Résultats pour “iran 2006” dans LudovicMonnerat.com

L'approche indirecte face à l'Iran (2)

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Les récits de violences et de protestations en Iran, suite à l'instauration d'un rationnement de l'essence et à la diminution de son subventionnement, constituent l'une des premières preuves de l'efficacité de l'approche indirecte choisie par les États-Unis pour faire face au régime des mollahs, et notamment de leur étranglement économique. Extrait :

Hard-line President Mahmoud Ahmadinejad came to power in the 2005 election based largely on his promises to improve the faltering economy. But his failure to do so has sparked widespread criticism.
"This man Ahmadinejad has damaged all things. The timing of the rationing is just one case," said Reza Khorrami, a 27-year-old teacher who was among those lined up at one Tehran gas station before midnight.
Iran is the second-biggest exporter in the Organization of Petroleum Exporting Countries. But because it has low refining capability, it has to import more than 50 percent of its gasoline needs. To keep prices low, the government subsidized gas sales, saddling it with enormous costs.
Under the rationing plan, owners of private cars can buy only 26 gallons of fuel per month at the subsidized price of 38 cents per gallon. Taxis can get 211 gallons a month at the subsidized price.

Bien entendu, quelques protestations et quelques critiques ne forment pas une lame de fond. Mais c'est bien l'une des principales vulnérabilités économiques iraniennes qui est ainsi mise en évidence dans sa dimenson stratégique, et l'incapacité du gouvernement actuel à sortir du cercle vicieux actuel (pénurie - importation - subvention - pas d'investissement - pénurie croissante) est une menace majeure pour la pérennité du régime politique à Téhéran. Surtout si les fonds énormes investis dans le programme nucléaire ne parviennent pas suffisamment vite à porter leurs fruits, sous la forme d'une capacité nucléaire à même de capitaliser le nationalisme iranien (ou perse) et de figer les rapports de force militaires.

Dans ce contexte désespérant pour les mollahs, on comprend mieux la présence militaire américaine dans le Golfe, c'est-à -dire l'effet psychologique qu'elle vise à exercer : l'économie use et détruit, l'armée protège et dissuade.

Une nouvelle éruption au Liban ?

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L'attaque à la voiture piégée qui a tué hier 6 soldats de la FINUL, dont 3 Espagnols et 3 Colombiens servant dans l'armée espagnole, n'est bien entendu pas une surprise : ce n'était qu'une question de temps, puisque cette force multinationale sans capacité de s'interposer est pourtant gênante. Le mode opératoire, lui non plus, n'est pas étonnant : c'était déjà la voituré piégée qui avait été employée en 1983 contre les soldats français et américains, avant que cette méthode se généralise. Enfin, le fait des militaires espagnols soient tués au Moyen-Orient rappelle simplement que le retrait d'Irak n'a pas servi à grand chose, bien au contraire, et que toute présence militaire dans cette région est automatiquement un risque important.

La question qui se pose aujourd'hui est celle des raisons d'une telle attaque. S'agissait-il d'intimider la FINUL pour l'empêcher de signaler le renforcement constant des préparatifs militaires et des transferts d'armes au Sud Liban, ou plutôt de provoquer une réaction qui légitimerait une campagne d'attentats à son encontre ? Alors que les possibilités de guerre ouverte entre Isräel, le Hezbollah, la Syrie (et donc l'Iran) sont plus hautes que jamais, alors que l'armée libanaise a pris son parti en neutralisant une milice islamiste et ainsi signalé l'évolution des esprits au pays des cèdres, le pari de l'Europe reste bien dangereux. Et le risque d'une répétition des événements de l'été dernier pour la communauté internationale, avec une évacuation massive de ressortissants menacés (lesquels sont pour la plupart revenus), est particulièrement élevé. Sans doute les planifications prévisionnelles vont-elles bon train dans les états-majors occidentaux...

En tout état de cause, une nouvelle éruption au Liban ne devra pas grand chose à la FINUL, ce contingent militaire placé d'emblée dans l'impossibilité de remplir sa tâche principale, et tout aux oppositions fondamentales qui continuent de caractériser le Proche-Orient. Essayer d'en réduire les conséquences pour ses intérêts nationaux est une démarche logique et responsable.

L'approche indirecte face à l'Iran

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Au début de 2006 a eu lieu sur ce site une tentative de planification militaire participative en ligne visant à appréhender les contours d'une opération armée contre les projets d'arme nucléaire en Iran ; le temps m'a manqué pour mener cette expérience à son terme, mais il est rapidement apparu qu'une opération coercitive et ouverte multipliait les complications, alors qu'une approche indirecte, utilisant d'autres lignes d'action stratégique que le seul recours à la force armée, semblait davantage adaptée. Si l'on en croit ces informations, c'est bien une telle approche qui a été retenue par les États-Unis, notamment par le biais de sabotages industriels rappelant certains épisodes de la guerre froide :

In January 2007, the head of Iran's Atomic Energy Agency, Vice-President Gholamreza Aghazadeh, said after an explosion at the Natanz nuclear facility (the first Iranian plant to attempt enrichment) that some of the equipment had been "manipulated." The explosion destroyed 50 of the plant's centrifuges.
Other evidence has indicated that sabotage was the reason for some of the technical problems Iran has encountered in its enrichment enterprise. Sources told CBS intelligence agencies have altered technical data, making it "useless."

Dans la pensée stratégique, on recourt à l'approche indirecte lorsqu'une approche directe est trop risquée ou trop coûteuse ; dans ma propre conception stratégique, une action telle que le sabotage industriel s'effectue en mode distant dans le domaine matériel et vise à provoquer un engagement contre-productif des ressources iraniennes. Bien entendu, elle est complétée par d'autres mesures, dont notamment les sanctions économiques et la communication subversive, ainsi que par un recours flagrant aux capacités militaires à des fins dissuasives, mais aussi protectrices (aussi bien envers les alliés des États-Unis qu'envers leur propre stratégie). Ceci dit, l'avantage de l'approche indirecte, pour peu qu'on lui en laisse le temps, est de fournir des résultats probants avec un minimum de risque et de ressources.

Le temps reste donc le facteur déterminant de la lutte en cours.

L'échec d'une icône médiatique

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Ce blog n'est pas le lieu de discussions purement politiques, c'est-à -dire dans le sens des partis, mais il me vient tout de même une réflexion au vu des résultats du premier tour de l'élection présidentielle française : le score de José Bové, 1,3%, est étonnamment bas pour une icône médiatique, pour un personnage célébré par les médias. On peut trouver des explications relativisantes à cet échec : l'élection présidentielle est verrouillée par les partis de gouvernement, elle exige une préparation et des moyens financiers inaccessibles à un "petit" candidat, il y avait trop de candidatures "anti-système", etc. Mais malgré cela, voir un acteur politique et médiatique aussi populaire que Bové ne rassembler qu'un demi-million de voix reste significatif.

Le verdict des urnes semble parfois cruel pour les activistes convaincus de la justesse de leurs idées, mais la représentativité populaire n'en demeure pas moins un fondement essentiel de toute légitimité. La rhétorique de la vague dite altermondialiste sur laquelle a surfé José Bové a toujours justifié sa violence intrinsèque par la légitimité de son action, à défaut de sa légalité ; mais les "anti-tout" analogues à l'ancien porte-parole de la Confédération paysanne ont surtout évité de soumettre leur supposée légitimité au verdict, et il faut rendre hommage à Bové pour l'avoir essayé - avec le résultat éclairant que l'on sait. Ces idées ne sont que le cheval de bataille d'une ultra-minorité, qui doit à ses relais dans les médias et à ses complicités dans les rédactions d'avoir donné l'illusion de représenter une force politique. Mais un cheval de bataille n'est pas une politique...

Au-delà de la participation exceptionnelle de nos voisins français, il faut donc souligner une fois de plus que la démocratie est et reste le meilleur moyen de remettre à leur place les extrémistes et leurs messages, ainsi que toutes les luttes de perceptions bâties à coup de sondages ponctuels, de manifestations outrées ou de pétitions fracassantes, tous fondamentalement non représentatifs.

L'haleine fétide du défaitisme

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La semaine écoulée n'entrera peut-être pas dans les annales comme un tournant stratégique, mais elle aura révélé tout un pan de futurs possibles, à l'aune d'un défaitisme omniprésent. Trois événements peuvent à cet égard être cités.

Premièrement, les 15 militaires britanniques capturés par les Forces armées iraniennes sans la moindre velléité de résistance ont été paradés devant la presse et incités à vendre aux médias le récit de leur captivité. Sans que leur refus de combattre ne soit condamné par leur hiérarchie, bien au contraire. Les options militaires imaginables, ou même proposées par l'allié américain, ont promptement été repoussées. Alors que 4 soldats de l'Army étaient tués dans le sud de l'Irak, là où l'Iran mène une guerre par procuration contre la Grande-Bretagne.

Deuxièmement, la présidente de la chambre des représentants américaine (traduction maison de US House Speaker) a effectué une tournée au Moyen-Orient entièrement contraire à la politique du pouvoir exécutif légitime, parfois en foulard, et fournissant une légitimité politique stupéfiante aux ennemis de son pays, n'hésitant pas à aller en Syrie à l'encontre des positions de la communauté internationale pour donner l'apparence d'un dialogue. Alors que le leader démocrate de la même chambre allait s'entretenir en Egypte avec le leader des Frères Musulmans, l'une des organisations majeures de la nébuleuse islamiste, et qu'à domicile la notion de "guerre contre le terrorisme" était bannie.

Troisièmement, même Israël suit la ligne des Gouvernements occidentaux consistant à négocier et à payer lors de prises d'otages, puisqu'une liste de prisonniers du Hamas paraît avoir été acceptée pour obtenir la libération du caporal Shalit, dont la capture a déclenché les hostilités accrues de l'été dernier. Sans apparemment comprendre que la récompense donnée au preneur d'otage se paie par davantage de captures par la suite, comme les événements en Afghanistan le montrent.

Bien entendu, ces événements ne sauraient fournir un résumé de l'actualité. On peut même citer des exemples contraires, comme la tournée tout autre d'Angela Merkel au Proche-Orient et son refus de se laisser manipuler par les Palestiniens. Malgré cela, on voit clairement poindre dans les pays du bloc occidental jusqu'ici les plus déterminés dans la lutte contre le fondamentalisme musulman le désir impérieux de mettre un terme aux hostilités, de revenir à l'avant-11 septembre, de rejeter comme un cauchemar toutes ces guerres, ces attentats, ces violences. Ou comment le défaitisme a suffisamment rongé les coeurs et les esprits pour oser s'exprimer ouvertement, malgré son haleine fétide issue de la peur et de la fatigue...

Jeu de dupes au Liban

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Voici presque 6 mois, j'ai esquissé 3 scénarii pour l'évolution de la situation au Liban Sud. Le scénario le plus probable était décrit de la manière suivante :

La force multinationale préside à un gel précaire de la situation. Les apparences prévalent : le Hezbollah dissimule ses armes et annonce son respect de la FINUL, sans rien entreprendre de concret dans son sens ; Israël s'abstient d'user de la force et négocie la libération de ses soldats, tout en laissant une petite partie de ses troupes sur territoire libanais, ou prête à y entrer à tout instant ; l'armée libanaise s'installe au Sud Liban, assure ouvertement des tâches de sécurité, sans exercer le moindre contrôle effectif. Les emplacements, les moyens, les procédures, les règles d'engagement de la force multinationale sont consciencieusement étudiés ; ses installations, ses services sont infiltrés par des informateurs. Et si les unités de la FINUL décident de mener une action coercitive, elles sont neutralisées par des foules "spontanées", leurs chefs menacés personnellement sur leur lieu de travail et dissuadés par leurs "contacts", leurs soldats soudain confrontés à un environnement non permissif. Bref, le scénario d'une prise d'otages géante, ou de l'instrumentalisation de la FINUL dans les rapports de force internationaux.

Que vaut aujourd'hui cette perspective ? Cette information sur le Hezbollah, qui demande la restitution d'un camion d'armes saisies par les autorités libanaises, cet article du Figaro, qui explique que la FINUL ralentit le réarmement du Hezbollah, et d'autres informations non confirmées sur les pressions dont la force multinationale ferait l'objet, montre que l'on assiste très probablement à un déroulement de ce type. Sans surprise, le Hezbollah s'abrite derrière la FINUL pour retrouver ses capacités militaires, durement entamées par les forces armées israéliennes, et la communauté internationale (dont la France) ne veut ou ne peut l'en empêcher. Puisque cela signifierait la guerre.

L'élément essentiel de la situation libanaise est bien entendu la lutte pour le pouvoir qui se joue aujourd'hui à Beyrouth. Avec la FINUL comme bouclier, le Hezbollah tente d'utiliser tout son levier politique pour accomplir ses objectifs, faire du Liban un Etat islamique et s'en servir pour attaquer Israël. Mais bien des énergies sont aujourd'hui déployées pour faire échec à cette tentative, de la part du bloc occidental en général et des Etats-Unis en particulier, mais aussi de la part des régimes arabes sunnites alarmés par la stratégie conquérante de l'Iran khomeiniste. En d'autres termes, après avoir été un autre domino bousculé par l'invasion américaine en Irak et l'implantation au forceps de libertés démocratiques, le Liban est devenu un terrain d'application supplémentaire et par procuration de l'affrontement entre fondamentalisme musulman et démocratie à l'occidentale.

Espérons que le jeu de dupes auquel concourt la FINUL ne tourne pas au désavantage de l'Europe et de ses soldats, otages potentiels et en première ligne.

Iran : l'approche indirecte

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Il faut lire l'analyse à laquelle s'est livré Jean-Pierre Chevallier sur la situation économique de l'Iran : on y prend conscience de réalités qui éclairent le comportement des différents acteurs. Le délabrement insoupçonné de l'économie iranienne, due à l'incurie pourtant avérée de la théocratie khomeiniste, explique en effet en partie la fuite en avant à la fois mystique et belligène qui symbolise Ahmadinejad. Et l'attentisme apparent des Etats-Unis, désireux de laisser leur part de responsabilité à l'Union Européenne et à l'ONU (dont l'échec est cuisant), s'expliquerait selon JPC par une stratégie d'épuisement : l'effort national des mollahs vers l'armement nucléaire revient à scier la branche sur laquelle ils sont assis. Une offensive distante qui paraît prometteuse : forcer l'adversaire à un engagement contre-productif de ses ressources évite la plupart des risques liés à l'attaque frontale.

Je me permets d'ajouter mes propres réflexions à cette analyse. En premier lieu, il s'agit de relever que cette approche repose sur l'emploi parallèle et synchronisé de 4 lignes d'action stratégiques : l'économie donc, mais aussi la politique, l'information et la sécurité. Sur ce dernier plan, on peut noter que l'isolement de l'Iran est l'un des bénéfices des opérations lancées à la suite du 11 septembre 2001, non seulement avec les campagnes d'Afghanistan et d'Irak, mais également avec l'affermissement des liens bilatéraux et le développement des infrastructures en Asie centrale et sur la péninsule arabique. Le déploiement annoncé de navires supplémentaires dans le Golfe va dans le même sens : avec un deuxième groupe aéronaval à proximité, les Etats-Unis disposeront d'une capacité de protection (maritimie, aérienne et même antimissile) et de frappe (dans la profondeur) qui revient à resserrer très nettement l'étau.

