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20 janvier 2006

Les limites de la puissance

Comment interpréter les déclarations de Jacques Chirac sur l'emploi de l'arme nucléaire française ? De tels propos sont suffisamment rares pour mériter le détour. Voici déjà plusieurs années que la France entreprend de mettre un terme au grand écart qui sépare les armes nucléaires issues de la guerre froide et les projectiles conventionnels, en réduisant la puissance des premières et en augmentant celle des seconds. Aujourd'hui, plusieurs médias mettent cependant en exergue le fait que la France, par la bouche de son Président, n'a jamais été aussi près de mettre ses capacités nucléaires au service de l'Europe. Le texte prononcé souligne ainsi des intérêts stratégiques qui ne sauraient être mis en péril, comme l'approvisionnement énergétique du pays ou la sécurité de nations alliées.

Ce discours de puissance, offrant une mise en garde à peine déguisée, annonce-t-il un revirement dans la tendance continentale à l'apaisement ? Les délibérations au Conseil de sécurité à propos de l'Iran donneront une meilleure réponse à cette question qu'un discours, certes ferme à souhait, prononcé sur une base navale. De plus, les capacités destructrices de l'arme nucléaire et la controverse qui entoure inévitablement son emploi s'opposent à une chaîne de commandement qui ne soit pas strictement nationale. La France peut agiter le spectre de l'atome, déployer de nouveaux missiles dans ses sous-marins, emmener quelques ogives à bord du Charles-de-Gaulle, cela ne suffit pas en soi à corriger des années d'attentisme et d'affaiblissement national en partie dus à la construction européenne.

Bien entendu, ces propos auront un impact considérable dans l'appréciation des possibilités d'action. En quelques mots, les objectifs potentiels de la dissuasion nucléaire française ont été élargis, et les analyses stratégiques au niveau mondial tiendront compte de la volonté nouvellement affirmée par le Président. De nouvelles questions vont être posées dans l'étude de certains scénarii. Est-ce que la France va déployer son groupe aéronaval près de capitales lointaines si la navigation des superpétroliers qui l'approvisionnent est menacée ? Est-ce que la France va vitrifier le QG des Pasdaran si une campagne d'attentats téléguidés ravage le cœur de Paris ? Tel sont les effets de la puissance militaire projetable et affichée, conventionnelle ou non : influencer le jugement et les décisions d'autrui par sa seule existence.

L'arme nucléaire reste cependant l'aboutissement monstrueux de la guerre totale, celle qui opposait des nations les uns aux autres : la restriction aux Etats dans le discours de Jacques Chirac n'est pas un choix de la France, mais bien une limite inhérente à l'arme elle-même. Aussi précise et pénétrante soit-elle, l'ogive nucléaire ne peut jamais frapper qu'un ennemi à la fois identifié et distant, pour tout dire extérieur ; et la bombe a d'ailleurs été l'un des principaux catalyseurs dans la transformation de la guerre, en rendant insupportable la montée aux extrêmes qui caractérisait les conflits classiques, et donc en favorisant les méthodes asymétriques comme la guérilla et le terrorisme. Prêter à l'arme nucléaire les vertus d'une assurance-vie, à l'heure où les sociétés se morcellent et s'antagonisent sous l'effet conjugué des flux d'idées et de personnes, devient ainsi une illusion dangereuse.

Une assurance-mort, tout au plus.

Publié par Ludovic Monnerat le 20 janvier 2006 à 18:48

Commentaires

les déclarations de Chirak semblent complètement déconnectées de la réalité : on voit mal comment "la France" pourrait lancer toute seule une bombe contre l'Iran !
il reprend des thèmes classiques que tenait de Gaulle en son temps
les militaires français qui inspirent son discours n'ont pas évolué d'un poil en 50 ans

Publié par JPC le 20 janvier 2006 à 20:22

Je suis avant tout d'avis que le discours de Chirac est destiné à renforcer la position de la France. Si c'est directement par rapport à l'Iran (tout en renforcant alors la position du monde occidental) ou face au membres du Conseil de Sécurité de l'ONU pour les négociations à venir est pour l'instant moins clair. Mais le moment choisi est clairement destiné à établir un rapport avec la crise de l'Iran que le vieux renard Chirac voit apparaître à l'horizon. Je ne le trouve donc pas du tout "déconnecté de la réalité". Il est même au contraire très calculateur...

Cela dit, les réactions de certains politiciens en Allemagne sont très claires. Ils choisissent l'Off-side politique en adoptant délibérememt une position qui se distingue avant tout par sa faiblesse. Cela est très inquiétant et également un signal très fort en direction de l'Iran. de ce côté, rien de nouveau donc. In Deutschland nichts Neues.

Publié par Sisyphe le 20 janvier 2006 à 20:35

Je trouve inquiétant de voir Chirac se réveiller après un sommeil de dix ans. Il a toujours été opposé aux américains et maintenant il semble retourner sa veste (va savoir pourquoi?) et menacer les nations terroristes. J'avoue que je ne connais pas très bien le sujet, mais de mon point de vue c'est assez inquiétant. Pourriez-vous expliquer un peu plus avant quels sont les tenants et les aboutissants d'une telle déclaration?

Publié par Arno le 20 janvier 2006 à 20:55

Dans le discours de Chirac je perçois plusieurs points:
-Rentabilisation politique de la couteuse dissuasion nucléaire française.
-Extension de la protection atmoique à l'Europe, donc volonté d'apparaitre comme le protecteur de l'Europe.

Sinon, il réactualise la dissuasion française. Celle ci a toujours été fondée sur 2 piliers:
-La volonté de montrer à l'adversaire une très grande détermination à utiliser l'arme pour proteger les interets vitaux français.
-Une volontaire imprécision dans la définition des interets vitaux français.
Ces 2 piliers assurant un certain inconfort intellectuel chez l'adversaire.

L'Iran joue le faible au fort avec les USA, et les USA le fort au faible (sans connotation péjorative dans les termes).
La France joue de l'imprévisible au fou avec l'Iran.
Certes ça ne suffit pas face au terrorisme, mais ça peut créer un inconfort psychologique, un doute mortel chez certains adversaires.

Cordialement.
S.

Publié par Stauffenberg le 20 janvier 2006 à 21:21

Si d'aventure vous avez assistez aux voeux du président Chirac prononcés à Tulle devant la notabilitas de Corèze...vous aurez compris qu'il semble un peu "pétardé". Lorsqu'on en arrive à lire un texte sans en comprendre visiblement le sens, que l'on bafouille, et qu'on termine en sollicitant l'indulgence du public pour la "qualité" de la prestation, il y a du soucis.

Son accident vasculaire aurait il occasionné des séquelles plus importantes qu'il n'y parrait ?

Publié par Winkelried le 20 janvier 2006 à 21:22

Qui sont les "alliés" ? Est-on sûr qu'il s'agit des pays occidentaux ? Europe ou Eurabia ?

