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8 mai 2006

Fait divers et sens unique

Comme de juste, l'affaire Rey-Bellet a relancé le débat sur la possession des armes de service : le meurtrier de l'ancienne skieuse et de son frère, capitaine de milice et ancien commandant d'une batterie de DCA, a en effet accompli son double crime et son suicide avec son arme de service, en l'occurrence un pistolet SIG 220 au calibre 9 mm. Du coup, les adversaires habituels des armes à feu en possession des citoyens suisses ont profité du choc créé par ce drame passionnel pour réessayer de faire passer leurs idées, alors que leurs défenseurs - et notamment le Département de la Défense, de la Protection de la population et des Sports - se sont attachés à relativiser l'affaire en rappelant la proportion statistiquement très faible de tels cas. Bien entendu, un débat préalable à une votation populaire aurait certainement une autre dynamique, notamment parce que le dépôt exigé des armes militaires personnelles s'oppose de front à une tradition bien ancrée. Il n'est cependant pas interdit de s'interroger à ce sujet.

En premier lieu, il faut remarquer que le débat est faussé par l'incertitude, par le manque de faits au niveau du pays. Lorsque Le Matin - sous la plume de Ludovic Rocchi - écrit dimanche qu'il y aurait 180 meurtres et suicides chaque année avec des armes de service en Suisse, j'aimerais bien connaître la source d'un tel chiffre, qui me paraît incroyablement élevé ; lorsque l'on parle de crimes commis avec des armes à feu, de même, j'aimerais bien savoir quelle proportion de toutes les armes présentes en Suisse, légalement ou non, concerne les armes remises aux militaires pendant leur obligation de servir ou à l'issue de celui-ci. Il n'est pas utile de s'accrocher à des arguments reposant sur des émotions ou sur des chiffres biaisés, et seule une étude dépassionnée du sujet - avec des experts évitant d'être juge et parti ou ne mélangeant pas science et politique - permettrait de mener un débat que j'estime justifié.

Il reste cependant possible de débattre du principe consistant à confier une arme conçue pour le combat à chaque citoyen-soldat entre ses périodes de service. L'argument de la disponibilité, qui justifierait l'entreposage à domicile de l'arme et de ses munitions, pose la question de la menace et ne peut être tranché d'un trait de plume : l'augmentation de la violence asymétrique est une incitation cohérente au maintien du principe de la milice, une population en armes étant un puissant contre-poids à nombre de dérives. L'argument de la menace domestique, qui voit dans chaque arme entreposée le symbole d'une domination machiste et d'une coercition indirecte, fait abstraction de la proportion ultraminoritaire des violences impliquant des armes militaires, et donc de l'injustice faite à la majorité par une telle conception. Les arguments simples s'appliquent mal à ce sujet.

Il n'est toutefois pas contestable que les armes militaires soient un symbole : le droit de porter des armes étant historiquement le privilège des hommes libres, par opposition aux serfs, les Suisses se sont longuement battus pour le conserver ; que la hallebarde soit aujourd'hui remplacée par des SIG 220 ou 550 ne change rien à la chose. Ce n'est pas pour rien que l'on remet aux recrues leur arme personnelle au cours d'une cérémonie sobre et digne devant le drapeau suisse : entrer en possession d'une arme militaire et avoir le droit de la conserver sa vie durant, ou du moins jusqu'à la libération de l'obligation de servir, définit le citoyen-soldat, le protecteur des siens, le pilier de la défense nationale et sociétale. Et il sera impossible de la lui retirer - comme de me retirer mon fusil d'assaut 90, mon pistolet 75 et mon mousqueton 31 - sans qu'une majorité de nos concitoyens ne votent dans ce sens, en leur âme et conscience, loin des passions et des intérêts fouettés par un fait divers interprété à sens unique.

COMPLEMENT (10.5 1520) : En parlant d'hélicoptères Apache, les Pays-Bas ont déployé plusieurs appareils en Afghanistan, dans le cadre de leur engagement croissant au sein de l'ISAF.

Publié par Ludovic Monnerat le 8 mai 2006 à 17:50

Commentaires

Une précision me semble importante du côté des statistiques. En fait, des criminologues ont montré qu'en Suisse le nombre de personnes tuées par armes à feu (assassinat et suicides) est supérieure à la moyenne des pays de l'ODCE, sauf le Japon. La différence se trouve justement dans le fait qu'il y a recourt aux armes de services.

