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4 juillet 2005

Irak : Red on Red

Les affrontements au sein de la guérilla en Irak semblent au moins se poursuivre, voire augmenter. Il est assez intéressant de voir que ce phénomène est très largement passé sous silence dans les médias traditionnels européens. Même s'il serait faux d'en tirer des conclusions hâtives ou exagérées, cette réalité montre une évolution intéressante dans les rangs de la guérilla composite qui combat depuis plus de 2 ans : le principal facteur de convergence, à savoir le refus de la présence militaire américaine (mettre un terme à celle-ci est la condition sine qua non, qui pour reprendre le pouvoir, qui pour imposer l'islamisme), est devenu moins fort que des facteurs de divergence comme les différences de nationalité et de pratique religieuse.

Following al-Qa'eda's seizure of the main buildings a number of residents fled. Arkan Salim, 56, who left with his wife and four children, said: "We thought they were patriotic. Now we discovered that they are sick and crazy.
"They interfered in everything, even how we raise our children. They turned the city into hell, and we cannot live in it anymore."

Cette lutte permanente entre convergence et divergence dans les enjeux, entre ceux qui fédèrent et ceux qui divisent, entre les enjeux les plus universels et les enjeux les plus individuels, est une dimension essentielle des conflits de basse intensité. C'est un aspect que les armées ont eu tendance à oublier par la faute de la montée aux extrêmes vécue durant les deux conflits mondiaux et bétonnée par le face-à -face nucléaire de la guerre froide. Mais supprimer les raisons de se battre restera toujours plus efficace, à terme, que supprimer les hommes prêts à se battre. Influencer les intentions, et non les méthodes d'action ou les moyens qu'elles mettent en oeuvre, doit constituer l'effet recherché par l'emploi de la force armée dès lors que la survie collective n'est pas menacée.

De ce fait, les médias ne comprennent rien au conflit en Irak. Ils dénombrent les attentats suicides et les kidnappings en donnant l'impression que cela résume la situation du pays, alors que la tenue d'élections locales, l'ouverture d'écoles rénovées ou encore le développement du commerce ont un impact bien plus important. L'incapacité des islamistes et des baasistes à proposer une alternative politique crédible et tangible est l'une des raisons pour lesquelles l'Irak se distingue des conflits insurrectionnels vécus durant la décolonisation. La révolution est apportée par une force armée conventionnelle, et non plus par une guérilla idéologique ou nationaliste.

Publié par Ludovic Monnerat le 4 juillet 2005 à 18:12

Commentaires

" De ce fait, les médias ne comprennent rien au conflit en Irak. "

Je pense que les médias se fichent totalement de l'Irak et des Irakiens et encore plus des militaires qui font la " job de bras " pour favoriser l'emmergence d'une " Vision ". Ils me font penser à ces personnes qui vous demandent une explication et très vite ne vous écoutent plus car vous entrer trop en profondeur ou que l'analyse que vous faîtes ne rejoint pas leurs idées en conserve. Les médias veulent la peau de W Busch et peut importe les moyens. Ce que fait l'Amérique ne les intéresse pas, seul son président est à abattre et peu importe ce que fait son gouvernement, ses grands administrateurs et son peuple. Bien sure ce président un peu bizarre ne fait pas l'unanimité mais ce qu'il entreprend est tout le contraire, un travail tout azimut comme jamais le monde occidentale n'avait osé l'entreprendre sur des problématiques comme la drogue, l'escroqueries de haut niveau, l'organisation des marchés, les grandes catastrophes, la gestion des Grands Lacs, redonner du dynamisme au privé et on pourrait allonger la liste avec l'installation de la fibre optique pour desservir le plus de foyers possibles etc.

Une Vision !

http://www.automatesintelligents.com/edito/2003/juil/edito.html

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 4 juillet 2005 à 20:13

"Mais supprimer les raisons de se battre restera toujours plus efficace, à terme, que supprimer les hommes prêts à se battre. Influencer les intentions, et non les méthodes d'action ou les moyens qu'elles mettent en oeuvre, doit constituer l'effet recherché par l'emploi de la force armée dès lors que la survie collective n'est pas menacée"

Désolé pour cette longue reprise mais elle est juste, tellement juste que je ne peux que la citer.