Cette complémentarité nécessaire des lignes d'action stratégiques explique d'ailleurs pourquoi l'arme militaire ne peut opérer seule sur un théâtre d'opérations ; les échecs passés ne prouvent pas que les militaires ne sont plus capables de gagner des guerres, mais simplement que l'on ne peut pas demander aux armées de remporter les victoires qui ne sont pas disponibles sur le champ de bataille. C'est la clef d'opérations reposant sur une approche avant tout indirecte, telles que la contre-insurrection et le blocus : l'emploi de la force militaire sert des buts autres, politiques ou économiques, que le succès immédiat des armes. Bien entendu, cette subordination de l'action armée à d'autres lignes d'action, et ceci jusqu'aux plus bas échelons des unités, est une dimension qui se heurte à la tradition militaire, à la dichotomie guerre/paix, à la compréhension des armées comme ultima ratio et non comme outil complémentaire d'une stratégie globale.

J'ai eu l'occasion de l'écrire de nombreuses fois sur ce blog, mais je le répète : en règle générale, l'objectif d'une opération militaire de nos jours vise à conquérir, à contrôler ou à défendre non plus le territoire, mais avant tout les esprits et les marchés. La prise d'une capitale ou d'un passage obligé, la surveillance d'axes ou de frontières, les frappes ciblées dans la profondeur sont des actions qui n'ont pas perdu en importance ; en revanche, ce qui compte le plus, c'est la cohérence et la synchronisation des effets obtenus par l'emploi de la force armée avec ceux nécessaires pour l'application de la stratégie retenue. En tenant compte du fait que les Etats ne sont plus les maîtres de la stratégie, et que les intérêts privés peuvent être de puissants multiplicateurs s'ils sont compris et pris en compte...

Ce qui semble effectivement le cas face à l'Iran, où les vulnérabilités économiques et informationnelles des mollahs, par opposition à leur (relative) force militaire et politique, expliquent une approche indirecte faute d'autre option.

COMPLEMENT (28.12 0750) : Sur l'état de l'industrie pétrolière iranienne, cet article du Figaro confirme et précise.

Entre faux désastre et vraie défaite

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L'importance des perceptions dans le conflit qui se joue en Irak n'est plus à démontrer. Alors que la commission Baker déçoit les chantres du bourbier en recommandant une présence militaire US ouverte, quoique réduite, en Irak, sans répondre aux risques majeurs qu'une telle approche comporte, les preuves de la fabrication du "désastre" irakien continuent à apparaître, notamment dans la différence de perception entre les militaires américains sur place et les images véhiculées par les médias traditionnels. Cependant, puisque les actions et les succès de la coalition en Irak restent confinés au théâtre moyen-oriental et ne sont pas connues du public à domicile, c'est bien qu'une défaite est en cours sur le front de l'information.

Bien des lignes ont été écrites, sur ce blog également à propos du comportement des médias, sous l'angle des journalistes-combattants ou des reporters en chambre, ou encore des manipulations presque quotidiennes. Il faut cependant aborder un autre aspect : l'aptitude sévèrement réduite de l'institution militaire américaine à comprendre, et donc à mener, une guerre de l'information, et donc à penser les perceptions des actions en même temps que les actions elles-mêmes. J'en veux notamment pour preuve cet article, qui s'appuie en particulier sur l'expérience du reporter Michael Yon, pour mesurer ces lacunes. Extrait :

The mainstream media has not, either, been able to present Iraq coherently. A part of this is bias, but perhaps an even greater part is that there haven't been any Ernie Pyles ducking into foxholes with GIs; the press corps has been hunkering down in Baghdad's green zone and relying on reports from Iraqi stringers and informers, some up front and others highly suspect. And, of course, they have stressed the sensational over the commonplace as all "news" does. At some point, all of us have realized that, but did we know-would you have imagined-only nine embeds in all of Iraq? I think my first reaction to this revelation was shock; the second is anger. I'm angry because a pathetic situation has been made worse by the command's refusal to authorize embeds who are freelance or write for nontraditional media (read the internet).
My information on embeds in Iraq comes from an article in the October 30 issue of The Weekly Standard, one I caught up on reading over Thanksgiving: "Censoring Iraq: Why are there so few reporters with American troops in combat? Don't blame the media" by Michael Yon. Yon is a former special forces soldier who blogs at michaelyon.com and who spent most of 2005 embedded in Iraq. He went to Iraq then, at his own expense (camera, satellite phone, laptop, body armor, helmet etc. and a plane ticket to Kuwait). He went specifically because two close friends had died on consecutive days and because troops in the field requested it of him and spent 10 months embedded with the 1st Battalion, 24th Infantry Regiment (Deuce Four) of the 25th Infantry Division.
Yon has had several requests to return, and he wants to go, but-but is, as Yon sees it, a Pentagon attitude that "withhold[s] information! [and denies] access to our combat forces just because that information might anger, frighten, or disturb us." And "[t]his information blockade is occurring at the same time the Pentagon is outsourcing millions of dollars to public relations firms to shape the news." Yon points out that although the US military has overwhelming advantage in weaponry, that superiority is "practically irrelevant in a counterinsurgency where the centers of gravity for the battle are public opinion in Iraq, Afghanistan, Europe, and at home."
The enemy, on the other hand, is savvy; Yon reports, "The lowest level terror cells have their own film crews."
The problem is systemic, he believes, and also particular to the Combined Press Information Center (CPIC) and one particular officer, says Yon: Lt. Col. Barry Johnson. Col. Johnson has refused Yon permission to embed with military training teams (requested by Brigadier General Dana Pittard) and with another embed request. Johnson's written reason is "I do not recognize your website as a media organization!" However, it's not only that Col. Johnson stands squarely with both feet in the 20th, rather than the 21st century, he also denied a request by another former infantryman who intended to shoot pictures for VFW, the Veterans of Foreign Wars magazine, a traditional news source.
The nine embeds in Iraq come from The Stars and Stripes (3), the Armed Forces Network (1), a Polish radio station (1, with Polish forces), plus one Italian reporter with Italian forces, a writer gathering information for a later book, and only two "who were reporting on a regular basis to what you might think would be the Pentagon's center of gravity: American citizens."

Les forces armées américaines sont capables de mener efficacement des campagnes de contre-insurrection, comme le montre l'exemple des Philippines, dès lors qu'elles ne sont pas soumises à l'éclat aveuglant des médias planétaires. Mais lorsqu'il s'agit d'opérer en pleine lumière, et donc de convaincre plus que de vaincre, elles témoignent d'une focalisation sur leur savoir-faire technique et tactique qui obère totalement leur rôle stratégique. Il ne faut pas être un génie de la planification pour savoir que le centre de gravité à protéger, pour les Américains, est depuis 2003 celui de leur opinion publique ; c'est le cas pour toutes les démocraties qui emploient la force pour protéger leurs intérêts ou imposer leur volonté. Ne pas traduire ceci en lignes d'opérations est en revanche une faute grave, non rédhibitoire, mais imposant une réaction rapide.

COMPLEMENT (7.12, 1150) : Cet article de Daniel Pipes est éclairant sur la question des perceptions, et montre bien que le jugement de la situation en Irak dépend d'a priori qui sont souvent tus. A lire pour ceux qui voient tout en noir et blanc ! :-)

Le bilan d'août

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Comme l'exige une tradition maintenant très ancrée, et à laquelle on me renvoie illico au moindre retard, je profite du bilan mensuel pour remercier celles et ceux qui lisent ces pages et qui contribuent aux débats. La fréquentation au mois de juillet a connu une légère baisse dans le nombre quotidien de visites (2222 contre 2250) et de pages (5116 contre 5157), et une nette hausse au niveau des hits (10890 contre 8983). Les débats parfois endiablés expliquent sans doute cela !

Bien sûr, ces chiffres très relatifs ne sauraient être ici cités sans quelques traits qui se veulent humoristiques. Voici donc mes commentaires à nombre d'entrées grâce auxquelles les moteurs de recherche ont envoyé par ici de très honorables visiteurs :

  • stratégie de contre-insurrection manuel (on peut toujours rêver!)
  • bonne fete ludovic (c'est gentil, mais un peu à côté !)
  • des soldats francais seront-ils basés a beyrouth? (si la question vient du Hezbollah, euh!)
  • apprendre le francer (cela s'impose)
  • photos chanterelles violettes (qu'est-ce qu'il est bucolique, mon blog !)
  • pourquoi les pays-bas font partie de 11 états chargés de gérer les archives nazies (et on trouve la réponse par ici ?)
  • les discours de jacques chirac (mangez des pommes !!)
  • antidepresseurs naturels (du chocolat, quoi!)
  • mon cadeau (n'est pas là )
  • potentiel offensif de la bundeswehr en 2006 (pas de quoi nous stresser!)
  • bienvenue sous ma jupe.com (oserais-je dire qu'il y a anguille sous roche ?)
  • fonctionnement missile hellfire (aller simple vers le paradis)
  • comment faire une bombe discrète (c'est pour la caméra cachée ?)
  • machin situation en iran (ouais, vas-y machin, quoi !)
  • you elfe self african ecouter (les tests psychologiques pullulent!)
  • les juifs et les ponts (à la source de l'antisémitisme ?)
  • douleur dentaire que faire (arrêter de lire ce blog, peut-être ?)
  • maroc tradionnel (une magnique destition pour les vaciers)
  • boeing 747-400 tv dans siege (oui, mais en éco on capte que dalle)
  • zone de combat de combatant musulman (une définition de l'Occident)
  • tableau comparaison chiite sunnite (comparaison n'est pas raison!)
  • petites israéliennes écrivent sur obus (la gravure sur verre, c'est trop ringard)
  • sur nous monts quand le soleille (l'exam pour la naturalisation s'annonce difficile!)
  • nue en vacance (c'est mieux qu'au travail)
  • choc emotionnel poussée pilosite (cela explique le poil dans la main)
  • etre capable de voir l avenir (à défaut de le prévoir, pourquoi pas!)
  • a quoi servent les missiles mica? (rendez-vous dans quelques mois ?)
  • attaque iran meilleure fenêtre (les places sont gratuites ?)
  • que pensez vous de femmes qui occupent actuellement des places d homme dans le monde du travail (qui va à la chasse perd sa place !)
  • comprendre les operation de soutien de la paix? (si en plus il faut chercher à comprendre!)
  • georges marchais c est un scandale (tiens, les cocos reviennent en cour ?)
  • butt sex traduction (allez vous faire voir chez les Grecs !)
  • personne multitaches (mon neveu répond souvent à la définition)
  • bases secrètes suisses (oh oui, super secrètes, et il y en a partout !)
  • toutes les femmes mentent (encore un qui a perdu sa place!)
  • origine de jomini (suisse, le reste ne compte pas)
  • que faire des troupes onusiennes (oui, je me le demande aussi !)
  • photo des pirates barbaresques (au début du XIXe ??)
  • distiller sa gnole (le "do it yourself" se développe)
  • comment arrive un raz de maree (relativement vite, en fait!)

Bref, merci à tout le monde !

Le pari dangereux de l'Europe

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Ainsi donc, l'Europe s'est décidée à se lancer dans l'aventure du Sud Liban sous les couleurs de l'ONU. Il est vrai que la crédibilité de l'organisation supranationale avait été compromise encore plus vite qu'à l'accoutumée par la volte-face de la France et par l'hésitation d'autres nations à fournir un contingent allant au-delà du symbole ; avec le nouveau revirement français, guère étranger aux conséquences du précédent en termes de politique extérieure, l'impulsion initiale a pu se concrétiser, et entre 7000 et 8000 soldats français, italiens, espagnols, belges, polonais et scandinaves seront bientôt membres de la FINUL new look, et donc pris dans le double piège que je décrivais voici quelques temps. A titre personnel, je leur souhaite évidemment de s'en sortir le mieux possible. Mais pour évaluer la précarité de leur engagement, peut-être est-il préférable d'élaborer quelques évolutions possibles.

Scénario n° 1

La force multinationale devient un tampon entre Israël et le Hezbollah. Elle assiste au fil des mois au renforcement de l'armée libanaise comme au retrait des troupes israéliennes. Après quelques tentatives peu couronnées de succès et sous la surveillance internationale, le Hezbollah met en veilleuse ses activités belligérantes, rend une partie de ses armes et se focalise sur la conquête politique, fort de ses martyrs et de ses fonds. En Israël, le gouvernement se satisfait de la protection apportée par l'ONU et se concentre sur les mesures de protection contre les Palestiniens, que la barrière de séparation et le climat international ne cessent d'affaiblir ; la présence européenne et son image de protecteur du Liban dans le monde arabo-musulman permettent d'ailleurs à l'UE de renforcer son rôle dans la région. Bref, le scénario idéal pour nombre de dirigeants européens, avec un usage de la force strictement limité aux mesures préventives et démonstratives du beau temps, même si le retrait des troupes n'est pas planifié.

Ce scénario est cependant peu probable, car il suppose plusieurs conditions qui sont très loin d'être remplies, dont voici quelques unes :

- Une réduction des tensions internationales au Moyen-Orient, alors même que l'avancée du programme nucléaire iranien promet de les accroître ;
- Un règlement du casus belli représenté par la capture délibérée de soldats israéliens sur territoire israélien ;
- Une réduction des actions coercitives israéliennes dans les territoires palestiniens, et donc du besoin de prouver la "solidarité arabe" ;
- Une aptitude à dissuader le Hezbollah d'entreprendre des actions violentes dans les secteurs tenus par la FINUL et à le convaincre de désarmer ;
- Un engagement intègre et efficace de l'armée libanaise, notamment dans le désarmement du Hezbollah au sud du pays.

Scénario n° 2

La force multinationale se glisse entre le marteau et l'enclume. Des accrochages isolés reprennent (tirs de roquettes, frappes air-sol) et les soldats de la paix sont accusés à la fois de protéger par leur présence les miliciens du Hezbollah et de renseigner les états-majors de Tsahal. Le rôle joué par l'armée libanaise devient flou. Bientôt, avec le bras-de-fer international sur le programme nucléaire iranien, les soldats européens évoluent dans un environnement de plus en plus hostile, alors que les soldats musulmans de la force s'en distancient également. Un incident isolé précipite la dégradation de la situation, et des attaques terroristes sont perpétrées contre la FINUL par le Hezbollah, pendant que d'autres parties de la force, fournissant une protection à la milice islamiste, sont prises pour cible par Israël. L'armée libanaise s'effiloche rapidement, et Beyrouth demande le départ de la FINUL. Bref, le scénario catastrophe pour les parrains de ce nouvel engagement multinational.

Ce scénario n'est toutefois pas nécessairement le plus probable, car il suppose plusieurs conditions précises :

- Une volonté internationale, et notamment européenne, de contrecarrer l'Iran dans ses ambitions nucléaires ;
- Une volonté du gouvernement israélien d'obtenir par la force la sécurisation de sa frontière nord ;
- Une capacité du Hezbollah à jouer de nouveau son rôle de bras armé de la politique extérieure iranienne.

Scénario n° 3

La force multinationale préside à un gel précaire de la situation. Les apparences prévalent : le Hezbollah dissimule ses armes et annonce son respect de la FINUL, sans rien entreprendre de concret dans son sens ; Israël s'abstient d'user de la force et négocie la libération de ses soldats, tout en laissant une petite partie de ses troupes sur territoire libanais, ou prête à y entrer à tout instant ; l'armée libanaise s'installe au Sud Liban, assure ouvertement des tâches de sécurité, sans exercer le moindre contrôle effectif. Les emplacements, les moyens, les procédures, les règles d'engagement de la force multinationale sont consciencieusement étudiés ; ses installations, ses services sont infiltrés par des informateurs. Et si les unités de la FINUL décident de mener une action coercitive, elles sont neutralisées par des foules "spontanées", leurs chefs menacés personnellement sur leur lieu de travail et dissuadés par leurs "contacts", leurs soldats soudain confrontés à un environnement non permissif. Bref, le scénario d'une prise d'otages géante, ou de l'instrumentalisation de la FINUL dans les rapports de force internationaux.

