« L'ombre des forces spéciales | Accueil | Alerte à la folie furieuse (4) »

7 février 2005

Les choix de Bush II

Le Figaro a publié ce matin une remarquable analyse de Laurent Murawiec quant aux choix de l'administration Bush II, qui décrit notamment les nouveaux rapports de force et la ligne stratégique qui va en découler. L'auteur sait de quoi il parle : travaillant depuis des années aux Etats-Unis, il connaît en profondeur le milieu des think tanks américains et possède une vision claire des enjeux futurs, tout spécialement au Moyen-Orient, pour l'avenir du monde. Et de souligner le rôle joué par les récentes élections - notamment en Irak :

Ah ! ce n'est pas la Suisse. L'insurrection n'est pas terminée. Le sang continue de couler. Mais la tournure que prend le jeu montre à quel point il en valait la chandelle. Il n'y a que les benêts pour s'offusquer des laideurs qui entachent la proto-démocratie irakienne. Et les despotes sunnites qui ne peuvent décidément pas avaler d'élection libre, même chez les autres, surtout chez des Arabes, et avec une majorité chiite en surplus. D'où les raisins verts que l'on avale par barriques au Caire, à Amman, à Riyad, à Damas et autres lieux. C'est que Bush tient parole.

On retrouve également les critiques que Laurent Murawiec adressait à l'administration Bush I, celle d'avancer "en crabe" vers ses objectifs, ce qui ne devrait guère changer. Mais cela n'altère pas son jugement quant au Gouvernement américain actuel : celui-ci tiendra la ligne affirmée avec force récemment, celle de lutter contre les tyrannies et de développer la démocratie comme meilleure réponse face aux intégrismes et aux nihilismes les plus violents.

Il serait intéressant, dans ce contexte, d'évaluer les options qui restent aux islamistes pour repousser ou éviter la déferlante démocratique, et la libération de l'individu qu'elle autorise. Mais comment lutter face au souffle de l'Histoire ? L'ambiance doit être plutôt désabusée dans certaines caves d'Afghanistan - ou du Pakistan...

Publié par Ludovic Monnerat le 7 février 2005 à 9:08

Commentaires

« Mais cela n'altère pas son jugement quant au Gouvernement américain actuel : celui-ci tiendra la ligne affirmée avec force récemment, celle de lutter contre les tyrannies et de développer la démocratie comme meilleure réponse face aux intégrismes et aux nihilismes les plus violents ».

D'accord avec vous au sujet de la démocratie en tant qu'antidote à la tyrannie et à l'obscurantisme. Toutefois j'ai l'impression que votre vision est un peu trop optimiste, voire quelque peu naïve. Les USA n'agissent pas en priorité pour le bien être de la planète, mais avant tout pour le leur (ce qui n'exclut toutefois pas une convergence des objectifs).
Dans ce contexte, le Vieux Continent a intérêt à rester vigilant ; car nos intérêts et les leurs ne seront pas toujours les mêmes (l'Europe a d'ailleurs bien compris que le virage pris pas l'administration Bush pouvait lui être défavorable - et ce dernier semble avoir remarqué les limites de ce type de politique).
Enfin, il est intéressant de relever que les USA soutiennent également plusieurs Etats peu démocratiques, sans pour autant les menacer d'une intervention militaire.

Alex

Publié par Alex le 7 février 2005 à 13:13

Il va de soi que l'administration Bush vise avant tout à défendre les intérêts des Etats-Unis : je n'en attends pas moins de n'importe quel Gouvernement élu. Mais ce n'est pas être naïf que de noter le courant propre à la liberté individuelle et à la démocratie, qui par la force des choses est symbolisé aujourd'hui par les USA.

Je serais ravi que l'Europe soit vigilante, à l'égard des Etats-Unis mais aussi d'autres nations, d'autres continents, d'autres acteurs et d'autres avenirs possibles. J'ai pour l'heure le sentiment que l'Europe tend à se définir par rapport aux Etats-Unis, et donc se focalise de manière dangereuse (surtout si elle comprend de moins en moins les Américains, ce qui est le cas).

