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29 décembre 2004

Asie : tragédie et idéologie

Le bilan du raz-de-marée asiatique oscille à présent entre 60'000 et 70'000 morts selon les sources, ce qui en fait l'une des pires catastrophes naturelles de notre époque. De toute évidence, la violence du tremblement de terre rendait inévitable une partie des destructions causées, même si un système d'alerte aurait limité le nombre de victimes. Il n'a cependant pas fallu longtemps pour que cette tragédie liée à la structure même de la Terre soit exploitée avec des relents idéologiques, dans le but de faire passer un programme politique tout sauf naturel.

Il faut ainsi admirer les contorsions casuistiques commises ce matin par Yves Thréard dans Le Figaro pour replacer le drame dans une perspective partisane. Puisque la nature ne saurait être tenue pour coupable, c'est donc l'homme et son avidité qui ont été punis :

« Dans cette région du monde toute dévouée au tourisme, l'urbanisation à outrance a bousculé l'équilibre des paysages. On a trop construit n'importe où et n'importe comment sans respect des rivages, des barrières de corail ou des mangroves. La démographie galopante n'est pas étrangère, non plus, aux aménagements improvisés en tous genres. Par sa faute, l'homme s'est rendu vulnérable. »

On peut se demander comment le respect des barrières de corail, si tant est que cette expression ait un sens, aurait pu sauver les populations qui depuis des siècles vivent de la mer face à la violence du tsunami. Quant à rendre l'homme responsable de sa croissance démographique, autant affirmer que son existence est un péché mortel. Mais Yves Thréard affirme avant tout que les Occidentaux sont responsables, puisque c'est le « sous-développement » des régions touchées qui expliquerait l'absence d'un système d'alerte, et non l'aveuglement des dirigeants locaux. De quoi conclure par le fond du message :

« Raison de plus pour inciter les nations à s'unir afin de trouver des solutions comme dans le cadre du protocole de Kyoto contre le réchauffement climatique. Accord que les Américains persistent à refuser d'adopter. Raison supplémentaire pour accentuer le dialogue et l'aide entre le Nord et le Sud. Car il n'y aura pas de mondialisation comprise et tolérable sans que se diffusent les richesses et le progrès. »

Voilà donc la morale de l'histoire : c'est la faute à la mondialisation ! Les pauvres du Sud sont victimes des égoïstes du Nord, qui viennent profiter sans scrupules du décor paradisiaque et multiplient les effets des catastrophes ! Peu importe que l'Asie du Sud soit en développement rapide, que le protocole de Kyoto soit mort et enterré, ou que les touristes occidentaux aient payé un lourd tribut à la catastrophe : les faits ne doivent pas contredire les diktats idéologiques. Les « sous-développés » thaïlandais ou indonésiens apprécieront.

Histoire de revenir sur terre, on peut sans autre s'informer sur l'évolution de la situation par plusieurs sites spécifiques, en notant l'apport remarqué des blogs à la chose. Lire l'excellent éditorial de Richard Werly dans Le Temps aujourd'hui. Et faire preuve d'une générosité bienvenue en faisant un don, par exemple via la Croix-Rouge, même si leur site ne se distingue pas par sa facilité d'emploi !

Publié par Ludovic Monnerat le 29 décembre 2004 à 11:00

Commentaires

Bonjour,

Je suis, comme vous, auteur d'un blog. Dans mon dernier post, j'ai été inspiré par votre post "Asie: tragédie et idéologie".

Par courtoisie, je vous en informe.

Mon post est ici: http://citoyendurable.blogspot.com/2004/12/prcis-de-mthodologie-progressiste.html

Cordialement,

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Citoyen durable

Publié par Citoyen durable le 31 décembre 2004 à 9:02