Ce scénario me semble le plus probable des trois, car il peut n'exister que de façon provisoire et évoluer dans un sens comme dans l'autre. J'espère évidemment me tromper, mais si l'Europe engage effectivement des milliers de soldats dans le double piège du Sud Liban, cela pourrait bien affaiblir sa position par un accroissement proportionnel de sa vulnérabilité. Que son pari soit dangereux me semble donc évident!

La course contre la montre

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Ainsi donc, les Israéliens ont fini par lancer leurs forces armées dans le Sud Libanais et déclencher une invasion terrestre en règle, après plus d'un mois d'une campagne menée essentiellement par le biais d'opérations aériennes intensives (120 frappes air-sol pour la journée de mardi), d'opérations spéciales (pour la plupart non rendues publiques), d'opérations d'information (notamment psychologiques) ainsi que d'opérations navales et terrestres largement statiques. Voici longtemps que j'attendais et jugeais inévitable une telle action, au vu du nombre important de roquettes continuant de pleuvoir aléatoirement (moins d'un quart touchent des zones habitées) sur Israël. La question est de savoir si cette décision ne survient pas trop tard, ou même est inutile.

On entend en effet plusieurs voix dire qu'Israël a déjà perdu, que sa puissance militaire est illusoire ou insuffisante. Les mouvements d'humeurs existant au sein de Tsahal montrent effectivement que des erreurs ont été commises, sur le plan stratégique (engagement progressive de moyens de combat) comme sur le plan militaire (méthodes trop conventionnelles, poids excessif de la campagne aérienne). Cependant, il s'agit de ne pas se tromper de guerre : les combats menés entre Israël et le Hezbollah ne sont pas une guerre en soi, mais un épisode de plus dans le conflit opposant la nation juive au monde arabo-musulman, et notamment dans la lutte menée par l'Iran. L'aptitude du Hezbollah à lancer des roquettes ne dissimule pas, pour les observateurs avertis, la réduction massive de son utilité stratégique face à Israël comme à l'Occident, et son effet mobilisateur sur la société israélienne, même si celui-ci commence à s'effriter.

L'aspect purement militaire doit être pris en compte. Dans la logique de l'attrition retenue comme mode opératoire, ce n'est pas un k.o. qu'Israël recherche, mais une victoire aux points ; avec plus de 600 combattants du Hezbollah tués ou capturés, selon les chiffres de sources israéliennes (généralement fiables), on reste dans ce rapport de perte de 1 à 8 dont j'ai parlé voici quelques jours à la radio. Avec l'intensification des opérations, c'est d'abord l'accélération de cette saignée qui est visée, parce que l'interruption totale des tirs indirects n'est pas un objectif atteignable à brève échéance, et que la fenêtre d'opportunité stratégique se referme rapidement. Une manière de laisser une chance à la guerre, une occasion aux militaires de prouver leur aptitude tactique et opérative face à un adversaire déjà éprouvé.

Ce qui n'est pas sans risque. Toute augmentation massive des troupes engagées, en particulier dans un pays pratiquant la conscription, produit automatiquement une augmentation des enjeux et de la dépendance instrumentale. On peut donc voir derrière l'invasion prolongée de Tsahal les signes avant-coureurs de son retrait prochain, à moins d'une escalade qui justifierait les coûts ainsi consentis. Et c'est probablement dans cette capacité à frapper vite, fort et loin que réside l'avenir des forces armées, lorsqu'elles auront développé leurs lignes de défense en leur intégrant des contre-mesures face aux projectiles sol-sol. Malgré cela, si les Israéliens se replient dans quelques semaines pour céder la place à une force multinationale dont je vois mal les perspectives, surtout si elle tente d'imposer la résolution 1559, cela mettra un terme à une campagne qui leur aura permis de mettre hors course, pour un temps, le bras armé du régime de Téhéran.

Difficile dans ces conditions de ne pas y voir un avantage stratégique à court et moyen terme.

Le bilan de juillet

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Comme le veut la coutume, je profite du bilan mensuel pour remercier celles et ceux qui lisent ces pages et qui contribuent aux débats. La fréquentation au mois de juillet a connu une légère baisse dans le nombre quotidien de visites (2250 contre 2300) et de pages (5157 contre 5272), et une hausse au niveau des hits (8983 contre 8686). Chose logique pour un mois de vacances, à Prague puis en Bretagne, et de service au Tessin !

Bien sûr, ces chiffres relatifs ne sauraient être ici cités sans quelques traits humoristiques. Voici donc mes commentaires à nombre d'entrées grâce auxquelles les moteurs de recherche ont envoyé par ici de très honorables visiteurs :

  • email et adresse des travailleur des impots en suisse (la colère est mauvaise conseillère...)
  • yedihot haharonot (parfois, l'hébreu, c'est du chinois !)
  • vaincre les bouffées de chaleur (la vie est un combat)
  • je veux etre emploi dans l arme americaine (ou les méfaits des jeux vidéos)
  • joueurs de l équipe de france d origine africaine (on n'est pas loin du pléonasme, non ?)
  • composition ethnique france 2030 (sans rapport avec la ligne précédente...)
  • la suisse l ennemi le plus abject de l islam (tout ça à cause de notre croix ?)
  • yves grenade (suivi de : attention grenade !)
  • videos de fantomes authentiques (autant jouer à Pac Man)
  • vente de cannabis a bienne (près de l'église, d'après mes souvenirs...)
  • problème d appareil photo en milieu tropical humide (on a tous nos petits soucis !)
  • héraults moyen age (la géographie et l'orthographe compliquent les choses...)
  • statut reglementaire des repulsifs antimoustiques (oui, c'est dans le règlement, mon adjudant !)
  • joey starr et son pit bull (qui se ressemble s'assemble ?)
  • levitation militaire (parfois synonyme de planification à long terme)
  • adresse email d un homme (n'importe lequel, comme ça, au bol ?)
  • interprétation dans la marre de café (de quoi en avoir assez, oui)
  • visite interessante dans le jura (certaines sales langues crieront à l'impossible !)
  • methode pour gagner aux jeux d hasards (si c'est vraiment du hasard, euh...)
  • recherche sur le conflit zidane et materazzi (ça nous change des guerres israélo-arabes !)
  • prospective situation israel (prêt au coup de boule ?)
  • prise d assaut altermondialiste septembre 2006 (la politique-fiction, ça devient grave !)
  • t-shirts femmes diplodocus (voilà qui doit être du meilleur goût...)
  • britney spears hamburger (c'est un qualificatif ou un diagnostic ?)
  • les araignées qui attaquent les soldats en irak (Spiderman serait islamiste ?)
  • quelle genre d homme les finlandaises aiment (les voyages se préparent sérieusement)
  • nous sommes tous des salauds (le matraquage médiatique fait effet...)
  • quelle est la couleur du béret militaire de char (noir comme le tube d'un canon !)
  • definition du mot teuton est il pejoratif de l employer (ach, pas tu tout, c'est très chuste !)
  • devenir officier pompier à lausanne (la spéléologie n'y a-t-elle pas davantage d'avenir ?)
  • rap de bougnouille (cela remplace les macaronis ?)
  • les cellules dormantes iraniennes en europe? (bonne nuit, les cellules !)
  • paroles de country moderne attention je n ai plus qu un point (I don't see the point, sorry...)
  • comportement correct dans la pub islamiste (de la pub pour quoi, un aller simple vers Allah ?)

Bref, merci à tout le monde !

Une saignée discrète et mortelle

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Haro sur Israël : la destruction d'un immeuble à Cana et la mort de nombreux non combattants ont produit sans surprise une avalanche de condamnations, mais aussi d'appels à un cessez-le-feu dont on se demande bien ce qu'il ferait pour la résolution du conflit. Privilégiant comme de juste la sécurité nationale à l'opinion internationale, l'Etat juif n'a pas d'ailleurs pas tardé à mettre entre parenthèses sa trève annoncée de 48 heures dans les bombardements aériens, puisque ses ennemis n'ont pas fait mine de le suivre sur cette voie. La pression politique s'accroît, à la fois pour une décision rapide sur le plan militaire et pour une interruption rapide du conflit, ce qui devrait amener au moins à court terme une poursuite de l'escalade. Avec les inévitables "bavures" que produit le recours à la puissance aérienne hors de l'appui direct aux troupes terrestres.

Cet échec en termes de perception reste cependant marginal sur le déroulement des opérations du côté israélien : l'objectif principal de celles-ci étant une usure du Hezbollah, afin de le rendre matériellement incapable de poser une menace ces prochaines années (et donc accessoirement de servir de vecteur à l'Iran, d'où l'intérêt d'une partie de la communauté internationale à laisser les hostilités se poursuivre), il s'agit bien d'affecter les capacités de la milice chiite, et non les volontés de quiconque. A ce stade, on ne peut qu'être surpris que les Israéliens n'aient pas encore déclenché une offensive en règle jusqu'à la rivière Litani, destinée à prendre dans la nasse les combattants du Hezbollah, dont la qualité indéniable rend le remplacement difficile, et à les anéantir plus sûrement ; peut-être les spectres du passé expliquent-ils cette timidité opérationnelle.

Pour le Hezbollah, en revanche, la frappe meurtrière de Cana revêt une importance cruciale : elle permet de focaliser la communauté internationale sur des violences injustifiables du côté israélien, et donc de mettre entre parenthèses les casus belli dont s'est rendue coupable la milice islamiste, mais aussi et surtout d'augmenter les chances d'un cessez-le-feu imposé à Israël et qui demeure sa seule chance de victoire. Les combats terrestres très durs du Sud-Liban ont en effet décimé ses meilleures unités, affûtées par des années d'accrochages contre Tsahal, alors que les frappes aériennes nombreuses de l'aviation israélienne ont infligé des pertes énormes à ses réserves d'armes ainsi qu'à son infrastructure de commandement. D'où la nécessité impérieuse de s'entourer de boucliers humains : c'est déjà une question de vie et de mort.

Pour les Israéliens, qui tiennent enfin dans leur mire un ennemi mortel ne pouvant plus se dérober sous peine de perdre la face, c'est-à -dire son poids politique et symbolique, il est désormais nécessaire de poursuivre implacablement l'entreprise en cours et de continuer à éliminer le Hezbollah jusqu'à ce qu'il n'existe plus en tant qu'organisation armée. Nasrallah et les siens ont été surpris de la réaction israélienne après l'enlèvement des soldats de Tsahal, car ils n'avaient pas prévu qu'ils créaient ainsi une justification pour une opération destinée à les saigner à blanc. A présent, cette saignée s'accroit chaque jour un peu plus, avec son cortège de drames et de douleurs pour la population civile, mais avec au bout du compte une perspective stratégique inimaginable voici quelques mois encore - et que seul le retrait de Gaza a rendu politiquement possible.

Voilà du moins mon analyse, à chaud et brièvement, depuis mes montagnes tessinoises...

COMPLEMENT (1.8.06, 0845) : Quelques articles lus ce matin dans Le Figaro apportent des précisions intéressantes. Tout d'abord ce récit d'Adrien Jaulmes, qui tombe bêtement dans le panneau en reproduisant les déclarations du Hezbollah, alors que nombre d'indices - pertes avouées, destructions subies - plaident pour une défaite sévère. Qu'à l'aube du XXIe siècle un journaliste "couvrant" une guerre pense encore que la conquête territoriale est le but des armées est assez surprenant. Les annonces du Gouvernement israélien concernant l'extension des opérations semblent indiquer que rendre publique une telle intention n'aurait plus guère d'influence sur le terrain, ou au contraire que mettre en fuite le Hezbollah permettrait de l'achever. Enfin, les chiffres au sujet de l'économie israélienne replacent les pertes subies dans une perspective stratégique plus réaliste.

Israël : retour à la case départ

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A bien des égards, Israël a corrigé ces dernières années les erreurs stratégiques de ses occupations successives et retrouvé sa situation initiale : un petit Etat entouré d'ennemis plus ou moins déclarés, dont les frontières sont constamment traversées par des attaques de type terroriste (cibles non combattantes) ou militaire (cibles combattantes). Les Forces de défense israéliennes se sont retirées du Sud Liban en 2000, 18 ans après l'opération "Paix en Galilée" ; depuis lors, le Hezbollah en a profité pour augmenter massivement ses capacités d'action et mène depuis 2 jours des opérations de guerre contre l'armée et la population israéliennes. Les mêmes FDI ont évacué en 2005 la bande de Gaza, après 38 ans de présence armée, démantelant au passage les habitations juives et exécutant ainsi une purification ethnique délibérée ; depuis lors, les groupes terroristes palestiniens ont constamment développé leurs capacités d'action (tirs de missile) et mené voici plus de 2 semaines une attaque délibérée sur un poste militaire israélien, provoquant ainsi l'intensification actuelle du conflit. On peut parler de retour à la case départ.

Bien entendu, l'entrée en lice soudaine et massive du Hezbollah (avec plus de 700 projectiles tirés sur la population israélienne en 2 jours) n'est pas étrangère à la situation toujours plus précaire de l'Iran, menacé d'être soumis à des sanctions internationales malgré l'inefficacité flagrante de l'ONU. Par ailleurs, on ne peut manquer de voir dans les attentats de Bombay, à une autre extrémité de l'arc belligène que forme le monde arabo-musulman, le parallélisme d'une guerre qui ne cesse de prendre une dimension planétaire. Il devient ainsi de plus en plus difficile de parler de conflit israélo-palestinien en ignorant les valeurs qui s'affrontent en filigrane, d'expliquer les violences commises dans cette région en excluant leur caractère symbolique et avant-gardiste. Malgré le caractère disproportionné de ses réactions, Israël se défend et tente de préserver son avenir.

Lorsque l'on consulte l'actualité israélienne d'avant la guerre des Six Jours, on ne peut qu'être frappé par la litanie d'attaque de basse intensité menée par les Palestiniens sur la population juive ; la prise de territoires sans évacuation de leurs habitants constituant une erreur, il reste aujourd'hui à Tsahal, qui a le droit et le devoir de protéger les citoyens israéliens contre des attaques prenant la forme d'obus et de roquettes tirés en-dehors du territoire national, de trouver un autre mode opératoire. Celui retenu depuis 2 semaines dans la bande de Gaza, et qui semble se préparer pour le Liban, reproduit dans les grandes lignes l'opération "Bouclier Défensif" menée au printemps 2002 suite à l'escalade des attaques terroristes palestiniennes : des raids aériens et terrestres visant à détruire l'infrastructure des combattants ennemis, à réduire durablement leur capacité d'action, à capturer ou à éliminer leurs dirigeants, ainsi qu'à saisir en masse des renseignements. Frapper et se retirer, en restant prêt à frapper de nouveau. Tout en poursuivant le durcissement des propres défenses, notamment avec la barrière de protection et les dispositifs antimissiles.

La disproportion des actions menées actuellement, qui préparent probablement des coups très durs contre le Hezbollah, réside dans leur intensité, dans leur caractère concentré, un peu comme un boxeur impatient qui rechercherait le k.o. dans un combat nécessairement aux points. La patience n'est certes pas la principale qualité des démocraties, mais l'escalade des faits provoque également une évolution des perceptions qui peut fort bien augmenter massivement les enjeux. Israël est aujourd'hui en position de force : sa population est largement soudée, son économie est en bonne santé, ses ennemis palestiniens sont discrédités, et la situation géopolitique internationale est favorable. Pour durer et l'emporter à terme, de tels avantages doivent être préservés, et non galvaudés dans des actions impulsives qu'il ne serait plus possible de contrôler.

