« Money changes everything | Accueil | Une question de mesures »

14 août 2007

Armées sans guerrier et guerriers sans armée

Les armées ont la réputation d'être des institutions attachées aux traditions, respectueuses de l'histoire, voire même tournées vers le passé. Pourtant, il est un domaine dans lequel elles ont connu une évolution aussi rapide qu'inquiétante : leurs mœurs, leur mentalité, leurs coutumes - bref, leur culture. J'ai l'impression que les formations militaires aujourd'hui ont l'air de rassemblements scouts par rapport à ce qu'elles étaient voici 20 ou 30 ans. Tout est plus calme, plus ordré, plus mesuré, plus tempéré qu'avant ; plus précis et plus technique aussi, voire plus complexe. Mais ces armées de l'ère numérique, dopées à l'électronique et aux présentations PowerPoint, ne paraissent guère avoir beaucoup de guerriers.

Il faut dire qu'une pression extérieure considérable s'exerce sur la moindre aspérité. Aimer les armes à feu est mal vu, car les armes sont dangereuses, on le sait ; s'afficher avec des armes confine à la provocation. Aimer la fusillade, les exercices de combat, les tirs bien nourris, est vite suspect : on ne veut pas de Rambos dans les rangs (et le dire est un refrain incontournable). Aimer la confrontation ou la bagarre est interdit : on veut des soldats présentables et dociles, pas des brutes ou des violents. Quant à aimer le combat, autant l'exprimer par wargame ou jeu vidéo interposé, sous peine d'être considéré comme trop dangereux pour les armées démilitarisées et émasculées de notre temps (toute ressemblance avec un assessment pour candidats instructeurs est purement intentionnelle).

Les lignes ci-dessus forcent le trait et ne tiennent pas compte de différences importantes d'un pays à l'autre ou d'une arme à l'autre. Elles témoignent toutefois d'une telle tendance à aseptiser et à édulcorer les rangs, à nier la nature violente et antagoniste de la fonction militaire, que la capacité même des armées à faire la guerre doit être mise en doute. Il est vrai que toutes les missions subsidiaires, auxiliaires et humanitaires qu'on leur impose, et qu'elles en viennent à accepter avec reconnaissance puisqu'elles se croient un mal nécessaire, ont pour effet de décevoir ou de dégoûter tous ceux qui ont à cœur de pratiquer le métier des armes. Surtout dans une société qui dévalorise systématiquement les traits de caractère masculins, tels que l'agressivité ou la compétition.

Mais l'économie globale de la sécurité recherche avidement ces guerriers, qui sont de plus en plus nombreux à pratiquer leur métier dans des sociétés militaires privées, et qui retrouvent l'environnement rude, martial et machiste dans lequel ils prospèrent. La demande galopante que génèrent les conflits déstructurés de notre ère exige en effet des réponses rapides et efficaces, voire brutales, et non les apparences dont peuvent se satisfaire les armées des pays réputés en paix. Cette sous-traitance des prestations combattantes a d'ailleurs des avantages politiques certains, puisqu'elle permet d'obtenir des prestations sécuritaires sans se salir les mains ; mais à force de privilégier les armées sans guerrier, on risque surtout de dépendre des guerriers sans armée au point d'en être otage.

Publié par Ludovic Monnerat le 14 août 2007 à 23:07

Commentaires

Souvenez vous des débuts de la guerre de 14 : Joffre a limogé, en trois semaines, plus de la moitié des généraux pour incapacité.

La prochaine guerre, ça sera pareil, mais pour l'armée entière, si on en a le temps.

Les qualités d'un soldat et celles d'un officier en temps de paix, celles qui assurent la promotion, ne sont pas celles du temps de guerre. En France, nous avons eu une longue habitude de cette situation.

Ce n'est pas nouveau (relire Le fil d l'épée d'un certain C. De Gaulle).

Nos armées sont peuplées d'officiers de salon et d'experts de Powerpoint, c'est moins salissant qu'un champ de bataille et moins fatiguant.

Exemple : on parle beaucoup dans les armements sophistiqués du "cost per kill". C'est typiquement une notion de guerre de salon : sur le terrain, dans une vraie guerre, on utilise l'arme la mieux appropriée ou tout simplement celle qu'on a sous la main, sans calculer "Je tire sur un taliban qui, tout mouillé, vaut 1000 $. Vais-je employer la grenade à 100$ ou le missile à 10 000 $ ?"

Des fois ça se passe très mal, 1870, 1940, des fois un peu moins mal, 1914.

Mais quoi ? L'impréparation, la gabegie, les confortables usages du temps de paix se paieront comme d'habitude, avec le sang des soldats, de ceux qui voudront bien combattre, évidemment.

Publié par fboizard le 15 août 2007 à 8:26

Scepticisme

Je ne suis pas certain que l'évolution de l'esprit militaire au sein des armées, soit en lien avec le développement de société de sécurité privées (comme vous semblez le sous entendre). En revanche, vous avez mis le doigt sur un effet pervers de l'utilisation de ces structures privées. C'est finalement un choix politique sur lequel les citoyens ont la possibilité de s'exprimer directement ou indirectement.

Quant à l'esprit « Rambo », il me semble plutôt que l'on demande aux militaires de savoir faire la part des choses et de parvenir à laisser leur combativité et leur agressivité au vestiaire, lorsqu'ils quittent le terrain d'exercice...

Publié par Alex le 15 août 2007 à 8:39

Il y a un côté humoristique dans ce que vous décrivez sur ce billet, qui correspond bien à la déliquescence générale de la société.
Ne peut-on voir aussi ici une expression de la transformation matriarcale de la société ?

Publié par Juan_rico le 15 août 2007 à 9:08

Je crois que fbolzard a mis le doigt sur ce qui devrait se passer lors de la prochaine crise majeure impliquant le recours à l'armée, on peut rêver. Les neuf-dixièmes des officiers généraux seront mis au rencard au profit de quelques uns, plus compétents par mauvais temps. La troupe et les officiers subalternes savent bien avec qui ils veulent aller à la guerre. Si je me réfère à ma modeste expérience, ceux de l'échelon supérieur avec qui je serais parti au combat se comptent sur les doigts d'une main.

Publié par jeambi le 15 août 2007 à 9:32

"Mais l'économie globale de la sécurité recherche avidement ces guerriers, qui sont de plus en plus nombreux à pratiquer leur métier dans des sociétés militaires privées..."

Je vois une analogie avec le jeu moderne de la séduction tel qu'il s'exerce aujourd'hui entre les hommes ou les femmes ou plus exactement selon les règles fixées par "Big Mother". Donc, le système nous répète à l'envi que les femmes préfèrent désormais les hommes sensibles, à l'écoute de leurs félures, ouverts, arrangeants, bref des hommes féminins. Mais quand le temps se met à l'orage, c'est toujours et encore vers le mâle alpha que la femelle se tourne, selon les lois immuables de l'espèce.

Il en va de même de nos jours pour la chose militaire. C'est peut-être le capitaine Powerpoint, le colonel Valeurs et le général Sécurité qui tiennent le haut du pavé dans les défilés, mais si la météo vire à l'orage de plombs, on verra bien vite le sergent Guam ressurgir de derrière les rangs!


"mais à force de privilégier les armées sans guerrier, on risque surtout de dépendre des guerriers sans armée au point d'en être otage."

Le retour des landsquenets et des compagnies... la révolte des prétoriens peut-être aussi.

"Mais quoi ? L'impréparation, la gabegie, les confortables usages du temps de paix se paieront comme d'habitude, avec le sang des soldats, de ceux qui voudront bien combattre, évidemment."