Enfin, l'intervention militaire n'est bien entendu pas le seul mode d'action et d'influence en mains d'un Etat : la mention de l'Egypte et de l'Arabie Saoudite dans le dernier discours de Bush est certainement sans précédent. Cette administration peut réserver de grosses surprises...

Publié par Ludovic Monnerat le 7 février 2005 à 17:49

Je ne vois pas de "déferlante démocratique" s'abbatre sur l'Irak et balayer le moyen orient, hélas.

Les Irakiens ayant librement et courageusement voté pour ce qu'ils connaissaient, il n'ont pas pu voter pour la démocratie (inconnue à ce jour).
Ils ont voté communitairement chiite ou kurde, la vague de terreur sunnite ayant balayé toute autre possibilité.

Je verrais donc une république islamique chiite (1) essayant pour l'instant de composer (islamiquement) avec les sunnites afin d'exiger le départ des troupes koufars (infidèles). Ceci comme premier pas.

Les kurdes vont en morfler de nouveau (excusez le mot, mais ça rend l'idée) payant ainsi le prix de la paix avec la Turquie et le monde sunnite. Personne n'ira se compromette pour eux avec de tels ennemis comme le chiisme (Iran, Irak, Hezballah), comme le monde arabe (dont la "gestion des minorités" est bien connue) et comme la Turquie qui ne supporte même pas une autonomie kurde en Irak.

Le chiisme (Téhéran) se trouvera ainsi à contrôler une partie accrue des gisement de pétrole, des terres irriguées et l'accès à la mer. Peut-on déjà voir dans la réponse iranienne à propos du nucléaire une nouvelle assurance du régime de Téhéran?

Les soldats alliés seront donc morts pour remplacer un bourreau (baathiste) par des autres bourreaux (ayatollahs chiites). Ces derniers pourront remercier le gouvernement islamiste Turque (Erdogan) qui, refusant le passage aux forces alliées, permis aux baathistes et aux islamistes sunnites d'éviter ou de se remettre de la campagne "shock and owe" et empêcha le controle du territoire de la part des alliés, ce qui permis aux forces islamo-baathistes d'organiser ce qui sera le début de la vague de terrorisme contre la démocratisation de l'Irak.

Apparemment il y aurait encore du travail à faire du coté de Téhéran, mais la victoire des ayatollahs en Irak rend l'affaire encore plus difficile. Personne dans la région n'aura envie d'abriter les bases de départ ou de ravitallement des forces aériennes employées dans les frappes, drones y compris.


(1) les ayatollahs irakiens préconisent une constitution et des lois islamiques sous camouflage de "gestionnaires" "laïcs", c'est à dire président, ministres etc.


Publié par mik le 7 février 2005 à 22:51

Les élections irakiennes ne causeront pas beaucoup de changements dans les pays arabes. Elles confirmeraient, là ou il y en a besoin, l'incapacité du monde arabe à sortir du binome dictature laïque-dictature islamique.

Les régimes s'en retrouveront ainsi renforcés et lacheront encore moins en direction d'éventuelles alternatives démocratiques, craignant une "chute du mur" version moyen orientale. Chute qui provoquerait une prise de pouvoir de la part des représentants de l'unique doctrine connue du peuple l'islam.

Ce qui paradoxalement n'empêchera pas les actuels gouvernants d'adopter la politique égyptienne de compromis envers les islamistes et adoption de législations de plus en plus calquées sur la charia. Une lente transposition de la figure du caïd-président laïco-nationaliste en caïd-sheïkh islamo-panislamiste, tout pour rester au pouvoir.
Transition graduelle comme celle de la Chine où les cadres du parti communiste sont devenu les cadres du complex industriel en passe de devenir la caste des nouveaux mandarins. Mandarins qui encore une fois représentent la tradition pré marxiste, comme le khalifat le fut pour la période pré-marxiste des pays de l'Afrique du nord et du moyen orient.

La période du marxisme-léninisme n'aura été qu'une coupure dans le courrant des civilisations, comme l'avait brillament révélé Huntington.


Publié par mik le 7 février 2005 à 23:23

"le gouvernement islamiste Turque (Erdogan) qui, refusant le passage aux forces alliées, permit aux baathistes et aux islamistes sunnites d'éviter ou de se remettre de la campagne "shock and awe" et empêcha le controle du territoire de la part des alliés, ce qui permis aux forces islamo-baathistes d'organiser ce qui sera le début de la vague de terrorisme contre la démocratisation de l'Irak."

