« Quand la boucle se boucle | Accueil | Verona by night »

29 novembre 2006

La contre-insurrection en question

Intéressante colonne dans le Washington Post de Thomas Hammes, auteur du livre "The Sling and the Stone", pour résumer la vision américaine de la contre-insurrection et les efforts fournis actuellement pour intégrer ce genre d'action stratégique au répertoire par trop classique des forces armées US. Extrait :

Insurgencies are still based on Mao Zedong's fundamental precept that superior political will, properly employed, can defeat greater economic and military power. Because insurgents organize to ensure political rather than military success, an opponent cannot defeat them with military force alone.
But complicating our problem today is the fact that insurgencies are no longer the unified, hierarchical organizations the Chinese, and later the Vietnamese, developed from the 1920s to the 1960s. Rather, they are loose coalitions unified only by the desire to drive out an outside power. All elements of the insurgency know that when the outside power is gone, they will fight a civil war to resolve their differences. Defeating insurgents requires coherent, patient action - encompassing a range of political, economic, social and military activities - that can only be executed by a team drawn from all parts of government. You don't outfight the insurgent. You outgovern him.

L'article fournit ainsi les références de plusieurs articles récents montrant l'évolution de la doctrine militaire américaine en la matière. Je m'interroge cependant sur le sens donné actuellement à la contre-insurrection : est-ce qu'établir un gouvernement fonctionnel, c'est-à -dire un Etat de droit capable d'assurer la sécurité de ses concitoyens, demeure un objectif atteignable à une époque où précisément les Etats même les plus stables doivent lutter pour conserver cette fonction ? Est-ce que la réponse à une autre forme d'insurrection, axée sur l'emploi du chaos comme arme stratégique, n'est pas précisément une autre forme d'Etat que l'Etat-nation aujourd'hui en dégénerescence ? Est-ce que la difficulté des campagnes d'Irak - ou d'ailleurs - n'est pas largement accrue par la volonté d'imposer une structure étatique périmée, bien davantage que par des décalages culturels ?

Publié par Ludovic Monnerat le 29 novembre 2006 à 17:03

Commentaires

"that superior political will, properly employed, can defeat greater economic and military power."

En Irak, les américains n'ont sont malheureusement plus là ...

Ainsi, dans le rapport Devlin, haut responsable du renseignement militaire au sein de Corps expéditionnaire des Marines, rendu public hier, "la situation sociale et politique se détériore au point que les troupes américaines et irakiennes ne sont plus capables de battre militairement l'insurrection à Al Anbar (trad. AFP)"....

De même, combien de temps a-t-il fallu aux américains pour gagner le site du crash du F-16 cette semaine ?

Publié par Deru le 29 novembre 2006 à 18:27

Le chaos comme péremption de l'Etat. Intéressant lorsqu'on rapporte le concept au droit. La péremption se dit d'une instance qui s'annule, faute d'avoir été poursuivie avant l'expiration du délai donné. Mais plus encore, il semble que l'étymologie signifie proprement détruire, d'où son usage retrouvé en droit de la consommation.

Nous aurions détruit le modèle étatique pour l'avoir laisser se périmer, comme un vulgaire produit de grande consommation. Nous aurions dépassé la DLUO: date limite d'usage optimal, pour nous trouver en Irak face à la DLC: date limite de conservation.

Serions-nous en démocratie surgelée dans nos chères Alpes fraîches?

Publié par louis le 29 novembre 2006 à 19:32

Déjà il faudrait expliquer et étayer la notion « d' 'Etat-nation en dégénérescence ». Deuxièmement, il faudrait savoir à quelle partie du monde s'applique cette notion.
Cette idée peut se fonder sur la globalisation qui se traduit surtout au niveau économique. Cependant, je ne suis vraiment pas certain que ce phénomène suffise à parler d'Etat-nation dégénérescent.

Quant à l'Irak, comme trop souvent vous poser une question (dont la pertinence ne va pas de soit), sans y répondre. Cela permettra certainement, à votre communauté d'utiliser ce prétexte pour se lancer dans des diatribes qui n'ont souvent rien à voir avec la réflexion, la prospective ou la stratégie.
Parfois j'ai l'impression que vous cédez à la facilité, en caressant votre auditoire dans le sens du poil ; notamment par ce que c'est toujours agréable que l'on flatte votre ego.

PS. Les deux commentaires ci-dessus font plus ou moins exception à la règle mentionnée précédemment.