Notre époque veut aussi que tout soit calculé, prévisible, organisé. Or, le désordre, la désorganisation momentanée font partie intégrante de toute action militaire. Celui qui gagne, c'est celui qui a les capacités martiales, naturelles ou intrinsèques, pour pallier l'état de déséquilibre inhérent à toute période de non-paix.

Publié par fass57 le 15 août 2007 à 10:03

C'est particulièrement bien vu!

J'ai fait moi-même une constatation de ce genre...

J'ai connu l'époque 1970 -1985, où les personnels étaient très combattifs, militaires, parés à agir... Les chefs haut-gradés que nous avions étaient pratiquement tous issus de la France libre, les plus jeunes avaient pratiqué la Corée, l'Indochine, l'Algérie et autre T.O.E. Ils n'étaient pas du tout choqués lorsque nous faisions des cartons au mat 49 sur des boites de conserves, ou des bouteilles amarrées à une ficelle... Ou lorsqu'il y avait une bagarre : 8 jours d'arrêts et c'était réglé par le capitaine d'Arme ou par les choufs...
Quand un marin descendait la rue de Siam ou la rue du Chevalier Paul à Chicago en braillant un peu fort, le bourgeois se ramassait et n'appelait pas la police... Maintenant, c'est toute une affaire d'Etat : les journalistes, le ministre, le maire, le MRAP, et autres associations de chaisières...
Tout le monde devant un jeu vidéo!... Defense d'avoir un esprit combattif! : aimer faire des cartons? cà choque! On est "facho" tendance FN!... Faire du judo ou du karaté? Cela dénote un esprit malade!.... Bloguer sur le sujet? C'est de la paranoïa!.... S'il faut se "fritter" ? Hop: les pompiers et une cellule psychologique! Puis le juge d'instruction!...

Les "politiques" et les associations "bien-pensantes" ont développé depuis 1981 une mentalité de "looser"...

Dans les écoles militaires on développe plus la "gestion" que les arts militaires...
Quand je suis entré au service en 1970, au stand de tir on brûlait 400 à 500 munitions, voire plus (PSA, MAT, MAS, AA52)...chacun dans la séance : au posé, au déjetté, etc... Quand j'ai quitté, même pas un chargeur dans l'année!!!

L'esprit de défense et l'esprit de combattant ont été dévoyés par les enseignants, les associations + ou - gauchisantes, par les associations féministes.... On a châtré les hommes, et tout ça ça va avec la montée des "mignons" et autres tarlouzes dans la société....

Publié par Ar Brezonneg le 15 août 2007 à 10:21

Du calme!!

Je pratique plusieurs sports de combat, occasionnellement du tir et je n'ai pas l'impression d'être perçu comme un ET par la société.

D'autre part, quand j'ai fait mon ER (explo), il y avait déjà pas mal de personnes douillettes, se plaignant de la rigueur de la vie militaire. Je ne suis pas certain que tout se délite comme bon nombre d'intervenants aiment à le souligner. Et si c'était tout de même vrai, ne porte-t-on pas une part de responsabilité ??

PS J'ai l'impression que certains aiment se faire peur ou espère secrètement que cette "déliquescence" soit réalité, pour façonner un monde qui correspondrait mieux à leurs points de vue.

Publié par Alex le 15 août 2007 à 11:12

"Mais quand le temps se met à l'orage, c'est toujours et encore vers le mâle alpha que la femelle se tourne, selon les lois immuables de l'espèce."

C'est pourquoi des jeunes filles bien françaises se tournent vers des islamistes, ce sont de "vrais" mâles, qui ne s'encombrent pas de sensiblerie et d'égalité des sexes.

Pour les plus évoluées, l'argent tient lieu de substitut à la force brute.

Tout cela n'empêche pas les sentiments.

"J'ai l'impression que certains aiment se faire peur ou espère secrètement que cette "déliquescence" soit réalité, pour façonner un monde qui correspondrait mieux à leurs points de vue."

C'est possible, je n'en suis pas si sûr. Cependant, pour aller de votre sens, il ne faut pas oublier qu'en France, nous avons eu la Résistance.

C'était certes une minorité, mais elle a révélé qu'il ne fallait pas trop se précipiter pour enterrer le peuple, il a plus de ressources que la technocratie n'en imaginera jamais.

Qui aurait pu imaginer en 1939 que l'instituteur Guingouin deviendrait le "préfet du maquis" ou qu'un producteur de cinéma, ex-courtier d'assurances, père de 5 enfants, deviendrait le colonel Rémy ?

Pour en revenir à la combativité, les nations occidentales ont une longue tradition guerrière, elle ne disparaît pas d'un coup.

Publié par fboizard le 15 août 2007 à 11:41

Ca me fait penser à il y a quelques années dans un quartier de Berne (sauf erreur) où suite à l'agression de plusieurs militaires par des civils, leur commandant n'avait rien trouvé de mieux que de leur interdire d'aller dans ce quartier lors des sorties. Alors que selon moi il aurait plutôt du dire "allez dans ce quartier et cassez-leur la gueule".

Parce que je vois mal la crédibilité de soldats incapables de se défendre contre quelques petites frappes...

Publié par Fred le 15 août 2007 à 14:09

"Parce que je vois mal la crédibilité de soldats incapables de se défendre contre quelques petites frappes..."

Cher ami, vous ne comprenez rien aux armées modernes :-)

Elles ne sont pas faites pour combattre mais pour défiler. Dans cette optique, la réaction du commandement est tout à fait saine. Se battre avec des petites frappes, ça salit les uniformes, le défilé qui suit est moins clinquant.

Ceci étant dit, j'ai vu il y a quelques années dans le métro parisien un légionnaire en perm' tuer par accident un SDF qui agressait une vieille dame.

La prise qu'il avait portée au SDF à la santé entretenue au gros rouge qui tache avait été fatale.

Les policiers avait signifié au légionnaire qu'il serait bien vu qu'il prît la rame suivante avant qu'ils aient le temps de relever son identité.

Les choses se passeraient elles ainsi aujourd'hui, ? Je n'en suis pas sûr.

Au fait, notre débat ne serait-il pas lié à la féminisation des armées ? Y a-t-il beaucoup de femmes dans les milices privées ?

Publié par fboizard le 15 août 2007 à 14:46

Le guerrier, c'est celui dont le métier est de faire la guerre. Mais aujourd'hui on ne fait plus la guerre dans bon nombre d'armées occidentales. Tout au plus va-t'on en opération de maintien de la paix, de protection, etc... Ces opérations ont d'ailleurs leurs gloires sur le terrain, mais rarement au sein de la société pour qui elles constituent souvent le fond sonore du repas de midi.
Quel peut donc être le but d'une armée qui ne va pas en guerre, son utilité militaire réelle ? Outre marquer quelques points, utiles ou non, pour le pouvoir politique, on peut trés bien imaginer que le but d'une armée de temps de paix est de maintenir un certain nombre de savoir-faire, et de servir de premier rempart en cas d'attaque en attendant une mobilisation, même s'il serait aujourd'hui inqualifiable d'évoquer de tels cas.
Le vrai guerrier émerge dans la bataille, que celle-ci soit au front ou devant une carte d'état-major. En attendant, il existe des "militaires" qui maintiennent les compétences. Cela ne me fait pas plaisir de dire cela, mais peut-être les choses se passent-elles ainsi.
Récemment, au cours d'un exercice avec l'armée britannique, un commandant de compagnie anglais a fini en ces termes sa présentation de l'exercice : "be aggressive". J'ai trouvé cela trés bien, car jamais je ne l'aurais entendu chez nous, du moins pas aussi clairement, de peur que nos hommes ne fassent pas bien la part des choses. Pourtant, un vrai guerrier est un soldat intelligent, au moins sur le terrain.
Si un jour, nous devions mener à nouveau une lutte pour nos "interêts vitaux", il est certain que de nouveaux guerriers émergeraient, car sans eux, point de guerre. Ces guerriers ne seraient pas forcément les militaires de la première heure, professionnels recrutés en temps de paix, mais ils finiraient bien par se réveler.

