« Une avalanche de spam | Accueil | Une douceur toute nasale »

11 juillet 2005

Dix ans après l'ER

C'est aujourd'hui que commencent en Suisse les écoles de recrues d'été, durant lesquelles près de 8400 jeunes hommes et femmes vont accomplir 18, 21 voire 25 semaines d'instruction avant d'être incorporés dans leurs unités régulières. Voici 10 ans, c'est moi qui commençais ma propre formation militaire de base, à l'ER inf 202/95 de Colombier ; je me souviens encore aisément de cette journée ensoleillée de juillet, durant laquelle un lieutenant patient enseignait à un groupe d'adolescents mal dégrossis la manière de parler, de saluer, de s'habiller et de marcher. Dans l'intervalle, ce chef de section est devenu un ami (on peut sans autre révéler qu'il s'agit de Beat Burger, pilote de ligne au civil, et que ce dernier a réussi l'exploit de faire en sorte que les deux tiers de sa section de quelque 27 recrues se porte volontaire pour l'avancement) et j'ai passé des années sous l'uniforme, mais il est bon de se rappeler cette époque.

C'était alors une autre armée, en l'occurrence la première année de l'Armée 95 ; les différents équipements acquis au début des années 90 - tenue de camouflage 90, fusil d'assaut 90, lance-roquettes Panzerfaust, etc. - étaient introduits, et l'arrivée des simulateurs portables au laser commençait à transformer pour le mieux les exercices de combat, notamment en zone urbaine. Dans l'infanterie de plaine qui se trouvait alors à Colombier, l'usage des véhicules était alors strictement limité : j'ai passé les 7 premières semaines sans mettre le pied dans un seul d'entre eux. Le contraste ne saurait être plus brutal avec ce que j'ai vécu par la suite, notamment comme commandant d'une compagnie d'infanterie mécanisée, où j'avais à ma disposition un char de commandement pour les manœuvres et le combat, un Puch pour les petits déplacements usuels, une Opel pour les reconnaissances et une moto - avec son chauffeur, tout de même - pour les mouvements plus discrets. Sans oublier un vélo ! :)

C'était une autre armée, avec encore bien des traces de l'Armée 61, notamment sur le plan de la discipline (les chicanes y étaient ouvertement pratiquées, mais dans un esprit narquois plus que punitif). C'était aussi une époque où l'on se donnait le temps de travailler la cohésion, l'esprit de corps et la résistance psychologique, notamment par l'entremise d'une semaine d'endurance passée en forêt, entièrement sous la pluie (à croire qu'elle avait été commandée), avec des escarmouches et des déplacements toute la journée, qui obligeait les uns et les autres à s'entraider au sein du groupe ou de la section. Il en sortait non pas un amas d'individus toujours reliés à leur milieu civil par l'entremise du téléphone portable (les Natels commençaient à peine à apparaître), mais un ensemble soudé, solide et fier de jeunes hommes prêts à faire beaucoup - c'est-à -dire à combattre. Je ne suis pas sûr que de nos jours on accorde la même priorité à cette dimension pourtant indispensable, à savoir l'affermissement des volontés.

L'une des grandes choses qui a disparu avec la nouvelle armée reste la formation des officiers. Dans l'Armée 95, le chef de section effectuait son service pratique avec une section de recrues, après avoir lui-même gravi les différents échelons - école de recrues, école de sous-officiers, service pratique comme caporal, école d'officiers - et il se retrouvait 3 semaines seul avec en général 20 à 30 recrues. Personnellement, j'ai adoré cette période avec ma propre section, au printemps 1998, même si les journées de travail étaient à peu près interminables. De nos jours, les futurs officiers n'accomplissent qu'un tronc commun de 6 semaines - ou 7, je ne connais plus le système par cœur! - comme recrues et manquent donc nettement d'expérience et de maturité à l'instant de conduire leur section. On retrouve de ce fait le syndrome si fréquent dans d'autres armées du tout jeune lieutenant (équivalent à sous-lieutenant en France) plein de connaissances théoriques et peinant à commander.

Ce qui me rassure, c'est que l'armée a autant changé en 10 ans que le monde qui l'entoure. Et elle continue de le faire.

Publié par Ludovic Monnerat le 11 juillet 2005 à 8:19

Commentaires

Magnifique !
Dans ton recit je me revois a mon pmt de gallons de lieut'...nostalgie.
Et je suis parfaitement d accord avec toi concernant la formations des jeunes officiers,ils sont bien prepares theoriquement mais pour conduire une sct ou lui insufler un esprit de corps, c est autre chose...

Publié par christophe le 11 juillet 2005 à 10:41

Comme quoi un camarade de l'école d'officiers, même vivant à l'autre bout du monde et heureux papa depuis quelques jours à peine, n'en continue pas moins de se sentir impliqué par la chose! :)

Publié par Ludovic Monnerat le 11 juillet 2005 à 11:06

Je ne partage pas l'enthousiame de notre cher webmestre.