Publié par Alex le 30 novembre 2006 à 8:51

Publié par Jean-Bernard Desfayes le 30 novembre 2006 à 10:19

Alex, qui saura de quel poil chacun pare son ego?

La péremption de l'Etat Nation est LA question majeure de la pensée militaire actuelle. Qu'est-ce qu'une armée sans Etat? Une nation sans armée? Qu'est-ce qu'une armée sans frontière? Une guerre sans armée? etc.

La dégénérescence de l'Etat se manifeste par la coalescence des cultures, des modes de vie, des religions, des langues, des droits, des monnaies, des modes, des infos, des opinions et finalement des pensées. Vous connaissez le principe: ne former plus qu'un grande goutte, comme le mercure.

L'avenir est donc aux agents de surface (au sens physique du terme, bien sûr :-)). A ceux qui réduire les tensions, favoriser le miscible. Un rôle qui ne devrait pas vous déplaire.

Mais de quoi sera faite cette grande goutte de mercure qui appelle à elle toutes les autres éparpillées? De l'Etat de droit? De la démocratie? De liberté? D'amour de sagesse? De diginité?

Quand on découvre que parmi les "européens de l'année 2006" se trouve un Tariq Ramadan, on a fini d'en douter. http://www.ev50.com/noflash/lastyear.asp?id=7

Publié par louis le 30 novembre 2006 à 11:45

Mohammed, Irakien habitant de Bagdad
« Le résultat de la guerre en Irak ne concerne pas l'Irak seulement. La victoire signifiera la destruction des réseaux de terreur et d'extrémisme que nos ennemis essaient d'établir. L'échec équivaudrait à les laisser mettre en place une gigantesque pieuvre faite d'organisations terroristes et de régimes adeptes du terrorisme qui irait de l'Afghanistan à l'Est à la Libye à l'Ouest, de l'Irak au Nord au Soudan et à la Somalie au Sud! Au lieu de créer des îles de démocratie et de liberté de les relier entre elles et de changer le monde pour le meilleur sur cette base, nos ennemis submergeraient ces îles et les ajouteraient à leur entité meurtrière et proliférante! il importe que les preneurs de décision prennent de la hauteur et comprennent qu'il s'agit de protéger le monde de vicieux ennemis de la civilisation! Nous sommes au milieu du gué et perdre n'est pas une option ».

drzz
http://drzz.over-blog.org

Publié par drzz le 30 novembre 2006 à 14:50

L'énorme contradiction chiites-sunnites n'apparait jamais dans les analyses de ceux qui pensent en termes d'affrontement de civilisations, l'Occident contre l'Islam. De même, s'il est probable qu'une grande majorité des musulmans ne nous aiment guère, pour de très nombreuses raisons pas toujours mauvaises, ceux qui cherchent vraiment à le traduire en acte ne sont qu'une infime minorité, et probablement en voie de régression. Le pire est passé, et quand Bush sera parti, l'apaisement va encore s'accélérer.

Publié par Roland le 3 décembre 2006 à 20:36

@Roland il est inexact de parler "d'énorme contradiction" sunnites-chiites, en particulier dans la relation de l'islam à l'occident.

Au sein de l'islam la principale querelle correspond à une guerre de succession, en l'occurence califale. Parce que les chiites ne reconnaissaient de légitimité qu'à la supposée lignée de Mahomet, il a fallu qu'ils inventent le successeur occulte quand la descendance s'est éteinte. Si les hadiths sont distincts du sunnisme, il en est de même au sein du sunnisme, justement... En revanche le coran reste le même, en particulier les injonctions contre les kuffars.
Alors différences de fonctionnement, d'organisation oui; énormes contradictions, non.

Décelez-vous une "énorme contradiction", par exemple entre le Hezbollah et le Hezb alTahrir? L'un des deux serait-il tendance bouddhiste?

Publié par louis le 5 décembre 2006 à 9:10

A Louis

Dans ce cas, comment interprétez-vous le conflit en Irak qui divise les chites des sunnites???
Il faut arrêter de vouloir nous faire croire que les musulmans forment un groupe cohérent et
Il existe de nombreuses façons de vivre sa religiosité. Ici, apparemment, par paresse intellectuelle, par idéologie ou par méconnaissance, plusieurs intervenants essaient de nous faire croire le contraire, tout en fustigeant l'ensemble des médias et de la classe politique qui seraient à l'ennemi. C'est à la fois naïf et peu crédible...


http://real.xobix.ch/ramgen/rsr/rsr1/recto_verso/2006/recto-verso20061204-170000-56k-001.rm?start=00:00:00.000

Publié par Alex le 5 décembre 2006 à 13:20

Il y a un antagoniste entre chiites et sunnites.
Ce qu'il faut comprendre est que c'est le même genre de conflit qu'il existait entre staliniens communistes et troskystes : leur volonté commune contre un certain type de société considérée comme ennemi est présente, même si les deux composantes ne sont pas unanimes sur tous les sujets.
et une alliance objective entre les deux n'est pas à exclure face à un tiers.