Malheureusement, on pense aujourd'hui que puisqu'il faut des guerriers pour faire la guerre, ne pas en avoir est bon pour la paix. C'est prendre le raisonnement à l'envers. Mais face à cela, en temps de paix, et sans menace majeure, il est des choses impossibles à expliquer à ceux qui rejettent en bloc la violence du monde.

Je me dis tout de même sur le plan purement personnel, qu'il existe toujours aujourd'hui une "voie du guerrier", dont il faut chercher soit même le chemin, même si la chose est ardue.

Lirelou

Publié par Lirelou le 15 août 2007 à 15:54

__C'est peut-être le capitaine Powerpoint, le colonel Valeurs et le général Sécurité qui tiennent le haut du pavé dans les défilés, mais si la météo vire à l'orage de plombs, on verra bien vite le sergent Guam ressurgir de derrière les rangs!__


Tiens, bas d'ailleurs, si quelqu'un a l'âme d'un Napoléon, c'est justement comme cela que lui et ses futurs généraux ont pu monté si rapidement dans l'armée à cette époque : la Révolution avait fait le ménage dans les rangs.
En cas de gros pépins en Europe, donc en France, je ne doute pas que cela se reproduise également.

Publié par Three piglets le 15 août 2007 à 16:38

Ouais, y'a qu'à voir ces petites tapettes avec leurs sacs à roulettes tortiller du cul...
Moi je me suis fait virer durant l'EC, parce que je ne vois pas pourquoi je me ferais commander par une petite tapette dans un bunker enfermé avec plein d'autres petites tapettes pendant que ma femme et ma fille se font violer en plaine.
ça a de beaux uniformes propres, ça gueule quand ça bouffe pas chaud et ça porte un joli fusil en plastique car l'ancien était trop lourd...
Moi j'en tuerai tout de suite un, lui piquerai son fusil et je ferai mon boulot, sans état d'âme, sans petit livre de l'ONU à respecter et sans prisonnier à faire. Ce n'est pas dans l'armée actuelle que vous trouvez des hommes prêts au sacrifice, juste quelques petits branleurs bien dociles, mous du bide et de la queue...
Vous verrez qu'en plus ces gars poursuivront les vrais guerriers pour non respect des lois et coutumes de guerre, pendant que l'ennemi fera son sale boulot, avec la bénédiction d'une générale Calimity-Rey....

Publié par non à l'armées de loppettes! le 15 août 2007 à 16:42

Au final, il faut se demander si "les lopettes" appellent "les lopettes" au sein des forces armées. En effet, ceux-ci agiraient peut-être comme une sorte de repoussoir à bons soldats. Ne resteraient alors que les fonctionnaires camouflés.


Publié par Xavier le 15 août 2007 à 17:34

Merci à tous de ne pas dériver dans l'invective et dans l'irrespect gratuits. Les jeunes adultes qui font leur service aujourd'hui le font dans des conditions qui ne sont pas comparables à celles d'il y a 20 ou 30 ans. L'objectif de ce billet n'était en aucun cas de dénigrer ceux qui font l'apprentissage du métier de soldat, mais de décrire un phénomène général...

Publié par Ludovic Monnerat le 15 août 2007 à 17:54

J'avais bien conscience du caractère irrespectueux du terme réemployé. C'est aussi pour celà que les guillements furent utilisés. Les expressions "Powerpoint" "Valeurs" "Sécurité" sont de meilleur emploi en effet.

Mes excuses si j'ai pu contrarié quelqu'un.

Quoi qu'il en soit, il est inutile de blâmer nos soldats pour ce qu'ils sont devenus. Il faudrait plutôt s'intéresser à ceux qui ont créé les conditions actuelles de leur formation. Conditions qui, comme le souligne notre hôte, n'ont rien de comparables à celles d'il y a 20 ou 30 ans.

Publié par Xavier le 15 août 2007 à 18:26

Je trouve ces réactions trés interressantes, car elles montrent à quel point la définition du guerrier est dure à établir. Je ne pense pas qu'il faille le définir par contradiction à tout ce qui se fait aujourd'hui, et ainsi s'imaginer le "vrai guerrier" ne pas faire de quartier ni de prisonniers et commettre de temps à autre des actes contraires aux codes internationaux. Le guerrier, dans toute tradition humaine, est indisociable de la notion d'honneur, de parole donnée, de comportement droit, juste, réglé. La société confère au guerrier un droit exceptionnel, celui de transgresser l'interdit de tuer du temps de paix. Elle ne fait pas ceci à la légère en armant le premier fou-furieu venu. Il y a un "devenir-guerrier" qui vise à inculquer à celui-ci des valeurs, des références et des types de comportement. Autrefois, ce système était tout à fait organisé, de l'hoplyte grec au chevalier europée en passant par le cavalier turco-mongol. Aujourd'hui, cela peut paraître moins organisé, voir pas du tout. Apparaissent alors au sein des armées des sortes de bandes, quelle qu'en soit leur taille, qui appliquent encore, ou essai de le faire, un tel processus. J'entends par là des groupes de guerriers, avec un chef charismatique, et des jeunes ayant envie de lui ressembler dans le respect des règles tacites établies par ce groupe. Le chef, et tout guerrier doit potentiellement pouvoir en assurer les fonctions au moins à quelques niveaux au dessus du sien propre s'il le faut, propage sa vision du monde à ceux de son groupe, et crée une sorte de caste dont les valeurs ne se retrouvent pas dans le monde civil (ou peu, et l'on a parfois des surprises), et même dans d'autres unités de l'armée de temps de paix et même de guerre. Ce n'est pas pour autant qu'il transgresse tous les interdits : il est un guerrier et non un barbare, dans une vision occidentale de la chose. Ainsi le guerrier occidental, dans la tradition qui s'est forgé depuis plus de 2000 ans, et même si les faits lui sont parfois contraires, n'attaque pas un individu désarmé, prend un minimum soin des prisonniers, etc...
Pourquoi cela ? parce que contrairement au combattant moyen qui ne peut être tout à fait lui-même sur le champ de bataille du fait de la peur, du stress, etc... et qui pour se rassurer bestialise son ennemi, le vrai guerrier, lui, sait que l'autre est aussi un être humain, comme lui, et le respecte. Je ne me fais pas de représentation mentale absurde, j'ai simplement travaillé sur ce thème, et lu et parlé avec quelques individus que l'on peut aujourd'hui qualifier de guerrier, tels que le général Bigeard (Fr), Hélie de Saint-Marc, et bien d'autres anonymes.
Ceux-là se confient difficilement, et c'est aussi à cela qu'on les reconnait, car ils connaissent bien tous les paradoxes de leur statut au sein de notre société.
Je pourrais en écrire des pages là dessus... Bref, il n'est pas facile de se mettre sur la voie du guerrier véritable (et non du barbare), et ne nous targuons pas trop vite de conduites au feu exemplaires mais jamais réalisés. Le matamore est à mon sens bien pire que le soldat qui sait son inexpérience.

Lirelou.

