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11 mars 2005

Les dernières heures

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MEDAN - L'heure du départ est maintenant toute proche : dans moins de 20 heures, les derniers éléments du contingent suisse à Sumatra seront de retour au pays. Nous sommes sur le point de quitter l'hôtel qui héberge la Task Force SUMA depuis plus d'un mois ; je peux donc à présent dire qu'il s'agissait du Garuda Plaza Hotel, un établissement plutôt ambitieux situé non loin de l'aéroport, et qui peine grandement à tenir ses promesses. En Suisse, cet hôtel serait tout juste l'équivalent d'un 2 étoiles, alors même qu'il propose plusieurs prestations de qualité (service dans des chambres équipées de toilettes, douches, TV et minibar ; connexion Wi-Fi, avec bureau entièrement équipé pouvant être loué ; grandes salles de conférence climatisées et équipées de l'appareillage audio-visuel moderne ; etc.) : la propreté souvent insuffisante, le délabrement de certaines pièces montrent que la maison a connu des jours meilleurs, même si elle semble remonter la pente (un ascenseur neuf a été installé durant notre séjour).

Ce qui est certain, c'est que le contingent suisse a choisi - avec la probité qui honore l'Helvète normal - le cantonnement offrant l'un des meilleurs rapports qualité/prix de la ville. Les autres contingents militaires ne se sont pas embarrassés de tels scrupules et ont directement choisi le Novotel, l'un des établissements les plus luxueux de la ville, suivant en cela la plupart des agences de l'ONU. Les Français n'ont pas immédiatement pris leurs quartiers dans cet hôtel (même si la chaîne est en mains françaises!), alors que les Américains ont tout de suite loué un étage du bâtiment pour établir un grand centre de commandement à même de conduire toutes leurs actions en Indonésie, complètement équipé avec des écrans géants, une myriade d'ordinateurs et des moyens de transmission redondants. Toutes proportions gardées, les Australiens ont d'ailleurs fait de même dans un autre hôtel de la ville.

Pendant que le quartier-maître établit la facture de notre séjour, le reste du contingent vaque à des activités diverses et individuelles, à l'exception de l'état-major qui termine certains travaux d'archivage et de communication (comme la finition d'un exposé PowerPoint de 70 folios décrivant, photos et vidéos à l'appui, l'opération "SUMA" du point de vue de la troupe engagée). Cependant, une partie de l'EM - dont votre serviteur - a pris ce matin une heure pour accompagner le commandant de la TF SUMA (voir photo ci-dessus) dans une boutique d'artisanat proposant des objets traditionnels en bois ou en argent, et tenue par une famille d'origine chinoise particulièrement affairée. Ce détour m'a permis de trouver quelques cadeaux originaux à ramener en Suisse, en espérant que le trajet en avion ne leur inflige aucun outrage fatal. Il était aussi important de se départir de nos dernières roupies avant de quitter l'hôtel!

Nous avons également pris notre dernier repas sur place, dans un restaurant oriental proposant une formule particulièrement réussie : le client ne commande rien (à l'exception des boissons, ou s'il souhaite un menu précis), mais choisit parmi les différentes victuailles que le personnel présente en boucle à la centaine de personnes attablées. Autrement dit, l'apparence même des plats - relevant de la gastronomie chinoise pour la plupart - amène les gourmands de mon acabit à tenter de goûter à tout ce qui semble délicieux, au risque d'avoir de mauvaises surprises (presque tout était excellent, mais un plat à l'origine douteuse était immangeable). Et ainsi de suite jusqu'à en être rassasié, tout en évitant les temps d'attente qui sont le propre des restaurants. Voilà une formule que je souhaiterais retrouver au pays, et qui a su nous contenter pendant les dernières heures de notre séjour indonésien - et de la mission de l'armée suisse à Sumatra.

Publié par Ludovic Monnerat le 11 mars 2005 à 10:57