Maintenant, la question de l'interdiction totale. Celle-ci est pour partie absurde dans le sens que si qqn souhaite effectivement avoir recourt à une arme, il trouvera toujours un couteau dans l'armoire de la cuisine. L'idée est plutôt d'éviter que lorsque dans des situations d'émotion extrême un individu x ou y fonce vers son arme de service pour s'en servir. C'est ce lien-ci qu'il faut briser. Ainsi, une restriction à disposer des armes de services fait sens. Des solutions moyennes pourraient être envisagées. Ainsi, les militaires qui suite à leur école de recrue ne souhaitent pas avoir leur armes chez eux devraient pouvoir la faire conserver dans l'arsenal le plus proche. D'autre part, les soldats qui souhaitent disposer de leur armes pourraient être l'objet d'un permis payant de porte d'armes, comme dans le civil.

Enfin, un dernier mot pour insister sur le fait que dans des moments d'émotion extrême comme il peut s'en produire dans le cadre famillial, le fait d'être passé sous un drapeau au moment de la remise d'une arme de service est rapidement évacué des esprits...

Publié par dominique bornand le 8 mai 2006 à 22:04

Quelle horreur...

laisser un soldat déléguer la garde de son arme à un arsenal supprime justement son statut de citoyen armé (même de citoyen tout court, puisque désarmé il ne sera plus qu' un contribuable). L' obligation de rester un soldat hors du service disparaitrait...

A nouveau il se trouve un peureux qui serait prêt à désarmer une (grosse) partie de nos soldats à cause d' un infime pourcentage de psychopathes... qui plus est pas forcément les bons (ce seraient plutôt les fainéants que les instables qui laisseraient leur arme à l' arsenal).

Tant qu' on y est autant interdire les voitures (puisqu' elles tuent plus), puis les films pour adultes puis la viande rouge... ;-)

Publié par Arnaud le 8 mai 2006 à 23:31

En matière de crimes - passionnels qui plus est - la détermination est le seul facteur important. Si cet homme voulait réellement et fortement tuer sa femme et son beau-frère, qui se trouvait sans doute au mauvais endroit au mauvais moment, il l'aurait fait avec un autre objet que son arme de service.
En Belgique, le débat est sans cesse renouvellé dès qu'un policier se suicide avec son arme de service. Un projet de Loi va d'ailleurs sans doute passer bientôt au Gouvernement, qui interdira aux policiers belges de ramener leur arme de service à la maison. Quid alors de leur disponibilité et de leur fonction 24h/24, celle-ci en toute logique devrait se terminer dès remise de l'arme de service...
Insistons aussi sur le fait que les armes sont le garant de la liberté. Si dans nos démocraties, la majorité des citoyens sont désarmés (malheureusement), et laissés à la merci d'agresseurs de toutes sortes, ce désarmement laisse aussi le citoyen sans recours face à la force publique. Est-ce un bien? Pour notre époque, certainement, mais l'avenir est incertain. On s'en prend moins vite à un ennemi armé qu'à un mouton inoffensif...

Publié par Ares le 9 mai 2006 à 0:47

Dans le pays du Québec ou l'on fait tout son possible pour éliminer le port d'arme de poing... et de chasse... sauf le Kirpan mais là il faut se convertir, il se tue deux femmes par mois en moyenne par amour, plus les suicides, les accidents et les meurtres.

Au Canada ( la perle ! ): " Au Canada, les armes à feu font chaque année plus de 1 200 victimes et sont à l'origine de plus d'un millier d'hospitalisations ; les décès et les blessures qu'elles provoquent constituent donc un grave problème de santé publique " Donc vous connaissez la suite...

http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/cdic-mcc/19-1/d_f.html

http://www.pierrelemieux.org/

http://fal20011.virtualave.net/editos/200106interviewPL.html

http://www.clairejoly.org/laf/artexemple.html

http://www.quebecoislibre.org/asdroitarmes.htm

http://classiques.uqac.ca/contemporains/lemieux_pierre/anarcho_capitalisme/anarcho_capitalisme_preface.html

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 9 mai 2006 à 2:09

D'autant que comme l'a souligné Ludovic, l'arme à la maison est la plus formidable expression du contrat de confiance entre l'état et les citoyens.

Publié par Ruben le 9 mai 2006 à 5:20

Bien sûr, interdisons toutes les armes, du gourdin au fusil d'aussaut, en passant par les poings!
L'idée de proposer un permis PAYANT (créer de nouvelles taxes est dans l'air du temps )pour tout citoyen-soldat désirant conserver son arme de service est incohérente avec l'obligation de servir.
Pourquoi ne pas exiger que chaque soldat paie son équipement et sa pension?
L'affirmation selon laquelle la Suisse connaît un taux d'homicides (suicides y compris )par arme à feu qui n'est dépassé que par le Japon me laisse songeur.Elle a été présentée lors d'une récente émission TV, suite au drame des Crosets, par une déléguée d'un institut suisse de criminologie, qui ajoutait, que le fait de disposer d'une arme poussait au meurtre!
Mieux vaut entendre celà que d'être sourd.
Bien à vous.