Hypothèse :
#1: Les volontés nucléaires de l'Iran donnent des sueurs froides à d'autre(s) pays islamique(s)
#2: Il y a de fortes tensions sur les marchés énergétiques (Ukraine en début d'année, vague de froid en Russie, incertitudes sur l'Iran, etc.)
=> La France assure de son soutien ses alliés producteurs de pétrole face à l'Iran en apportant sa puissance nucléaire.

Si cette hypothèse est valide, il s'agit alors d'un pas de plus vers la création de l'Eurabia (lire Bat Ye'or sur ce thème).

Publié par APG le 20 janvier 2006 à 21:33

"...Si cette hypothèse est valide, il s'agit alors d'un pas de plus vers la création de l'Eurabia (lire Bat Ye'or sur ce thème)...)@APG

100% d'accord avec vous.

Publié par Eric le 20 janvier 2006 à 21:47

Pour développer le sens d'eurabia qui coule dans la veine de Jacques Chriac :-) je dirai qu'il vise peut-être Israël très directement. Le pays dont les intérêts vitaux sont ouvertement menacés, c'est Israël. Les termes employés par l'émir de l'Iran sont techniquement une déclaration de guerre. Donc Israël pourra être amené à utiliser une riposte nucléaire tactique de faible amplitude mais suffisante pour détruire les capacités iraniennes enfouies. La perception d'Israël sera immédiatement orchestrée dans le sens de la responsabilité d'une déstabilisation des approvisionnements et pourra faire l'objet d'une réplique de la France, alliée de la Umma...
Tel est l'Etat auquel Jacques Chirac se réfère. En effet l'Iran travaille depuis trop d'années par procuration non étatique pour changer d'approche. Il finance, forme et mobilise, point. Quant à l'abominable guerre Iran Irak, elle fut enclenchée par l'Irak, pour cause de cours de pétrole, pas par l'Iran, ne l'oublions pas.
Louis

Louis

Publié par Louis le 20 janvier 2006 à 22:13

Pour imaginer la France lancer un attaque nucléaire sur Israel pour défendre l'Iran, il n'y a pas que Chirac qui est "pétardé"!

Publié par elf le 20 janvier 2006 à 23:05

@ Elf:

Mes hommages,

je souscript entièrement à votre analyse concernant la remarque de Louis...

Publié par Winkelried le 20 janvier 2006 à 23:30

Peut-être manqué-je un brin d'ouverture d'esprit, mais lorsque j'entends le Président de la République prononcer le terme "alliés", je pense en premier lieu aux pays membres de l'OTAN, et ensuite aux pays ayant des accords de défense avec la France. J'imagine mal des messages cachés ou subliminaux derrière ces propos. Alors on peut lancer des réflexions certainement intéressantes sur le concept "Eurabie", susciter des projections à ce sujet, mais la réalité d'aujourd'hui ne devrait pas pour autant être mise de côté.

Publié par Ludovic Monnerat le 20 janvier 2006 à 23:45

http://permanent.nouvelobs.com/politique/20060120.OBS2960.html

"Le nucléaire est devenu
une arme de combat"

Le discours de Jacques Chirac, prononcé jeudi sur la base nucléaire de l'Ile Longue, marque-t-il une rupture dans la définition de la doctrine nucléaire française ?

- La doctrine nucléaire française a évolué après les essais nucléaires indiens et pakistanais de 1998. Les autorités françaises se sont alors rendues compte que la doctrine d'une dissuasion nucléaire tournée contre la Russie n'était plus satisfaisante. La doctrine s'est tournée vers l'Asie, la Chine étant, sans qu'on le dise, la première puissance visée. Pour cette raison, la portée des missiles a été étendue. Le second changement de la doctrine nucléaire française est survenu après les attentats du 11 septembre 2001 à New York. Il fallait, pour faire face au terrorisme, que les frappes nucléaires puissent être plus précises. Car l'objectif est de pouvoir détruire un camp ou un bunker, et non plus une ville entière. L'armée française a donc travaillé, sous le gouvernement de Lionel Jospin, à la fois la portée et la précision des missiles.
Il s'agit d'un dossier qui tient particulièrement à cœur à Jacques Chirac. C'est l'aboutissement de huit ans de travail. Mais très peu de choses ont été expliquées.

Il n'y a eu qu'un seul discours du président sur le sujet, en 2001, devant l'IHEDN [Institut des hautes études de la Défense nationale, NDLR]. Ce discours prononcé devant des spécialistes n'a pas eu un grand retentissement. Il s'agissait pourtant déjà de l'officialisation d'un changement stratégique. On peut dire que le nucléaire est devenu une arme de combat, et non plus seulement une arme de dernier ressort.

Pourquoi Jacques Chirac a-t-il décidé de mettre sous les projecteurs cette mutation de la doctrine nucléaire ?

- D'abord à cause de l'Iran. On a pu entendre un discours de Jacques Chirac beaucoup plus ferme contre les tentatives iraniennes de développer la maîtrise du nucléaire que lors des dernières semaines. Ce qui indique que le dossier se dirige vers le Conseil de sécurité de l'ONU.
Une deuxième explication réside dans le fait que les armes n'étaient probablement pas finalisées en 2001. Ces armes sont aujourd'hui en place. Il s'agit de l'officialiser. Cette fois, Jacques Chirac a choisi de tenir un discours public sur la base militaire de l'Ile Longue. Il prend date, de manière à ce que le monde entier ait connaissance de la doctrine nucléaire française.
Les raisons de politique intérieure sont peut-être aussi présentes, mais secondaires.

La définition des intérêts vitaux de la France a-t-elle été modifiée ?

- Cette définition ne surprend personne. La France riposterait à une attaque contre un pays allié, cela a toujours été le cas. Mais le flou sur la définition des intérêts stratégiques est nécessaire à la dissuasion.
Depuis quelques mois sont apparues plusieurs tentatives claires de la part de certains pays de se doter de l'arme nucléaire. Après la Libye, qui a mis en place un programme nucléaire avec l'aide du Pakistan, avant d'y renoncer sous la pression des Etats-Unis, on soupçonne l'Egypte et l'Arabie Saoudite de chercher à se doter de l'arme nucléaire. Pour la France, il ne s'agit plus aujourd'hui de frapper la Russie, mais d'abord l'Asie.