Bien vu, mais moi je croyais avoir compris que c'était le "camp de la paix" (ou plutôt des Munichois) , entrainé par le "pays (autoproclamé) des droits de l'homme", alias la France de Chirak, qui avait encouragé la Turquie à empêcher les troupes alliées de passer sur leur territoire, retardant ainsi l'arrivée de leurs renforts qu'on a pu ainsi leur reprocher après lors des premiers pillages !

Mais moi ce que j'aime surtout chez Murawiec, c'est son franc-parler: il se paie pas de mots et ses formules vont droit au but, ainsi :

"l'Autorité palestinienne nettoyée du gangster qui la dirigeait" ...

Sinon, j'aurais juste une question:

qu'en est-il de cette découverte de Sharansky qu'on prête à Bush ?

"Bush a repris non seulement la formulation, mais la substance des options que défend Sharansky " ...

Publié par jc durbant le 7 février 2005 à 23:26

Que pensez-vous de l'article de Basbous aussi dans le même Figaro de ce matin ... ?

(Irak : dompter la victoire chiite, prévenir l'éclatement

PAR ANTOINE BASBOUS*
Le Figaro, 07 février 2005 )

Publié par jc durbant le 8 février 2005 à 0:03

à jc durbant

Le "champ de la paix" n'a fait que soutenir médiatiquement et diplomatiquement les décisions du gouvernement islamiste d'Erdogan.
La fonction des "droits-de-l'hommistes" à sens unique à été celle de la claque dans le public d'un cirque, entrainer les autres à applaudire et couvrir les bavures du "spectacle".

Enfin, il est intéressant de relever que le "champ de la paix" a soutennu et soutient également plusieurs Etats peu démocratiques, sans pour autant déclencher contre eux des lynchages diplomatiques ou médiatiques. D'autre part on doit encore nous expliquer les "évènements" en Côte d'Ivoire, ou le silence de plomb sur le Darfour.

Publié par mik le 8 février 2005 à 19:16

Une autre intéressante analyse d'une grande conscience et d'un grand connaisseur de l'Orient, Fouad Ajami, dans le WSJ dernièrement, sur les récentes élections en Irak et ce qu'elles représentent comme "odd spectacle of a reversal of intellectual galaxies" et comme "clarification" des enjeux :


"Iraq today represents the odd spectacle, a veritable reversal of intellectual galaxies, of a conservative American president proclaiming the gospel of liberty while liberals fall back on a surly belief that liberty can't travel, can't spread to Muslim lands. "

while "the multitudes of America's critics in Arab and European intellectual circles propagating a view of peoples and nations fit--and unfit--for democracy."

and "the power of the Arabist worldview lingers in the State Department and in the ranks of the CIA, which retain a basic sympathy for the Sunni order."

"Iraq is already the battleground between Arab authoritarianism and participatory politics. Its fate will either embolden the forces of openness or sustain the autocrats in their argument that there is no alternative to their way. "

"the remarkable thing about the Shiites has been their restraint in the face of the terror that the remnants of the old regime and the jihadists have thrown at them. It is their leaders and their mosques and their weddings and their religious gatherings that have been the steady targets of the terror. It is their faith that Abu Musab al-Zarqawi and his band of killers continue to dismiss as a heresy at odds with Islam's "purity."

"It has been Iraq's luck that Ayatollah Sistani was there when most needed."


AFTER THE WAR
A New Iraq
Shiites, Sunnis and Kurds all have a stake in liberty.

BY FOUAD AJAMI
Wednesday, January 26, 2005

On the morning after Iraq's elections, we now know, the insurgents will still be with us. And there will remain that denial among broad segments of the Arab intellectual and political elites, their stubborn belief that these elections are but an American veneer over Iraq's mayhem. We shall not be able to convince people with no democratic experience that Iraq is on the cusp of a new history. We shall have to look past those who call up the specter of the Shiite bogeyman and dismiss these elections as the first step toward a Shia theocracy. But set this election for a National Assembly against the background of Iraq's historical torment--and against the background of an Arab world thrashing about for a new political way--and one is forgiven the sense that Jan. 30 is a signal day in Iraqi history.

