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20 février 2007

Un porte-avions pour la Suisse ?

Ce titre évidemment trompeur est inspiré par les commentaires ci-dessous, à la question de savoir si un porte-avions européen, contribuant à la protection des intérêts européens, ne devrait pas recevoir une contribution financière helvétique. Cette approche n'est pas si invraisemblable qu'on pourrait le croire de prime abord : les négociations entre grandes communes, abritant des infrastructures coûteuses, et petites communes dont les habitants en bénéficient sans les payer, relèvent en partie du même raisonnement. Par ailleurs, la Suisse a bien financé la construction de centrales nucléaires en France pour assurer son approvisionnement énergétique face au refus de la population helvétique de construire des centrales supplémentaires. Alors, faut-il contribuer aux dépenses de sécurité dont le monde entier profite ?

La sécurisation des voies de navigation mondiales n'est bien entendu pas indifférente à notre pays : la flotte suisse de haute mer, moderne et performante, reste un outil important en cas de crise et de frictions dans le fret planétaire. La dépendance constante de la Suisse face aux importations (40% de la nourriture, 100% des carburants fossiles, etc.) reste d'ailleurs une faiblesse stratégique, et donc une incitation à une politique de sécurité axée sur la coopération. Sans aller jusqu'à la suggestion de participer au financement d'un porte-avions européen (et accessoirement d'avoir un droit de regard sur son emploi ainsi qu'un quota de son équipage), une intégration plus avancée à des prestations sécuritaires contre des espères sonnantes et trébuchantes est une démarche qui semble logique.

A ceci près que la menace prioritaire de notre ère ne prend pas la forme d'une interruption du commerce planétaire, qui au contraire se libéralise chaque année davantage, mais consiste bien en cette lente et douloureuse décadence des Etats-nations. Que vaut la projection durable de puissance qu'autorise un porte-avions lorsque le territoire national, émanation théorique d'une telle puissance, est rongé par le chancre du non droit et du communautarisme ? A quoi bon défendre les marches de l'empire, si j'ose prendre une métaphore romaine pourtant rabâchée, si les barbares sont parmi nous ? Bien sûr, la projection de puissance contribue à une certaine fierté nationale et consolide l'identité qui la sous-tend. Mais aucun édifice ne supporte longtemps des flèches ambitieuses si ses fondations sont vermoulues et vacillantes. Elles accélèrent même son effondrement, comme le montre l'exemple de l'Union soviétique.

Je ne crois pas à un porte-avions européen, gadget politique privé de sens militaire (a-t-on déjà vu un bâtiment de guerre multinational apte au combat ?), pas plus qu'à une armée européenne sans le sens national qui en souderait les rangs. La mise en commun des moyens militaires n'est depuis longtemps qu'une manière déguisée de réduire les dépenses en la matière, et les capacités opérationnelles restantes n'ont jamais été testées par une véritable guerre. Le rôle stratégique des armées dans la préservation de la cohésion des Etats-nations vaut infiniment plus que le développement de niches "exportables" ou la multinationalisation des forces. Et la priorisation des investissements matériels par rapport aux investissements personnels, caractéristique des armées conventionnelles qui se piquent de chimères high tech, est un aveuglement pour le moins risqué.

Contribuer aux dépenses de sécurité des pays voisins n'a donc de sens que si ceux-ci sont davantage des producteurs que des consommateurs de sécurité. L'exportation de la criminalité et de l'incivisme français à Genève fournit une partie de la réponse à la question posée ci-dessus...

Publié par Ludovic Monnerat le 20 février 2007 à 23:35

Commentaires

Entièrement d'accord!
Et pas seulement à Genève ;-)

Publié par dahuvariable le 21 février 2007 à 7:23

Réaction mitigée :

« Sans aller jusqu'à la suggestion de participer au financement d'un porte-avions européen (et accessoirement d'avoir un droit de regard sur son emploi ainsi qu'un quota de son équipage), une intégration plus avancée à des prestations sécuritaires contre des espères sonnantes et trébuchantes est une démarche qui semble logique » (LM). Pas vraiment, surtout si l'on tient compte du contexte politique. Actuellement, ce genre de démarche a exactement aucune chance.

« Elles accélèrent même son effondrement, comme le montre l'exemple de l'Union soviétique »(LM). L'exemple de l'EX-union soviétique n'est pas très à propos ; car cet effondrement n'a rien à voir avec ce que vous appelez la décadence des Etats-nations. D'autre part, et pour une fois cela doit vous réjouir, les médias ont tendance à surexploiter les actions de ce que vous désignez par le mot « barbares ».

« Je ne crois pas à un porte-avions européen » (LM) : moi non plus, car pour l'instant il n'y a tout simplement pas de politique européenne extérieure. L'existence d'un tel instrument est la condition sine qua non pour la conception d'une véritable défense européenne.