Publié par Froggie le 21 janvier 2006 à 0:06

On peut s'étonner de beaucoup de choses mais la France n'est pas un pays pacifiste, elle ne représente pas le groupe de la paix, elle n'est pas non plus anti Américaine. La France est un pays guerrier qui a décidé après le désastre de 1940 que plus jamais elle ne se retrouverait dans cette situation. L'arme nucléaire gaullienne fait maintenant parti intégrante de la pensée française comme Marianne, la laïcité et la bonne bouffe. La France n'hésitera pas à utiliser l'arme atomique pour sa sauvegarde et celle de ses alliés et Israël s'est particulièrement inspiré du cas français. L'Armée française sans être nommée dans la Constitution comme en Turquie a plus de pouvoir " politique " que bien des Armées d'autres pays occidentaux ( se rappeler de mai 68 ). La France et l'Eurabia se voit largement compensée par les USA et leur USARabia particulièrement bien nanti par rapport à la première. La France vitrifiant Israël... ça c'est du délire d'une production viticole excédentaire qui semble faire des ravages épisodiques ;-)

38000 Marocains aux USA, la population d'origine arabe vivant aux États-Unis est estimée à 1,19 million de personnes en 2000, soit 0,2% de la population américaine.

http://www.bladi.net/38000-marocains-aux-usa.html

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 21 janvier 2006 à 1:36

Est-ce que la France va vitrifier le QG des Pasdaran si une campagne d'attentats téléguidés ravage le cœur de Paris ?

Moi, je note surtout que l'Iran a apparement déjà commencé à rapatrier ses dépots des banques européennes (pour qu'on lui refasse pas le coup des gels de fonds de 79) et à agiter l'arme du pétrole via l'OPEP!

Et je crois me rappeler que la fameuse campagne terroriste de 86 ( mais il faudrait aussi ajouter la tentative d'assassinat de Bakhtiar à Paris de 80, l'attaque sur les bureaux d'Air France de 81, les 58 soldats français du Liban de 83, les prises d'otages de Beyrouth de 85, l'assassinat du fondateur d'Eurodif Georges Besse de 86) était déjà au sujet d'avoirs prêtés (mais aussi de refus de livraisons, cotractuellement prévues, d'uranium enrichi ) du temps du Shah (notamment en 78 le milliard de dollars comme entrée dans le capital d'Eurodif qui devait être remboursé à partir de 81) et tardant à être rendus pour cause de guerre avec l'Irak, ce qui fut d'ailleurs discrètement fait, entre 88 et 91, suite au retour des otages - Chirak offrant même à Khatami en 99 la cerise sur le gâteau de! la gerbe au Panthéon sur les tombes des Curie !

Voir :
http://www.iht.com/bin/print_ipub.php?file=/articles/2006/01/20/news/iran.php

http://www.arenes.fr/livres/page-livre1.php?numero_livre=27&num_page=130

Publié par jc durbant le 21 janvier 2006 à 6:52

Si Chirac lit "Monnerat" - Il doit bien rigoler!!

"Griller Israel", ""vitriffier les Pasdaran", "consolider l'Eurabia", "Cibler l'Asise" - La pierre que Chirac a jetee ds la marre fait des vagues, bien rondes, ds toutes les directions! Tout ca c'est confu!
Bien joue, Jaaaaacques! Rien de tel que la confusion pour destabiliser l'ennemi! Sun Tse l'a ecris il y a 2500 ans!
C'est tellement confus, comme declaration, qu'on ne sais pas qui est ami, qui est ennemei: esperons que les systemes electroniques des "Rafales" francais sont moins confus sur ce point!


PS1: Si Chirac lit "Monnerat" - esperons le! se baser sur l'IRIS uniquement pour les annalyses strategiques de la France et ignorer "Monnerat" serai incongrue! ;-))
PS2: Si Chirac lit "Monnerat" - quel est son pseudo? ;-))

Publié par Ram Zenit le 21 janvier 2006 à 8:57

Petite rectification sur le delirium tremens de Louis.

Le discours de Chirac s'inscrit dans le registre de la menace psychologique. Et on sait la distance qu'il y aurait jusqu'au passage l'acte. Il n'y a sans doute pas plus de raison dans son esprit de vitrifier l'iran et son peuple qu'Israël et son peuple. Mais il n'y a pas moins de raison de menacer les deux. Jouer sur deux tableaux n'est vraiment pas un scoop pour l'ami de la nation arabe et le "protecteur" des enfants d'Israël (cf discours de Carpentras...)
Quant à l'administration qui prépare l'analyse de situation pour lui et le Premier ministre(Secrétariat Général de la Défense Nationale en particulier), sa proximité avec les thèses de l'Iran sur l'illégitimité d'existence d'Israël est assez impressionnante, navré.

Publié par Louis le 21 janvier 2006 à 9:53

Pour moi, ce discours arrive suite à deux faits bien précis:

La faillites de la tentative de règlement politique du problème du nucléaire iranien tant souhaité par la france pour redorer son image de marque.

La faillite de l'action française en côte d'ivoire qui ne parvient même plus à cacher son impuissance militaire et politique dans un tout petit conflit.

Que reste-t'il à notre bien aimé président qui rêve de grandeur?

Rien, si ce n'est rappeler au monde que la france, malgré toute son impuissance tant politique que militaire, possède encore une toute petite légitimité internationnale.

Quant à savoir si la france serait capable d'utiliser cette arme, c'est une autre histoire...
Rien que pour larguer une bombe de 250 kg, il lui faut 15 jours de réflexions alors imaginez pour l'arme nucléaire....

Publié par Pierre058 le 21 janvier 2006 à 10:03

Il me semble que nul ne parlait de "delirium tremens", mais de l'épithète "pétardé" qui, a priori, comporte une certaine notion de réversibilité... :)

Je ne suis en aucune mesure à même de confirmer ou d'infirmer votre dernier paragraphe. Maintenant, les termes employés par Jacques Chirac semblaient vraiment très loin de s'appliquer à Israël. Et on ne menace pas ainsi une puissance nucléaire inofficielle dont on connaît une bonne part des capacités, puisque la France lui a fourni des missiles au début du programme nucléaire israélien...

Publié par Ludovic Monnerat le 21 janvier 2006 à 10:11

Enoncé
"... J'imagine mal des messages cachés ou subliminaux derrière ces propos..."@Ludovic

Déduction
Et pourquoi la réalité ne se cacherait-elle pas audelà de votre imagination puisque que vous écrivez noir sur le blog tout en parlant blanc à la télévision.

Conséquence
Les Pasdrans ont-ils on n'ont-ils pas l'arme nucléaire ? Cherchent-ils à l'avoir ? Quand l'auront-ils et qui menaceront-ils ?

Conclusion
Ce que je/nous attendons, en tant que politiques, c'est que les militaires répondent clairement à cette question, avec des preuves incontestables et si possible, pas à la façon Powel (Cf. démonstration présence ADM en Irak à l'ONU). C'est quand même leur boulot me semble-t-il et s'ils ne le font pas, et bien nous ferons le notre, c'est à dire que nous les virerons.

Publié par Eric le 21 janvier 2006 à 10:26

Eric, libre à vous de menacer de "virer" les militaires, quel que soit le pouvoir dont vous disposez ou dont vous vous réclamez, mais j'ai tout de même l'impression qu'en France l'estimation des capacités nucléaires iraniennes est l'affaire de la DGSE, et non de la DRM ; que la première relève du Ministère de la Défense ne signifie évidemment pas qu'elle soit une structure militaire.