Le prisme de l'accoutumance

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Est-il possible de faire du journalisme de qualité lorsque l'on est juge et partie, lorsque l'on s'est engagé pour une cause et que l'on doit en décrire l'évolution ? Est-il possible de rester avant tout objectif lorsque l'on reste des années au même poste, à mener chaque jour le même combat pour l'imposition de son opinion ? Telles sont les questions que je me pose à la lecture du dernier article d'Alain Campiotti sur l'Irak, dans Le Temps, suite aux déclarations communes de George Bush et Tony Blair. La propension de ces deux chefs d'Etat à admettre des erreurs dans la conduite de la guerre tranche ainsi désagréablement avec l'absence de remise en question dont souffrent leurs adversaires dans les médias tels que Campiotti. Au point que ces derniers sont désormais lancés dans une dérive qui confine à l'accoutumance, sans grand intérêt pour l'exactitude des faits et pour le plus grand tort des opinions publiques, dont les préjugés sont confirmés et le sens critique anesthésié.

Prenons ce texte presque d'anthologie paragraphe par paragraphe.

Des adieux? Tony Blair et George Bush ont peut-être tenu jeudi soir leur dernière conférence de presse commune sur l'Irak. Le Britannique vient de subir une défaite électorale, et le Labour aimerait qu'il parte. L'Américain va en subir une autre dont on mesurera l'ampleur en novembre, et une partie des républicains sont déjà en opposition.

En quoi ceci constitue-t-il un article de fond, et pas un éditorial prolongé sans que le lecteur en soit clairement averti ? Prédire le résultat d'élections ayant lieu dans presque 6 mois revient à tirer des plans sur la comète, pas à faire du journalisme. Prendre ses désirs pour des réalités n'est pas nouveau, que ce soit pour Campiotti ou d'autres journalistes-combattants, mais le précédent de 2004 devrait inciter à la prudence.


Le salaire de la guerre est lourd: les deux hommes qui l'ont voulue sont des «lame ducks», comme dit l'anglais, des canards boiteux qui n'ont plus guère prise sur les événements. Si l'Irak trouve une forme de stabilisation, ils ne seront plus en mesure de s'en féliciter derrière les pupitres du pouvoir.

Le propre d'un chef d'Etat est d'avoir toujours prise sur les événements ; le développement de la situation en Iran pourrait contredire brutalement Campiotti, tout comme l'initiative de George Bush sur la surveillance de la frontière sud le condredit déjà . Admettons que Tony Blair ait une marge de manoeuvre bien plus restreinte ; de telles affirmations, absolues et déconnectées des faits, relèvent également de l'éditorial polémique. Quant à une "forme de stabilisation" pour l'Irak, on se demande bien ce que Campiotti veut dire. Une forme de stabilité aurait un sens.


Mais jeudi, dans les velours de l'East Room à la Maison-Blanche, les deux chefs de guerre - Blair rentrait tout juste de Bagdad - ont fait une nouvelle tentative pour convaincre leurs opinions rétives que la poursuite de l'effort militaire et financier était indispensable. Le message s'adressait surtout aux Américains: ils ont plus confiance dans la parole du lieutenant britannique que dans celle de leur propre président. Et à 1h du matin à Londres, il ne devait pas y avoir grand monde devant les écrans.

Tout ceci a-t-il un sens ? Pourquoi parler d'une audience-cible avant tout américaine pour ensuite mentionner l'heure de Londres ? Et comment fonder une affirmation selon laquelle le public américain accorde davantage de crédit à Blair qu'à Bush ? Est-ce que des enquêtes fondent cette assertion ? De plus, est-ce que les opinions sont si rétives que cela ? En étudiant ces chiffres, issus des derniers sondages US, on obtient une image bien plus nuancée, avec un public critique à l'égard du président Bush, mais loin de refuser l'effort entrepris en Irak et d'exiger le départ immédiat des troupes.


Pour obtenir ce résultat, George Bush et Tony Blair avaient choisi un registre inédit: une sombre humilité. Leur prestation ressemblait à une cérémonie des aveux. Non pas l'admission que la guerre fut une erreur. L'utilité de renverser le régime de Saddam Hussein est toujours au cœur de leur conviction. Ils étaient humbles sur les fautes commises. Manière de répondre à tous ceux (beaucoup de démocrates aux Etats-Unis) qui n'ont au départ pas désapprouvé l'intervention armée, mais se sont déchaînés contre l'exécution quand les choses ont mal tourné.

On pourrait dire que l'humilité n'est pas le propre du très militant Campiotti, à de rares et éphémères exceptions près. Nous sommes ici au coeur du problème : il est juste, légitime et souhaitable de critiquer la conduite de la guerre et la décision de lancer l'opération en Irak, mais il est malhonnête de passer sous silence ses propres prédictions apocalyptiques en la matière et donc de s'ériger en juge indépendant et intègre. Que fait Campiotti de son affirmation du 9 juin 2004 selon laquelle "La force multinationale devra avoir quitté l'Irak dans dix-huit mois au plus tard" ? Ne voit-on pas à quel point mélanger journalisme et militantisme est néfaste ? Enfin, comment peut-on dire que les choses ont "mal tourné" si toutes les hypothèses catastrophiques avancées pour s'opposer à cette opération ne se sont pas réalisées ?


Le Britannique était le plus direct. Ce qui se passe en Irak chaque jour est «horrible», convient-il. Ce qui s'est produit après la prise de Bagdad était prévisible, mais n'avait pas été envisagé, alors que «ç'aurait dû être évident pour nous». En disant cela, Tony Blair plaidait sa cause. C'est le Pentagone qui dirigeait la manœuvre, c'est lui qui a décidé l'expulsion de leurs fonctions de tous les membres du parti Baas et le démantèlement de l'armée, sur les bons conseils d'Ahmed Chalabi. Cette politique de la table rase, alors qu'aucun plan sérieux de remplacement n'avait été préparé, a fourni un formidable aliment à la résistance contre l'occupant.

Voyez comme l'explication est commode : le Pentagone, officine diabolique s'il en est, porte toute la responsabilité. Mais les faits soint autres : la décision de licencier l'armée irakienne de Saddam a été prise personnellement par Paul Bremer, tout comme l'exclusion des baasistes ; et rares sont ceux qui s'aventurent à décrire les conséquences de décisions inverses, au lieu de les invoquer superficiellement comme des erreurs grossières. Enfin, comment expliquer ce terme d'occupant alors que voici presque 2 ans que les résolutions de l'ONU légitiment la présence militaire internationale en Irak, et que les gouvernements successifs ont demandé sa continuation ? De tels travers sont indignes de tout travail journalistique.


L'Américain, lui, comprend maintenant la consternation et la colère de ses concitoyens qui voient chaque jour les images de massacres à Bagdad. Il dit que le coup le plus terrible porté à l'entreprise fut l'affaire de la prison d'Abou Ghraib, «que nous paierons longtemps».

Voilà : le président "comprend", il "suit" enfin la ligne que les médias imposent en donnant une vision tronquée, biaisée et intéressée de l'opération en Irak. Mais Campiotti prend encore ses désirs pour des réalités : si Bush juge Abou Ghraib aussi néfaste, c'est bien parce qu'elle a fourni de vraies munitions aux adversaires acharnés de cette opération, et donc eu un impact clair sur l'opinion publique américaine. Moyennant quoi celle-ci n'est pas spécialement en colère ou consternée : où seraient dans ce cas les manifestations et les protestations incessantes, alors que les Américains au contraire se sont largement habitués à cette guerre qui reste lointaine et dont les coûts humains et financiers semblent limités ?


Et il s'en veut de son propre vocabulaire, que Laura lui a déjà reproché. Il n'aurait pas dû dire «bring'em on» (amenez-les moi), ou qu'il voulait Ben Laden mort ou vif. Ce rude langage texan, admet-il, est «un mauvais signal».

Une fois de plus, Bush est placé dans la position de l'imbécile qui "admet", qui "comprend", qui "s'en veut", face à ses critiques qui avaient raison depuis le début. Est-ce une manière objective et raisonnable de présenter le discours d'un chef d'Etat ? Est-ce que cela ne relève pas davantage de la vendetta personnelle ?


Ces aveux ne sont pourtant pas un recul. Les deux hommes défendent toujours leur décision. Et Tony Blair, vendredi matin devant les étudiants de la Georgetown University, a répété que le reste du monde avait désormais le devoir d'aider le nouveau gouvernement irakien contre les poseurs de bombes. Seuls, les deux alliés n'y arrivent pas.

Nous voilà donc un peu plus près de la réalité : Bush et Blair concèdent des erreurs, mais ne renient rien sur le fond, et ramènent au contraire le débat sur la réalité de l'Irak, sur un Etat incertain où naissent dans la douleur une démocratie inédite et une économie libérée. Mais c'est justement une perspective qui n'intéresse pas Campiotti : tout doit être ramené à la décision d'envahir l'Irak, tout doit servir à justifier la position que lui-même a passionnément défendue, et qui reste éminemment contestable au vu de l'opinion des Irakiens comme de la morale. On reste scotché à un débat vieux de presque 4 ans, comme si rien ne s'était passé dans l'intervalle.


Il n'y a toujours pas de calendrier de retrait, même si le Britannique croit «possible» le contrôle du pays par les forces irakiennes dans dix-huit mois. Les reporters sur place en sont moins sûrs: la myriade de groupes politiques armés est le principal facteur d'insécurité.

On finit sur la même note : ce retrait annoncé maintes fois par Campiotti n'a toujours pas lieu, et ce dernier en est réduit à invoquer des "reporters sur place", dont une bonne partie sont calfeutrés dans leurs chambres d'hôtel faute de pouvoir faire leur métier, pour appuyer ses dires, pour trouver des arguments fondant une opinion apparaissant au gré de ce "toujours pas" si révélateur.

Conclusion : qu'un homme intelligent comme Alain Campiotti sombre pareillement sur le plan déontologique témoigne à mon sens d'une accoutumance, d'une disposition sans cesse plus impérieuse à projeter ses opinions, ses convictions et ses aspirations sur les événements, au lieu d'essayer d'abord de les décrire honnêtement et sans fioritures. Le lecteur du Temps, à la place d'un article de fond, se trouve ainsi confronté à une interprétation des discours de deux chefs d'Etat, et non à un résumé ou à une mise en perspective complétés par un éditorial qui, lui, autoriserait l'expression d'opinions personnelles. La question de l'Irak, ces prochaines années, sera peut-être vue comme un tournant dans la crédibilité des gouvernements et des médias, comme une lutte de perceptions dont l'ensemble des protaganistes sortira perdant.

La soumission ou la mort

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Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a le mérite de la clarté : après son appel à l'éradication d'Israël - resté sans conséquences malgré son caractère « inacceptable », et qu'il n'a jamais renié - et ses multiples rodomontades sur la puissance de l'Iran, voilà qu'il vient tout bonnement de demander au président de la première puissance mondiale de se convertir à l'islam. Compte tenu des valeurs actuellement en conflit - démocratie contre islamisme - dans notre monde, et des convictions religieuses très fortes de George W. Bush, cette lettre « privée » n'est rien d'autre qu'un appel à la soumission, à la reconnaissance d'un pouvoir spirituel qui trouve son incarnation temporelle dans la république islamique d'Iran. En toute logique, il faut d'ailleurs admettre qu'il s'agit largement d'une réponse aux appels à la soumission devant l'idéal démocratique que les Etats-Unis - et au second plan l'Europe - lancent avec insistance depuis 2001.

Le mérite de la clarté, disais-je. La rhétorique belligérante d'Ahmadinejad met à mal toutes les tentatives de relativisation qui ont cours en Occident, et notamment celles visant à exclure la religion musulmane de la problématique. Ce mérite est évidemment limité : les plus grandes inquiétudes doivent au contraire être suscitées par le comportement d'un homme fanatique qui tente par tous les moyens d'acquérir l'arme nucléaire et proclame son intention de l'utiliser. Malgré cela, l'escalade de la confrontation verbale et idéologique avec l'islamisme de Téhéran impose la reconnaissance d'un conflit d'intérêt majeur, ce que des hordes de diplomates se sont escrimées à nier pendant des années. Nous devons nous poser la question consistant à accepter ou non l'avènement d'un Iran nucléaire aux mains des mollahs, et donc trancher dans un sens ou dans l'autre. Pour autant que nous en ayons encore le temps, bien entendu.

Face à un appel à la soumission jeté comme un défi prenant à témoin - et à partie - la planète entière, cette question renvoie aux oubliettes de l'histoire les discours multiculturalistes et pacifistes visant à faire cohabiter des entités mortellement antagonistes. Que nous l'acceptions ou non, nous assistons à la collision de deux mondes opposés dans leur identité, leur orientation et leur ambition, à l'interpénétration de deux ensembles de collectivités qui ne peuvent cohabiter, et qui ne peuvent plus - comme pendant des siècles - largement s'ignorer. Les lignes de fracture qui séparaient par le passé les grands empires ont aujourd'hui été projetées dans chaque société, dont chacune ou presque est par ce biais un reflet du monde entier. Nous sommes donc tous concernés.


NB : Je reçois régulièrement des appels à reprendre notre expérience de planification participative en source ouverte. Malheureusement, mon emploi du temps hyper chargé ne me permet pas de garantir cela, en raison des exigences qualitatives que je m'impose dans un tel travail. Qui vivra verra !

Entre séduction et paralysie

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La volonté est l'un des ressorts essentiels de la puissance, au même titre que les capacités, la légitimité et le savoir ; son rôle dans la coercition est primordial, ce qui explique pourquoi Clausewitz disait que la guerre est un "duel de volontés", alors même qu'elle est bien plus que cela. S'attaquer à la volonté d'un acteur vise à le faire agir d'une manière déterminée ou au moins influencée par l'attaquant, indépendemment des moyens, des valeurs et des connaissances de la cible. Les facteurs psychologiques qui sous-tendent la volonté forment ainsi un domaine d'action à part entière, connu depuis la nuit des temps, et dans lequel la peur comme la confiance, l'amour comme la haine, l'attirance comme la répulsion, font office de régisseurs. Dans l'expression "gagner les coeurs et les esprits" emblématique de tout conflit de basse intensité, le premier élément se réfère ainsi à la volonté.

Cette dernière était bel et bien en jeu dans l'affaire des caricatures de Mahomet : ce bilan intermédiaire, si j'ose dire, montre non seulement que la publication des dessins a entraîné des mesures de rétorsion y compris en Occident, où la liberté d'expression reste une valeur fondamentale, mais également que les menaces des extrémistes musulmans ont une influence sur la décision de publier. A dire vrai, la violence physique réelle ou potentielle est aujourd'hui une pratique standardisée dans bien des zones en conflit, et les journalistes ne sont pas uniquement manipulés en Irak par des actes d'intimidation relevant du terrorisme ; il est toutefois important de relever que des minorités violentes peuvent recourir à une coercition également tyrannique sur notre sol et imposer leurs convictions jusque dans nos lois.