Enfin, l'exemple de Genève démontre plutôt qu'à certains niveaux, la coopération devient nécessaire!

Publié par Alex le 21 février 2007 à 8:52

Autre remarque: ne devrait on pas plutôt parler de transformation de la société, voire d'une certaine destructuration, plutôt que simplement de décadence des Etats-nations ?

Mettre sur le dos des Etats cette évolution que vous déplorez constitue un raccourci. D'autres éléments, comme l'évolution économique et sociale doivent être pris en compte...

Publié par Alex le 21 février 2007 à 10:41

Et un porte-aéronef volant ? ;-) Comme dans le film Capitaine Sky et le monde de demain ?

Merci pour votre article très interessant et qui m'a donné des idées pour mes propres "productions" littéraires...

Publié par Juan_rico le 21 février 2007 à 10:54

Je regrette que la Suisse ne soit pas membre de l'OTAN et de l'Eurocorps et donc ne puisse financer (comme l'a fait le Luxembourg en achetant 1 A400M qui sera opéré par la Belgique) à la défense européenne.

Les Suisse peuvent néanmoins faire une action qui financera indirectement un groupe aéronaval : acheter des Dassault Rafales.

Dernière option : faire comme la Belgique qui met ses Alpha Jets en pool en France à Tour pour l'entrainement des pilotes de chasse français et Belges.

We want Switzerland as a new recrue !

Au plaisir de vous lire.

Publié par Guillaume Payre le 21 février 2007 à 13:26

"We want Switzerland as a new recrue !"

Même si les militaires suisses entretiennent des rapports cordiaux avec leurs homologues européens, même si des coopérations fructueuses peuvent effectivement être développées dans l'instruction, même si l'interopérabilité est un objectif pour certaines parties de l'armée, même si nos expériences dans les opérations de maintien de la paix sont positives, la majorité des officiers suisses - dont je fais partie - est opposée à toute entrée dans l'OTAN ou dans l'UE, c'est-à -dire dans une armée multinationale.

Cela peut paraître étrange, étriqué ou mesquin vu de Paris ou de Bruxelles, mais c'est parfaitement logique vu de Berne. La mission historique de l'armée suisse est la protection du territoire national, et nous préférons ne compter sur personne d'autre que nous-mêmes pour protéger nos intérêts vitaux. Une coopération au cas par cas est toujours possible, y compris par la mise en commun de moyens dans le cadre d'une opération aboutissant à protéger nos intérêts, mais la souveraineté helvétique ne peut être réduite par ce biais.

Bien entendu, le problème n'est pas militaire, puisque les militaires occidentaux parlent tous le même langage et s'entendent sans grande difficulté (bon, la collaboration avec les Américains est toujours un peu compliquée, mais on s'y fait tout de même). Il s'agit avant tout de politique. Sécurité par la coopération, oui, mais pas par l'intégration.

Quant aux Rafale, je doute que leur prix soit à la portée de nos moyens malgré tout modestes...

Publié par Ludovic Monnerat le 21 février 2007 à 13:54

A Alex : oui, c'est un peu un raccourci, mais la transformation de la société se produit bel et bien en parallèle de cette décadence d'une forme d'Etat ancienne. Il ne s'agit de mettre sur leur dos pareille évolution, mais la réticence des Etats à s'adapter (par exemple vers davantage de démocratie et de transparence, c'est-à -dire vers un transfert de pouvoir au profit de l'individu) me paraît un aspect essentiel.

Publié par Ludovic Monnerat le 21 février 2007 à 13:57

vers davantage de démocratie (LM).

Je vous suis, si vous faites notamment référence à l'UE. En revanche, le cas helvétique reste un cas particulier qui n'est pas vraiment concerné par cette évolution...

Publié par Alex le 21 février 2007 à 14:05

@ alex

Question que l'on peut se poser :
Le mode de gouvernance que l'on nomme "démocratie" est il compatible d'un agrégat du genre "Union Européenne" ? Est-ce viable?
Ne devrait-t-on pas plutot parler de "Oligarchie" ou même d'"Empire" ?

