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18 mai 2005

Vers l'énergie solaire

Un article publié avant-hier sur Technology Review décrit les recherches entreprises par les militaires américains sur la production d'énergie solaire pour subvenir aux besoins sans cesse croissants des troupes au sol en matière de batteries électriques. C'est une démarche que mènent également d'autres armées depuis que les équipements électroniques débarqués se multiplient : radios portables, jumelles de vision nocturne, positionneurs GPS, ordinateurs durcis, appareils photos, désignateurs lasers ou encore téléphones satellites. Comme le décrit l'article, la consommation énergétique des soldats modernes devient telle que les batteries forment un problème majeur :

In the future, soldiers may be getting a charge out of their uniforms, too. Konarka's McGahn says the solar material can be colored to match fatigues and woven into fabric. "The next generation of wearable computing will have power generation coming from the garment itself," he says.
In fact, modern warriors require approximately 240 watt-hours per day of power to charge all of their electronic devices -- too heavy a load for any batteries available today, says Rupert Pengelley, group technical editor at military analyst firm Jane's Information Group.

A travers les siècles, comme l'a remarquablement expliqué Martin van Creveld dans son livre Supplying War, l'approvisionnement de troupes largement obligées de vivre sur le pays a été un facteur déterminant concernant le rythme et l'orientation des opérations terrestres ; les chevaux étaient alors les consommateurs les plus voraces (50 tonnes d'approvisionnements par jour pour une division prussienne de 1870, à 90% de vivres). L'introduction des véhicules à moteur et des armes automatiques a modifié la répartition des fournitures en faveur du carburant et des munitions (150 tonnes par jour pour une division en 1916). A partir de la Seconde guerre mondiale, les Grandes unités mécanisées ont ainsi exigé un échelon logistique encore plus efficace pour assurer la livraison des obus et de l'essence nécessaires à leur emploi opérationnel (650 tonnes par jour pour une division US à l'offensive en 1944-45 ; pour mémoire, 1500 tonnes par jour pour une division blindée israélienne en combat intensif durant la guerre du Yom Kippour, et 800 tonnes par jour pour la division française Daguet en 1991).

L'introduction des technologies de l'information a permis de réduire les besoins en munitions, notamment avec l'avènement des obus d'artillerie intelligents, mais les commandants tactiques n'ont pas tardé à exploiter cet allégement pour augmenter le tempo opérationnel, aller plus vite et plus loin, et donc exiger un soutien toujours massif ; la cavalcade mécanisée de la 3e division d'infanterie US en 2003 l'illustre. En même temps, les colonnes logistiques ont toujours constitué le point faible des armées, et la fin des conflits linéaires a encore renforcé les dangers pesant sur les échelons de soutien, généralement non blindés, liés aux routes et protégés par des soldats guère portés sur les armes. L'indépendance logistique maximale des formations de combat reste le rêve de tout penseur tactique. La modularité jusqu'aux plus bas échelons constitue une solution structurelle. L'autonomie des systèmes constitue une solution technologique.

La forme des opérations a bien entendu une influence majeure sur la consommation des biens, qu'il s'agisse d'énergie, de munitions ou de carburant : le combat symétrique de haute intensité reste de toute évidence le plus exigeant, et j'imagine mal en quoi l'énergie solaire pourrait fournir une contribution décisive dans ce contexte. En revanche, pour les opérations de basse intensité impliquant une dispersion des formations et une exécution décentralisée des actions, et donc de longues périodes d'engagement, une augmentation de l'autonomie énergétique peut s'avérer fort intéressante. Ce sont en particulier les opérations spéciales d'une durée importante, comme la surveillance et la reconnaissance spéciales, ou encore la guerre non conventionnelle, qui pourraient le plus bénéficier d'une telle innovation. Avant de transmettre aux autres troupes les systèmes et le savoir-faire développés par leurs soins, comme c'est de plus en plus le cas.

Publié par Ludovic Monnerat le 18 mai 2005 à 20:20

Commentaires

L'énergie reste la quête la plus importante de l'humanité et conditionne notre survie dans tous les domaines d'activité ( que vaut une montre!suisse sans sa petite pile ). Le terrorisme islamique serait insignifiant s'il n'y avait pas le pétrole pour l'alimenter. En passant, pour ceux qui parlent de guerre pour le pétrole ce n'est pas l'appropriation du liquide lui même mais plutôt le contrôle des flux d'argent qui inquiète les Américains. En marge des actions purement militaires il y a une vrai guerre presque inconnue du public qui se passe dans le contrôle de l'argent sale cette " énergie parallèle ".

Strategic Road : . http://www.strategic-road.com/dossiers/paradis.htm

http://www.fsa.ulaval.ca/personnel/vernag/EH/F/noir/lectures/argent_sale_US.htm

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 20 mai 2005 à 3:56

Tiens, comment connaissez-vous le Tech Review, vous êtes un MIT alumn ?

Publié par gwenita le 20 mai 2005 à 15:56

Euh... la question s'adresse à moi? ;)

Lorsque l'on s'intéresse à la prospective, suivre l'actualité de la recherche scientifique fait partie du quotidien...

Publié par Ludovic Monnerat le 21 mai 2005 à 0:00

Oui, la question était pour vous :) Je ne pensais pas que le public du Tech Review s'étendait au -delà de ceux qui le reçoivent de toutes façons, c'est-à -dire les anciens du MIT.

Publié par gwenita le 31 mai 2005 à 9:22