Publié par Wuethrich le 9 mai 2006 à 7:47

Il existe des projets qui permettraient de neutraliser les armes en fonction de l'endroit, des personnes présentes, etc. Exemple, une arme ne fonctionnerait pas dans un avion ou en présence de W. Pourquoi pas.
Maintenant, sachant que tout peut-être une arme, je reste convaincu qu'interdire les armes de service ne changerait rien à l'affaire. Comme le dit très bien Ares, c'est la détérmination qui est déterminante ;-)
Sac en plastique, coussin, rouleau à patisserie, fourchette, casserole, tuyau de douche, carte de crédit, visière de casquette, boule de billard, j'en passe et des plus raffinées! TOut peut être une arme mortelle.
Le débat devrait plutôt être mené sur les causes et non pas sur les symptômes.

Publié par dahuvariable le 9 mai 2006 à 8:08

Voici un sujet passionnant et passionné. De plus, l'analyse de LM est traitée de façon objective. Cependant, même si je suis détenteur d'armes à feu et même si je suis en faveur de la conservation de ce droit, je me pose une série de questions.

∑ Quels arguments peut-on servir à nos opposants par rapport à l'opportunité de conserver une arme à feu chez soi ?

LM a donné un élément de réponse : « l'augmentation de la violence asymétrique est une incitation cohérente au maintien du principe de la milice, une population en armes étant un puissant contre-poids à nombre de dérives ».
Cette réponse ne me satisfait pas vraiment. Car même si la menace mentionnée ci-dessus a tendance à augmenter, on ne peut permettre aux citoyens, en tant qu'individus, de prendre les armes de façon autonome (sauf cas exceptionnels). Une telle menace demanderait une réponse coordonnée et en tout cas pas des actions incontrôlées, voire incontrôlables.

∑ Si de nombreux ustensiles peuvent être utilisés en tant qu'armes, les armes à feu ne représentent-elles pas une menace très différentes, car plus efficaces ?
Ces dernières permettent notamment de tenir l'adversaire à distance. Le drame qui a touché la famille Rey-Bellet n'aurait certainement pas eu la même portée si le mari de la skieuse était armé d'un simple couteau. Dans ce contexte, je ne suis pas tout à fait d'accord avec l'affirmation de Dominique Bornand :
Maintenant, la question de l'interdiction totale. Celle-ci est pour partie absurde dans le sens que si qqn souhaite effectivement avoir recourt à une arme, il trouvera toujours un couteau dans l'armoire de la cuisine ».

Bien entendu,comme l'a souligné Ares, la détermination constitue un élément essentiel dans les meurtres passionnels. Pourtant, la présence d'une arme pourrait faciliter le passage à l'acte.
D'autre part, je me demande si l'on peut objectivement présenter des cas dans lesquels une arme (de service ou autres) a pu être engagée dans un cas de légitime défense. Si la réponse est négative, l'argument suivant est partiellement caduque : « Insistons aussi sur le fait que les armes sont le garant de la liberté. Si dans nos démocraties, la majorité des citoyens sont désarmés (malheureusement), et laissés à la merci d'agresseurs de toutes sortes, ce désarmement laisse aussi le citoyen sans recours face à la force publique ».

Ce passage met aussi en opposition citoyens et force publique. Je crois que c'est une erreur ; à moins que l'on juge que l'Etat (responsable des forces de l'ordre) n'est pas digne de confiance!

Finalement le débat peut se résumer ainsi : faut-il rester ferme et ne pas remettre en question la détention d'armes à feu, quitte à créer un fossé grandissant entre opposants et défenseurs de ce droit ? Ou faut-il donner des garanties supplémentaires, dans le but d'améliorer la situation (conditions plus sévères, création d'un fichier central, etc.), tout en étant conscient que ce premier geste pourrait encourager ceux qui sont contre la détention d'armes.
Enfin, quelles seraient les mesures qui permettraient d'abaisser le nombre de drames liés aux armes ?


Voir aussi sur le sujet : http://www.swissguns.ch/

Publié par Alex le 9 mai 2006 à 8:46

Quelques réflexions dans le désordre:

@dominique bornand "...les militaires qui suite à leur école de recrue ne souhaitent pas avoir leur armes chez eux devraient pouvoir la faire conserver dans l'arsenal le plus proche..."

