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24 février 2006

Les Soviétiques et le goulag

Le sixième exposé du symposium, « Les populations russe et soviétique au cours des deux guerres mondiales », a été présenté par Sophie de Lastours, docteur en histoire militaire de la Sorbonne.

L'ouverture des archives du goulag ont permis d'en apprendre beaucoup sur la manière dont a été menée la Grande guerre patriotique.

La déclaration de guerre en 1914 a été accueillie avec enthousiasme, avec l'espoir d'une guerre courte et joyeuse. Après cette guerre, les camps d'internements et de prisonniers (2,2 millions de prisonniers sur territoire russe en 1918) furent mis à la disposition de la Tchéka, et les gens y furent internés pour ce qu'ils étaient, et non pour ce qu'ils avaient fait. Le goulag n'a pas cessé de croître dans les années 30 et 40 ; de 1929 à 1953, 18 millions de personnes y sont passées, selon Anne Applebaum. Au sein du système, les détenus étaient traités comme des blocs de minerai de fer ; le goulag apporta un gros effort de guerre industriel. Les hommes qui auraient dû être punis de mort selon les ordres du NKVD lors des premiers mois de l'offensive allemande en Union soviétique de juin 1941 ont souvent été envoyés au goulag à la place ; les familles de « ceux qui ont reculé » finissent également au goulag.

Une certaine amnistie a existé, et 5 prisonniers du goulag sont ainsi devenus des Héros de l'Union soviétique au terme de la Seconde guerre mondiale. Mais les minorités - tchétchènes, tatares, ou allemands de la Volga - ont été déportées en masse en goulag, et la guerre a constitué un prétexte pour une épuration ethnique sans pitié. Cependant, l'arrivée de l'armée allemande a également eu des effets directs sur la population avec une composante ethnique ; dans le Caucase, des affiches ont commencé à apparaître avertissant que pour 1 soldat allemand tué, 10 Russes ou 100 Tchétchènes le seraient. Après la guerre, tous les citoyens soviétiques ayant vécu sous occupation allemande sont ensuite l'objet de soupçons permanents, avec la crainte d'une « contamination » par la présence allemande. Pire : dès avant la fin de la guerre, des trains entiers de vainqueurs soviétiques, de soldats ayant vu la vie quotidienne hors de l'URSS, ont été envoyés au goulag. Les camps de prisonniers dont les Soviétiques se sont emparés dans leur marche vers l'ouest ont d'ailleurs immédiatement été recyclés.

Publié par Ludovic Monnerat le 24 février 2006 à 11:08

Commentaires

"Pire : dès avant la fin de la guerre, des trains entiers de vainqueurs soviétiques, de soldats ayant vu la vie quotidienne hors de l'URSS, ont été envoyés au goulag. Les camps de prisonniers dont les Soviétiques se sont emparés dans leur marche vers l'ouest ont d'ailleurs immédiatement été recyclés."

Ce passage me pose question et m'interesse. Savez vous où il serait possible de contactez Mme Sophie de Lastours pour lui demandez d'ou elle tiens ces informations. Merci

Publié par Kormin le 24 juin 2006 à 20:53