Publié par Lirelou le 15 août 2007 à 18:40

Lirelou? C'est "le" personnage de Larteguy? Dans les mercenaires et les centurions...
"Apparaissent alors au sein des armées des sortes de bandes, quelle qu'en soit leur taille, qui appliquent encore, ou essai de le faire, un tel processus"

Oui, j'ai observé ce processus à plusieurs reprises et c'est très curieux d'ailleurs cette forme d'agrégation!...

Publié par Ar Brezonneg le 15 août 2007 à 19:24

c'est bien lui :) mais seulement dans "les mercenaires". Et il ne représente pas Lartéguy, qui ne s'est d'ailleurs pas vraiment représenté dans ce livre contrairement à dans d'autres, comme il l'explique dans "la guerre nue". J'aime beaucoup le personnage de cet officier plus ou moins marginal et au fond terriblement libre. Mais je n'ai aucune prétention à travers cela.

Sinon, en effet, ce type d'agrégation est curieux, mais trés interressant et au coeur du bon fonctionnement des unités en opération et en condition de stress. Cependant il apparait souvent dangereux et contre-productif à ceux qui s'y heurtent, bien que de la même armée.

Lirelou.

Publié par Lirelou le 15 août 2007 à 20:17

Il faut bien voir que le guerrier n'a pas disparu, il est un invariant du genre humain. Mais simplement il ne se retrouve plus dans les armées régulières, car celles-ci sont soumises à la loi publique, et ce qui est public doit nécessairement être "bon" et "pacîfique". Cette réalité contraste violemment avec le privé, que ce soit dans le domaine du mercenariat, mais aussi dans toute la société économique. Les vrais guerriers sont là : les tueurs en cols blanc, qui ont leur énergie et leur agressivité à leur service propre, dans une entreprise qui les paiera bien pour se défoncer dans leur job et "tuer" collègues et adversaires. La dichotomie entre le secteur public (qui par définition appartient à la communauté, et doit donc partager les valeurs positives) et le secteur privé (où tout est permis, de plus en plus) fait que les guerriers, qui en sont toujours, choisiront le second plutot que le premier. C'est sûr que les guerriers modernes sont moins physiques, mais tout aussi cruels et brutaux

Publié par Souflette le 15 août 2007 à 21:01

@lirelou

Oui ce personnage m'avait fasciné quand j'étais jeune, et m'avait amené à réflechir par la suite... Tout comme celui -réel- du Crabe Tambour...

vous dites "Cependant il apparait souvent dangereux et contre-productif à ceux qui s'y heurtent, bien que de la même armée"
Actuellement sans nul doute. Toutefois, je pense que ce genre d'accrétion autour d'une personnalité est très efficace à condition de savoir les détecter et de s'en servir ! Le Lt-Colonel Bigeard appréciat ce genre d'hommes... A condition qu'il puisse les controler!...

Publié par Ar Brezonneg le 15 août 2007 à 21:49

Je ne suis pas vraiment d'accord.

Le guerrier européen ne peut vraiment se comprendre que dans le cadre d'une société tripartite.

Or, le mercenaire qui se met au service d'une entreprise privée devient simplement le domestique de l'ordre marchand.

Publié par fass57 le 15 août 2007 à 21:54

L'épilogue du "Crabe-Tambour" est annoncée par cette citation:

"Conduire une barque au naufrage. Savoir qu'elle y va. L'y conduire. D'une main sûre. Jean Chauvel"

Cette attitude hiératique, cette acceptation stoïcienne face à l'inéductabilité des choses fait intrinséquement partie de l'esthétique du guerrier, qui se place par nature aux antipodes des valeurs de l'ordre marchand (1). Or, d'esthétique dans la chose militaire, je n'en vois plus guère aujourd'hui. Parlez-en à de jeunes officiers, ils ne sauront, pour la plupart, même pas imaginer ce que vous évoquez. Evidemment, il y a des exceptions, mais les gens en question doivent savoir garder la flamme sous le manteau.

(1) l'exemple du militaire américain évoquant sa mission sous le terme de "job", comme s'il s'agissait d'un emploi au McDo du coin, est parfaitement symptomatique, alors que l'acte guerrier relève, a toujours relevé du sacré.

Toujours en citation dans le "Crabe-Tambour":

"Bien entendu, vous pouvez être trop sot pour risquer de vous dévoyer, trop borné pour soupçonner même que vous êtes assailli par les puissances des ténèbres. Joseph Conrad"


"Il n'y a de grand parmi les hommes que le poète, le prêtre et le soldat.
L'homme qui chante, l'homme qui sacrifie et se sacrifie.
Le reste est fait pour le fouet.

Charles Baudelaire"

Et si vous me trouvez trop pompeusement littéraire, je rappelle que dans l'ancienne Chine impériale, les officiers étaient tenus à passer des concours de poésie.

Car on ne saute pas dans une tranchée pour sacrifier à des valeurs marchandes.

Publié par fass57 le 15 août 2007 à 22:20

Je crois qu'il faut comprendre ce que dis Souflette à la façon du "fil de l'épée" du général De Gaulle. En temps de paix, la carrière militaire peut être dévalorisée et tout du moins ne pas sembler présenter de grandes perspectives d'ascension sociale, etc... aussi, les ambitieux, les "requins" pour reprendre un terme à la mode, se dirigent plutôt là où de telles perspectives semblent se présenter : aujourd'hui, se serait donc la finance, le commerce, l'économie au sens large en somme. Mais ce genre de guerriers ne sont pas ceux que recherchent les armées, et même les hommes comme chef de guerre, car ils sont avant tout des individus se battant pour eux et l'image qu'ils ont d'eux-même, leur ego. Le guerrier tel que le sens militaire l'entend est au contraire un être "collectif", il ne s'appartient plus vraiment dans le cadre de sa fonction, car il a une tâche à accomplir au nom des autres, il a parfois à mener d'autres guerriers et combattants à l'assaut, et pour receuillir cette adhésion jusque dans la mort, il doit être capable de les élever au quotidien. La fonction guerrière relève en effet beaucoup du sacré, chose absente en économie. Les sociétés militaires privées recrutent sans doute un certain nombre de guerriers, mais surtout beaucoup de personnes venant pour l'argent. Le guerrier viendra pour la cause ou le service à rendre. Tout cela peut paraître bien subtil et idéaliste, mais je pense que ces différences sont fondamentales pour comprendre le fonctionnement des hommes confrontés à la guerre.

Par contre ce qui se passe malheureusement souvent, c'est que de jeunes gens animés de valeurs guerrières nobles, même si une telle façon de parler peut choquer ou apparaître déplacée aujourd'hui, rentrent dans l'armée, et s'en retrouvent déçus car ils n'y trouvent pas ce qu'ils espéraient, et en sortent donc assez rapidement pour se ranger et oublier cela, ou pour, qui sait, attendre leur heure (consciemment ou non). Ceux-là trouvent alors dans le civil un paillatif à leurs espérances déçues, incarnée par la compétition commerciale, mais ce n'est qu'un paillatif de surface, dont ils se contentent faute de connaître autre chose. Ainsi, beaucoup de militaires recrutés durant des guerres quittent-ils l'armée aprés celles-ci, les trouvant ennuyeuses.

Pour Ar Brezonneg, en effet, Bigeard appréciait ce genre d'hommes, mais lui-même était un de ceux-là , et n'était pas appréciait de ce fait par beaucoup en "haut-lieu".

Pour Fass57, Stanislas de Boufflers, officier poète et académicien, a dit un jour que "le guerrier qui cultive son esprit polit ses armes". Alors oui, lisons, instruisont-nous et propageons cela, car ce semble être sur la voie du guerrier.


