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16 décembre 2005

Le centre d'opérations

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Bien des choses pourraient être dites sur l'exercice multinational auquel je viens de participer. Ces deux semaines alimenteront mes réflexions pendant longtemps, et les 4 « after action reviews » que j'ai remplis hier après-midi, alors que le QG de la composante terrestre était en train d'être démonté, ne sont qu'un premier pas dans cette direction. Il y a cependant un élément que je souhaitais décrire plus en détail : le centre d'opérations terrestres (nommé Land Operations Center, ou LOC, pour le distinguer du MOC et du CAOC ; il est d'ailleurs curieux que ce dernier porte un C pour « combined », soit multinational, alors toute la force l'était). De cet élément dépend en effet, en définitive, le fonctionnement de tout l'état-major ; et la qualité de ses produits comme de ses activités n'a cessé d'aller croissant, pour atteindre un niveau le rendant prêt au déploiement - dixit le mentor de la force.

En temps normal, le LOC comptait environ 20 personnes, rassemblées autour de tables formant un U et derrière lequel se trouvait une autre table, surélevée, pour les officiers dirigeant le centre. Les officiers présents en permanence au LOC fournissaient les compétences spécialisées nécessaires à la conduite des opérations, que ce soit plusieurs domaines de base d'état-major (renseignement, opérations terre, air et mer, logistique et coopération civilo-militaire) ou des branches spécialisées (opérations d'information, police militaire, NBC, protection des forces ou triage). Cette composition assurait l'échange des informations au sein de l'état-major, mais aussi la capacité de produire rapidement des ordres partiels pour réagir à des situations nécessitant une action de la composante terrestre ou une coordination entre les brigades subordonnées.

Le LOC faisait ainsi office de passage obligé : toutes les informations essentielles y parviennent, y sont représentées ou en sont issues. Pour avoir au plus vite une réponse à une question sans faire une recherche sur le réseau, il suffisait ainsi d'aller voir l'officier spécialisé au LOC. De plus, l'officier responsable du centre - le « battle captain » - assurait la cohérence et la coordination au niveau des documents, et notamment des ordres. Le même officier faisait également en sorte que les informations de première importance soient transmises au plus vite : certains événements marquants étaient ainsi annoncés sur les hauts parleurs du QG via le LOC, alors que certains renseignements étaient livrés aux officiers concernés ; ce dernier cas s'est produit à plusieurs reprises pour moi, afin de me permettre d'exploiter au plus vite des informations sur des acteurs adverses.

Une autre fonction du centre consistait à abritait les deux briefings donnés chaque jour au commandant, à 0800 et à 1400, en présence de tous les personnages-clés de l'état-major. Entre 25 et 35 slides étaient présentés par les officiers du LOC ou certains responsables de l'EM pour montrer la situation actuelle, fournir des évaluations ou proposer des actions. Etant donné que l'officier opérations d'information prévu au LOC n'est jamais entré en service, j'avais ainsi à présenter entre 2 à 4 slides à chaque briefing - ce qui est la meilleure manière d'assurer la circulation de l'information la plus large possible. Les intervenants du briefing utilisaient en effet un micro relié aux hauts-parleurs susmentionnés, et les membres de l'EM n'ayant pas accès au LOC à ce moment-là pouvaient suivre le briefing en ouvrant sur leur ordinateur le fichier PowerPoint correspondant.

Au final, la composante terrestre a remarquablement bien fonctionné, et notablement mieux que les autres composantes (l'émulation interarmées a été parfaitement rendue dans l'exercice). Le fonctionnement du LOC y a été pour beaucoup.

Publié par Ludovic Monnerat le 16 décembre 2005 à 22:09

Commentaires

J'ai une question, qui vous semblera peut-être naïve d'ailleurs étant donnée mon ignorance en matières militaires.
Vous livrez des photographies et des informations sur vos activités, sur vos formations etc.
Dans quelle mesure tout cela est-il couvert par le secret? Jusqu'où ce type de compte-rendu peut-il s'aventurer ?

Publié par pikipoki le 17 décembre 2005 à 0:40

Je me suis pose la meme question mais il me semble que ce genre d'information n'est pas le genre a etre classe secret defense. il ne mets pas en jeu la vie de soldat sur le terrain et ne fournit pas d'informations geographique, de nombres ou techniques.

Tiens c'est bizarre je n'ai pas de security code du tout... Juste une grille vide...

Publié par Nico le 17 décembre 2005 à 12:19

La question n'est pas naïve, loin s'en faut, et je participerai l'an prochain à d'autres exercices de longue durée au sujet desquels je ne pourrai pas dire grand chose. En fait, "VIKING 05" a reçu la classification "PFP UNCLASSIFIED / INTERNET RELEASABLE", ce qui signifie que tout son contenu est totalement libre d'accès. Ce qui est assez rare : c'est ainsi la première fois que deux méthodes dont j'ai d'ailleurs assuré la conduite à mon échelon, les opérations psychologiques et la guerre électronique, peuvent ainsi librement être rendues publiques dans tous leurs détails. Les visées didactiques en sont la cause principale.

Publié par Ludovic Monnerat le 17 décembre 2005 à 12:46