Mais la volonté n'est pas uniquement susceptible d'être affectée dans un sens inhibiteur, par la paralysie ou la déstabilisation de la cible ; un mode d'action des plus efficaces est celui de la séduction, notamment parce qu'il est aisé de dissimuler sa nature offensive. On en trouve un bon exemple aujourd'hui, dans un article du Matin qui continue d'exploiter l'affaire de l'informateur placé par le service d'analyse et prévention auprès du centre islamique de Genève : l'auteur du texte, Ian Hamel, présente Hani Ramadan comme une victime très choquée, injustement soupçonné alors qu'il se contente de fournir l'aide dictée par sa "religion d'amour", et prudemment décidé à faire valoir ses droits. Quant à la diffusion de l'idéologie islamiste à laquelle se livre Hani Ramadan, pourtant révélée par son apologie de la lapidation, le lecteur romand devra s'en souvenir par lui-même.

La difficulté du domaine psychologique réside dans le fait qu'il est exploité quotidiennement par la communication, par la publicité et par la fiction : faire peur et faire envie sont deux angles bien entendu essentiels pour influencer le comportement des consommateurs comme des électeurs. Mais paralyser ses contradicteurs et séduire de nouveaux fidèles prend une autre dimension lorsque le recours à la violence est réel et lorsque les valeurs diffusées sont contraires à celles inscrites dans la constitution. Ces actions appellent une résistance démocratique et une discussion publique, loin des tabous du politiquement correct - ces concessions illégitimes aux pressions minoritaires - et sur la base de faits. Et il est heureux de constater que la vulnérabilité des médias face à la coercition directe se produit en parallèle à la perte de leur contrôle sur l'information publique.

Le bilan de février

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Comme l'exige la digne tradition de ce carnet, je profite du bilan mensuel pour remercier cordialement celles et ceux qui le consultent et qui contribuent aux débats. La fréquentation au mois de février a connu une augmentation dans le nombre quotidien de visites (2504 contre 2223), une baisse du nombre de pages (6357 contre 7110) et une légère hausse des hits (12103 contre 11986). L'affaire des caricatures de Mahomet, durant la première moitié du mois, a largement contribué à cette tendance.

Naturellement, ce bilan un brin austère et toujours relatif mérite d'être agrémenté de quelques lignes humoristiques. Voici donc mes commentaires à nombre d'entrées grâce auxquelles les moteurs de recherche ont envoyé par ici de très honorables visiteurs :

  • islam danger (c'est bizarre, ces deux mots reviennent de plus en plus ensemble!)
  • ludovic monnerat est certainement gauchiste (quel est le salaud qui a vendu la mèche ?)
  • comment je vais aller en iran (demandez un billet à l'US Air Force)
  • l ile du docteur castro (ni science, ni fiction, hélas !)
  • a été tué par un robot (épitaphe islamiste commune au début du XXIe siècle)
  • chasse au gros en parc (j'aimerais pas être à la place du gros en parc)
  • les des femme en suisse des matrices lettres (ne je pas suis comprendre sûr de)
  • temoignage d analphabetisme (par écrit et en toutes lettres ?)
  • parole au fond des océans (glou glou glou ?)
  • surmonter une déception (ceux qui vous déçoivent ne volent pas haut!)
  • la scotomisation est un art (ou quand l'obscur se fait éblouissant)
  • que faut-il penser des caricatures de mahomet (pourquoi ne pas lui poser la question ?)
  • tuer par conviction (dans le doute, abstiens-toi)
  • sous la jupe.com (paire de claques.net)
  • produits danois a eviter (pas la Carlsberg, à mon avis)
  • iran bombardements peu efficaces (avant même d'avoir essayé ?)
  • faute professionnelle divulgation fiche de paye (en Suisse, cela coûterait cher !)
  • apatrides espagnols (ben, faudrait savoir, non ?)
  • est-ce que durée issue de la hebdomadaire en 2006? (euh! ah bon ?)
  • address du consulat danois au maroc (c'est pour une émeute, un incendie ou les deux ?)
  • y avait t il des gallos romains musulmans (au temps des Pharaons, oui!)
  • ne pas être soi-même (à la place d'un autre ?)
  • stephane lambiel sexy (de quoi lui rouler un patin, mmh ?)
  • l onu est-elle credible ou pas de nos jours (poser la question, c'est un peu y répondre !)
  • que penser du luxe moderne? (que le vrai luxe est intemporel ?)
  • stoppons notre amour interdit (moi, ce que j'en dis, hein!)
  • methodes pour eviter une prise d'otage (l'organiser soi-même est une solution)
  • voyage dans le temps militaires (la logistique fait des progrès !)
  • pour quelle prix je vendre messerschmitt (ach, moi bas vouloir acheter)
  • reunion tupperware a gap (si on me demande, je ne suis pas là )
  • le sommeil de la raison engendre des monstres (tant qu'ils ne sont pas sous le lit!)
  • manege forain a vendre (pourquoi, c'est la foire par ici ?)
  • mahomet sépare les eaux (et moïse se retrouve au chômage)
  • char d assaut amortisseur (c'est pas vraiment la priorité!)
  • plus le mensonge est gros moins on croit au complot (oui, mais gros comment, ce mensonge ?)
  • je me vois dans l obligation d exiger (peut-être, mais quoi ?)
  • la raison de la construction du château neuschwanstein (aucune, justement!)

Bref, merci à tout le monde !

Iran : planification d'emploi (8)

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Notre expérience de planification interactive en source ouverte a été ralentie par les activités professionnelles intenses du soussigné ; pourtant, l'importance et l'urgence du sujet n'ont certainement pas diminué, comme le montre l'augmentation des indices de confrontation. Par ailleurs, les actions préemptives menées par les groupes d'influence pacifistes (merci à AB pour le lien) suggèrent également une probabilité en nette hausse. Il est temps de se remettre au travail afin d'y voir plus clair.

Les facteurs qui doivent maintenant être analysés sont purement militaires : les capacités et la volonté des forces armées iraniennes dans leurs différentes composantes. Si nécessaires, d'autres acteurs susceptibles d'être opposés à la coalition devront également être intégrés.

Enoncé Déduction Conséquence
La défense anti-aérienne iranienne au sol est constituée de systèmes de détection et de tir à haute altitude datant des années 70 (type SA-2, 5 et 6), non centralisées et ne couvrant pas l'entièreté du pays. Un petit nombre de systèmes chinois HQ-7, nettement plus performants et résistants, a été introduit dès 1998. Sept batteries de 4 lanceurs SA-15 ont été commandés à la Russie et seront livrés dans le courant de l'année (source : note de la FRS, 30.1.06 - merci à PS pour le document) Les forces armées iraniennes n'ont pas la capacité de protéger leur espace aérien non seulement en raison de la surface de leur territoire, mais également par la vétusté et la fragilité de leurs systèmes ; la défense de zone leur est très difficile. En revanche, elles sont capables de protéger solidement des objets ponctuels tels que les installations nucléaires, les bases aériennes et les centres de pouvoir politique. En-dehors des basses altitudes, où n'importe quelle arme légère est une menace, la coalition doit neutraliser d'emblée les défenses anti-aériennes par des groupements d'attaques spécialisés ; l'emploi d'avions dédiés (SEAD) sera encore plus important pour l'attaque d'objets. Pour toute la durée de l'opération, une protection permanente devra être assurée pour chaque groupement aérien majeur, d'attaque ou de transport.
Les forces aériennes iraniennes comptent un reliquat des avions hérités du Shah (environ 20 F-14, 40 F-4, 45 F-5 en état de vol) et des avions d'origine russe ou chinoise acquis durant les années 90 (dont 24 Mig-29, 20 SU-24, 20 F-7 et une poignée de SU-25) équipés de missiles relativement récents. Le niveau d'instruction et d'entraînement des pilotes est réduit. Le commandement en vol est inexistant. L'aviation iranienne est incapable de contester à une flotte occidentale moderne la supériorité aérienne au-dessus de l'Iran. En revanche, elle peut infliger des pertes en profitant du relief, du nombre et de l'éparpillement des bases, ainsi que des missiles en sa possession. Elle peut également protéger sa flotte au sol au début de l'opération en utilisant comme leurre ses engins hors service. La coalition peut neutraliser toute opposition en l'air en employant des chasseurs-bombardiers furtifs contre les bases aériennes iraniennes et en déployant des chasseurs furtifs (F-22A) pour faire le vide en altitude, et pour compenser l'absence de couverture AWACS au centre du pays. Des bases terrestres relativement proches de l'Iran et équipées pour accueillir des appareils modernes sont nécessaires.

Voilà pour un premier jet. Merci par avance pour vos suggestions et contributions !

Alerte média : Le Matin (3)

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Décidément, Le Matin fait une publicité soutenue pour ce site ! Dans un nouvel article publié aujourd'hui sur les blogs romands, "le top cinq des blogs basés en Suisse et écrits en français" mentionne au 5e rang le soussigné, juste derrière Un swissroll ; ce sont évidemment les statistiques de Technorati, dans leur interprétation helvétique, qui servent de base à ce classement purement mathématique.

En passant, on notera que la description de mon site est davantage factuelle que la dernière fois :

Caricatures de Mahomet, fax égaré par les services secrets, situation géopolitique en Iran, importance des porte-avions: l'expert militaire et stratégique commente tout ça.

Alors, je ne suis plus agaçant, mmh ? :)

COMPLEMENT I (8.2 0845) : Pour l'anecdote, l'article en ligne du Matin et le lien vers mon site ont amené de cette manière 334 visites en l'espace de 24 heures. Merci !

Entre escalade et projection

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Il est difficile de ne pas constater que les derniers temps ont dévoilé ou aiguisé des antagonismes latents, élargi des fractures béantes. La décision de plusieurs médias européens de défendre la liberté d'expression face au respect de la religion, alors que des excuses sont exigées dans le monde arabo-musulman, a confirmé l'enjeu global de la dispute ; les réactions contraires des dignitaires musulmans en Europe et des défenseurs de la liberté de la presse soulignent le décalage. La pression internationale sur l'Iran et son programme nucléaire s'accroit, alors que le régime de Téhéran menace de mettre un terme à la diplomatie si le Conseil de sécurité de l'ONU est saisi ; le lâchage - partiel et tactique - de l'Iran par la Russie et la Chine a surpris les mollahs. Les élections palestiniennes ont porté au pouvoir un groupe terroriste fondé dans un but génocidaire, et obligent l'Europe à reconsidérer ses aides économiques sous peine de financer le terrorisme ; plusieurs pays arabes ont promptement versé leur obole. La chute de popularité d'Al-Qaïda dans une grande partie du monde musulman se produit en parallèle à son rejet en Irak, où la guérilla sunnite se met toujours plus à combattre les islamistes étrangers.

De toutes parts la lutte se durcit, s'élargit, se précise ou se prépare. L'engrenage de la guerre apparaît inévitable, incontrôlable. Une telle convergence aboutit nécessairement à des conclusions établies, à des confirmations attendues, à une focalisation des réflexions jusqu'à leur donner un sens unique. Et c'est exactement à cet instant que l'esprit critique doit prendre le dessus, que le doute doit être réintroduit dans la mécanique intellectuelle, même s'il trouble les habitudes et les acquis. Dans un monde chaotique, l'émergence soudaine d'un ordre ou d'un alignement est trop artificielle pour ne pas être suspecte. L'être humain est condamné à projeter la structure de son esprit sur le monde qui l'entoure, mais pas à croire aux phénomènes dont il contribue à l'ordonnancement. Toute démarche analytique pratiquée au quotidien doit tenir compte du fait que la Vérité n'existe pas, qu'elle est un leurre aveuglant.

Dans les bons services de renseignements, la contre-analyse ou l'expertise indépendante sont des méthodes usuelles pour éviter l'avènement d'une pensée dominante, qui nécessairement aboutirait à influencer la recherche des informations malgré toutes les parois séparant l'acquisition de l'analyse. Dans un ordre d'opération militaire, on énonce les hypothèses faites en cours de planification, et leur démenti devrait logiquement remettre en cause le raisonnement subséquent ; on répond à ces évolutions possibles par des planifications prévisionnelles, c'est-à -dire des décisions réservées. Aujourd'hui, il est ainsi temps de se demander si les antagonismes qui enflamment l'actualité découlent d'intérêts contradictoires ou de logiques symétriques, si les perceptions changent par une prise de conscience ou sont autoalimentées par des schémas inconscients. Ce n'est pas l'autre qu'il faut comprendre en premier lieu, comme le répètent inlassablement les voix pacifistes et relativistes, mais bien nous-mêmes, nous et nos craintes, nous et nos projections.

Une réalité que les Occidentaux ont souvent du mal à percevoir demeure leur action sur le monde non occidental, l'effet subversif et séducteur de leur culture et des valeurs qu'elle véhicule, l'influence de leurs idées dans toutes les facettes des sociétés. La montée en puissance des islamistes est avant tout une réaction à cette conquête des esprits menée dans l'infosphère, à cette présence sans cesse plus perceptible. L'emploi de la force armée est un dernier recours pour eux aussi : c'est parce que le rapprochement occidentalisant de la planète menace la pérennité de leurs croyances qu'ils en sont venus à combattre aussi farouchement, et à rationaliser leurs horreurs par des visions de paradis perdu et de lutte ultime. Cela ne les rend pas moins dangereux, cela ne diminue pas la nécessité de les neutraliser, mais fournit un aperçu différent des responsabilités. Nous contribuons à l'escalade. A elles seules, nos pratiques commerciales appliquées aux domaines culturel et relationnel forment un casus belli hurlant. Pour être plus précis et un brin provocateur, le monde ne se divise pas entre méchants islamistes et gentils démocrates. Nous sommes partie prenante de l'engrenage.

Refuser d'accepter ce rôle et imposer des idées absolues relève d'une logique belligérante. La liberté d'expression n'est pas plus sacrée que les Saintes Ecritures ; les convictions laïques n'ont pas vocation à contester les convictions religieuses. Ce sont les excès, les dérives autocratiques qui doivent être combattus. Et cette notion de combat montre bien l'équilibre nécessaire entre réflexion et action : si la croyance est aveuglante, le doute est quant à lui paralysant, et s'abandonner pleinement à l'un comme à l'autre ne tarde pas à être néfaste. L'action doit toujours être fondée, suivie et dominée par une réflexion ouverte et critique, mais elle doit également être déclenchée, acceptée dans son imperfection, maîtrisée dès sa conception. La montée aux extrêmes est pire que l'emploi de la force, le silence mortel est pire que la dissonance conflictuelle, l'asymptote identitaire est pire que le morcellement des sociétés. Nous restons bel et bien nos pires ennemis. Que les autres l'ignorent ne nous dispense pas de cette appréhension.

COMPLEMENT I (3.2 2210) : Le moins que l'on puisse dire, c'est que la tension ne diminue pas, bien au contraire. Alors que le Premier ministre danois ne change pas de discours, en répétant "qu'au nom de la liberté d'expression, ni son gouvernement ni les Danois ne devaient présenter d'excuses", les appels au meurtre se multiplient, et il suffit de voir ce genre d'image pour mesurer la gravité des menaces, et le fanatisme que cette escalade contribue à dévoiler. Comme le montre une analyse de l'ESISC, cette flambée n'est cependant pas due au hasard, et des manipulations délibérées ont été menées pour y parvenir plus sûrement. La perspective belliciste que cela esquisse mérite d'être évaluée. J'y reviendrai demain.