Ensuite, je ne vois pas exactement le rapport entre les déclarations de Jacques Chirac, fondées sur un discours sans aucun doute préparé minutieusement, et votre affirmation "vous écrivez noir sur le blog tout en parlant blanc à la télévision". Que mes jugements sur l'Iran ne vous conviennent pas, soit ; que vous voyez un double langage dans mes propos écrits ou oraux, c'est votre affaire ; mais ne mélangeons pas les sujets.

Publié par Ludovic Monnerat le 21 janvier 2006 à 10:44

@Louis

"Quant à l'administration qui prépare l'analyse de situation pour lui et le Premier ministre(Secrétariat Général de la Défense Nationale en particulier), sa proximité avec les thèses de l'Iran sur l'illégitimité d'existence d'Israël est assez impressionnante"

ça donne froid dans le dos. Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur l'état d'esprit de ceux qui travaillent au Secrétariat Général de la Défense Nationale? De quel milieu ils sont généralement issus? Quelle(s) formation ils ont suivie(s)? D'où provient leur antisémitisme que tu mentionnes ici?

Publié par elf le 21 janvier 2006 à 10:45

A Elf
Je n'aime pas dénoncer quiconque mais imaginez plutôt une jeune femme, civile, assez brillante, ancienne journaliste dans un quotidien militant, docteur en géopolotique et vous avez un profil proche de la réalité. Elle se défendra d'être antisémite mais elle soutiendra sans ambage et avec un grand sourire que "les juifs se sont servis de l'holocauste pour s'approprier illégalement les terres des palestiniens".

Pour Ludovic, qui a tout mon respect.

Mon propos n'est pas de dire que Chirac appuira sur le bouton contre Israël mais qu'il laisse planer suffisamment d'ambiguïté pour dire aux autres qu'il parle de tout Etat. Il avait joué le même jeu lors de son voyage en Libye de novembre 2004, feignant de ne pas savoir pour qui était destiné le programme nucléaire du Colonel et lachant à propos des ogives en préparation: "et d'ailleurs, pour les lancer sur qui?" Ce qui était assez énorme comme déni d'Israël.

Publié par louis le 21 janvier 2006 à 12:01

Le pseudo de chichi sur le web est "TdVV".
http://www.bdoubliees.com/journalspirou/series6/teteveau.htm
ABE

Salut

Publié par variable le 21 janvier 2006 à 12:50

J'avoue que je serais étonné si la cible principale du discours était Israël plutôt que l'Iran.

Je rebondis cependant sur le concept de "réalité" : "mais la réalité d'aujourd'hui ne devrait pas pour autant être mise de côté." (LM - 23h45). Il me semble que pour aborder cette réalité il faut garder en tête qu'elle est :
- Inconnaissable : nous manquons trop d'informations pour vraiment la connaître, on ne peut faire que des hypothèses, lesquelles sont fragiles et pourraient être remises en cause à chaque nouvelle information [1].
- Indicible : il n'est pas possible sur un tel support d'exprimer tous les doutes / contradictions / subtilités / etc. des hypothèses. Ce qui est écrit ici est nécessairement simplifié, et le format même des commentaires incite à raccourcir (exemple : je n'interviens que pour ajouter des hypothèses différentes ou des infos non traitées et ne commente pas quand je suis d'accord).

Si l'on applique cela au sujet du post, peut-être cette présentation de mon approche sera plus complète :
- Qui est visé ?
-- Iran : forte probabilité
-- Israël : très faible probabilité
-- Autres pays Arabes : faible probabilité
- Qui sont les alliés ?
-- Europe : probabilité moyenne plus
-- Arabie Saoudite et autres pays OPEP hors Iran : probabilité moyenne moins
-- Iran : très très (...) faible probabilité
Maintenant, quelle est la "réalité" ?

[1] Mon livre d'espionnage favori est "Les gens de Smiley" de John Le Carré : l'histoire n'y est qu'un support pour faire ressortir l'angoisse et le doute permanents face au manque d'information et aux trahisons.

Publié par APG le 21 janvier 2006 à 14:35

Lucovic
"...Eric, libre à vous de menacer de "virer" les militaires, quel que soit le pouvoir dont vous disposez ou dont vous vous réclamez, mais j'ai tout de même l'impression qu'en France l'estimation des capacités nucléaires iraniennes est l'affaire de la DGSE, et non de la DRM ; que la première relève du Ministère de la Défense ne signifie évidemment pas qu'elle soit une structure militaire..."

Je reconnais que ce sont des subtilités qui m'échappent encore un peu : DGSE, DRM...? En sommes, c'est pas moi c'est l'autre. Okay.

"...."vous écrivez noir sur le blog tout en parlant blanc à la télévision". Que mes jugements sur l'Iran ne vous conviennent pas, soit ; que vous voyez un double langage dans mes propos écrits ou oraux, c'est votre affaire ; mais ne mélangeons pas les sujets."@Lucovic


Effectivement, je vois un double langage dans vos propos : vous expliquez dans la vidéo que les iraniens n'ont pas la capacité de produire une arme nuclaire digne de ce nom et vous développez dans ce blog une étude stratégique pour neutraliser la menace nucléaire iranienne. N'y voyez-vous pas une contradiction ?

Il me semble que je ne suis pas le seul à vous avoir fait la remarque...et vous n'avez pas apporté de réponse à cette contradiction.

Rassurez-vous, je n'ai aucun pouvoir politique pour l'instant et si j'en avais, j'opterais, en ce qui vous concerne, plutôt pour une belle promotion. D'ailleurs, vous êtes dans mes cartons pour d'éventuelless propositions...Vous avez le courage de l'aventure humaine et vous ne craignez pas de vous exposer avec tous les risques que cela comporte. Je recherche ce type de profil car je vais bientôt en avoir besoin. Mais évidemment, il faudra convenir d'un léger reformatage...et vous équiper d'une chemise avec une jolie cravate. ;-))))))))))...heu....bleue.


Publié par Eric le 21 janvier 2006 à 14:41

"J'avoue que je serais étonné si la cible principale du discours était Israël plutôt que l'Iran."

Et s'il s'agissait plutôt de la Cote d'Ivoire ou de la Biélorussie ?

Publié par Deru le 21 janvier 2006 à 14:59

Israël, Côte d'ivoire, Biélorussie... C'est du second degré ? rassurez moi!

Et pourquoi pas les cantons de Zoug et Schwyz en raison de leur pratiques fiscales contraires aux intérêts de l'UE ?