L'idée me semble assez bonne, mais mériterais quelques améliorations:
- Tout d'abord déposer toute l'arme n'est pas nécessaire, la culasse suffirait pour rendre l'arme inutilisable.
- Ensuite, je crois qu'une modeste contribution aux frais de garde devrait être levée, ceci afin de trier les "fainéants" (@Arnaud) des autres!

@dominique bornand "!le fait d'être passé sous un drapeau au moment de la remise d'une arme de service est rapidement évacué des esprits!"

Peut-être une idée toute simple: Coller une petite étiquette du 143 (pour les non-Suisses: La Main Tendue / No de soutien psychologique) sur le fusil/pistolet.

@Wuethrich "!L'idée de proposer un permis PAYANT (créer de nouvelles taxes est dans l'air du temps )pour tout citoyen-soldat désirant conserver son arme de service est incohérente avec l'obligation de servir."

Entièrement d'accord! Par contre l'idée d'un permis de possession d'arme (et non-pas un permis de PORT d'arme) me semble judicieuse. Un tel permis pourrais tout à fait être délivré GRATUITEMENT pendant l'école de recrue, après bien sûr avoir passé un minimum de tests théoriques et pratiques. Les armes manipulées par des gens sans expérience sont définitivement beaucoup plus dangereuses pour leur entourage que des armes manipulées par des gens qui savent ce qu'ils font.

@Dahuvariable "! Il existe des projets qui permettraient de neutraliser les armes en fonction de l'endroit, des personnes présentes, etc!"

Toujours a l'état de projet! et je pense que cela le restera encore très longtemps!.

@Alex "! Quels arguments peut-on servir à nos opposants par rapport à l'opportunité de conserver une arme à feu chez soi ?..."

Définitivement la question la plus intéressante!. Mes quelques modestes début d'éléments de réponses:

- Tout d'abord, une observation personnelle: avoir une arme chargée entre les mains, pour peu que les gens soient instruits a leur manipulation, rend ces gens beaucoup plus attentifs et RESPONSABLES.

- Ensuite, quelle est l'alternative? L'expérience Anglaise du désarmement de la population montre que cela ne marche pas (crime avec armes a feu en constante augmentation)! seuls les gens malintentionnés sont en possession d'armes, sans que le citoyen honnête puisse se défendre rapidement. La nature à horreur du vide.

Il me semble que deux autres questions devraient également être abordées:

- Le célèbre tir obligatoire qui revient régulièrement sous le feu des critiques. A mon avis, certaines critiques sont justifiées. Les réponses vues dans les journaux vont souvent dans le sens de son abolition. Comme mentionné précédemment, une arme utilisée par quelqu'un qui ne sait pas ce qu'il fait est DANGEREUSE!! A mon humble avis, il faudrait plutôt étoffer ce tir obligatoire et le remplacer par une journée complète de tir, en y rajoutant de la théorie et du tir a courte distance. Le tir de précision quand à lui devrais être impérativement gardé.

- Le vol d'armes: à mon avis la question la plus préoccupante. Les armes une fois volées circulent dans des milieux par forcément bien-intentionnés (et c'est un euphémisme!!!). Pour revenir a une idée du début de mon intervention, je crois que cela serait une bonne chose d'obliger les heureux posesseurs d'armes de garder ses armes soit dans un coffre (mais tout le monde ne peut pas se le permettre) soit de garder la culasse a un endroit séparé de l'arme.

Voila, j'espère ne pas avoir été trop long!!!

Publié par IVLIANVS le 9 mai 2006 à 10:49

"en y rajoutant de la théorie et du tir a courte distance"

Tout mais pas çaaaaaaa :))

Vous avez déjà essayé de donner une instruction (je précise: pratique) à une classe d'officiers, pourtant entraînés (sic), du tir au pistolet à moins de trois mètres ?

J'en frémis encore... Je peux vous assurer qu'après une ou deux instructions, je ne doute plus du tout de l'utilité de la baillonnette pour le soldat (moyen) :)

Publié par Deru le 9 mai 2006 à 12:08

"""Ce passage met aussi en opposition citoyens et force publique. Je crois que c'est une erreur ; à moins que l'on juge que l'Etat (responsable des forces de l'ordre) n'est pas digne de confiance!"""

Cela soulève ce qui à mon sens est presque une aberration: le citoyen-soldat. Il faut pour que ce concept foncitonne, que la population ait une confiance aveugle en son gouvernement. Il faut aussi qu'il y ait une réciprocité: un gouvernement facilement remplaçable par la population en cas de désaccord profond et grave. Sinon, qui représentera le peuple? Ou alors, se dirigera-t-on vers le coup d'état militaire?
Mêler le peuple au pouvoir est, me semble-t-il une notion qui, si elle a fonctionné en d'autres temps, où il était absolument nécessaire que chacun puisse réagir à un envahisseur extérieur, ne se justifie plus à notre époque de spécialisation des armées.