Iran : planification d'emploi (7)

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L'analyse des facteurs géographiques est à peu près parvenue à son terme, et il est temps de passer à d'autres facteurs. Nous aborderons ces prochains jours la question des acteurs, en se focalisant en première priorité sur les composantes du régime iranien. Mais il s'agit pour l'heure de récapituler les points décisifs, qu'au terme des analyses nous devrons articuler dans le temps et le long des lignes d'opérations retenues. Après deux genres de facteurs, nous avons identifié les points suivants :

  • Neutraliser de façon réversible le programme nucléaire
  • Persuader la population iranienne de changer de régime
  • Obtenir une « armée de libération iranienne »
  • Forger une coalition avec des pays musulmans
  • Protéger Israël contre toute menace stratégique
  • Neutraliser les dirigeants mystiques du régime
  • Contrer l'influence du mahdaviat sur la société iranienne
  • Neutraliser les systèmes de commandement du régime
  • Prévenir la destruction d'objets d'importance nationale
  • Obtenir une suprématie aérienne et la conserver
  • Etablir un bouclier antiaérien et antimissile dans le Golfe Persique
  • Contrôler les principaux points de passage vers les pays voisins
  • Contrôler et tenir ouvert le détroit d'Ormouz
  • Prendre et protéger les installations pétrolières
  • Etablir une base opérationnelle avancée dans le pays

Là encore, il est bon de préciser que ces points ne sont pas priorisés par rapport à leur importance ou leur urgence. Ce travail sera fait lors de l'établissement du concept opératif (operational design). Malgré cela, avec le nombre croissant d'éléments, on mesure aisément pourquoi les opérations militaires de grande ampleur nécessitent un travail énorme de planification - et provoquent des frictions majeures au sein des forces engagées sans même avoir un contact ennemi !

Iran : planification d'emploi (6bis)

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Notre expérience de planification participative en source ouverte a vu son rythme ralentir ; la faute à mes activités intenses, mais aussi à la complexité de l'étape consacrée aux facteurs géographiques au sens large. Qu'à cela ne tienne : avec les deux suggestions faites jusqu'ici par Ylyad et Alex, j'ai complété un brin le tableau EDC de ces facteurs, que je laisserai encore quelques jours ouvert avant de passer à l'étape suivante.

Voilà donc où nous en sommes :

Enoncé Déduction Conséquence
L'Iran est un pays de grande taille, mesurant environ 1800 km en longitude et 1300 km en latitude, avec de longues chaînes montagneuses et deux zones désertiques qui entourent et segmentent des zones urbaines d'une densité généralement faible. La dimension et la configuration du pays le rendent défavorable aux opérations offensives aéroterrestres conventionnelles, en raison de la longueur des lignes de communication et des effectifs nécessaires pour les sécuriser, et nécessitent l'emploi de moyens aériens pour le transport et le soutien des éléments au sol. Un engagement durable de troupes au-delà de la zone frontière prendra la forme d'opérations spéciales focalisées sur la reconnaissance / surveillance, la désignation d'objectifs et les actions de guerre non conventionnelle, appuyées par une composante aérienne disposant d'une suprématie constante.
Le Golfe Persique et le Golfe d'Oman longent presque tout le sud de l'Iran, sur une longueur de 2440 km, et sépare ce pays des petites monarchies de la péninsule arabique (à l'exception du Koweït), traditionnellement alliées aux Etats-Unis et ou ceux-ci disposent d'infrastructures permanentes. La protection de ces petites nations et de ces infrastructures nécessite un contrôle de l'espace maritime et aérien qui les sépare de l'Iran, afin d'empêcher des représailles ou des attaques préemptives par le biais d'actions terroristes navales, de raids aériens ou de tirs de missiles balistiques. Avant même le déclenchement de l'opération, une force aéronavale puissante - centrée autour de groupes distants - doit contrôler le Golfe Persique et le Golfe d'Oman, empêcher toute intrusion d'éléments hostiles et déployer une capacité antimissile.
Les installations liées au programme nucléaire iranien sont réparties sur presque tout le territoire du pays ; certaines à proximité des frontières, et d'autres à plus de 600 km de celles-ci. Elles sont souvent conçues pour résister à une attaque aérienne classique, notamment par le biais de structures souterraines, et pourraient posséder une certaine redondance. La neutralisation des activités nucléaires de façon réversible impose des actions précises et simultanées, déclenchées par surprise et capables de franchir les protections dont bénéficient les installations, avec des renseignements suffisamment précis pour limiter l'ampleur des effets nécessaires. Les installations essentielles à la poursuite du programme nucléaire seront mise hors service, en fonction de leur configuration, soit par des frappes aériennes utilisant des projectiles à forte pénétration guidés à partir du sol, soit par des actions directes de destruction / sabotage menées avec des forces spéciales infiltrées préalablement, soit par des coups de main menés avec des formations aéromobiles stationnées sur des bases à proximité de l'Iran.
L'Iran possède des frontières communes avec plusieurs Etats dans lesquels se manifestent des terroristes islamistes, soit l'Irak, la Turquie, l'Afghanistan et le Pakistan. Les réseaux islamistes ont l'habitude franchir ces frontières et utilisent le territoire iranien pour appuyer leurs activités. Une opération militaire menée en Iran renforcerait les convergences d'intérêt entre islamistes d'obédience sunnite et chiite, et les pays voisins appuyant la coalition ou tolérant son action seraient susceptibles de subir des attaques terroristes visant à affaiblir le gouvernement, dresser la population contre l'opération et réduire la cohésion au sein de la coalition. Avant le déclenchement de l'opération, un cordon sanitaire - sous la forme de forces locales appuyées et conseillées par des forces spéciales - devra être en place sur les principaux points de passages aux frontières de l'Iran afin de limiter l'infiltration de terroristes ; la surveillance de ces points doit être renforcée au plus vite pour détecter toute infiltration préventive de cellules clandestines.
Les installations pétrolières et gazières iraniennes sont principalement situées au sud-ouest et au sud du pays, au bord du Golfe Persique ou près de la frontière avec l'Irak. A l'exception des pipelines gaziers passant par la Turquie et le Turkménistan, l'exportation se fait par bateau via le Détroit d'Ormouz. L'emplacement de ces installations impose au régime de Téhéran un déploiement de forces préventif pour en protéger l'exploitation, respectivement pour saboter durablement celle-ci. Les exportations peuvent être rendues impossibles par l'obstruction du Détroit d'Ormouz et le contrôle ou le sabotage massif des pipelines. Afin d'éviter une diminution trop importante des approvisionnements en énergie fossile, les installations doivent être constamment sous surveillance pour détecter tout sabotage et être prises d'assaut dès le déclenchement de l'opération. Le Détroit d'Ormouz doit être tenu ouvert par un groupe naval avant celui-ci.
L'Iran est caractérisé par une physiographie très montagneuse, avec des sommets dépassant les 4000 m au sud et les 5000 m au nord, et sans que ces chaînes de montagnes puissent être contournées pour accéder au centre du pays. Les pénétrantes au sol ou à basse altitude sont en nombre réduit. Le relief défavorise les opérations terrestres par la multiplication des passages obligés, et la hauteur des montagnes complique l'emploi de transports héliportés en limitant la charge utile ou l'autonomie des appareils. Le déploiement et le ravitaillement de forces doit se faire en priorité avec des avions de transport. Le déploiement d'une force de combat conventionnelle sur sol iranien nécessite la prise d'une base opérationnelle avancée dans un secteur éloigné des zones urbaines, susceptible d'être protégé à partir des airs, et à portée utile des avions de combat basés en mer et sur des bases situées dans les pays voisins. Le volume de forces déployées est limité (au maximum une division) et les couloirs aériens utilisés doivent avoir été nettoyés de toute arme air-sol à moyenne et haute altitude.

Il reste donc encore de la place pour ajouter d'autres éléments. J'en traiterai quelques uns, mais je me laisse volontiers conseiller et aider en la matière ! :)

COMPLEMENT I (31.1 2100) : Un dernier élément a été ajouté au tableau ci-dessus. Il est temps de passer à l'étape suivante.

Dans l'engrenage de la guerre

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Lentement, à contrecoeur et dans le désordre, l'Europe entre en guerre. Ce vocable honni reste aujourd'hui encore synonyme d'absurdité et d'atrocité pour maints esprits, et voici longtemps que les ministères de la guerre sont appelés « de la défense » ou que les études des conflits se devenues des « recherches sur la paix ». Comme si le fait de taire le nom d'un phénomène devait concourir à réduire son occurrence, voire à le conjurer. Sous l'emprise anesthésiante de l'idéologie pacifiste, la guerre est passée d'un moyen rationnel à une fin émotive, d'un outil stratégique à un projet apocalyptique ; du coup, on n'en veut pas, on ne la prépare pas, on préfère se rendre que la mener, et ceux qui la font sont de toute manière coupables.

Mais les temps changent. Les perceptions évoluent. La France, par la voix de son président, affirme sa disposition à employer l'arme nucléaire en cas de menace grave, symétrique ou non ; tollé prévisible et vain. La « troïka européenne » refuse de reprendre les négociations avec l'Iran tant que celui-ci poursuit ses activités nucléaires illicites. Les nations européennes, dans le cadre de l'OTAN, s'engagent progressivement toujours plus en Afghanistan et encaissent sans broncher leurs pertes en hausse. Les accusations d'alignement sur les Etats-Unis sont un indice supplémentaire de cette évolution vers l'extérieur.

Une évolution qui trouve son pendant à l'intérieur, où les pressions populaires se font croissantes pour une adaptation non seulement des forces de sécurité, mais également des règles de vie en société. Au Pays-Bas, le parlement vient de voter une loi visant à réduire l'immigration sans intégration par le biais d'un test préalable ; cette mesure a également été discutée dans d'autres pays. En Grande-Bretagne, suite aux attentats de Londres, des méthodes militaires ont été intégrées par les forces de l'ordre pour faire face à la menace d'attentats-suicides ; les prédicateurs islamistes appelant au djihad ont fini par perdre leur immunité. En France, l'état d'urgence a été mis en place pour maîtriser des violences urbaines de dimension insurrectionnelle. De tels développements auraient été inimaginables voici quelques années encore.

Ils s'expliquent en grande partie par des événements ou des déclarations qui ont eu un impact majeur. L'identification des terroristes ayant attaqué les transports publics londoniens a montré le danger potentiel de communautés immigrées et non assimilées ; la criminalité issue de telles communautés, la composante ethnique des émeutes en Europe et bien entendu le meurtre de Theo van Gogh ont également attiré l'attention. Au Danemark, dans un cas qui a un retentissement mondial, les menaces de mort adressées au journal ayant publié des caricatures de Mahomet ont révélé au grand public les risques qui pèsent sur la liberté d'expression. Par ailleurs, les appels au génocide lancés de façon répétée par le président iranien et l'échec de l'apaisement recherché par la diplomatie européenne ont contribué à écarter nombre d'illusions. Des menaces pèsent sur nous. Elles peuvent être proches ou lointaines, immédiates ou distantes, ouvertes ou clandestines, mais elles existent.

Cependant, les organisations et les personnes qui contrôlent les flux traditionnels de mots et d'images destinés à informer le public ne l'entendent pas ainsi. Les perceptions ne doivent pas sortir des sentiers battus et rebattus. Il suffit de lire la pleine page de réquisitoire unilatéral et manichéen que publie spontanément aujourd'hui Le Temps sur le camp de Guantanamo pour mesurer ces efforts constants de redressement des esprits, de recadrage des opinions. Le choix du vocabulaire joue également un rôle important : parler de « résistance » ou de « guérilla anti-américaine » en Irak, à propos d'une nébuleuse déchirée qui combat avant tout les Irakiens, ou désigner le Hamas comme un groupe « militant » ou « extrémiste » alors qu'il figure sur la liste des organisations terroristes tenue par l'Union européenne, n'est pas innocent. Cela véhicule des signifiés précis. Notamment celui voulant que la menace n'est jamais aussi dangereuse ou immorale que les mesures prises pour la combattre.

La grande redistribution du pouvoir occasionnée par la révolution de l'information réduit toutefois l'influence de ceux que l'on appelait les faiseurs d'opinion. L'échec de la constitution européenne dans plusieurs pays, malgré le soutien majoritaire des classes politique, académique et médiatique, symbolise cette évolution. Il en va de même dans le domaine sécuritaire, et le durcissement des gouvernements répond sans aucun doute aux inquiétudes exprimées par la population. Des mots sont d'ailleurs jetés au visage des dirigeants qui se risquent à de tels durcissements : on parle d'Etat policier, ou même de Gestapo, pour dénigrer l'activité croissante des services de renseignement ; on parle de « mur de la honte » pour délégitimer chaque barrière de protection ; on parle de « goulag » pour diaboliser les camps de prisonniers comme celui de Guantanamo. Quant à ceux qui osent parler de guerres, les annoncer, les juger inévitables, ce sont naturellement de vils traineurs de sabres, des bellicistes bornés, voire tout bonnement des fous furieux.

L'exagération délibérée et le recours aux symboles totalitaires soulignent le caractère émotif de ces réactions. Elles révèlent souvent le refus instinctif d'un monde qui change trop et trop vite, l'espoir d'échapper aux conséquences du changement, l'envie de figer le temps pour éviter les remises en question. Mais cet état d'esprit n'est pas généralisé ; les citoyens européens moyens n'ont pas cessé de croire à la supériorité de certaines valeurs, tout comme à la primauté de la sécurité physique, et si la majorité d'entre eux ne se sentent pas en guerre, ils n'en ont pas moins exprimé les refus qui en sont le préalable. La question n'est donc pas de savoir si l'Europe fera pleinement la guerre au fascisme islamiste, mais bien si elle saura le faire sans perdre son identité composite et ses fondations démocratiques.

Les limites de la puissance

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Comment interpréter les déclarations de Jacques Chirac sur l'emploi de l'arme nucléaire française ? De tels propos sont suffisamment rares pour mériter le détour. Voici déjà plusieurs années que la France entreprend de mettre un terme au grand écart qui sépare les armes nucléaires issues de la guerre froide et les projectiles conventionnels, en réduisant la puissance des premières et en augmentant celle des seconds. Aujourd'hui, plusieurs médias mettent cependant en exergue le fait que la France, par la bouche de son Président, n'a jamais été aussi près de mettre ses capacités nucléaires au service de l'Europe. Le texte prononcé souligne ainsi des intérêts stratégiques qui ne sauraient être mis en péril, comme l'approvisionnement énergétique du pays ou la sécurité de nations alliées.

Ce discours de puissance, offrant une mise en garde à peine déguisée, annonce-t-il un revirement dans la tendance continentale à l'apaisement ? Les délibérations au Conseil de sécurité à propos de l'Iran donneront une meilleure réponse à cette question qu'un discours, certes ferme à souhait, prononcé sur une base navale. De plus, les capacités destructrices de l'arme nucléaire et la controverse qui entoure inévitablement son emploi s'opposent à une chaîne de commandement qui ne soit pas strictement nationale. La France peut agiter le spectre de l'atome, déployer de nouveaux missiles dans ses sous-marins, emmener quelques ogives à bord du Charles-de-Gaulle, cela ne suffit pas en soi à corriger des années d'attentisme et d'affaiblissement national en partie dus à la construction européenne.

Bien entendu, ces propos auront un impact considérable dans l'appréciation des possibilités d'action. En quelques mots, les objectifs potentiels de la dissuasion nucléaire française ont été élargis, et les analyses stratégiques au niveau mondial tiendront compte de la volonté nouvellement affirmée par le Président. De nouvelles questions vont être posées dans l'étude de certains scénarii. Est-ce que la France va déployer son groupe aéronaval près de capitales lointaines si la navigation des superpétroliers qui l'approvisionnent est menacée ? Est-ce que la France va vitrifier le QG des Pasdaran si une campagne d'attentats téléguidés ravage le cœur de Paris ? Tel sont les effets de la puissance militaire projetable et affichée, conventionnelle ou non : influencer le jugement et les décisions d'autrui par sa seule existence.