Un vent irrationnelle semble souffler sur le blog... Un coup de föhn ?
Ou bien notre "secte" prend t'elle un tour apocalyptique ? ;)


Je crois que certains manquent simplement de repos...syndrôme du surmenage :)

Publié par Winkelried le 21 janvier 2006 à 15:20

J'imagine assez bien une frappe nucléaire dans la brousse ivoirienne. Une démonstration de force par l'absurde, une réponse symétrisante au duel du fort au fou. Par le passé, d'autres ont déjà eu des idées allant dans le même sens. Il est vrai que la confusion des esprits est une arme dangereuse pour qui sait la manier ! :)

Publié par Ludovic Monnerat le 21 janvier 2006 à 16:42

Bon revenons à la raison.

J'invite ceux qui ne l'ont pas fait a se reporter au texte intégral du discours de Jacques Chirac, sur le site de l'Elysée:
http://www.elysee.fr/elysee/francais/interventions/discours_et_declarations/2006/janvier/allocution_du_president_de_la_republique_lors_de_sa_visite_aux_forces_aeriennes_oceanique_et_strategiques-landivisiau-l_ile_longue-finistere.38406.html

Dans un premier temps la cible est clairement l'Iran ou le Pakistan selon la progression suivante:

1) idées radicales --> confrontation des civilisations, des cultures, des religions --> attentats odieux --> formes plus graves impliquant des Etats.

2) le terrorisme non étatique ne fait pas disparaître les menaces d'Etats

3) instabilité liée au couple nationalisme/ injustice des partages/mondialisme

4) le choix du droit et de la coopération "plutôt que la confrontation" (même en défense de proximité?)

5) nous ne sommes pas à l'abri "d'une suprise stratégique" (comme la destruction d'Osirak ?)

6) apparition d'affirmations de puissances reposant sur le nucléaire (donc de ceux qui l'ont déjà ?)

7) Oui puisque cela crée "la tentation de certains Etats de se doter de la puissance nucléaire" Donc on parle bien de l'argument: "Israël possède l'arme, pourquoi pas moi?" Donc on parle bien d'Israël.

8) contexte d'instabilité "régionale" (On sait où se situe le conflit le plus célèbre en la matière).

9) "la protection des approvisionnements" est un intérêt vital de la France. Je cite la phrase clé:
"Il appartiendrait au Président de la République d'apprécier l'ampleur et les conséquences potentielles d'une agression, d'une menace ou d'un chantage insupportables à l'encontre de ces intérêts. Cette analyse pourrait, le cas échéant, conduire à considérer qu'ils entrent dans le champ de nos intérêts vitaux". Les conséquences par ricochet ne sont pas exclues.

10) Le discours fait enfin une distinction nette entre les Etats terroristes et les autres:
a)"les dirigeants d'Etats qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous",
b)tout comme ceux qui envisageraient d'utiliser, d'une manière ou d'une autre (et plus seulement "contre nous"), des armes de destruction massive,
11) Et on termine par sa menace envers une puissance régionale "majeure", dont Israël fait indubitablement partie.

12) Ensuite de quoi, le discours passe au revirement caractéristique du discours de la dissuasion: le nucléaire reste une arme de "non-emploi"

Bon, je ne voulais pas en faire une tartine mais il dit qu'il a le doigt sur le bouton, même contre une puissance régionale majeure, mais qu'il n'a pas trop l'intention d'appuyer.

Je me contente d'effectuer une analyse du sens qui me semble limide, l'action je n'en ai aucune idée et elle sera certainement confuse, comme d'habitude.

Publié par Louis le 21 janvier 2006 à 18:32

Puisqu'on en est à analyser en détail les nombreuses déclarations de jacques Chirac pour essayer de "deviner" qui sont ses alliés et qui sont ses ennemis, voici un extrait tout récent concernant le Kosovo :


"...Aujourd'hui, la France qui fut solidaire du Kosovo au cours de la tragédie des années 90 s'associe à son deuil et rend hommage au rôle historique et au courage politique qui animèrent Ibrahim Rugova, pour défendre les droits démocratiques du peuple kosovar, puis pour oeuvrer au retour de la paix et à la réconciliation dans votre région..."

http://www.elysee.fr/elysee/francais/interventions/lettres_et_messages/2006/janvier/lettre_de_condoleances_adressee_au_president_par_interim_de_l_assemblee_du_kosovo_a_la_suite_du_deces_de_m_ibrahim_rugova.38458.html

La référence explicite à la "tragédie" du Kosovo dans les années 90 ne devrait pas laisser de doutes pour comprendre QUI sont les alliés et les amis de jacques Chirac. Le Kosovo, ce n'est pas la Serbie, ce n'est pas la même culture, ni la même religion, ni le même bloc. Il faudra bien, que vous le vouliez ou non, choisir votre camp et vous devez comprendre que cela va être très douloureux pour tout le monde, car ce qui s'est passé en ex-yougoslavie se passera en France ET en Suisse. Ne dites jamais que vous n'aurez pas été prévenus !!!

Publié par Eric le 21 janvier 2006 à 19:20

Deuxième degré ? Pour ma part bien sûr !

Je mettais seulement en avant qu'il y a d'autre conflit(s) potentiel(s) qui met en danger les ressources premières de l'Europe (imaginez si les secrétaires ne peuvent plus boire leur tasse de café le matin !) que ceux avec des pays musulmans ou ... Israël...

Publié par Deru le 21 janvier 2006 à 20:51

je vois que dans certaines contrées l'exces de produits stupefiants en tout genres peut reellement faire dire des absurdités. Un peu de serieux Messieurs, Dames, merci. Buvez un peu d'eau, inspirez un grand coup et remettez vos neurones en marche de facon cohérente. Ce soir j'ai vraiment l'impression de me croire dans une assemblée de blondes affiliées à la LCR.

Treves d'aneries

Et si tout bonnement, Chirac mettait à la disposition de l'Europe la puissance de dissuasion francaise? Avec l'emergence de l'Eurocorps il serait judicieux de doter l'Europe dans tout ce qu'elle rassemble d'une force de frappe nucléaire?
Elan de générosité, coup mediatique, ou exces de substances psychotropes?
Je pense que Chirac a au contraire bien calculé son coup car auparavant:
1/Declarations fracassantes sur la destruction d'israel d'Ahmageddoninejjad (le marechal president Iranien)
2/ La france a cessé d'intervenir dans les negociations Troika-Iran
3/Les negociations pietinent et le cas de l'iran va etre presenté au conseil de secutité
4/La guerre en Irak n'est toujours pas enrayée, et tous les pays notamment européens craignent un embrasement regional avec la clé une explosion du prix des matieres premieres (petrole +++ mais aussi toutes les matieres transitant par fret qu'il soit aerien ou naval.

