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13 février 2005

Le besoin de sécurité

Le Matin consacre aujourd'hui un article et un éditorial au renforcement de la sécurité dans les gares romandes : installation d'un réseau de vidéosurveillance, partenariat renforcé avec les polices cantonales et augmentation des capacités d'intervention. Voici quelques années encore, une telle initiative aurait déclenché une véritable levée de boucliers dans toutes les rédactions, qui auraient fermement condamné le "flicage de la vie publique" et "l'obsession sécuritaire" dont témoignent ces mesures. Mais les temps ont changé.

Pour que le quotidien romand au plus fort tirage donne une couverture positive à ce renforcement de la sécurité, il faut vraiment que la perception de celle-ci ait grandement changé dans la population - et qu'un journal populaire comme Le Matin s'en fasse le témoin. Il suffit de lire comment Michel Danthe écarte dans son éditorial les objections classiques aux problèmes de sécurité pour mesurer le chemin parcouru :

Comme à chaque fois, il y a le spécialiste qui vient expliquer que ce sentiment est subjectif. L'argument ne rassurera pas pour autant l'usager réel, qui voit bien, de ses yeux voit, que la violence ne cesse d'augmenter, au milieu d'un sans-gêne généralisé et d'une indifférence qui donne parfois froid dans le dos.
Face au phénomène, il convient de marquer la plus grande fermeté. Et de manifester la présence de l'ordre partout où c'est possible.

Pourtant, la sécurisation accrue des grandes gares romandes permettra uniquement de rassurer les voyageurs et les passants, et ne fait que s'attaquer aux symptômes de la violence urbaine au lieu de traiter le mal à la racine. A cet égard, on notera que le mot "incivilité" continue d'être employé en lieu et place de "délinquance" ou de "criminalité", et qu'il constitue un euphémisme significatif. Les esprits évoluent lentement, très lentement. L'effondrement du civisme et des responsabilités individuelles commence seulement à être pris en compte dans les analyses. On n'ignore plus que l'on va dans le mur, mais on hésite encore à proposer des réorientations radicales.

Le déficit d'imagination est souvent la preuve de tabous inavoués...

Publié par Ludovic Monnerat le 13 février 2005 à 9:07

Commentaires

C'est vrai que c'est un pas en avant. Mais je pense que la Suisse reste trop obsédée de la protection des données depuis l'affaire des fiches. Naturellement que le respect de la protection des données est en soi un des piliers de la protection de l'individu contre l'Etat et par conséquent fondamentalement important - mais nous en sommes obsédés en Suisse...

P.S. J'ignore comment c'est en Suisse romande, mais sur nos magnifiques bords du lac de Zurich, il y a depuis peu aussi peu des caméras de surveillance dans les trains. Cela vous force à sourir poliment en entrant dans le train ;-)

Publié par Robert Desax le 13 février 2005 à 11:59

On se soucis, à tord ou à raison de l'intrusion des caméras de surveillance mais personne ne semble avoir fait un retour en arrière du temps ou n'importe qui se permettait de vous interpeller dans la rue et n'hésitait pas à prévenir les parents ou les personne ressources. Les délinquants et les criminels se voyaient " fichés " et c'était assez efficace pour assurer la relative paix publique. Ici au Québec la Police doit composer avec des personnes ( jeunes et plus agés ) qui sont munis de téléphones cellulaires, de scanneurs, de radio FM. Ils ont de l'argent et savent qu'ils sont des groupes de consommateurs que la société courtise dès l'age de 5 ans. De mon temps on parlait de devoirs aujourd'hui on parle de droits, et demain ?

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 13 février 2005 à 18:22

« Naturellement que le respect de la protection des données est en soi un des piliers de la protection de l'individu contre l'Etat et par conséquent fondamentalement important - mais nous en sommes obsédés en Suisse... » OUI il est important de rappeler que c'est un pilier à défendre (Personne ne veut d'un « Big Brother » et de sa « police secrète »), mais il est aussi vrai que l'Etat n'a rien fait pour rassurer la population. Heureusement, nous disposons toujours de l'efficacité des yeux aguerris du voisinage à -même de débusquer n'importe quel espion ou comportement suspect ;-).

« Ficher tout le monde » je dirai non (même si c'est déjà le cas). En revanche qu'elle occasion ratée ! Comment ce fait-il qu'aucun pays dans le monde (sauf le Brésil) n'a suivit un processus de réciprocité vis-à -vis du « fichage » automatique de toutes personnes entrant sur le sol des USA. Encore une fois, les USA prennent le large se constituant seul une base de donnée jamais égalée. Cette solution semble parfaitement adaptable à notre pays et les coûts minimes quant aux nombres d'installations. Sans oublier, que comme le passeport bio métrique, une diffusion massive désamorce la méfiance de facto. Une nouvelle occasion ratée!

« P.S. J'ignore comment c'est en Suisse romande, mais sur nos magnifiques bords du lac de Zurich, il y a depuis peu aussi peu des caméras de surveillance dans les trains. Cela vous force à sourire poliment en entrant dans le train ;-) »

Je vous rassure chez nous aussi, sur nos magnifiques bords du lac de Léman, les caméras sont nombreuses et idem dans le train ! Même si parfois je me surprends à douter de la réalité de celle-ci. Oui en Romandie « on est pauvre », nous ne disposons que de cache ;-).

Publié par ZC le 14 février 2005 à 4:17