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21 octobre 2005

La violence manipulatrice

Devenus acteurs des conflits modernes, souvent de leur plein gré, les journalistes sont également devenus des cibles logiques à défaut d'être légales. Malgré les efforts déployés notamment par Reporters Sans Frontières, le nombre de journalistes morts dans un conflit ne cesse d'augmenter. La participation délibérée à l'influence des perceptions, la confusion croissante entre les acteurs, la dimension culturelle croissante des conflits, mais aussi l'inexpérience ou l'inconscience des reporters, sont à mon sens les causes principales de ces décès. A quoi il faut en ajouter une autre, capitale : le fait que la violence, réelle ou potentielle, permette de manipuler les médias par l'entremise de la sécurité physique de leurs employés.

C'est une réalité qui est clairement apparue en Irak, et la multiplication des reporters en chambre est la conséquence des menaces auxquelles sont exposés les membres de la presse. Mais cet article du Figaro montre également que dans une mégapole comme Rio de Janeiro, l'une des cités les plus violentes du monde, les journalistes ne peuvent plus entrer dans certaines zones et sont directement menacés par des organisations criminelles. Une manière de contrôler l'information qui se répand là où les forces de l'ordre ne sont plus en mesure de garantir une sécurité minimale. Et là où les médias eux-mêmes refusent d'assurer leur propre sécurité par un encadrement adapté.

Il convient naturellement de regretter ce développement, même si les journalistes sont en partie responsables de ce qui leur arrive, parce que la qualité de l'information ne peut que pâtir de ces violences dirigées contre eux. Cependant, il reviendra de plus en plus aux citoyens de trouver les structures, les échanges et les garde-fous permettant d'assurer une information aussi complète et nuancée que possible.

Publié par Ludovic Monnerat le 21 octobre 2005 à 14:51