En d'autres termes la reponse est:
Si l'iran veut developper des capacités nucléaires militaires (notez bien le "militaire") une intervention nucléaire à la faveur d'un quelconque de nos alliés regionaux est possible
Donc: Israel, le liban voire la turquie

Et contrairement aux dires de certains, Israel est un allié regional majeur pour l'Europe et la France en particulier (plus forte communauté juive d'Europe).
Imaginons la guerre civile en France...
Israel possede des accors militaires bilateraux majeurs avec la Turquie, grande ennemie de l'Iran.
Il serait absurde de penser que Chirac peut s'attaquer à Israel, par contre les contentieux regionaux s'accumulent (Affaire Hariri, Tuané, implication de la Syrie dans le pillage du Liban, et embrassades joyeuses de Assad et Ahmadinejjad soutenant la resistance militaire contre Israel)

Note aux personnes qui reagissent à ce forum:
Essayez de mettre vos convictions (pro/anti sionisme, pro/anti americanisme, gaullisme, islamisme...) au placard et de s'attacher aux faits et à leurs (possibles) liens.
Vos reflexions sont interessantes, mais vos opinions politiques...laissez les pour le bar du coin
lecture du moment en ce qui concerne les evenements actuels: John Von Neumann, la bombe et la theorie des jeux
@+

Publié par saitsev le 22 janvier 2006 à 6:07

L'approche de saitsev est en effet celle qui a été présentée par les medias. Elle offre l'avantage d'être ultra-majoritaire mais pose cependant plusieurs problèmes dont :
- La simplicité et la précision de "la réponse" (sic !) ne se retrouve pas dans le discours original (voir lien plus haut). Le commentaire de Stauffenberg (4ème sur cette page) me semble beaucoup plus pertinent : "imprécision volontaire" provoquant un "inconfort psychologique".
- Plusieurs commentateurs étrangers ont remarqué que si cette analyse est valide alors ce discours correspondrait à une réorientation stratégique de la France.

Ces deux points ne suffisent bien sûr pas à rejeter une analyse aussi simple mais incitent cependant à envisager aussi d'autres hypothèses.

A un niveau plus général traiter les autres d'imbéciles parce que leurs analyses ne correspondent pas à la sienne (surtout quand cette dernière n'est qu'une répétition de l'avis ultra-majoritaire!) est très généralement un excellent indicateur que l'on n'a strictement rien compris (les bêtisiers de l'histoire des sciences sont remplis de telles affirmations péremptoires). Le doute systématique a prouvé être souvent beaucoup plus fécond (il évite de plus le ridicule...).

Enfin, sur la théorie des jeux voyez l'interview du co-prix Nobel 2005 Robert Aumann : "An interview with Robert Aumann", by Sergiu Hart, Hebrew University of Jerusalem, sept 2004 : http://www.ma.huji.ac.il/%7Ehart/papers/md-aumann.pdf? (PDF), ne serait-ce que la page 57.

Publié par APG le 22 janvier 2006 à 10:34

Le discours de Jacques Chirac me semble constituer un des seuls discours de fermeté militaire et diplomatique en UE au cours des derniers mois et renferme quelques points intéressants.

Chirac aborde la possibilité d'user d'armes nucléaires pour riposter à des attaques terroristes étatiques, mais également la nécessité de conserver une puissance nucléaire face à la montée en puissance des armes NBC.
Il laisse d'ailleurs clairement entendre que l'utilisation d'armes nucléaires constituerait le plus ultime des ultimes recours. Il ne ferme pas la porte à d'autres types de réponses et ne prétend pas que l'utilisation d'armes nucléaires prévaut sur toutes les autres solutions.

Le véritable manque du discours semble résider dans l'absence de menace vis-à -vis des pays qui soutiennent activement le terrorisme et qui n'utilisent pas une forme de terrorisme clairement étatique.
Ludovic a souligné qu'un seul discours ne suffit pas à modifier une politique de plusieurs décénnies.
Relire les réflexions de Kissinger concernant l'arme nucléaire rappelle à quel point ses forces et ses faiblesses sont restées les mêmes depuis 1979...

Il est toutefois amusant de constater que plusieurs intellectuels français n'hésitent pas à traiter en substance Jacques Chirac de fou génocidaire de la vieille école sans étudier ses propos plus en détail.

Publié par Mugon le 22 janvier 2006 à 11:11

Le discours de notre chef est très intéressant à bien des égards et tranche sur le "vide" de la pensée stratégique de cette sorte de "machin" qu'est l'U.E.!
C'est rassurant de savoir que malgré tout, notre pays ne baisse pas sa garde!
En matière de défense, je suis loin d'être persuadé de l'éventuelle efficacité dune sorte de défense européenne, car le malheur survenant, les vieux réflexes nationaux reviendront très vite en surface. Et ce sera alors le "chacun pour soi"! Les alliances ne valent que selon les intérêts de l'instant! (Tenez, lisez donc et méditez l'ouvrage de Martial le Hir : "Mers el Kébir & Catapult Les marins de l'oubli" Marines éditions. Même si on a un fort tropisme du type "France libre" , cela incite à la réflexion!
N'oublions pas le vieux principe : "Un chef, des moyens, une mission".
1/.En U.E. : il n'y a pas de chef!, si ce n'est une sorte de soviet.
2/. Des moyens : il n'y a que nous à avoir les outils qui prévalent : Armes nucléaires fonctionnelles, porteurs, systèmes cohérents d'information, et les hommes en qui on peut avoir confiance. Dès que Galileo sera fonctionnel, nous serons autonome en missiles de croisière car nous aurons le contrôle de notre précision. Une mini nuke, bien guidée sur un ASMP, permettra de ravager le QG des pasdarans! sans trop de dégats collatéraux....
3/. Une mission: noublions pas qu'il s' agit d'abord de protéger le sanctuaire national. Et là : pas touche!
Nos amis britanniques peuvent ils en dire autant sachant qu'ils n'ont pas de P.A., de chasse embarquée, que les armes nucléaires que leur "prêtent" leur amis du grand large sont sous leur contrôle? Pourquoi croyez vous que nous sommes allés exhiber le CDG avec tout son groupe aéronaval pour le bicentenaire de Trafalgar? C'est pour montrer que nous maîtrisions un certain nombre de moyens et pas eux!!!

Publié par Patrick LUCO le 22 janvier 2006 à 15:01

"que les armes nucléaires que leur "prêtent" leur amis du grand large sont sous leur contrôle"

Hum, c'est plus complexe que ça.
http://www.ihedn.fr/portail/rapports/54_phase1comite6.pdf

Page 17-18

D'autre part, acheter "sur étagère" permer d'économiser, et d'avoir de l'argent à mettre sur les capacités de projecion.

Publié par Stauffenberg le 22 janvier 2006 à 18:16

"que les armes nucléaires que leur "prêtent" leur amis du grand large sont sous leur contrôle"

Plus compliqué.

http://www.ihedn.fr/portail/rapports/54_phase1comite6.pdf

"Le C3 étant totalement indépendant"
"on parle de corrélation"
"Les têtes sont britanniques"

Publié par Stauffenberg le 22 janvier 2006 à 18:30

De Stauffenberg disait :
"D'autre part, acheter "sur étagère" permer d'économiser, et d'avoir de l'argent à mettre sur les capacités de projecion."