L'arme nucléaire reste cependant l'aboutissement monstrueux de la guerre totale, celle qui opposait des nations les uns aux autres : la restriction aux Etats dans le discours de Jacques Chirac n'est pas un choix de la France, mais bien une limite inhérente à l'arme elle-même. Aussi précise et pénétrante soit-elle, l'ogive nucléaire ne peut jamais frapper qu'un ennemi à la fois identifié et distant, pour tout dire extérieur ; et la bombe a d'ailleurs été l'un des principaux catalyseurs dans la transformation de la guerre, en rendant insupportable la montée aux extrêmes qui caractérisait les conflits classiques, et donc en favorisant les méthodes asymétriques comme la guérilla et le terrorisme. Prêter à l'arme nucléaire les vertus d'une assurance-vie, à l'heure où les sociétés se morcellent et s'antagonisent sous l'effet conjugué des flux d'idées et de personnes, devient ainsi une illusion dangereuse.

Une assurance-mort, tout au plus.

La fragilité de l'attrition

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La nébuleuse Al-Qaïda fait à nouveau reparler d'elle, mais pas exactement dans le sens qu'elle souhaiterait : alors que 3 de ses leaders ont apparemment été tués dans la frappe aérienne menée la semaine dernière par les Etats-Unis au Pakistan, Oussama ben Laden semble avoir réalisé un nouvel enregistrement audio dans lequel il menace les Etats-Unis de nouveaux attentats, mais leur propose également une trêve de longue durée. Quatre ans et quatre mois après les attentats du 11 septembre, le changement de ton et de situation est saisissant. Les jubilations qui ont suivi l'effondrement des tours jumelles n'ont pas survécu à la chute des Taliban puis de Saddam Hussein, à l'inoculation des idées démocratiques faisant partie du bagage culturel et stratégique des troupes américaines.

Le durcissement de la lutte antiterroriste, avec l'adaptation des lois et des méthodes dans nombre de nations, a porté des coups répétés à la mouvance islamiste ; il ne se passe pas une semaine sans qu'une cellule ou un groupe terroriste ne doit repéré, appréhendé, neutralisé ou détruit. Par ailleurs, les opérations militaires lancées en Afghanistan, en Irak, dans la Corne de l'Afrique et en maints autres endroits ont également provoqué des pertes considérables. Au Pakistan, la semaine dernière, ce sont une fois de plus des drones Predator commandés par la CIA qui auraient éliminé des leaders islamistes à coup de missiles Hellfire. Les capacités tentaculaires des Etats-Unis imposent à Al-Qaïda une attrition sanglante. L'appel à la trêve n'est pas exactement une preuve de succès.

A mon avis, cette domination est cependant incomplète et superficielle. Oui, après avoir encaissé un coup massif, l'Amérique a réagi promptement et acculé son ennemi dans une position inconfortable, mais le ring global - si j'ose dire - compte plusieurs dimensions. Comme j'ai eu à plusieurs reprises l'occasion de l'écrire, l'emploi de la force armée est intrinsèquement défensif, même s'il se concrétise par des opérations offensives ; ce n'est pas l'Irak et l'Afghanistan qu'il s'agissait de conquérir, mais bien les Irakiens et les Afghans. Le feu ne vise qu'à préserver, appuyer ou amplifier l'idée ; celle-ci aboutit d'ailleurs à des effets dont le feu ne saurait être capable. La véritable offensive stratégique passe par la domination sémantique, par la pénétration du sens, par l'écho des consciences.

De ce fait, l'Irak n'est qu'une bataille dans la lutte des idées et des identités, et son statut de point focal s'efface au fur et à mesure que la confrontation avec l'Iran devient plus probable ; l'Iran lui-même, s'il voit un conflit armé sur son sol, ne sera également qu'une matérialisation locale d'une guerre à la fois plus vaste et plus longue. La traque des leaders islamistes et l'élimination en masse de leurs suivants n'empêchent pas la diffusion de leurs idées ou la séduction de leurs perspectives. L'attrition des corps doit servir l'adhésion des esprits, sous peine de n'offrir qu'un avantage éphémère, aisément réversible. Et la faculté de durer, d'inscrire son action loin dans le temps, est la clef d'une telle adhésion.

Il n'est guère étonnant que les islamistes, surpris par l'acuité de la réaction américaine, tentent à présent de calmer le jeu : ils savent que le surrégime opérationnel des Etats-Unis ne durera pas, mais aussi que la contagion démocratique qu'il précipite sera difficile à combattre. On prend vite goût à la liberté - et pour longtemps.

Alerte média : la TSR (2)

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J'étais aujourd'hui à Genève, dont je rentre à l'instant en train (vue magnifique sur le lac Léman à ma droite, avec des montagnes faiblement enneigées derrière), afin de donner une conférence auprès de la police cantonale sur le thème des conflits modernes, puis une interview à la Télévision Suisse Romande. C'est Roland Goerg qui avait souhaité avoir une intervention de ma part sur le thème de l'Iran, et notamment sur ses capacités et sa volonté dans le domaine nucléaire. En principe, une brève séquence devrait passer ce soir durant le 19h30. Et cette fois-ci, contrairement à ma collaboration avec Phil Mundwiller (croisé au passage) pour Territoires 21, j'ai pris soin de ne pas porter de chemise ! :)

COMPLEMENT I (18.1 2120) : Cette brève intervention peut être vue ici.

Le prix de l'apaisement

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Il faut reconnaître au président iranien Mahmoud Ahmadinejad le don de frapper les esprits par ses déclarations. Le dernier échantillon de sa prose, vitupéré samedi dernier, s'en prenait violemment à l'Occident, l'accusait d'avoir un état d'esprit moyen-âgeux et le menaçait de représailles s'il s'oppose aux ambitions nucléaires iraniennes. De manière encore plus claire, il a mis l'Europe et l'Amérique du Nord au défi (« vous avez davantage besoin de nous que nous de vous ») et indiqué qu'une confrontation se ferait à leur détriment, tout en ajoutant que l'Iran pourrait peut-être « renoncer à leur pardonner » le soutien passé au Shah. On passera sur le fait qu'il ait accusé George W. Bush et Angela Merkel de terroristes et de criminels de guerre : de tels outrages sont trop communs sous nos latitudes pour apparaître comme tels.

Après deux ans et demi de négociations qui se sont révélées un échec cinglant, comment la troïka européenne réagit-elle à la rhétorique sans cesse plus agressive du régime iranien, dont certains dirigeants se mettent même à menacer l'Europe de connaître l'enfer en cas d'opposition à leurs plans ? On parle de porter l'affaire devant le Conseil de sécurité, mais pas vraiment d'aller au-delà des discussions. La Grande-Bretagne affirme considérer des sanctions, mais pas d'actions militaires ; la France a déclaré qu'il était trop tôt pour parler même de sanctions, alors que l'Allemagne, principal exportateur de l'Iran, est très réticente à l'idée de perdre des marchés. Quant à Javier Solana, pour l'Union européenne, il a tout simplement déclaré que l'emploi de la force était exclu.

Il faut examiner ces images cruelles pour mieux comprendre comment les Européens apparaissent en-dehors de leur continent - et même à l'intérieur : un symbole de l'irrésolution, de l'attentisme et de l'impuissance. Angela Merkel a beau juger inacceptable les déclarations de Mahmoud Ahmadinejad, elles n'en sont pas moins acceptées puisque rien n'est fait à leur encontre. Face à des gens qui brandissent les flammes de l'enfer, on agite le sempiternel rameau d'olivier ; face à des menaces qui virent à l'apocalyptique, on aspire au retour à la table de négociations. Comment ne pas voir dans ces simagrées de diplomatie, car la vraie diplomatie n'exclut jamais la force armée, un retour aux années 30 et à la Société des Nations ? Comment ne pas se rendre compte que l'apaisement, aujourd'hui comme hier, nous rapproche plus sûrement d'une conflagration peut-être planétaire ?

Pour leur part, les Etats-Unis assistent sans déplaisir à la déconfiture européenne : la méthode américaine au sujet de l'Irak avait été tellement décriée sur le continent que la situation actuelle prend des airs de douce vengeance. Le décalage entre les prétentions arrogantes de l'Europe et les résultats de sa politique avec l'Iran viennent a posteriori conforter les choix faits avant l'opération Iraqi Freedom. Cependant, c'est bien vers les Etats-Unis que se tournent maintenant les Européens, et les rodomontades bellicistes de Téhéran sont reçues bien différemment de l'autre côté de l'Atlantique. Se trouvera-t-il là -bas des dirigeants assez déterminés pour accepter le poker menteur d'Ahmadinejad, pour mesurer la fragilité extrême de son régime et pour contrer dans les faits ses ambitions de puissance ?

Voilà un processus auquel nous assisterons ces prochains mois. En spectateurs, puis en acteurs. Parce que le prix de l'apaisement doit toujours être payé par le sang, la peine, les larmes et la sueur.

COMPLEMENT I (17.1 1810) : En matière de rhétorique, les Gardiens de la Révolution ne font vraiment pas dans la dentelle, comme l'indique cet article. Les affirmations de ce général quant au droit absolu de l'Iran à développer une bombe nucléaire méritent d'être entendues. D'autres déclarations menaçantes sont rapportées par Mark Steyn, mais sa colonne remarquable contient bien d'autres éléments - à commencer par une esquisse de manoeuvres subversives s'appuyant sur la jeunesse iranienne et sur la minorité sunnite.

Iran : planification d'emploi (5)

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Après plusieurs jours consacrés à l'analyse des facteurs stratégiques, nous sommes en mesure de poursuivre notre planification participative en source ouverte pour une opération militaire en Iran. Avant de passer à d'autres facteurs, ce que nous ferons demain, il est cependant nécessaire de reprendre les conséquences tirées de notre analyse et de les exploiter. Elles doivent en effet nous permettre de commencer à identifier les points décisifs de l'opération, c'est-à -dire un élément supplémentaire de notre concept opératif comprenant déjà l'état final attendu, les objectifs finaux et les centres de gravité.

Un point décisif est défini au sein de l'OTAN comme un « point dans le temps, l'espace ou l'environnement de l'information, à partir duquel un centre de gravité ami ou hostile peut être menacé. » La définition suisse est encore plus abstraite (« élément dont la maîtrise est décisive pour l'action contre le centre de gravité »), mais le fait de parler d'élément suggère la nature matérielle ou immatérielle de ce point. Autrement dit, il s'agit d'un objectif intermédiaire qui nécessite des efforts particuliers pour être atteint, et qui est indispensable pour parvenir au centre de gravité visé par l'opération. Les points importants mais non décisifs sont qualifiés de névralgiques.

Ci-dessous sont listés des éléments qui pour la plupart sont des points décisifs. Ils ne sont pas articulés dans le temps, et donc pas encore numérotés, ni dans l'espace ou selon le domaine général qu'ils exploitent. Ce travail viendra plus tard, lorsque les analyses seront terminées : il s'agira alors d'ordonner les points décisifs de manière à pouvoir diviser notre opération en phases et en lignes, et donc de décrire par quelle suite d'actions parallèles le centre de gravité sera atteint. Au sujet du centre de gravité « rouge », la discussion engagée sur ce point n'a pas été suffisamment détaillé pour me convaincre de le changer. Nous y reviendrons.

Voici donc cette liste. Elle sera complétée au fil des analyses.

  • Neutraliser de façon réversible le programme nucléaire
  • Persuader la population iranienne de changer de régime
  • Obtenir une « armée de libération iranienne »
  • Forger une coalition avec des pays musulmans
  • Protéger Israël contre toute menace stratégique
  • Neutraliser les dirigeants mystiques du régime
  • Contrer l'influence du mahdaviat sur la société iranienne
  • Neutraliser les systèmes de commandement du régime
  • Prévenir la destruction d'objets d'importance nationale

Iran : les premiers coups ?

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Alors que notre expérience de planification suit son cours, la réalité se rappelle à notre bon souvenir : le fait qu'un avion transportant de nombreux responsables des Gardiens de la révolution se soit écrasé en Iran, après la tentative d'assassinat sur le Président Ahmadinejad en décembre, laisse en effet penser que des actions subversives sont déjà à l'oeuvre en Iran. On imagine en effet mal les services secrets, d'Occident ou d'ailleurs, rester les bras croisés face aux menaces toujours plus claires et plus étendues proférées par le régime de Téhéran, et face à l'avancement inexorable de ses activités nucléaires. Eviter un conflit de haute intensité qui embraserait toute la région ne serait pas le moindre avantage d'opérations clandestines, voire d'opérations spéciales allant dans le même sens ; il est dès lors logique que le centre de gravité identifié soit visé par de telles actions.

A propos de planification, il vaut la peine de lire cette analyse de William Arkin sur les plans développés aux Etats-Unis pour faire à un Iran sur le point d'acquérir l'arme nucléaire. Les conclusions sur l'effet dissuasif de la publicité donnée à un plan valent la peine d'être notées...

COMPLEMENT I (9.1 2100) : Deux autres lectures inspiratrices viennent de sillonner mon écran. Dans "Target Iran", Arnaud de Borchgrave explique pourquoi à son avis l'Iran pose une menace grave et délibérée qui exige une réponse ; pour sa part, Michael Ledeen, qui appelle depuis longtemps à s'en prendre au régime des mollahs, affirme que nous traversons une période durant laquelle des changements révolutionnaires peuvent survenir. Ces deux textes complémentaires montrent que les risques et les opportunités ont toujours une dépendance symétrique.

Iran : planification d'emploi (3)

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Ce qui est difficile à représenter ici, c'est que dans une vraie planification les travaux se font en parallèle et que des briefings rassemblent régulièrement les planificateurs pour synchroniser leurs activités, fournir de nouvelles informations ou donner des directives adaptées. Jusqu'ici, à l'initiative du soussigné, on s'est focalisé sur le concept opératif (traduction de operational design), qui fournit la vue d'ensemble de l'opération. Il s'agit de faire un troisième pas dans cet élément, puis ensuite de passer à des activités plus analytiques que conceptuelles, pour y revenir avec l'articulation des tâches en fonction des points décisifs. C'est donc un processus itératif : on peut revenir sur certaines choses décidées ou acceptées si l'on se rend compte qu'en fait elles ne conviennent pas.

Cette troisième étape consiste à déterminer les centres de gravité. Dans le cas de l'Iran, les discussions déjà menées concourent largement à préciser les vues en la matière, mais il faut néanmoins s'interroger. Quel est le pivot de la puissance iranienne qu'il s'agit absolument de faire basculer si nous voulons à la fois stopper le programme nucléaire, neutraliser le régime des mollahs et favoriser un changement de ce régime ? Quelle chose, matérielle ou non, s'oppose à ces effets à la fois physiques, psychologiques et éthiques que notre opération doit déployer pour atteindre ses objectifs ? Quelle partie de l'Iran est décisive pour l'atteinte de ses objectifs probables, dont les plus importants sont l'acquisition de l'arme nucléaire et le contrôle intégral du pouvoir ?

A mon sens, le point de convergence entre la protection du programme nucléaire, le pouvoir du régime actuel et son contrôle de la population est certainement sa capacité sécuritaire, répressive, dissuasive et manipulatrice. C'est la force de tout système autocratique que de viser au monopole des armes et de l'information, mais aussi sa vulnérabilité face à une action militaire extérieure. Par conséquent, si ces réflexions sont correctes, le centre de gravité « rouge » devrait être la capacité du régime à protéger, à réprimer et à rassembler. En termes plus généraux, on pourrait parler de crédibilité ou même de pérennité perçue du régime ; en termes plus pratiques, tels qu'on les utilise au niveau opératif, on pourrait parler de l'appareil sécuritaire et répressif du régime.