Publié par Ar Brezonneg le 21 février 2007 à 14:11

1 / si les Zétats Zunis n'étaient pas Zunis, seule la Californie pourrait s'offrir 1 ou 2 PA
en étant Zunis, les ZZ peuvent avoir plein de PA et autres babioles militaires
2 / les Zeuropéens ne constituant pas une nation, ne peuvent pas avoir 1 armée ni beaucoup de PA
des solutions pourraient exister dans la lignée de ce que vient de décrire GP (Eurocorps, OTAN),
mais ça demande déjà un certain effort et c'est dur dur de faire des efforts, surtout en Europe dans ces domaines là (alors qu'il y a un consensus très fort aux ZZ)
3 / les entreprises sont très performantes et arrivent très bien à surmonter les obstacles nationaux, ce qui est impossible quand les hommes (dont des femmes) politiques s'en mêlent
la défense des intérêts des entreprises (et nationaux) passe peut être par des réseaux en marge des Etats, comme le montre l'exemple de la guerre fiscale lancée contre l'Helvétie
4 / que les petits Suisses achètent des Rafale : excellente idée ! personne n'en veut ! ça serait + utile que de financer la préparation d'une guerre qui n'aura jamais lieu
5 / en semant sans cesse la zizanie, les Zeuropéens laissent une entière liberté de décision aux ZZ, ce qui est exactement ce que veulent les ZZ, qui devraient remercier Ségolène, ses prédécesseurs et autres "pacifistes" (c'est l'organisation du chaos ?)

Publié par JPC le 21 février 2007 à 14:19

"le cas helvétique reste un cas particulier qui n'est pas vraiment concerné par cette évolution"

Oui, c'est précisément la raison pour laquelle on ne voit pas l'intérêt à entrer dans l'UE ou dans l'OTAN, puisque cela se ferait au détriment - entre autres - de notre démocratie.

Publié par Ludovic Monnerat le 21 février 2007 à 14:27

"Sécurité par la coopération, oui, mais pas par l'intégration."

Excellent!

"Quant aux Rafale, je doute que leur prix soit à la portée de nos moyens malgré tout modestes..."

Le Gripen amélioré, actuellement en cours de développement, serait un excellent appareil pour remplacer notre flotte de Tiger.

Publié par fass57 le 21 février 2007 à 14:47

extrait d'une dépèche :
Nicolas Sarkozy s'est également prononcé contre le "dumping fiscal" pratiqué par certains Etats européens et pour une "harmonisation fiscale"
de toutes façons, que ce soit avec Ségolène ou Sarko, vous n'échapperez pas à la guerre fiscale
vous feriez mieux d'investir dans un sous-marin nucléaire dans le Léman qui soit opérationnel dans les 2 mois

Publié par JPC le 21 février 2007 à 22:06

A Brezonneg:
Le mode de gouvernance que l'on nomme "démocratie" est il compatible d'un agrégat du genre "Union Européenne" ? Est-ce viable?

Certainement; l'UE est un modèle évolutif en construction. S'il se caractérise actuellement par un déficit démocratique, ce ne veut pas dire pour autant que des corrections sont impossibles...

Publié par Alex le 22 février 2007 à 9:01

Un article vraiment très intéressant et qui ne résout pas le problème de la montée de l'islamisme !!!...

L'avenir nous dira si une armée européenne puissante est nécessaire.Pour ma part je pense que oui.

Il ne faut pas sous-estimer la gravité de la série d'attentats du 11 septembre, ainsi que ceux de Madrid et de Londres, car ils signifient le début de l'HYPERTERRORISME ISLAMISTE auquel nous risquons de faire face, et qui risque de déclencher progressivement la troisième guerre mondiale!

Et il y a de quoi être inquiet sur la lucidité des candidats français sur cette situation.

Ségolène Royal a, en effet, déclaré : "Si la nation est capable de dégager le coût d'un deuxième PORTE-AVIONS, j'en fais ici le serment, cette marge de manoeuvre supplémentaire, cette valeur là , n'ira pas à la Défense nationale mais ira à l'Education nationale".

Tout d'abord, si Ségolène désire une marge de manoeuvre financière pour l'ÉDUCATION NATIONALE, je signale qu'il suffit de rechercher une très importante somme de 3,5 milliards de dollars, celle des INDEMNITÉS DE LA GUERRE DU GOLFE 90/91, qui, jusqu'à preuve du contraire, semblent avoir mystérieusement disparues de la comptabilité publique, et sur laquelle il est possible d'obtenir des informations dans la note Socialisme et corruption de mon Blog disponible sur :

http://euroclippers.typepad.fr/mon_weblog/lections/index.html

Ségolène, de plus, sous-estime gravement les menaces de la guerre en Irak ainsi que les risques d'un EMBRASEMENT PROGRESSIF du Proche-Orient, déchiré par des luttes religieuses qui nous rappellent nos guerres de religion.

Le PÉRIL ISLAMISTE n'est pas une vaine menace car il entend remettre en cause la base même de nos démocraties fondées, notamment, sur la libre expression des individus, et le débat contradictoire!

Pour l'avenir de notre civilisation, nous n'aurons pas d'autre choix qu'une EXTRÊME FERMETÉ face au fanatisme religieux qui s'empare progressivement de populations entières détentrices d'importantes réserves pétrolières et ainsi capables de financer des armes de destructions massives.