Lirelou.

Publié par Lirelou le 15 août 2007 à 23:31

Un seul mot:
BRAVO!

Publié par Damien le 16 août 2007 à 7:54

Je ne doute pas de l'existence du guerrier esthétique et de la grandeur du guerrier collectif, mais le billet de LM forçait le trait sur une autre image du guerrier, le guerrier tueur, viril, le carnassier qui bouffe de la mun' à longueur de journée...vision que j'ai personnellement de la peine à associer à l'idée de l'officier calme et serein dans la brutalité environnante (ou alors c'est de l'ordre du fantasme populaire). Si le second est en totale voie de disparition, suite à divers changements historiques et civilisationnels (le beau et le tueur sont inconciliables dans l'esthétique moderne), suite surtout à son statut de pur produit culturel, le premier, qui est une forme originelle de la nature humaine, se contrefout in fine allègrement des valeurs guerrières et de la grandeur du combat : il veut y aller, coûte que coûte, et qu'on le laisse en paix dans sa guerre. C0est d'ailleurs là la frontière entre la troupe et l'officier : la troupe est énergie brute, originelle, dionysiaque, l'officier est le rationnel, le meta-guerrier, la cristallisation du culturel dans la chose militaire. LM semblait regretter l'absence (voulue par la hiérarchie) des premiers, qui ne peuvent mourir mais vont voir ailleurs, les seconds eux ne sont déjà plus.

Publié par Souflette le 16 août 2007 à 10:55

J' aime ce genre de topics ;-)

Et Soufflette, mon pote je sais très bien que tu m' attends au tournant. Et comme par hasard je partage ton point de vue. Voyons plutôt :

Les "guerriers" ça n' existe pas. Le seul emploi de ce mot garantit une mentalité de "grande gueule", de romantique, de "minet wannabe commando". Il y a les soldats (techniciens du combat) et les autres (fonctionnaires, affamés de prestige, déchets sociaux,...)

Le soldat efficace est un passionné de doctrine, de SOP's et de technique individuelle.
L' appréhension des blessures et de la mort ? Il la gère en ayant confiance en ses collègues, ainsi que dans l' appareil de soutien mis à sa disposition, pas en fonçant dans le tas en se convainquant que "j' aime la douleur, je suis un homme dur".
La dureté de la vie en campagne ? Il se ménage un maximum de confort en trouvant des solutions bien pensées aux problèmes de froid, d' hygiène, de nutrition et autres.
L' accomplissement de la mission ? Il s' obtient en étant capable d' appliquer en toute situation des schémas tactiques bien pensés, pas en hurlant à tout va comme un contremaitre portugais sur un chantier (= Légion Etrangère, l' armée la plus incompétente d' occident).

Souflette met la frontière entre la troupe et l' officier ; on peut aussi la mettre entre forces spéciales et armées des gros cons. Que ceux qui se sont déjà entrainés avec des gens des FS se rappellent de l' ambiance : plutôt confrontation d' egos ou décontraction modeste ?

@ Ludovic Monnerat :

"l'environnement rude, martial et machiste" des SMP ? Connaissez-vous au moins des gens travaillant en SMP ? J' ai pour ma part effectué 3 stages en SMP, sur 3 continents, et je puis vous assurer que l' ambiance est plutôt polie et professionnelle, cf les commentaires de notre ambassadeur à Baghdad sur ses gardes du corps de Meteoric Tactical Solutions. En Grande Bretagne on nous fit même mettre notre égo en poche, littéralement.

Synthétisons avec un exemple parlant : quand s' affrontent d' un côté les moujahidins, machos, prêts à y rester, primitifs, et de l' autre les soldats occidentaux instruits, équipés, soutenus psychologiquement, comptant dans leurs rangs des FEMMES, qui gagne ?

Publié par Luc B le 16 août 2007 à 14:48

C'est amusant cette philosophie de "guerriers de salon", cela me fait penser à ces gradés se faisant la guerre poliment à coups de partie d'échec, loin du conflit, pendant que des gamins se faisaient faire boucherie à Verdun, en 14-18...
Vous voulez le prototype du vrai guerrier moderne?
- Militant du Hamas
- Hezbolah boy
- kamikaze enturbané
...qui mettent une grande raclée à de super puissances technologiques, dont chaque mort coûte à l'ennemi 10000 fois plus que celui fait dans ses rangs, utilisant un matériel sommaire, robuste et léger.
Un gars n'ayant pas peur de se mêler aux populations civiles, histoire de recevoir de la part de l'ennemi des renseignements sur les cibles et les heures auxquelles celles-ci seront frappées...tant les militaires de salon du camp adverse on peur de l'opinion publique...
Des troupes légères indépendantes, ne recevant pas d'ordre contradictoires de la hiérarchie les faisant tourner sans flotte dans le désert.
Et une armée cela s'entraine, et pas sur des simulateurs mais sur des conflits, réels.
...le dernier entrainement du genre pour l'armée suisse, c'était il y a presque un siècle, à Bâle, en tirant sur une foule de grévistes!
(et que l'on ne parle pas des missions de la paix au Kosovo ou autre, comme j'ai pu l'entendre de la part de gradés qui vous donnaient l'impression d'avoir fait la guerre à eux seuls. Des gars qui avaient besoin de la protection des Allemands pour pas se faire piquer leurs super puma!)
La littérature militaire est à la culture littéraire ce que la fanfare militaire est à la musique.
Je n'ai point mis de mots choquants certains yeux sensibles, vu la grande sensibilité environnante...qu'est-ce-que cela sera si un jour certains verraient leurs potes de tranchée le bide ouvert et la tête arrachée par un obus!
Le général Bigard, ça c'était un gars, avec un vrai langage militaire qui sentait la poudre...

Publié par nonà l'arméede........ le 16 août 2007 à 15:43

"Légion Etrangère, l' armée la plus incompétente d'occident"... Qu'il me suffise de citer cela pour dévaloriser tout votre propos. Il n'y a qu'à regarder les faits, et ils sont nombreux.

Quant à l'inexistence du guerrier ou son existence en tant que fantasme romantique, ceci ne fait que poser la définition du mot guerrier, qu'on le prenne dans son sens actuel et souvent péjoratif, ou plus ancien et plein de sens. Ainsi, le guerrier deviendrait alors le soldat efficace et serait toujours succeptible d'existence. Mais en la matière, en jouant sur les mots on prouve tout et son contraire.

Pour ce qui est de l'appréhention de la douleur et surtout de la mort, il existe de nombreuses façons de la gérer, ainsi que l'ont montré les études psychanalytiques réalisées pendant et aprés les guerres. La confiance en ses "collègues" (mot qui d'ailleurs ne survit pas à une guerre prolongée chez ceux qui combattent) n'en est qu'un aspect trés incomplet. On peut citer ceux qui acceptent en bloc l'idée de la mort possible et qui à l'extrème pensent que de toute façon, ils sont déjà morts, ceux qui pour se libérer vont au devant du danger, et à l'extrème adoptent des caractères suicidaires, ceux qui sont complétement inhibés par l'action et peuvent en être paralysés, etc... Je n'invente pas, loin de là : lisez Paul Fussel dans "psychologie et comportement pendant la seconde guerre mondiale", une des plus large études, réalisée sur plus de 400 compagnies de combat américaines, ou encore "Psychanalyse du guerrier" de Paul Barrois, medecin des armées française spécialiste de la psychologie militaire, et ayant commencé sa carrière jeune medecin en Algérie, et bien d'autres études encore. Allez parler aux vétérans des guerres les plus dures : aucun ne vous dira que ceux qui furent "grands" parmi eux ne survivaient et n'agissaient efficacement que par quelques astuces purement techniques. Il y a en effet chez ces hommes quelques choses d'autre, qui n'emerge que dans les cas extrèmes.