Moi ce que je n'ai jamais apprécié, c'est d'avoir un PM MAT 49 tandis que ce que je voyais circuler librement avait des armes bien plus récentes fournis par la concurrence européenne....
J'ai toujours pensé que concevoir des armes puis de les exporter à des ennemis fussent ils "potentiels" était un mépris total pour ses propres ressortissant...
J'ai compris cela très jeune :" J'étais à l'école des "curés" ici en Bretagne dans les années 50... L'abbé m'a demandé un jour d'apporter des gaules en tant qu'aides pédagogiques pour désigner les textes au tableau... Accessoirement cela servait aussi à châtier les agités... Jusqu'au jour où j'ai ramassé quelques coups de canne portés avec ce que j'avais fourni! Ce fut ma première leçon sur la vente d'armement! Longtemps après je l'ai médité amèrement!
Conclusion : pour moi les armes efficaces on se les garde, et on ne dissémine pas à tort et à travers!!!!

Publié par Patrick LUCO le 22 janvier 2006 à 21:28

"que les armes nucléaires que leur "prêtent" leur Stauffenberg disait :"amis du grand large sont sous leur contrôle"

Plus compliqué.

http://www.ihedn.fr/portail/rapports/54_phase1comite6.pdf

"Le C3 étant totalement indépendant"
"on parle de corrélation"
"Les têtes sont britanniques""

Merçi pour ce raport que je croyais protégé.... Le voila qui circule sur le net!...
Non, je ne crois pas au partage de la Défense... Si on est 25 a causer pendant 6 mois pour savoir si on peut ou si on peut pas.... Navré: mais pour moi, c'est le premier qui tire qui a raison. Je sais bien que dans ce pays on aimait bien Poulidor!!!!!

Publié par Patrick LUCO le 22 janvier 2006 à 21:46

Pourquoi serait-il protégé, le rapport IHEDN?

En matière de ventes d'armes, les russes ne vont pas vous contredire, connaissant leurs expériences afghanes et tchétchènes.
Chirac reste vague sur "les Alliés". Cela couvre l'UE mais ne veut pas dire qu'il refile la clef des SNLE au Parlement européen.
Il fait de la défense "unilatérale" (je reprends les termes à la mode) de l'UE, en apparaissant comme l'interlocuteur européen à avoir l'Arme.


La Bretagne des années 50? Mon Dieu mais c'est le moyen-âge! ;)

Publié par Stauffenberg le 22 janvier 2006 à 22:20

"...un excellent indicateur que l'on n'a strictement rien compris (les bêtisiers de l'histoire des sciences sont remplis de telles affirmations péremptoires). Le doute systématique a prouvé être souvent beaucoup plus fécond (il évite de plus le ridicule...)..." Eh ! Paf ! ça c'est être vite sur le piton ;-))))

"...Le discours de notre chef est très intéressant à bien des égards et tranche sur le "vide" de la pensée stratégique de cette sorte de "machin" qu'est l'U.E.!..." On peut imaginer une sorte de sous traitance de la part... du " machin " pour le truc des Français ( c'est à la mode ), une sorte d'entente cordiale entre la Fédération et un des états qui aurait le statut de peuple distinct dans cette entente hétéroclite. Un truc plus compliqué que le Québec dans le Canada mais pas impossible à réaliser ;-)

"...La Bretagne des années 50? Mon Dieu mais c'est le moyen-âge! ;)..." Un moyen-âge bien arrosé semble-t-il et qui devait rapporter gros ! J'ai pu visiter dans les années 70 une cave de 2000 l de calva, clandestine bien entendue et les propriétaires avaient l'outrecuidance d'avoir à l'entrée de leur maison en plein village une cruche d'eau américaine remplie de ce précieux nectar, permettant ainsi d'offrir la goutte aux invités. J'imagine ce que cela pouvait être dans les années 50 sachant que St-Pierre and Co et Canada compris devaient boire de la bonne Bagasse et tout ce beau monde n'avaient pas peur d'être vitrifié ;-)))

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 23 janvier 2006 à 3:17

"La Bretagne des années 50...."
Elle sortait de l'épreuve, et mettait en place les structures que beaucoup nous envient maintenant. Cela à un tel point que tout le monde veut venir s installer ici!
Tout ce que la République jacobine a voulu renier, interdire, empêcher, est revenu en surface. Les qualités et les défauts supposés des Bretons ont fait merveille: nous vivons bien dans un beau pays et en paix. Notre peuple, qui fournissait déja des supplétifs à Rome, n'a jamais accepté le soumission! Traiter nos femmes et nos filles de "Bécassine", nous les Bretons d'alcooliques, pour les faire crever comme des chiens dans le camp de Conlie parceque certains à Paris les craignaient plus que l'armée du roi de Prusse, cela a laissé des traces que nous oublions pas.Dès les années de malheur, la France Libre a compté plus de deux tiers de Bretons dans ses rangs.
Ayant eu l'honneur de commander des Bretons, je sais que ce sont des gens solides ,travailleurs opiniatres, intelligents, durs au mal,dévoués, de confiance... Quand tout va mal pendant le poste de manoeuvre, un coup de biniou et de bombarde, et hop, en avant! Nous, nous regardons l'avenir et aussi le Grand large!
La terre du pays croche aux sabots, c'est bien connu et c'est un bon argument pour le défendre. C'est pour cela sans nul doute que le Breton n'accepte pas qu'on la souille...
Pour revenir à l'emploi des armes nucléaires, il va de soi qu elle ne sont qu'un élément de la panoplie.
Dans la "nouvelle forme de guerre" qu'est le terrorisme islamique, l action des gens des opérations spéciales , du renseignement, de la police est primordiale. Cela permet d'agir d une manière fine dans le cas ou le nid de vipères n'est pas trop étendu.
Si on peut arriver à couper les terroristes de la population -si le mal n'est pas étendu- avec des moyens "légers", puis en travaillant psychologiquement la population c'est mieux! Toutefois, si il existe un "centre" qui installe, qui pilote, qui commande des maquis terroristes sur toute la planète, alors un engin bien placé sera plus efficace économiquement pour avoir la paix : Plutôt que de couper les têtes de l'hydre, si on peut s'en débarrasser d'un seul coup d un seul ce sera mieux!
Si nos amis Israéliens sont attaqués directement, ou indirectement par les séides de Khomeini ce qui mettrait leur survie en jeu, je comprendrai très bien qu'ils utilisent intelligemment (on peut leur faire confiance) ce genre de moyen pour avoir la paix.
Sur ce, sachant qu'il n y a ni corsaire anglais, ni chébec de Salé à roder devant nos côtes, je pars en mer : il fait très beau!