Publié par Three piglets le 5 décembre 2006 à 15:16

Alex, ainsi vous avez découvert que les sunnites et les chiites s'entre-déchiraient, quel scoop! Naïfs, peu crédibles, intellectuellement si paresseux que nous étions... Merci à vous, merci. Mais sortant à peine de notre torpeur, vous expliquer pourquoi de pauvres ères qui s'entretuent depuis plus de mille ans pourraient trouver des terrains d'entente, cela dépasse un peu mes capacités.

Publié par louis le 5 décembre 2006 à 22:49

A écouter: les 5 dernières minutes sont particulièrement intéressantes...

http://real.xobix.ch/ramgen/rsr/rsr1/recto_verso/2006/recto-verso20061204-170000-56k-001.rm?start=00:00:00.000

Publié par Alex le 6 décembre 2006 à 9:07

UN bon résumé de l'explication de 3piglets par Al Quaradawi lui-même:
"Brothers, I advocate closer ties between Sunnis and Shiites, and I support the resistance of Hizbullah, but under no circumstances will I allow it to serve as a reason for Shiite penetration of Sunni countries" (Al jezira, 31/8/2006)

Publié par louis le 6 décembre 2006 à 9:13

Dans le Temps d'aujourd'hui


samedi 16 décembre 2006, Bernard Guetta :

"Oubliez le conflit israélo-arabe. Malgré sa persistance, oubliez même le conflit israélo-palestinien. Dans le Proche-Orient d'aujourd'hui, le premier des conflits oppose désormais l'Iran, perse et chiite, aux pays arabes et sunnites qui, contre cet ennemi-là , font front avec Israël car l'ennemi de mon ennemi est mon ami."
J'en profite pour maintenir ce que j'ai écrit plus haut. Qqn dans ce blog fait le parallèle communistes, trotskystes - chiites, islamistes. Il oublie que la première contradiction s'est résolue à coups de pioche. Parlons de cette comparaison. Pourquoi les EU n'ont pas envahi l'Italie par peur des Brigate Rosse ? Ils prétendent bien avoir envahi l'Irak pour lutter contre Al-Qaida...Parce qu'ils détestaient son idée de "compromis historique, ils se sont contenté de faire exécuter Aldo Moro par les BR que les services secrets avaient noyauté (les cellules ont des avantages, personne ne connait personne. Cela a aussi des inconvénients...). Mais si les autorités européennes avaient traité l'extrême gauche révolutionnaire des années 70 comme on traite les islamistes maintenant, la guerre civile en Europe durerait aujourd'hui encore et aurait fait des centaines de milliers de morts...Ces autorités ont su garder la tête froide, juger de la réelle importance de ces groupes et répondre de façon proportionnée. Et ceux qui prétendent que les organisations d'extrême-gauche d'alors étaient moins dangereuses que les islamistes d'aujourd'hui ne savent vraiment pas de quoi ils parlent.

Publié par Roland le 16 décembre 2006 à 22:09

''Ils se sont contenté de faire exécuter Aldo Moro par les BR que les services secrets avaient noyauté''...Mouais, encore des accusations sans indices probants...

Il y a une petite différence entre le terrorisme d'extréme gauche et l'islamisme "militant". Le premier n'a jamais frappé le sol américain à ma connaissance.

Tant que le seconde se "contentait" de faire sauter des ambassades en Afrique, ils étaient "désagréables" mais pas mortelle pour cette nation, mais le 11 septembre à changer la donne.

Publié par Frédéric le 17 décembre 2006 à 13:32

Des indices probants, il y en a beaucoup. Pour les preuves, faudra attendre un peu. Cherchez sur le dossier "Kissinger", prix Nobel de la paix.
Le 11 septembre a certes été très spectaculaire mais n'a jamais représenté une menace mortelle pour la nation américaine.

Publié par Roland le 17 décembre 2006 à 20:23