D'autre part, les forces spéciales ont un mode fonctionnement trés flexible et pragmatique, la légion est trés "carrée" et peut paraître lourde. Pourtant les deux fonctionnent trés bien, même si des frictions interviennent parfois lors des interactions entre les deux. Ces modes de fonctionnement correspondent à différentes doctrines d'emploi, et à différents types d'individus. De plus il ne faut pas trop vite qualifier d'armée de "gros cons" ce qui n'est pas FS, car sans cela, point de FS non plus, et pas d'efficacité du tout ...

à bon entendeur ...

Lirelou.

Publié par Lirelou le 16 août 2007 à 15:50

Des guerriers modernes occidentaux, il y en a toujours, quant à ceux du hamas et du hezbollah, leur fond d'instruction est souvent plus que correct, et on est parfois étonné de voir à quel point les djihadistes et kamikazes ne sont pas les "idiots du village" que l'on pensait.

Je cite, comme ça : les opérateurs Delta Force américains Gary Ivan Gordon et Randall David Shughart, tous deux médaille d'honneur du congrés à titre posthume pour être volontairement allés défendre un MH60 Blackhawk abattu à mogadiscio en octobre 1993 (Cf le film Blackhawk Down), le soldat Johnson Beharry du Princess of Wales' Regiment, victoria cross pour avoir sauvé trente de ses camarades sous le feu en Irak le 1er Mai 2004 (d'ailleurs il était dans l'infanterie mécanisée, sur VCI Warrior, c'est donc sûrement l'armée de "gros cons" selon la définition de certains...), le caporal Bryan Budd (victoria cross également) de la british army, mort en entrainant ses hommes à l'assaut des positions talibanes alors qu'ils étaient cloués au sol par leur feu, et dont le cadavre fut retrouvé auprés de trois cadavres talibans, etc, etc...

Des exemples comme ceux-ci, il y a en beaucoup au sein des armées qui font la guerre actuellement, et tous ne sont pas morts, cherchez donc un peu. La nostalgie, c'est bien, mais il ne faut pas en oublier la réalité, même s'il faut parfois pas mal chercher pour en trouver le fond.

Lirelou.

Publié par Lirelou le 16 août 2007 à 16:17

* je ne suis pas certain que Ludovic Monnerat, en appelant les armées actuelles à avoir des "guerriers", leur demande des "carnassiers", pas plus que des volontaires pour le sacrifice. Il me semble que le soldat le plus efficace est souvent celui qui veille à accomplir sa mission en préservant tous les moyens disponibles, dont sa vie.

* dans le billet de Ludovic Monnerat, à côté des sociétés privées, j'ajouterais, et en gros caractères, les armées de pays pauvres. Si le terme "d'armées sans guerriers" fait allusion à celui "d'industrie sans usines" (ou sans ouvriers), c'est que les guerriers sont maintenant dans d'autres pays que les centres de commandement.

Avec le même inconvénient que dans l'industrie : réactivité réduite, détérioration de la qualité de l'information.

Nos armées n'ont sans doute plus besoin ni d'infanterie mécanisée, ni de cavalerie, ni d'artillerie, ni d'aviation, ni de marine, etc., mais elles ont plus que jamais besoin de forces d'intervention rapide. "Agressives" autant que prudentes, capables d'écraser sous le feu comme de respecter chaque personne.

Publié par FrédéricLN le 16 août 2007 à 16:47

Cela ne doit pas être facile d'être un soldat dans une armée moderne. La paye est là , le matériel aussi, mais ce ne sont que critiques, règles d'engagement, dilemnes moraux, procès, lynchage médiatique si un journaliste traîne dans les parages, et dans la mère-patrie des politiciens qui bâtissent leur carrière politique sur votre échec - un échec qu'ils appellent de leurs voeux et essayent d'amener à travers leurs décisions.

Le moudjahidine a de son côté une vie guerrière nettement plus simple. Il a un armement de base, bricole des explosifs, frappe au mortier en aveugle. Il peut voler, violer, tirer dans le tas (civils, gamins...), s'abriter comme il veut et provoquer les dommages collatéraux qu'il veut, les gars d'en face seront toujours tenus pour responsables en fin de compte. Tous les médias sont de son côté, évoquant les pertes qu'il inflige avec emphase tandis que les pertes de son propre camp sont minimisées. Il a la certitude d'aller au paradis, sa famille bénéficiera de l'estime et de la solidarité religieuse, et il a même avec lui le respect et la compréhension des "élites" occidentales.

Oui, pas facile d'être un soldat dans une armée moderne...

Publié par Stéphane le 16 août 2007 à 17:31

"Tous les médias sont de son côté, évoquant les pertes qu'il inflige avec emphase tandis que les pertes de son propre camp sont minimisées"
Franchement, vos avis sont en général mieux pesés que celui-ci. tout ce qui est exagèré est futile...

Publié par Roland le 16 août 2007 à 20:06

Mon cher Fredéric LN, votre méconnaissance de la chose militaire me fait peur. Comme d'habitude, les hommes politiques dont vous semblez être ont une guerre de retard. Je cite "Nos armées n'ont sans doute plus besoin ni d'infanterie mécanisée, ni de cavalerie, ni d'artillerie, ni d'aviation, ni de marine, etc., mais elles ont plus que jamais besoin de forces d'intervention rapide. "Agressives" autant que prudentes, capables d'écraser sous le feu comme de respecter chaque personne."
Ce discours était tenu par tout le monde au début du conflit afghan.
J'ai pu moi-même constater l'incapacité des forces spéciales à remplir les missions traditionnellement dévolues aux armes de mêlée.
Lorsqu'une section d'Infanterie, soit 40 combattants lourdement équippés, réalise une embuscade, elle bénéficie d'une puissance de feu qui lui permet d'anéantir l'ennemi instantannément. Une section "spéciale" d'une dizaine de personnels avec 4 véhicules légers, devra prendre des risques bien plus importants pour faire le même travail.
A la guerre, il n'y a pas de panacée:
- le char lourd a montré en Irak qu'il était indispensable pour mener une guerre de mouvement avec un minimum de pertes.
- les forces spéciales ont montré leurs limites en Afghanistan, en effectifs et en puissance de feu. Elles restent meilleurs que l'Infanterie pour obtenir et exploiter le renseignement.
- Les fantassins et les cavaliers ont montré en Côte d'Ivoire qu'ils ne pouvaient remplacer ni les forces de police, ni les forces spéciales.
- Le cas Afghan démontre que l'aviation est trop lourde d'emploi pour l'appui des troupes au contact.
- Le cas Israél/Hezbollah démontre qu'on peut perdre une guerre en ayant la supériorité aérienne.
ETC.
La force d'une véritable armée moderne serait d'être prête pour toutes les guerres, et non seulement pour quelques "opérations".

Publié par Damien le 16 août 2007 à 22:36

"Un soldat ne peut pas être un mouton au quartier et un lion au combat" proverbe légionnaire.

Et dire qu'on trouvera toujours quelques intellos pour soutenir le contraire...