Constitutional monarchy isn't about to be restored to Iraq, but there are constitutional monarchists contesting this election. A Hashemite prince, who miraculously survived the regicide of 1958 as an infant 2 years of age, is on the ballot. Nor will the Communists prevail at the polls, but they are in the thick of things, a reminder that the Communist Party of Iraq was once the most active of the communist parties of the Arab East. There is a Kurdish electoral list, and a list or two of Arab nationalists. A list harks back to a leader who was overthrown and murdered in 1963, Gen. Abdul Kareem Qassem: he has haunted the country ever since, and there have stepped forth inheritors of his political legacy. One list is headed by Ghazi al-Yawar, the president of this interim government, a Sunni Arab from Mosul, a man of indisputable moral courage and a humane temperament that calls back all that was once good and measured in Arab life. Yet another is that of interim Prime Minister Iyad Allawi, a Shiite secularist who had had his start in the ranks of the Baath Party.

There is of course a Shiite slate, the United Iraqi List: it has the subtle endorsement of Grand Ayatollah Ali al-Sistani. The moving force behind that list is Ahmad Chalabi, leader of the Iraqi National Congress. The American regency broke with Mr. Chalabi, but he has found a big new role for himself. This is a broad political coalition, which includes powerful Shiite movements like the Supreme Council for the Islamic Revolution in Iraq and the Dawa Party. It is a sure thing that this list will fare well in Sunday's election. Millions of Shiites, it is safe to assume, will cast their votes. The ballot box is their means out of the subjugation of recent decades. One needn't wax poetic about the old, pre-Saddam Iraq. It had its cruelties, and failures. But there had at least been balance, and time-honored arrangements of power and property. The Shiites had once dominated the commerce of Baghdad and Basra, and their religious scholars in Najaf and Karbala had autonomy and security of life and possession. Even the Baath had once been an alliance of Sunnis and Shiites and Kurds and Christians. The Tikriti tyranny shredded the old order, and its saving graces. It wrote the Shiites out of the life of the land. These elections are a way for this disinherited majority to reclaim its place.

Behold these elections: they are not a prelude to civil war, as some of our sages continually warn. They are the substitute for a civil war. Indeed, the remarkable thing about the Shiites has been their restraint in the face of the terror that the remnants of the old regime and the jihadists have thrown at them. It is their leaders and their mosques and their weddings and their religious gatherings that have been the steady targets of the terror. It is their faith that Abu Musab al-Zarqawi and his band of killers continue to dismiss as a heresy at odds with Islam's "purity." Men are not angels. The Shiite restraint has rested on the hope that redemption shall come at the ballot box.

We needn't be afraid of a Shiite electoral victory. The scarecrow that stayed America's hand in the first Gulf War ought to be seen for what it is. There is no "sister republic" of the Iranian theocracy in Iraq's future. The religious scholars in Najaf know that theirs is a country that differs from Iran; it is a checkered country of multiple communities. The Shiite secularists know this as well. Besides, the Iranian state next door offers no panacea today, only terrible economic and cultural sterility. It has been Iraq's luck that Ayatollah Sistani was there when most needed. A jurist of deeply quietist bent who embodies Shiism's historical aversion to political redemptionism, he has reined in the passions of his community. He has held out the hope that history could be changed without large-scale violence, and without millenarianism. Grant the old man his due.

Admonitions have come America's way-- made by the Sunni order of power in neighboring Arab lands--of the dangers of Shiite emancipation. It was in that vein that Jordan's monarch, Abdullah II, warned of a "Shia crescent" that would extend from Iran to Iraq, Syria and Lebanon. Our leaders tell us that similar fears are put to them by other Arab rulers. The power of the Arabist worldview lingers in the State Department and in the ranks of the CIA, which retain a basic sympathy for the Sunni order. It is odd, to say the least, that we would fall for this trap. The terrors of Sept. 11, 2001, were not Shiite. Saudis and Egyptians brought soot and ruin to America; and it is a Jordanian from the town of Zarqa--with Zarqawi as his nom de guerre--who is sowing death in the streets of Iraq.

