai 2006 à 10:58

Autre sujet :

L'exercice « Zeus » va débuter la semaine prochaine (lundi 8 mai). Il réunira quelque 8000 hommes et prévoit un scénario dans lequel la troupe sera engagée pour faire face à des actes visant à déstabiliser les structures la société civile et l'Etat.

Question : exerce-t-on également la présence éventuelle d'éléments subversifs au sein de l'armée. Dans le contexte d'une armée de milice et de ma montée de l'individualisme (et même si une bonne part des réfractaires peuvent actuellement échapper au service militaire), il faut être certain de pouvoir compter sur des troupes qui obéiront aux ordres donnés!

Publié par Alex le 3 mai 2006 à 11:05