Publié par Ares le 9 mai 2006 à 12:41

@Deru

Hé!Hé!Hé! ça confirme ce que j'avais déjà entendu :-)

Mais cela me confirme dans l'idée du permis de possession d'arme: si un officier ne met pas assez de serieux a ces exercices, CRAC! on lui retire ledit permis et l'arme qui va avec!!

En y réfléchissant bien, l'idée d'une journée de tir est très loin d'être neuve. cela se faisait courrement dès le moyen-age dans les milices citoyennes. Le tir obligatoire actuel n'étant que la survivance épurée de cette coutume...

Publié par IVLIANVS le 9 mai 2006 à 12:54

"""Ce passage met aussi en opposition citoyens et force publique. Je crois que c'est une erreur ; à moins que l'on juge que l'Etat (responsable des forces de l'ordre) n'est pas digne de confiance!
-Alex"""
C'est un équillibre. Si je ne tire pas sur la police, c'est bien que je l'estime digne de confiance, et si l'état me confie une arme, c'est qu'il pense la même chose de moi.
Si ce contrat est rompu, je pense que c'est une chose grave. Cela signifie que l'état a quelque chose à se repprocher, pour craindre ainsi ses propres citoyens.

Enfin, un texte aussi éclairé que la déclaration d'indépendance des USA stipule :

"Mais lorsqu'une longue série d'abus et d'usurpations vient confirmer la même volonté de soumettre une nation à un despotisme absolu, il est de son droit, de son devoir de renverser une telle tyrannie et de créer de nouvelles sauvegardes pour sa sécurité future."

Et comment renverser une tyrannie si elle a d'abord, avant de devenir tyrannique, confisqué toutes les armes?

Publié par Ruben le 9 mai 2006 à 17:08

Vous connaissez peut-être l'adage haïtien :
"konstitisyon se papie, bayonet se fè"

Publié par Ruben le 9 mai 2006 à 17:29

Si ce contrat est rompu, je pense que c'est une chose grave. Cela signifie que l'état a quelque chose à se repprocher, pour craindre ainsi ses propres citoyens.


C'est une interprétation possible, mais cette phrase ne présente pas la vérité dans son ensemble. En Suisse, une telle décision risque de passer devant le peuple. Dans ce cas pourrait-on dire que c'est l'Etat qui n'a plus confiance en ses citoyens ou n'est pas plutôt la société qui cherche (à tord ou à raison) à se protéger ??

La seconde partie de votre intervention évoque une question traitée par plusieurs historiens : le tyrannicide. Encore une fois, cet aspect relève, à mon avis, un certain esprit de paranoïa. « Et comment renverser une tyrannie si elle a d'abord, avant de devenir tyrannique, confisqué toutes les armes ? »
Je fais confiance au peuple et à son gouvernement, même si ces derniers décident de réglementer plus sévèrement la possession d'armes à feu.

Alex

Publié par Alex le 10 mai 2006 à 8:18

Vous faites un peu trop confiance à mon avis ;)
Regardez la Chine, l'URSS, Cuba... et j'en passe. Des tyrannies qui durent depuis trop longtemps. Un peuple désarmé ne peut pas changer de régime comme il l'entend.

Publié par Ares le 10 mai 2006 à 11:02

C'est bien ce qu'exprime le proverbe haïtien.

Publié par Ruben le 10 mai 2006 à 12:49

"Vous faites un peu trop confiance à mon avis ;)
Regardez la Chine, l'URSS, Cuba... et j'en passe. Des tyrannies qui durent depuis trop longtemps. Un peuple désarmé ne peut pas changer de régime comme il l'entend". (Ares)

Remettons les choses dans leur contexte, on fait ici allusion à la Suisse...

Pour Ruben: et si vous nous le traduisiez ce fameux proverbe?!


Publié par Alex le 10 mai 2006 à 13:17

"""Remettons les choses dans leur contexte, on fait ici allusion à la Suisse..."""(Alex)

Bien sûr. Je généralisais à titre d'illustration.

Publié par Ares le 10 mai 2006 à 13:40

"Pour Ruben: et si vous nous le traduisiez ce fameux proverbe?!
-Alex"

Avec plaisir. Cela donne ceci : la constitution, c'est du papier, mais la baïonette, c'est du fer.

Publié par Ruben le 10 mai 2006 à 17:51