Les services de renseignement oublient aujourd'hui de faire du renseignement à moyen à terme et de participer à l'aide à la décision. Tous sont "la tête dans le guidon": objectif, arrêter un maximum d'islamistes. Ce n'est pas le rôle des services de Rens. C'est le rôle des services policiers.

Le Rens doit déterminer quels sont les centres de gravité du terrorisme et tenter d'y apporter une solution (aide à la décision). Le travail en amont du terrorisme et l'identification des causes devraient être les priorités premières des services de Renseignement.

Au pouvoir politique de définir les priorités des services de Rens et d'écouter le résultat de leurs analyses.....

I had a dream !!!

B.

Publié par B. le 4 juillet 2005 à 20:30

Un billet bien à propos en ce... 4 juillet !

Moi je note aussi le remarquable manque de curiosité (ou la remarquable... docilité ?) des médias français par rapport aux actions de leur propre pays dans la lutte anti-terroriste (contrairement par exemple à la véritable obsession qu'ils semblent avoir pour celles des EU - même si là aussi, on peut se demander s'ils se contentent pas de ressortir ce qu'ont trouvé leurs... collègues américains ?), comme si tout devait rester secret pour montrer qu'on est... pas comme les méchants Américains ou pour éviter les... ennuis ?

Manque de curiosité qui vient d'ailleurs d'être à nouveau confirmé par cette info que sort aujourdhui le WP sur la collaboration CIA-DCSGE ...

Alors que...

"France has put 200 French special forces under U.S. command in Afghanistan,

sends its interrogators to Guantanamo Bay,

continues - alone in Europe- to imprison detainees returned from Guantanamo,

allows the CIA to fly its armed Predator drone from Djibouti to kill al Qaeda figures,

has the CIA to pay to transport some of its suspects from abroad,

brings its harsh laws

its surveillance of radical Muslim groups and their networks in Arab states, and its intelligence links to its former colonies

has ordered the arrests of more than 500 suspects in the past decade, some with the help of U.S. authorities ..."

washingtonpost.com
Help From France Key In Covert Operations
Paris's 'Alliance Base' Targets Terrorists
Dana Priest
Sunday, July 3, 2005; A01
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2005/07/02/AR2005070201361_pf.html

Publié par jc durbant le 4 juillet 2005 à 22:51

"the CIA to fly its armed Predator drone from Djibouti to kill al Qaeda figures", la franchement, les USA veulent attiraient des represailles contre la France ?

Au fait, c'est DGSE, non DCSGE ;)

Publié par Frédéric le 5 juillet 2005 à 11:56

Oui, désolé: c'est bien sûr la DGSE !

Mais pour en revenir à la France: faudrait peut-être savoir de quel bord on est, non ... ?

Publié par jc durbant le 5 juillet 2005 à 21:28

On est du coté des gentils, mais faut le crier sur les toits ;)

Publié par Frédéric le 6 juillet 2005 à 11:23


« De ce fait, les médias ne comprennent rien au conflit en Irak. Ils dénombrent les attentats suicides et les kidnappings en donnant l'impression que cela résume la situation du pays, alors que la tenue d'élections locales, l'ouverture d'écoles rénovées ou encore le développement du commerce ont un impact bien plus important. » (Ludovic Monnerat)
Dans ce commentaire, vous faites une erreur d'interprétation. La majorité des médias actuels privilégient le sensationnel et la présentation de fait ayant une portée à court terme. Autrement dit un attentat, une catastrophe ont, selon les médias, un intérêt beaucoup plus grand qu'un événement positif. Car ce dernier est souvent plus difficile à raconter ou à mettre en scène. Dans ce cadre, le traitement de l'actualité provenant de l'Irak ne diffère pas énormément de celle issue d'autres contrées de la Planète. Bien entendu il y a parfois un parti pris et une envie de prendre sa revanche. Mais dans l'ensemble, cette méthode s'applique à l'ensemble de l'actualité.
Ce problème peut également être aggravé par des outils comme Internet. Car ce moyen de communication peut favoriser une course à une information qui privilégierait la rapidité plutôt que l'analyse.

Salutations

Alex


Publié par Alex le 7 juillet 2005 à 13:25