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9 janvier 2006

Saddam et les terroristes

L'hebdomadaire conservateur américain Weekly Standard a publié des révélations surprenantes sur le soutien fourni par le régime de Saddam Hussein au terrorisme international, et notamment à la mouvance islamiste. Selon l'article, l'examen de 50'000 documents sur les quelque 2 millions récupérés par les services de renseignement américains montre que ce soutien avait une ampleur insoupçonnée :

The secret training took place primarily at three camps--in Samarra, Ramadi, and Salman Pak--and was directed by elite Iraqi military units. Interviews by U.S. government interrogators with Iraqi regime officials and military leaders corroborate the documentary evidence. Many of the fighters were drawn from terrorist groups in northern Africa with close ties to al Qaeda, chief among them Algeria's GSPC and the Sudanese Islamic Army. Some 2,000 terrorists were trained at these Iraqi camps each year from 1999 to 2002, putting the total number at or above 8,000. Intelligence officials believe that some of these terrorists returned to Iraq and are responsible for attacks against Americans and Iraqis.

Cette information, que l'hebdomadaire dit avoir été confirmée par 11 responsables américains, n'est pas entièrement une surprise pour ceux qui ont suivi le dossier des liens entre le régime de Saddam Hussein et la mouvance islamiste ; la présence d'Abu Moussaf Al-Zarqaoui en Irak dès 2002 n'était pas due au hasard. Cependant, le nombre de terroristes entraînés dans les camps de Saddam est nettement plus élevé que prévu, et confirme le fait qu'à la surestimation des armes de destruction massive dans le dossier irakien correspond également une sous-estimation des activités terroristes, y compris islamistes. On se demande d'ailleurs pourquoi l'administration Bush, tellement chahutée pour les inexactitudes des renseignements rendus publics avant le déclenchement de l'opération Iraqi Freedom, persiste à rester aussi discrète sur les informations obtenues par les services de renseignement en matière de terrorisme.

Le point le plus important de ce dossier reste cependant le fait que les médias traditionnels, à de rares exceptions près, l'ignorent superbement. Logiquement, un scoop d'une telle ampleur devrait provoquer un intérêt majeur, des questions brûlantes au gouvernement, des enquêtes parallèles pour vérifier les informations publiées et essayer d'en savoir plus - bref, une activité normale, à la fois critique et investigatrice, pour des organes de presse indépendants. Dans les faits, comme ces révélations confortent la position de l'administration Bush et placent dans une position difficile les opposants à la guerre en Irak, elles ne peuvent être traitées normalement, factuellement, au sein d'une classe médiatique qui a passionnément pris parti et systématiquement trompé le public depuis presque 3 ans. Aujourd'hui, la recherche de la vérité au sujet de l'Irak passe après la protection des convictions et des réputations. Accepter la réalité des informations publiées par le Weekly Standard reviendrait à remettre en cause une argumentation inlassablement diffusée au point de devenir un acte de foi. Autant dire une apostasie...

Publié par Ludovic Monnerat le 9 janvier 2006 à 9:16

Commentaires

S'il y a un article en français sur cette affaire, je peut le mettre sur l'article du Wikipédia consacrée au lien entre le régime Bassiste et le terrorisme.

Mais certains vons prétendre qu'il s'agit de "propagande impérialiste"...

Publié par Frédéric le 9 janvier 2006 à 21:48

Vous allez sans doute un peu vite en besogne dans votre conclusion. Il faut préciser que ces fameux documents n'ont pas été rendus public. Ce qui peut aussi expliquer les "doutes" de la presse mainstream que vous accusez bien vite d'avoir "trompé" le public...

Comme l'explique Bill Kristol cité dans un post de Abu Aardavark à ce sujet :

"Let us--all of us--read the mass of documents captured after the fall of the Saddam regime. Stephen Hayes's reporting, including his article in this issue, suggests to us that these documents would confirm the argument for a terror connection. But let everyone make up his own mind, based on his own reading of the documents."

D'où, peut-être le silence des médias. Ce n'est pas forcément une "conspiration" des anti-guerre inflitrés dans les mass-médias. Hum.

Je vous recommande la lecture du post de Abu Aardvark, bcp plus modéré, à ce sujet :

http://abuaardvark.typepad.com/abuaardvark/2006/01/department_of_s.html

Bien à vous,

Publié par Jules le 10 janvier 2006 à 1:30

Soit pour les faits, qui pour moi restent à confirmer. Cependant, un autre point m'intéresse davantage. Il s'agit de la stratégie qui justifiait cette alliance, ainsi que la finalité de celle-ci!

Alex

Publié par Alex le 12 janvier 2006 à 13:31