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15 novembre 2006

Le prix sanglant des otages (2)

En janvier dernier, j'avais mis en ligne quelques réflexions sur le phénomène des prises d'otages de ressortissants occidentaux, et notamment de journalistes, en vue d'en tirer un profit susceptible de multiplier les capacités belligérantes. Si l'on en croit cet article, la méthode a désormais été récupérée par les Palestiniens, qui ont obtenu 2 millions de dollars pour la libération des journalistes américains Steve Centanni et Olaf Wiig de Fox News, kidnappés l'été dernier. La particularité de ce cas semble provenir de la distribution générale de l'argent ainsi obtenu, dans un but entièrement guerrier :

The terror leader said $2 million cash was transferred to the Preventative Security Services, the main Fatah security forces in Gaza, for distribution to various parties.
He said the largest portion of the money was provided to the Committees' Dugmash clan, which Israeli security officials say is heavily involved in the smuggling of weapons and drugs into Gaza and which openly has led anti-Israel terror attacks on behalf of the Popular Resistance Committees. The Committees leader would not provide the exact sum transferred to the clan, but said it exceeded $1 million.
Smaller sums of cash were given to select members of the Preventative Security Services, officially to pay them as "private citizens" for working overtime to free Centanni and Wiig, the terror leader said. He said most of the Security Services members who were paid are associated with elements of the Dugmash clan. A member of the Security Services confirmed the cash transfers.
A sum of about $20,000 was provided to the Al Aqsa Martyrs Brigades terror group, the Committees leader said, explaining the organization was paid to avoid conflict with militants from Abbas' Fatah party. The Committees is closely associated with Hamas, while the Brigades is a member of the rival Fatah party.
A leader of the Brigades in the northern Gaza Strip confirmed the money was received but maintained his group was not involved with the kidnappings.
The Popular Resistance Committees leader said aside from the large cash transfer to the Dugmash section of his group, the Committees as an organization received about $150,000. He said the money was used to purchase weapons. "We used 100 percent of the money for one precise goal - our war against the Zionists," the Committees leader said.
He said weapons purchased included rockets. "Regarding the others (the Dugmash clan of the Committees) who received the money, I can tell you one thing is very clear - this went also to be used against the Zionists. I can't say every cent went to buy bombs, maybe it also went to pay for salaries, smuggling, buying shelter."

La conclusion pour le moins sombre de mon texte, l'hiver dernier, mentionnait que "la liberté de quelques citoyens européens a coûté la vie à des centaines de citoyens irakiens ou algériens". Si l'on y ajoute les adjectifs occidentaux et israéliens, elle reste valable...

Publié par Ludovic Monnerat le 15 novembre 2006 à 16:54

Commentaires

Dans ce phénomène de prises d'otages, façon « anti-oxydant » de l'islam, on est sans doute déjà plus loin que le banal syndrome de Stockholm, déjà bien installés dans un nouveau totémisme.

Le grand public vénère ces preneurs d'otage qui instituent une relation quadrangulaire entre eux, la victime, le payeur, et les spectateurs. Le syndrome de Stockholm reposait sur un facteur d'intimité, nous en sommes au rite.

Le payeur verse l'obole, le public frissonne comme aux théâtres ou jeux antiques.

En parallèle, les héros sauveurs (forces régulières) font de moins en moins recette. Des banlieues aux « bandes » de Gaza et autres, ce sont bien les bannerets de Mahomet qui gardent la vedette, eux qui nous initient aux ordalies de notre nouveau monde.

Qu'ils viennent à mourir chichement, électrocutés par quelque transformateur de ville, les voilà élevés au rang de saints, vautrés à la droite de vierges.

Ce nouveau système de dépendances mutuelles nous prépare à la fascination d'un futur sacrifice humain grandeur nature qui fera croire aux spectateurs qu'un acte sacré sera fait (sacer facere).

Ces nouvelles prises d'otages ravivent l'archaïsme de la procédure de retranchement du monde des hommes pour faire passer l'otage dans le monde des choses d'Allah.

Dans les sociétés où ces rites étaient communément pratiqués, comme la nôtre aujourd'hui, un immense transfert était sensé s'opérer dans le sacrifice de l'ennemi: l'appropriation de ses forces. Et c'est bien là que nous sommes, eux forts, nous impuissants, empêtrés, passifs, illégitimes, rançonnés.
De l'attaque des tours de Manhattan aux prises d'otages, en passant par l'élévation des temples qui promeuvent de tels rites, nous voilà ramenés aux pires instances de l'obscurantisme humain. Dois-je rappeler le verset du coran (2 :196):
« Et accomplissez pour Allah le pèlerinage et l'Umra. Si vous en êtes empêchés, alors faite un sacrifice qui vous soit facile [!] Et craignez Allah. Et sachez qu'Allah est dur en punition. ».

Publié par louis le 16 novembre 2006 à 8:48