Le refus des enseignements de l'histoire, et la démagogie de Ségolène Royale, reflètent un ANGÉLISME qui pourrait bien être réveillé, un jour, par des HYPER-TERRORISTES MUSULMANS désireux de provoquer une véritable terreur collective afin de prendre le pouvoir et transformer, un jour, la France en république islamiste et de réduire les femmes occidentales en esclaves soumises à leurs maîtres mâles, et islamisés!

Les premiers ATTENTAT-SUICIDES, qui nous frapperont un jour ou l'autre, ne seront que les prémices d'attentats beaucoup plus meurtriers qui seront réalisés avec des ARMES CHIMIQUES, BIOTECHNOLOGIQUES OU NUCLÉAIRES.

Le vieil adage romain SI VIS PACEM, PARABELLUM, « si tu veux la paix, prépare la guerre », est plus que jamais d'actualité, et l'oublier c'est se condamner soi-même, ses proches, ses amis, son pays, à devenir, un jour ou l'autre, la conquête de barbares!

Tout ceci pour souligner que la construction d'un deuxième PORTE-AVIONS doit être maintenue, que cela soit par un effort national, ou européen!

Et si nous devons, nous Occidentaux, placer SOUS TUTELLE un pays peuplé de FANATIQUES HYPER-AGRESSIFS et dangereux, nous devons aussi prévoir la mise en place de moyens attractifs de FORMATION HUMAINE DES JEUNES de façon à les éloigner pacifiquement des structures totalitaires.

Et les auteurs de ces attentats pourraient bien venir de chez nous, de nos BANLIEUES, de nos exclus!

C'est cette deuxième raison, très inquiétante, qui me fait dire que NOUS NE PRÉPARONS PAS LA GUERRE.

Certaines de nos BANLIEUES sont devenues des ZONES de NON-DROIT où les lois de la République ne s'appliquent plus, et où des structures mafieuses, et l'islamisme le plus radical, peuvent y prospérer en toute liberté.

Mais l'ISLAMISME est aussi un refuge pour de nombreux jeunes désemparés, sans avenir, et nous devons admettre que nous sommes les PREMIERS RESPONSABLES de cette situation, par notre incapacité, à donner d'authentiques valeurs humaines, spirituelles, à notre jeunesse!

La faillite du système actuelle, la montée continue de la délinquance, demandent des nouvelles solutions comme le projet EUROCLIPPERS dans lequel je propose de construire plusieurs dizaines de GRANDS VOILIERS, chaque année pour les élèves des grandes écoles, des universités et des lycées, ou encore pour les jeunes marginalisés.

Pour les JEUNES DES BANLIEUES je rappelle que ma proposition consiste à réaliser un programme majeur de formation avec l'aide de la POLICE NATIONALE, et des ARMÉES afin de contrôler d'une manière humaine l'ensemble du territoire français.

En raison de tous ces impératifs, nous devons, pour assurer notre avenir, et celui de nos enfants, non pas réduire les DÉPENSES MILITAIRES, mais les AUGMENTER de 5% à 10% par AN, pendant plusieurs années, de façon à pouvoir faire face à la montée de la menace terroriste islamiste.

Cet EFFORT NATIONAL sera destiné à développer nos capacités d'intervention avec des armements classiques mais aussi à créer de nouvelles structures de formation des jeunes de façon à en faire des adultes libres et responsables.

Tout ceci est développé d'une façon beaucoup plus détaillée sur mon blog, dans la note « Si vis pacem, para bellum! » que vous pouvez découvrir sur :

http://euroclippers.typepad.fr/

Bonne lecture et bonne découverte.

Jean-Charles DUBOC

Publié par Jean-Charles DUBOC le 22 février 2007 à 15:41

@Duboc
"Mais l'ISLAMISME est aussi un refuge pour de nombreux jeunes désemparés, sans avenir, et nous devons admettre que nous sommes les PREMIERS RESPONSABLES de cette situation, par notre incapacité, à donner d'authentiques valeurs humaines, spirituelles, à notre jeunesse!"

Votre effort est louable, mais arrêtez de battre votre coulpe et de vouloir nous entraîner avec vous à ce jeu de dévalorisation et d'auto-flagellation. Nous ne sommes pas les 1ers responsables puisqu'à l'évidence cela se passe partout où ils y a une population musulmane: Chine, USA, Inde, Thaïlande, Philippines, Allemagne, Angleterre, etc Ces pays ayant des situations trés différentes. C'est l'islam qui porte et transporte sa croix (façon de parler) où qu'il aille.

Publié par elf le 22 février 2007 à 23:40