Publié par Damien le 16 août 2007 à 22:42

bon être un guerrier dans une armée moderne ...
oui quand je regarde le niveau de préparation opérationnel de certaine armée en europe ( france, espagne , allemagne, belgique, luxembourg ... etc) on a de quoi ce demandé si on marche pas sur la tête ! de la bouche même d'un de mes brigadier chef: "c'est fini on ne fera plus la guerre..." pourtant quand je li des bulletins d'informations sur des magasines de géostratégie, on ce bat en afganistan ! en irak ! en somalie! au darfour! en centrafrique une camarade infermière a du servir son famas pour défendre son contonement sous l'assaut des rebelles , cela ne vous dits rien ? en afganistan les troupes de l'otan se battent jusqu'au corps a corps ! alors oui c'est sur les gouvernements des pays que j'ai cité plus haut son inconscient d'envoyer des jeunes gars mal préparé phsycologiquement et techniquement dans des pays ou l'ennemi ces se battre ! a oui on ne doit plus dire ennemi je crois ? les années 80 pour nous combattant sont le symbole du début de certaine régression sous l'influence de mouvement gauchisant ! sa nous le savons ! mes le plan 2000 pour l'armée française n'est pas une réussite , bien qu'il fut autorisé sous un la présidence d'un HOMME de droite ! les femmes nous abrutisse ? avez vous oublié un premier ministre britannique féminin qui a mené la guerre des malouïnes et laissé crevé des prisonniers irlandais en prison ? réveil messieur ! laval et pétain êtaient des hommes et ils sont trahie la france, sans oublé toute l'influance qu'ils ont eu sur une génération de français !( je vous laisse médité sur cette phrase ...)
l'armée anglaise forme des guerriers! elle n'a pas oublié que le combat doit être le centre d'intéret de la formation du soldat ( tous grades confondu d'ailleurs!) oui des gradé rechigne a voir des nouvelles recrue faire des pompes sur les poings ! mais a givet ou a pau croyez moi ! vous dormez très peu , on vous lève durant votre sommeil pour réglé les comptes des conneries de la journées, et pendant que vous pompé comme un cochon avec vos potes qui ramassent autant que vous ! on vous ressace que vous êtes un guerrier ! nos armée non pas oubliez qu'il faut fatigué physiquement le jeune engagé ,pour qu'il soit aussi fatigué phsycologiquement , et là on peu commencé a le formater ! alors on ne sait plus formé des guerriers ? prouvez moi le contraire ! maintenant si vous pleurez sur l'état opérationnel de vos armée... y a explication a tout ! en france nos cher politique on décidé d'avoir une armée a 135 000 au lieu de 90 000 ! et le budget est prévu pour 90 000!!! tout cela pour fournir des emplois ! je vous laisse médité aussi... les espagnols n'arrivent pas a recruté, ce qu'il fait que pour gardé un max de leurs recrues, ils ne poussent pas la dureté de leurs instructions... je vous laisse médité aussi... les allemands on un matériels moderne ou en cour de modernisation , mais on des soldats préparé pour le maintien de la paix... que font t'ils en afganistan ? les gradé sont comme les hommes du rangs, y a des bon a rien et des gars de valeurs ! mais comme nos armées font du social... et que nos hommes politiques fleurte avec les sondages... je vous laisse médité aussi ?merci de vos réponse

Publié par baubeto le 16 août 2007 à 23:15

des guerrier vous en avez dans les vieilles famille en europe ! pour l'armée française et anglaise le pacifique et une pépinière a guerrier rustique et motivé! tiens , sujet a ne pas négligé!!! la motivation ... pourquoi je me bats; pourquoi les politiques m'envoie t'il me battre et qu'elle sont mes idéaux ?
n'oubliez jamais qu'un guerrier a une ames et qu'il ne la vends pas forcément au plus offrant !
et pour les gars qui sont dans les régiments non dissous depuis les décisions insciente de 1995 , afin depuis le livre blanc de la défense écris en 1994 si je me rappelle bien... la france va perdre l'équivalent d'une brigade ... pour pouvoir retrouvé sont niveau opérationnel ! en somme en commence a s'aligné sur le standart britannique avec du mécanisé en moins !

Publié par baubeto le 16 août 2007 à 23:25

J'ai rejoins volontiers Damien dans sa réponse à FrédéricLN.


Premièrement : il n'est point possible de concevoir une force d'intervention "rapide" et "agressive" efficace sans la possession d'importants moyens de projection aériens et navals garantissant la liberté de manœuvre. Une force aéronavale, à la fois invulnérable aux frappes de l'ennemi et disposant d'un large éventail de choix de modes d'opération et de capacités d'action (transport, mise en place, appui feu direct et soutien logistique, recueil!), en est la meilleure plateforme d'emploi. Afin de l'optimiser, il conviendrait donc de porter l'effort sur l'amélioration des vecteurs de pénétration terrestre en s'attachant constamment à élargir leur rayon d'action.

L'ennemi actuel privilégie l'affrontement en zone urbaine pour des raisons à la fois tactiques que de propagande. Ici aussi, l'utilité de moyens blindés lourds adaptés et utilisés à bon escient a été parfaitement démontrée (Falloujah. Contre-exemple : Grozny).



Deuxièmement : le concept de bataille aéroterrestre classique est toujours d'actualité au vu des capacités chinoises et russes sans cesse développées. Nul n'est en mesure aujourd'hui de prédire l'évolution de la politique de ces deux pays. Chacun d'eux a des bonnes raisons de maintenir la pression ; Taiwan pour la première et les marges de l'empire pour la seconde. Je suis un peu surpris du silence qu'accompagne les signes de plus en plus visibles de l'ingérence russe en Europe. Le nombre des pays inquiets va crescendo : l'Ukraine et la Géorgie bien évidemment mais aussi les membres de l'UE comme la Pologne et les pays baltes, particulièrement vulnérables à cause de leur dépendance énergétique, des agissements mafieux orchestrés de Moscou et de la présence d'une très forte minorité russophone, susceptible de servir de facteur de déstabilisation.


Le discours portant sur l'abandon de forces conventionnelles me paraît relever plus d'un calcul politicien à court terme, visant à réduire davantage le budget de la défense qui ressemble déjà à une peau de chagrin, que d'une véritable analyse des enjeux se dessinant à l'horizon.

Publié par madimaxi le 17 août 2007 à 13:49

@madimaxi

Vous étes inquiets sur le retour de la Russie? Pas moi !: les Russes sont bien plus proches de nous que les pays du Maghreb, ou de l'Asie mineure!

Si notre diplomatie savait se remettre en cause, et relire l'Histoire, nous aurions plus avantage les uns et les autres à renouer avec l'entente avec la Russie....

La communauté géographique, culturelle et ethnique existe... ET c'est justement cela que "certains" ne veulent pas voir : USA, Israël , et la City!... Trop dangereux pour leur hégémonie.

L'agitation Russe constitue un appel du pied de sa part pour que nous reprenions des contacts approfondis. L'Europe doit se faire de L'Atlantique à l'Oural disait le Général....

Quelle erreur, que dis-je "faute", que de laisser la Russie s'allier avec les Chinois.... Même si la Russie a étendu son empire vers l'est au cours de l'Histoire. Pourtant la Russie a tout à perdre avec les Chinois qui lorgnent vers les richesses inemployées de la Sibérie. Et ensuite : les Russes , ils ne sont que 140 millions d'humains sur un territoire de 14 millions de km2, contre une Chine de 1 milliard 500 millions sur un territoire maintenant exigu et très limité en ressources!
Alors?...

Publié par Ar Brezonneg le 17 août 2007 à 14:11

et vous les suisses , vos grenadiers sont ils des guerriers ? pareils pour vos 2 autres unité spéciales ? la cp 17 je croie ...

