« Une contre-insurrection classique | Accueil | Les options face à l'Iran »

19 janvier 2005

Le commandement militaire futur

Le dernier numéro de la revue Doctrine, publiée par le Centre de doctrine d'emploi des forces de l'Armée de terre française, comprend un article (au format PDF) qui fournit une approche prospective du commandement. Rédigé par le lieutenant-colonel Patrick Raux, ce texte résume une partie des réflexions de fond faites en France sur l'avenir des opérations militaires, et des effets devant être exercés. De ce fait, il constitue une véritable exploration conceptuelle sur les fonctions opérationnelles des armées et vise à définir une articulation nouvelle, susceptible de dépasser la vision purement capacitaire et symétrique des conflits traditionnels :

Le fonctionnement d'une force, quelle qu'elle soit, repose, dans une approche anthropomorphique, sur quatre fonctions fondamentales vitales qui s'articulent autour d'une seule fonction primaire : la fonction « opérer ». Ces fonctions fondamentales interagissent entre elles et sont : commander, informer, déplacer et préserver.

Cette taxonomie est résumée sous la forme d'un schéma d'une certaine complexité, axé autour du concept de foudroyance, mais qui distingue également entre l'emploi des forces en situation conflictuelle - l'engagement - et non conflictuelle - l'action. On retrouve donc ici la poursuite des réflexions sur la maîtrise de la violence et sur la nécessité de varier les effets pour adopter la proportionnalité recherchée. Au demeurant, cette terminologie est préférable à celle de l'armée suisse, où l'influence germanophone nous a amenés à faire de l'action un terme générique recouvrant l'engagement et l'opération.

Mais l'articulation conceptuelle de cet article, qui reste certes un document de travail, pose un certain nombre de problèmes. En premier lieu, on n'y perçoit pas de différence entre l'échelon opératif et l'échelon tactique dans la manière de penser l'emploi, comme si la traduction des objectifs stratégiques en ordres pouvait se faire d'un seul tenant. Ensuite, les notions de supériorité - décisionnelle, cohésive, cinétique et énergétique - sont exagérément abstraites, car elles découlent directement de la confrontation des fonctions opérationnelles ; une méthode plus logique aurait consisté à confronter les ressources effectivement en jeu, car les acteurs impliqués peuvent avoir une gamme de fonctions très différente l'une de l'autre.

Néanmoins, toute démarche visait à élargir cette gamme au sein des armées est la bienvenue, et les réflexions en cours dans l'Armée de terre sont dans ce sens très positives.

Publié par Ludovic Monnerat le 19 janvier 2005 à 10:29

Commentaires

sujet trés intéressant

Publié par yacine le 13 octobre 2007 à 19:25