Young American soldiers are not dying in Iraq to uphold the sectarian phobias and privileges of the Arab elites. For if this campaign in Mesopotamia has a broader moral claim, it is to rid the Arabs of the atavisms that have poisoned their life. We can't underwrite Sunni dominion anymore than we can support Shiite radicalism. A Shiite bid to dominate Iraq is sure to be broken, turned back by the Sunni Arabs and the Kurds. Nor can we accept at face value the assumption that the Shiites of Iraq are a monolithic force. There are deep wells of anticlericalism among them. If the past is any guide, competing Shiite factions will cast about for alliances across the sectarian lines, among the Sunni Arabs and the Kurds.

It is no small irony that the American project for opening up the politics of the Arab world is being launched from Iraq. At first glance this would seem to be the most forbidding of landscapes. Arabs of my generation who came into political awareness in the '50s were raised to an idea of Iraq as a turbulent and merciless place. But this is the hand that history has dealt us. Americans may be strangers in the Arab world, but a bitter frustration with the ways of the Arabs, born of 9/11, has pushed America deeper into Arab life. That frustration has given urgency to a new determination to reform the Arab condition, to strike at that cluster of unreason and anti-Americanism that has poisoned Arab culture. We haven't been particularly skilled at that, and perhaps no foreign sword could cut the Gordian knot of an old, stubborn culture. But there is nobility in what is being attempted. Under Anglo-American protection the Kurds, for decades the victims of official persecution, were able to build a decent, moderate political world in their ancestral north. Now the work of repair extends beyond the Kurds, and Iraq today represents the odd spectacle, a veritable reversal of intellectual galaxies, of a conservative American president proclaiming the gospel of liberty while liberals fall back on a surly belief that liberty can't travel, can't spread to Muslim lands.

Leave aside American liberalism's hostility to this venture and consider the multitudes of America's critics in Arab and European intellectual circles. It is they today who propagate a view of peoples and nations fit--and unfit--for democracy. It is they who speak of Iraq's "innate" violence. For their part, the men and women in Iraq--who make their way to the ballot box, past the perpetrators of terror--will be witnesses to the appeal of liberty. In their condescension, people given to dismissing these elections say that Iraq is the wrong place for a "Jeffersonian democracy." (Forgive the emptiness of that remark, for America itself is more of a Hamiltonian creation, but that is another matter.) No Jeffersonianism is needed here. A kind of wisdom has been given ordinary Iraqis--an eagerness to be rid of the culture of statues and informers and terror. It takes no literacy in the writings of Mill and Locke to know the self-respect that comes with choosing one's rulers. Though it would not be precisely accurate to speak of the "restoration" of democracy in Iraq, older Iraqis have a memory of a more merciful history. Now Iraq has to be rehabilitated. These elections--flawed, taking place alongside a raging insurgency--are part of the rehabilitation of this deeply wounded country.

There is no need to dwell on the "demonstration effect" of this election, or on its meaning for other Arabs: it takes place under their gaze. Let Iraq's Arab neighbors draw their own conclusions about the legitimacy of political liberty. Let them see Iraqi women both vote and contend for seats in the assembly. Iraq is already the battleground between Arab authoritarianism and participatory politics. Its fate, we must know, will either embolden the forces of openness or sustain the autocrats in their argument that there is no alternative to their way.

"They can't vote. If anybody goes to vote, they will be killed," a spokesman for the large Dulaim tribe, in Sunni-dominated Anbar province recently said. Fair enough: an endeavor is often clarified by its enemies. That is the other vision of Iraq, and Iraqis know all too well its terrible harvest. History has cunning; some eight decades ago, the Shiites turned their backs on the new Iraqi state, and chose insurgency and a terrible anti-British campaign. The die was cast, and the Shiites lost: they were left with the legend of their revolt--the 1920 rebellion, and its hollow consolations. The Sunni Arab political elites came into possession of Iraq. The Sunnis know this history. After their fury is spent, after the jihadists who crossed into their country are hunted down, there is sure to come to the Sunnis some reason and some compromise, a recognition that the old dominion is gone, and that the battered country will have to be shared.

Mr. Ajami is a professor at Johns Hopkins.

Copyright © 2005 Dow Jones & Company, Inc. All Rights Reserved.

Publié par jc durbant le 9 février 2005 à 10:04