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23 mai 2005

L'OTAN, acteur global

La première journée de mon cours à la NATO School m'a permis de mieux mesurer à quel point l'Alliance poursuit son expansion entamée depuis la fin des années 90. Ce ne sont pas seulement les nouveaux membres, portant à 26 leur nombre depuis l'an passé, qui témoignent de cette expansion ; les programmes de coopération contribuent également à cette croissance dont on les effets sont sous-estimés. L'école le montre clairement : l'an dernier, les officiers de 60 pays différents sont venus y étudier, et 2005 devrait permettre de battre des records supplémentaires, avec pas loin de 10'000 étudiants prévus (le chiffre de 5000 mentionné ci-dessous date de 2000-2001). On se demande d'ailleurs quand la notion d'Atlantique Nord sera retirée d'une organisation qui est devenue un acteur global.

Sur une carte planétaire, l'influence de l'OTAN par l'entremise du Partenariat pour la Paix est en effet saisissante : c'est à peu près tout l'hémisphère nord, de Vancouver à Vladivostok, qui participe à ces programmes de formation. L'expansion de l'Alliance aux ex-républiques soviétiques d'Asie Centrale, depuis 2 ans, ne peut guère laisser indifférent. Mais cette expansion ne se limite pas seulement à l'Orient, elle concerne également le sud, puisque le Dialogue méditerranéen se transforme peu à peu en partenariat militaire comparable, et concerne pour sa part 7 pays dont l'importance stratégique globale relève de l'évidence (Egypte, Israël, Jordanie, Mauritanie, Maroc, Tunisie et Algérie). Enfin, il existe également des partenariats directs, comme celui permettant à 2 colonels irakiens de suivre le même cours que moi. L'un d'entre eux est dans mon groupe et parle un anglais tout à fait fluide et compréhensible ; voilà qui promet d'être intéressant!

On peut naturellement se demander en quoi une coopération militaire qui se limite à des instructions en commun pourrait avoir une importance décisive. Ce serait faire abstraction de plusieurs facteurs. En premier lieu, des cours d'état-major comme celui-ci permettent de créer des contacts internationaux et des connexions informelles qui peuvent revêtir une grande importance dans des situations de crise. La connaissance de l'autre reste un aspect essentiel de tout conflit, et l'avis d'un officier algérien sur le terrorisme islamiste, par exemple, vaut son pesant d'or. Par ailleurs, l'OTAN joue un rôle fédérateur et égalisateur par l'intermédiaire de sa doctrine : la manière de planifier, de conduire et d'évaluer une opération militaire que propage l'Alliance constitue un facteur de rapprochement majeur entre les armées, et jette les bases de l'interopérabilité.

A travers les officiers qui séjournent par ici, et dont les frais de formation laissent supposer qu'ils ont un avenir dans leurs armées respectives, ce sont donc des options stratégiques futures qui s'esquissent, qui se préparent. La globalisation de l'OTAN ne peut cependant bénéficier qu'à ceux qui eux-mêmes ont des ambitions et des actions globales ; j'entends par là que l'Alliance reste un outil politico-militaire dont les Etats-Unis continuent de bénéficier, ne serait-ce que pour faire avancer plus discrètement leurs intérêts. Ce n'est probablement pas un hasard si l'exercice d'état-major - assisté par ordinateur dans sa phase de conduite - qui constitue l'essentiel du cours est accompagné par des officiers américains de réserve, et si la NATO School dépend du commandement de la transformation de l'Alliance, basé à Norfolk, à des milliers de kilomètres d'ici!

Les planifications à long terme ne laissent rien au hasard.

Publié par Ludovic Monnerat le 23 mai 2005 à 19:38

Commentaires

Est-ce qu'il y a des Albanais?

Publié par François Guillaumat le 23 mai 2005 à 20:20

Non, je ne crois pas. J'ai vu un officier macédonien, un Serbe doit encore arriver, mais pas d'Albanais. En même temps, ce n'est qu'un cours parmi d'autres qui se déroulent en parallèle...

Publié par Ludovic Monnerat le 24 mai 2005 à 7:20

Il est vrai que quand on a vut des forces sous drapeau OTAN à Kaboul et que l'Alliance se prépare avec l'Union Européenne à apporter un soutien logistique à l'Union Africaine au Darfour, la notion d'Atlantique me semblent surannée.

A quand un Organisation du Traité de l'Hémisphére Nord ? :) -Bien qu'il me semble que la Russie ne soit pas préte de sitot à l'accepter-

Publié par Frédéric le 24 mai 2005 à 16:46