Publié par Patrick LUCO le 23 janvier 2006 à 14:21

Personnellement, je crois, comme cela a déjà été exprimé, que le discours de Chirac comprend plusieurs niveaux.

D'une part, il s'adresse aux Français : le concept de dissuasion nucléaire est toujours une réalité et peut s'appliquer à certaines situations actuelles. Ce n'est pas parce que la Guerre froide est terminée qu'il ne sera plus nécessaire de s'appuyer sur la dissuasion nucléaire. La France conserve une autonomie face aux autres puissances mondiales.

Puis au monde extérieur 1 : la France est une puissance avec laquelle il faut compter. Les armes nucléaires assurent un certain poids à l'Etat français.

Monde extérieur 2 : l'arme atomique n'est pas un épouvantail. Ce dernier point est dirigé vers les Etats soutenant le terrorisme, ainsi que ceux désirant à leur tour développer l'arme nucléaire. A ce titre, l'Iran semble doublement visée. Même triplement, si l'on songe aux intérêts que la France désire défendre (voir ci-dessous).

L'Iran a d'ailleurs réagi au discours de Chirac.


Extraits : « Mais la fin du monde bipolaire n'a pas fait disparaître les menaces contre la paix. Dans de nombreux pays se diffusent des idées radicales prônant la confrontation des civilisations, des cultures, des religions. Aujourd'hui, cette volonté de confrontation se traduit par des attentats odieux, qui viennent régulièrement nous rappeler que le fanatisme et l'intolérance mènent à toutes les folies. Demain, elle pourrait prendre d'autres formes, encore plus graves et, peut-être, impliquer des Etats ».

« Notre monde est également marqué par l'apparition d'affirmations de puissance qui reposent sur la possession d'armes nucléaires, biologiques ou chimiques. D'où la tentation de certains Etats de se doter de la puissance nucléaire, et ceci en contravention avec les traités. Des essais de missiles balistiques, dont la portée ne cesse d'augmenter, se multiplient partout dans le monde. C'est ce constat qui a conduit le Conseil de Sécurité des Nations Unies à reconnaître que la prolifération des armes de destruction massive, et de leurs vecteurs associés, constituait une menace réelle pour la paix et pour la sécurité internationale ».

« Face aux inquiétudes du présent et aux incertitudes du futur, la dissuasion nucléaire demeure la garantie fondamentale de notre sécurité. Elle nous donne également, d'où que puissent venir les pressions, le pouvoir d'être maîtres de nos actions, de notre politique, de la pérennité de nos valeurs démocratiques ».

« (!) La garantie de nos approvisionnements stratégiques ou la défense de pays alliés, sont, parmi d'autres, des intérêts qu'il convient de protéger. »

« La dissuasion nucléaire, je l'avais souligné au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, n'est pas destinée à dissuader des terroristes fanatiques. Pour autant, les dirigeants d'Etats qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous, tout comme ceux qui envisageraient d'utiliser, d'une manière ou d'une autre, des armes de destruction massive, doivent comprendre qu'ils s'exposent à une réponse ferme et adaptée de notre part. Et cette réponse peut être conventionnelle. Elle peut aussi être d'une autre nature. »

Alex

Publié par Alex le 23 janvier 2006 à 14:48

Relevé au vol dans le Figaro du mercredi 25 janvier
http://www.lefigaro.fr/politique/20060125.FIG0005.html?113220

"A l'université palestinienne al-Qods [...] dans un court débat avec les étudiants,Fabius s'est retrouvé contraint de justifier le discours du président Jacques Chirac sur la dissuasion nucléaire, qu'un étudiant accusait d'être dirigé contre l'Iran. «Hors de France, j'évite de parler de la politique française», dit-il, tout en précisant que le ministère français des Affaires étrangères a fait savoir que ces déclarations ne s'appliquaient pas à l'Iran."

Publié par elf le 25 janvier 2006 à 12:05

A un niveau plus général traiter les autres d'imbéciles parce que leurs analyses ne correspondent pas à la sienne (surtout quand cette dernière n'est qu'une répétition de l'avis ultra-majoritaire!) est très généralement un excellent indicateur que l'on n'a strictement rien compris (les bêtisiers de l'histoire des sciences sont remplis de telles affirmations péremptoires). Le doute systématique a prouvé être souvent beaucoup plus fécond (il évite de plus le ridicule...).

Note pour APG
Je ne me permettrais pas de traiter quiconque d'imbecile sur ce forum
Toutefois je vois la scene qui se deroule devant nous comme un jeu d'echec ou chacun avance ses pions.
Et c'est plus en terme de probablilités qu'il faut (à mon humble avis) reflechir.
Je ne suis pas specialiste en stratégie militaire, (probablement plus en jeu d'echec ou de go!!) mais je pense que les faits dessinent une trame qu'il faut suivre...Mais bien sur les probabilites mathematiques ne sont pas infaillibles quand il s'agit de decrire les comportements humains.
Ici le bât blesse serieusement.
Mea Culpa

Publié par Saitsev le 26 janvier 2006 à 2:46


Le discours du Président Chirac s'adresse certainement à l'opinion
publique Française pour la préparer à des opérations militaires de grande
envergure contre l'Iran et ses alliés. La riposte nucléaire n'est pas
seulement celle appropriée à une attaque terroriste impromptue, elle serait
aussi nécessaire dès lors que la France prendrait part à l'opération des Alliés
contre l'ennemi.


Il n'est pas question que l'Iran accède à l'arme nucléaire et ainsi s'octroie
le marchandage du pétrole en menaçant les Arabes.


La probabilité de l'intervention en Iran semble inscrite dans les
cours du pétrole
. Après un sommet intermédiaire à $55 en octobre 2004,
les cours ont repris le chemin de la hausse parce que des intérêts ont procédé à
de vastes stockages. En fait, depuis plus d'un an, l'offre réellement disponible
est supérieure à la demande. Le sommet d'octobre 2005 à $70 marque la fin du
processus d'accumulation de réserves. Les cours peuvent désormais flamber sous
l'effet de la demande et de la panique.


Pour quelle raison ont été constituées de si vastes réserves ? Il faut parier
que les approvisionnements directs vont être perturbés prochainement. La
dynamique des prix semble indiquer qu'un climax aura lieu dans moins de 6 mois.
L'intervention en Iran semble être prévue par les opérateurs du marché pour
cette année 2006.


Monsieur Monnerat pourrait peut être étudier la possibilité d'une
mobilisation générale en Iran dans les 6 mois à venir
, c'est à dire que
c'est l'Iran qui déclencherait la guerre, avec son allié Syrien contre la
Coalition en Iraq.

Publié par Fred le 27 janvier 2006 à 2:12

pourrais tu donner des sources sur ce que tu avances Fred c'est une information interessante?
Merci

Publié par saitsev le 27 janvier 2006 à 14:59

voir cette analyse : http://tinyurl.com/bhr4g

Publié par Fred le 5 février 2006 à 1:42