Publié par baubeto le 17 août 2007 à 15:00

Ar Brezonneg,

J'ai voulu avant tout souligner l'importance de l'équilibre des forces. On s'interroge bien sur les moyens à mettre en oeuvre pour assurer l'indépendance de l'Europe envers les Etat-Unis dans le domaine militaire. Je ne comprendrais donc pas l'approche contraire, préconisant l'abandon du corps de bataille aéroterrestre face à la volonté manifeste de Moscou, notre voisin immédiat, d'étoffer son outil militaire. Et ceci indépendemment de toute considération spécifique en matière d'intentions éventuelles de distanciation voire de rapprochement, tel que vous le préconisez.

Pour répondre plus précisément à votre question. Je partage votre observation sur les enjeux qui se dévoilent entre la Chine et la Russie et qui domineront (si ce n'est pas encore le cas) leurs relations. Selon le principe simple des vases communicantes, on peut s'attendre qu'elles débouchent bientôt sur un antagonisme ouvert. Dans ces conditions, le rapprochement avec Moscou que vous souhaitez, nous amenera inéluctablement à prendre tôt ou tard une position qui ira nécessairement à l'encontre des ambitions chinoises. Il sera alors opportun de se demander si la réaction chinoise ne se concrétisera pas sous forme d'une alliance objective avec le monde musulman et sa manifestation la plus radicale, l'islamisme militant, notre souci majeur aujourd'hui. Est-ce vraiement dans nos intérêts que d'y ajouter un adversaire supplémentaire déclaré ?

Ceci n'est qu'un de nombreux points à analyser. Cependant, il n'est même pas primordial pour moi. Je ne suis guère inquièt sur le retour de la Russie. En tant que slavophile je le souhaiterais vivement. C'est l'évolution de son pouvoir et sa décréptitude sociétale qui me préoccupent. Il est triste de voir ce vaste pays, regorgeant de ressources humaines et matérielles inépuisables, s'enfoncer inéxorablement vers la déchéance en dépit de quelques apparences trompeuses. L'apathie de ses habitants, l'alcoolisme ravageur, la dénatalité galopante...les musulmans étant le seul groupe en progression démographique constante et atteignent déjà 1/7 de la population totale. Le conflit ethno-religieux paraît inévitable à l'échelle incomparable avec l'expérience tchétchène douloureuse et aux séquelles toujours persistantes.

C'est un pays dont les ambitions impériales fraîchement ravivées, s'apparentant plus à une fuite en avant éperdue qu'à une vision claire d'avenir, inquiètent nombre de nos alliés européens qui n'ont toujours pas effacé de leurs mémoires les atrocités des années de domination tsariste et communiste. Un régime imprévisible qui souffle le chaud et le froid en apportant son soutien aux Mollahs de Téhéran et de Hezbollah. En espérant naïvement les détourner ainsi de leurs coreligionnaires s'activant à l'intérieur. Un pouvoir dominé par l'ancienne caste kagébiste, s'appuyant sur des réseaux occultes pratiquant la corruption et l'intimidation pour servir son dessein de vol organisé des ressources de l'Etat avant sa disparition annoncée.

A ce propos, je suis un peu étonné de constater que certains intervenants de ce blog, si prompts à dénoncer les influences étrangères de toute sorte, passent sous silence les agissements mafieux à grande échelle orchestrés de Moscou. Je cite de mémoire quelques évènements qui ont reçu une certaine attention : trafics de drogue et monopole de réseaux de prostitution (Espagne, Italie, Côte d'Azur, RFA), blanchiment de l'argent sale à travers des acquisitions immobilières à grande échelle, enlèvements contre rançon, disparitions et liquidations des opposants (Litvinenko plus une armée d'anonymes). Réelles bien que largement ignorées en Occident, ces ingérences ont atteint en Europe de l'Est et surtout dans les pays baltes, des proportions menaçant directement l'indépendance des Etats et de leurs économies.

Assez pour dire que oui à la Russie, mère patrie d'artistes et scientifiques illustres, rempart contre l'expansion turque et tatare et triomphatrice du nazisme, mais pas cette Russie en lambeaux, dominée par des prédateurs égoïstes bien moins soucieux de leur pays que vous et moi ne le sont. Je suis pessimiste pour son avenir qui ne peut changer, à mon avis, que grâce à un sursaut salutaire dont, hélas, je ne perçois pas de prémices.


"USA, Israël , et la City!..."

___

Je ne pense pas que vous trouverez en moi un interlocuteur attentionné si je dois comprendre à travers ces propos ce que vous sous-entendez. Toutefois, en ce qui concerne les relations entre la "triade" (j'ai bon là ?) et la Russie, je crois que les adeptes de cette théorie devraient en être deçus. En dépit des divergences de façade, les relations russo-américaines sont bonnes. Elles sont basées sur la convergence d'intérêts en matière de lutte contre l'islamisme radical et de leur inquiétude commune devant l'essor chinois. Grâce à l'apport massif des immigrés russes, Israël et la Russie n'ont jamais été aussi proches sur le plan économique et probablement politique en dépit de la discrétion entretenue. La City enfin, fait bonheur de tous les oligarques proches du régime.

Publié par madimaxi le 18 août 2007 à 16:08

Pour ajouter au débat fort intéressant sur la nature et le rôle du combattant, il me paraît opportun de mettre l'accent sur la valeur collective d'une unité militaire.



Une unité efficace c'est celle qui produit le résultat d'ensemble dépassant largement la somme des aptitudes particulières et des compétences individuelles de chacun de ses membres. Lorsque cet objectif est atteint, même un détachement disparate, composé de militaires des sexes différents et à priori non destiné à l'action de guerre est capable de produire un résultat étonnant :


http://www.sftt.org/cgi-bin/csNews/csNews.cgi?database=DefenseWatch 2005.db&command=viewone&op=t&id=150&rnd=287.28449573701016


Je profite de ce compte rendu pour exprimer mon estime et mon respect devant la conduite et la performance des troupes américaines engagées en Irak. Ceux qui comme moi ont eu la chance de prendre part à une opération voire d'effectuer des séjours de courte durée de 4 à 6 mois doivent se souvenir de moments tant attendus d'embarquer pour rentrer enfin à la maison, revoir "maman" et profiter des perms. Le séjour de 12 à 15 mois qu'endurent les GI's, Marines, réserves, Navy et Air Force revêt dans ces conditions une saveur particulière. Et certains en sont déjà à leur troisième ! Depuis la Guerre d'Algérie, la seule comparaison avec les troupes françaises qui me vient à l'esprit est celle datant de la 1ère Guerre du Golfe où les premiers projetés ont passé 8 mois dans le désert qui, mise à part une courte période d'engagement intense, se sont passés plutôt sans encombre.


Encore une fois, chapeau et bonne chance Boys and Girls !

Publié par madimaxi le 18 août 2007 à 16:52

On dirait que mon commentaire était un peu trop elliptique ;-)

évidemment que pour avoir des forces répondant aux menaces modernes, on a besoin de bateaux, d'avions, de blindés etc. !

Seulement, la conception de ces forces (et la programmation de leur équipement) me semble aujourd'hui beaucoup devoir à l'inertie et à la lottizazione, et montrer peu de capacité de "réingénierie" partant des menaces.

Il me semble qu'on aurait besoin aujourd'hui d'une "réinvention" comparable à ce qu'a fait Bonaparte avec la "demi-brigade", d'autres plus tard avec le corps de bataille blindé, etc. (désolé, ma culture historique militaire est très limitée).

Publié par FrédéricLN le 29 août 2007 à 18:04