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22 septembre 2005

La théorie et la pratique

Ce cours se révèle tout aussi intéressant que je pouvais l'espérer. Hier, nous avons eu droit à une journée focalisée sur deux domaines transversaux, la logistique et l'aide au commandement ; après plusieurs théories dans la matinée, nous avons consacré l'après-midi à l'élaboration des premières lignes directrices pour un concept logistique qui, dans le cadre d'un scénario fictif se déroulant sur l'île de Madagascar, est rendu assez complexe pour la rareté des infrastructures. Aujourd'hui, nos travaux ont porté sur la coopération civilo-militaire, l'analyse des directives stratégiques et l'appréciation des moyens des forces armées en présence, après deux exposés très complet sur le commandement de la composante des opérations spéciales et les règles d'engagement. Tous ces exposés s'appuyaient sur des opérations en cours de l'OTAN, avec en première priorité l'Afghanistan.

Une chose commune à toutes ces présentations reste la différence entre la théorie et la pratique. L'Alliance produit en grande quantité de nombreux règlements qui forment une doctrine censée régler la planification, la conduite et l'exécution des opérations. Dans les faits, il existe une différence souvent énorme entre la théorie et la pratique, ce d'autant plus que chaque opération possède ses particularités. Ce constat n'est pas nécessairement négatif ; la nécessité d'adapter des principes à une situation donnée exige ainsi une souplesse et une faculté d'innovation tout à fait saines. Malgré cela, il est des domaines dans lesquelles certaines libertés peuvent s'avérer préjudiciable. En particulier dans l'une des valeurs cardinales de toute institution militaire : l'obéissance.

En théorie, le commandant d'une formation donnée dispose ainsi d'une autorité reconnue. Dans les missions de soutien à la paix, cette autorité est décrite selon des acronymes abscons dont la distinction est parfois subtile : ainsi, le commandement opératif (OPCOM) autorise un commandant à donner des ordres ses formations subordonnées ainsi qu'à leurs propres subordonnés, alors qu'un contrôle opératif (OPCON) limite cette compétence aux directement subordonnés. Dans la pratique, pour prendre l'exemple du Kosovo, le commandant de la KFOR doit demander à ses commandants de brigade s'ils sont d'accord de bien vouloir engager une de leurs formations dans son sens. Et ceci pour de simples questions de souveraineté et de susceptibilité, sans même prendre en compte les règles d'engagement que les nations imposent à leurs contingents.

De telles réalités jettent un doute certain sur l'aptitude des contingents multinationaux à fonctionner efficacement en cas de crise. En règle générale, l'entente des militaires déployés, le bon sens qu'ils partagent et la communauté d'intérêts entre les nations contributrices suffisent pour surmonter ces entorses à un fonctionnement normal. Mais cela souligne aussi à quel point la formation commune, avant la mission et en-dehors, est importante en vue de renforcer ces liens.

Publié par Ludovic Monnerat le 22 septembre 2005 à 17:43