L'armée que j'ai trouvée lors de mon dernier cours de répétition à bure voici trois semaine m'a profondément déçu, et je n'ai pas honte de dire qu'il m'est de plus en plus difficile de m'identifier à l'institution.
J'ai servi dans le cadre d'une école de recrue d'infanterie, et ça me désole de voir des recrues moins bien formées en 21 semaines que nous ne l'étions en 15. De voir des cadres professionnels travailler avec moins d'entrain, moins d'allant, moins de conviction et d'intelligence au travail que les plus mauvais des cadres de milice.

Il y a toujours des exceptions, bien sûr, et un cours de répétition reste plus que jamais l'occasion de rencontrer des gens formidables. C'est juste la tendance qui s'est inversée : les "bons" sont devenus l'exception.

J'espère cependant remonter le niveau au sein d'un EM, puisque je repars du cours avec une proposition d'avance ment comme S2 ;)

Publié par Ruben le 11 juillet 2005 à 12:25

Il est clair que les services pratiques de chef de section dans l'armée 95 ont laissé un souvenir éternel chez tous ceux qui ont eu la chance de vivre cette expérience.

Je n'oublierai jamais ce premier jour devant 48 jeunes hommes en civil...

J'ai un peu de peine en revanche à me rappeler mes moments de sommeil de cette époque.

Publié par Ruben le 11 juillet 2005 à 12:31

Un brin nostalgique mon cher Ludovic!

Il est vrai que le peu d'expérience en tant que soldat et sous-officier des futurs cadres est un désavantage incontestable. 7 semaines d'ER ne remplaceront jamais les 33, voire 35 semaines, que nous avons connues. On essaye de corriger le tir en créant un Practicum de 6 semaines avant le paiement de galons à proprement parler; ceci afin d'augmenter la pratique de la formation des officiers.

Par contre, les nouveaux, pour ne pas dire jeunes, chefs de section sortent de l'école de cadres avec de bien meilleures connaissances tactiques et du combat interarmes que nous. Un gros travail de collaboration est fait pour améliorer leur sens pratique. Laissons-nous le temps de corriger les erreurs de jeunesse, y compris dans l'instruction de base.

Quant à la composante des militaires contractuels à de la peine à être assimilée à certains échelons et il est certain que la "rage du jeune chef sct" en paiement de galons a tendance à diminuer après 4 ou 5 ER.

P.S. Félicitations au jeune papa et vive Alexandre, nouveau membres de la classe 3!

Publié par PHU le 11 juillet 2005 à 18:20

Merci pour ce texte.
J'ai envie de dire qu'il fleure bon la nostalgie. Mon école de recrue, c'était il y a huit ans, puis suivirent également école de sous-of, école d'of.... Je pense qu'aucun officier ne peut oublier ces moments inoubliables de son payement de galon. Voir arriver un groupe de jeunes personnes (eh,... il y avait déjà des filles, selon les armes...) en civiles, partir de zéro, et faire un dernier salut à ces personnes 15 semaines plus tard, pouvant se dire: c'est moi qui les ai formés....

Quelques souvenirs de mon payement de galon que je n'oublierai jamais: Le premier alignement maladroit en habit civil de mes recrue, la première marche en tenue C complète, le premier tir avec la section au stand 30 mètres, et m'être réveillé le samedi matin de la 4ème semaine à trois heures du matin car j'avais pu exceptionnellement aller au lit à 2300! (comme quoi, on s'habitue à tout).

Bonne continuation

Publié par Pierre-André Jacquod le 11 juillet 2005 à 21:06

Je vous li et je me demande comment vous faites, quel est votre secret à vous les Suisses de continuer, d'adapter et même d'essayer d 'améliorer un service militaire que presque tous ont abandonné lâchement par bêtise ou cupidité ou pour des raisons encore plus discutables, laissant notre jeunesse s'enliser dans l'idée d'un monde illusoire et face à de multiples dangers que la réalité du monde réel se chargera de leur apprendre ou plutôt de les surprendre dans leur sommeil infantile. Coupable l'Occident trouvera bien encore mille raisons pour écarter de la chose militaire les Citoyens et Citoyennes qui seront donnés en pâture à la bête immonde.

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 11 juillet 2005 à 22:15

Si je comprends bien, on met moins de 10 ans à passer de recrue à lieutenant-colonel membre de l'état-major de conduite de l'armée? Chapeau...

Publié par François Brutsch le 12 juillet 2005 à 21:32

Euh... oui, François, mais mon cas est *vraiment* exceptionnel. Deux opportunités saisies à temps m'ont amené à gravir promptement certains échelons...

Publié par Ludovic Monnerat le 12 juillet 2005 à 22:37

Salut ludo que de nostalgie de lire sur ton blogue les périples de la section Burger
Tu me contacter par mail a l'adresse suivante
[email protected]
Salutations Sébastien Pagani

Publié par Pagani le 5 juillet 2006 à 13:24

Salut Sébastien, et merci pour ta visite ! Je n'ai pas oublié nos aventures de l'ER, même je ne croise plus que rarement les membres de notre section (Saint-Hilaire et Burger lui-même)...

Salutations à toi aussi !

Publié par Ludovic Monnerat le 5 juillet 2006 à 17:47

Hello
aol moviefone
dell computer speaker
aol music jojo
430 celeron intel m processor
address aol email free mail
aol .com music video
dell computer uk
dell computer com
dell computer upgrade
mariah carey aol music

Publié par 0Joshua le 2 octobre 2007 à 16:38