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25 mai 2006

Les aspects militaires du soulèvement de 1832

La dernière communication de la journée a été présentée par Thérèse Rouchette, présidente de la Société Archéologique et Historique de Nantes et de Loire-Atlantique.

En 1832 devait se produire le soulèvement de Vendée théoriquement le mieux organisé sur le plan militaire, à l'instigation de la duchesse de Berry, princesse de la maison de Bourbon, avec comme commandant en chef le maréchal de Bourmont, qui avait rejoint Louis XVIII à la veille de la bataille de Waterloo. Cependant, l'articulation minutieuse du commandement se heurtait au fait que les forces royalistes - c'est-à -dire légitimistes - se résumaient à des bandes armées jouant un rôle mineur et que leur recrutement se faisait parmi des conscrits réfractaires. Par ailleurs, les communications étaient difficiles entre l'Italie, là où résidait la duchesse, un deuxième cercle légitimiste à Paris, et un comité à Nantes ; le maréchal s'était en outre installé en juillet 1831 à Nice. De plus, les chefs n'étaient pas toujours à la hauteur, parfois obligés de vivre dans la clandestinité, parfois privés de toute expérience. Le 24 septembre 1831, une conférence entre les chefs et les généraux révèle en outre les dissensions entre eux, sans que cela aboutisse à des trahisons.

L'intervention directe de puissances étrangères n'était pas souhaitée. Les lacunes béantes du plan étaient censées se voir compensées dès les premières prises d'armes, par des ralliements spontanés de troupes régulières. Mais il n'existait pas d'enthousiasme en Vendée pour un nouveau soulèvement. Le débarquement de la duchesse était prévu pour le 3 octobre 1831, il aura lieu le 29 avril 1832. Le lendemain, seules 60 personnes se sont rassemblées à Marseille en guise de soulèvement. La duchesse part néanmoins pour la Vendée, où a été donné l'ordre du soulèvement aux 3 et 4 juin, mais tous les plans furent découverts le 27 mai lors d'une perquisition ; ainsi s'acheva cette tentative fondée sur la théorie et l'illusion. On n'était plus en 1793, lorsque le soulèvement était mu par la population ; en 1830-32, la cause de Dieu n'était plus assez menacée pour entraîner un soulèvement.

Commentaire du scribe : cet essai d'insurrection peut prêter à sourire ; il n'en demeure pas moins que bien des actions militaires ont été fondées sur des illusions, sur des préjugés et sur des croyances irrationnelles. La connaissance du terreau humain, dans lequel prospèrent ou disparaissent les idées, est ainsi la condition sine qua non de toute opération reposant au moins partiellement sur le soutien populaire.

Publié par Ludovic Monnerat le 25 mai 2006 à 11:42