Concernant le centre de gravité de la coalition, je propose en préambule de retenir une coalition dirigée par les Etats-Unis et centrée autour de leurs moyens. Cela ne signifie pas qu'Israël n'est pas capable de monter une opération contre l'Iran, bien au contraire, mais je ne pense pas que celle-ci puisse avoir à terme les mêmes effets sur la pérennité du régime, et donc sur l'opinion de la population iranienne. A l'inverse, comme l'a montré le cas de l'Irak, les Etats-Unis ont la capacité et la volonté de s'engager pour une certaine durée dans une opération complexe, visant non seulement à détruire ou à neutraliser, mais aussi et surtout à transformer une société entière et à diffuser des idées précises. Si l'Iran est perçu comme un danger suffisamment aigu, les Américains seront déterminés à s'engager seuls s'il le faut.

Dans ces conditions, quel est le pivot de leur puissance ? Qu'est-ce qui peut le plus vite stopper, voire même entraver préventivement une opération contre l'Iran ? Je pense que le centre de gravité « bleu », comme bien souvent dans une nation démocratique, n'est autre que le soutien de la population américaine pour l'opération. Un conflit contre l'Iran sur fond d'ogives nucléaires, d'appels à la mort du « Grand Satan » et de vision conquérante pour l'islam devrait dépasser le cadre partisan des Etats-Unis et fonder un consensus plus aisément que l'offensive délibérée contre l'Irak. Raison pour laquelle c'est à mon sens le soutien à l'opération, et non à l'administration en place, qui serait décisif.

Voilà donc deux centres de gravité à discuter. Pour préparer les étapes suivantes, qui se focaliseront sur l'aspect analytique de la planification, je conseille de suivre cette discussion très intéressante sur le blog de Chester, ainsi que ce site rassemblant une grande quantité d'informations, même si leur fiabilité doit certainement être évaluée au cas par cas.

La canonisation compulsive

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Les morts, c'est connu, ont bien moins d'ennemis que les vivants ; ils ne les gênent plus assez pour cela, et laissent d'ailleurs leur vécu se faire aisément récupérer, retravailler, reformater en vue d'un usage nouveau. Ceux qui ont le malheur d'être entre la vie et la mort subissent ce traitement avant même d'avoir mis un terme à leur existence terrestre, surtout si leur héritage - matériel ou non - suscite les convoitises. Ce qui est le cas aujourd'hui avec Ariel Sharon : depuis l'annonce de son opération et de sa plongée dans le coma, on peut lire nombre de commentaires qui relèvent de la canonisation compulsive et qui prennent des libertés étonnantes avec la réalité de l'homme, de son action et de ses perspectives. De fait, lorsque le quotidien le plus populaire de Suisse se demande si la mort de Sharon n'aboutirait pas à une nouvelle guerre, on s'interroge sur sa vision de la situation actuelle.

La notion de processus de paix est au centre de cette transfiguration. Déjà apparaissent les comparaisons avec Ithzak Rabin, les métaphores du faucon transformé en colombe, les allusions au fait qu'il aurait finalement compris les vertus du compromis, de la paix avec les Palestiniens. L'un des meilleurs éditoriaux sur le sujet s'aventure même à parler de processus de paix "à l'unilatérale", apparemment sans mesurer toute l'antinomie de ces termes. Honni de son plein vivant, fustigé comme criminel de guerre, blâmé pour ses méthodes tranchées et meurtrières, Ariel Sharon s'amuserait beaucoup de ces reconversions spontanées, de ces tentatives pour faire entrer le général rebelle dans le moule préfabriqué du converti. Qu'on lui prête l'intention de "restituer" des territoires aux Palestiniens souligne l'ampleur de l'incompréhension.

En réalité, Sharon était et est toujours resté un combattant, un homme de guerre, parce qu'il a compris voici belle lurette que face à un ennemi irréductible, seule la victoire et la supériorité peuvent mener à la paix et à la sécurité. Parvenu au sommet du pouvoir par une guerre qu'il a pressentie et non déclenchée, il a dû sa popularité renouvelée et sa stature de rassembleur à sa volonté et à sa capacité de mener cette guerre et de la gagner, imposant aux Palestiniens une défaite autoalimentée qui restera la plus belle manoeuvre offensive de sa carrière. Sa conduite efficace d'un conflit asymétrique, remporté lorsqu'il a été "resymétrisé", sera d'ailleurs à n'en pas douter l'objet de nombreuses études dans les années à venir. Et ces études montreront qu'Ariel Sharon n'a fait aucun compromis avec la sécurité à terme de son pays, et qu'il n'aurait jamais ordonné le retrait de Gaza s'il ne promettait pas un avantage stratégique majeur. En se focalisant sur les antagonismes et non les apparences, les militaires font bien mieux la paix que les diplomates.

Cette réalité est naturellement impossible à admettre pour ceux qui ont fustigé pendant des années la politique d'Ariel Sharon, et affirmer que ce dernier a vécu une métamorphose ou un renoncement a pour but de dissimuler leurs propres erreurs et aveuglements. L'héritage intellectuel et pratique de l'actuel Premier ministre est trop dérangeant pour être accepté tel quel : il doit être filtré, corrigé et purifié pour recevoir l'onction bien-pensante et permettre à ceux que les faits ont contredits de recycler leur message. C'est ainsi que la canonisation partielle mais significative d'Ariel Sharon annonce déjà le dépoussiérage de ces concepts étranges, "Accords d'Oslo", "Initiative de Genève" ou "feuille de route", dont le même Sharon a démontré avec force la fondamentale inanité. Le vrai drame de sa disparition réside dans l'inachèvement de son oeuvre, dans le risque que la division intérieure amène Israël à perdre l'initiative et à manquer ce qui est à la portée de sa main : une imposition de la paix qui ne laissera à ses ennemis, pour un temps du moins, aucune chance de faire la guerre.

COMPLEMENT I (6.1 1545) : Pour avoir un aperçu de la vision que certains Israéliens se font de leur situation, cet éditorial de Caroline Glick - une voix critique à l'endroit d'Ariel Sharon ces derniers mois - dans le Jerusalem Post mérite d'être lu. Ses avertissements constants sur la création d'une enclave terroriste adossée à Israël et ses réflexions sur une frappe militaire contre les installations nucléaires en Iran, avec l'appui des USA et de l'OTAN, indiquent certainement une perspective un peu étriquée, mais représentative. Sinon, je conseille également cette analyse d'Amir Taheri, qui souligne avec éloquence l'anormalité du "processus de paix" de la communauté internationale, ainsi que ce jugement politique de John Podhoretz, également dans le New York Post, qui montre l'originalité de Sharon sur ce plan.

COMPLEMENT II (6.1 1730) : A lire également cette analyse de l'incertitude qui prévaut aujourd'hui en Israël, sur le blog Politique arabe de la France (qui annonce par là même son expansion). On y trouve notamment un élément stratégique que je partage et qui contredit les propos de Caroline Glick :

[E]n laissant le terrain aux Palestiniens, la possibilité pour eux de s'organiser en forces régulières, le retrait permettra une symétrisation de la guerre dans le cas où la société palestinienne continuera ce que certains appellent "la fuite en avant", et le soutien aux forces extrémistes palestiniennes comme le Hamas aux prochaines élections. Une telle symétrisation est à l'avantage d'Israël.

COMPLEMENT III (7.1 1600) : Pas de canonisation, mais une récupération éhontée commise sans surprise ce matin par Bernard Guetta dans Le Temps. Cet homme si prompt à dissimuler ses propres erreurs ne pouvait manquer de juger avec condescendance Ariel Sharon :

On peut rappeler toutes ses erreurs et tout le sang qu'il a fait couler mais le fait est qu'il en était venu, depuis deux ans au moins, à penser et dire ce que martelaient depuis toujours les plus clairvoyants des Israéliens - que la seule répression ne viendrait jamais à bout de l'aspiration nationale des Palestiniens, qu'Israël ne pouvait pas rester à la fois une démocratie et une puissance occupante et que, faute d'un Etat palestinien, la démographie aurait raison de l'ambition sioniste de créer un Etat juif.

On se demande comment un homme tel que Guetta ferait pour combattre le terrorisme palestinien, à supposer qu'il reconnaisse que la création de l'OLP précède la conquête des territoires aujourd'hui disputés, et donc que la présence israélienne sur ceux-ci a d'abord été une réponse à des attaques quotidiennes.

Iran : planification d'emploi (1)

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Bien ! Comme annoncé hier, nous allons entamer aujourd'hui cette expérience de planification participative en source ouverte. Le produit final de cette démarche, après quelques semaines, devrait être une idée de manœuvre relativement précise sur les effets, les moyens et le déroulement d'une opération militaire en Iran ; cela permettra de mieux comprendre les enjeux de l'un des principaux points chauds de la planète, ainsi que les possibilités d'action des principaux acteurs impliqués. Il va de soi que cette démarche est purement didactique et ne vise en aucun cas à fournir un soutien à l'un ou l'autre des belligérants potentiels, lesquels devront tous être considérés avec la même distance analytique.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, quelques mots sont nécessaires sur le cadre de la planification. Si les actions de coercition armée sont fort logiquement un ultime recours en mains des gouvernements démocratiques, leur planification constitue en revanche une activité permanente des états-majors - nationaux du moins - sans que cela préjuge de leur occurrence. On parle généralement d'études de cas pour désigner le processus, et de planification prévisionnelle (traduction helvétique de contingency planning) si l'on entend en tirer au moins un concept d'opérations sommaire. C'est donc dans cette perspective purement militaire, sans préjugé politique, que j'inscris cette expérience.

C'est pourtant bien par le niveau stratégique qu'il faut commencer notre réflexion. En partant du principe que l'acquisition par un régime islamiste iranien de l'arme nucléaire et des missiles pour l'engager doit être empêchée, les moyens pour le faire dépassent bien entendu le cadre de l'action armée. Pourtant, dans la mesure où la diplomatie s'agite en vain depuis des années, et comme des actions dans le domaine économique ou informationnel ne peuvent avoir rapidement l'effet recherché, c'est bien un emploi de la force à relativement brève échéance qui doit être considéré. Ne parlons pas encore de qui emploie cette force ; cela viendra plus tard, même si je n'ai pas caché mon idée de l'intervention d'une coalition conduite par les Etats-Unis.

La première étape consiste à définir l'état final militaire stratégique attendu de l'opération, c'est-à -dire la situation qui devra être obtenue au terme de son exécution. La discussion libre qui s'est effectuée hier prend ici tout son sens, car il s'agit maintenant de définir les effets recherchés avec l'action militaire. Veut-on simplement employer la force pour gagner du temps, augmenter la pression sur le régime de Téhéran, tenter de favoriser son renversement ou carrément envahir le pays pour y parvenir ? Répondre à cette question implique de connaître également l'état final recherché par ceux qui dirigent actuellement l'Iran. Les deux états finaux font donc partie de cette première étape.

Il paraît plus simple de définir l'état final recherché par les mollahs. L'arme nucléaire constitue dans leur esprit aussi bien une assurance-vie pour leur régime qu'une manière de contrer l'évolution actuelle du Moyen-Orient, notamment sous l'influence démocratique imposée par les Etats-Unis. De ce fait, ils devraient logiquement escompter le maintien de la situation intérieure, en termes d'intégrité territoriale et de pouvoir politique, ainsi qu'obtenir une augmentation de l'influence extérieure par la production de plusieurs ogives nucléaires et des vecteurs qui en font une arme, tout en conservant leurs relations économiques actuelles. Un état final stratégique qui est bien parti pour être atteint.

La vraie question à trancher d'emblée reste donc le rôle de l'action capable d'empêcher cela. Une opération avant tout aérienne visant à ralentir le programme nucléaire, et donc focalisée sur les seules capacités, reviendrait à accepter une grande part des risques pour un effet somme toute limité et incertain. A l'inverse, une invasion terrestre en règle de l'Iran sur le mode irakien se heurte à des problèmes de faisabilité matérielle qui, à eux seuls, réduisent l'intérêt d'une telle option. On peut donc estimer que l'opération souhaitée et possible doit se situer entre ces deux extrémités du spectre opérationnel. Il faut déployer des effets matériels et immatériels durables, susceptibles d'avoir un impact sur la société iranienne.

Voici donc ma proposition initiale d'état final militaire stratégique :

  • L'Iran n'a pas la capacité de produire et d'engager l'arme nucléaire ;
  • Le gouvernement iranien n'a pas la capacité de lancer des représailles armées ;
  • Les forces armées iraniennes n'ont pas la capacité et/ou la volonté de contrer les actions de la coalition ;
  • La population iranienne a la capacité et la volonté de changer de gouvernement ;
  • Les pays voisins de l'Iran n'interviennent pas militairement contre l'opération et ne changent pas de posture face à la coalition ;
  • Les forces déployées par la coalition ont la capacité de se maintenir durablement dans le théâtre d'opérations.

La formulation, soigneusement soupesée, a été pensée de manière à laisser ouvert un vaste éventail de variantes, tout en fixant déjà un cadre général assez précis pour l'action. Naturellement, plusieurs pistes possibles me sont venues à l'esprit et sont compatibles avec cet état final, mais je me suis gardé d'en tenir compte. L'ensemble doit maintenant être évalué, discuté, contesté, complété ou amélioré...

COMPLEMENT I (4.1 2110) : L'état final ci-dessus sera modifié en fonction de plusieurs remarques très pertinentes émises ci-dessous. En attendant, je recommande la lecture de cet article, qui fournit un aperçu très intéressant de l'état d'esprit de la population iranienne. Si une opération militaire doit être menée en Iran, elle doit être comprise par cette population...

COMPLEMENT II (5.1 1030) : Après 24 heures de discussions et de commentaires, nous pouvons aller de l'avant. En premier lieu, une version adaptée de l'état final militaire stratégique peut être proposée (les changements sont en italique) :

  • L'Iran n'a pas la capacité de produire et d'engager l'arme nucléaire ;
  • Le régime iranien n'a pas la capacité de lancer des représailles armées contre la coalition ;
  • Les forces armées iraniennes n'ont pas la capacité et/ou la volonté de contrer les actions de la coalition ;
  • La population iranienne a la capacité et la volonté de changer de gouvernement ;
  • Les pays de la région n'interviennent pas militairement contre l'opération et ne changent pas de posture face à la coalition ;
  • Les forces déployées par la coalition ont une liberté d'action complète dans le théâtre d'opérations.

Remplacer le mot "gouvernement" par celui de "régime" élargit la perspective et permet d'intégrer sous cette ligne l'appareil répressif de Téhéran ; préciser "contre la coalition" pour les représailles évite une certaine confusion. Remplacer pays "voisins" par ceux de la région prend mieux en compte les influences et interactions d'une telle opération. Enfin, la dernière ligne clarifie la situation des propres forces au terme de l'opération, sans rendre nécessaire une quelconque occupation - mais sans non plus l'exclure.

La prochaine étape consiste à déduire de cet état final militaire stratégique les principaux objectifs de l'opération. Je m'y attelle dès que j'en ai le temps... :)

COMPLEMENT III (5.1 1525) : Suite notamment à une remarque de Winkelried, j'ai retranché deux postulats de l'état final afin de ne pas anticiper une possible réaction et de vraiment se focaliser l'objectif final. J'ai également corrigé la première phrase, afin de laisser davantage de liberté de manoeuvre par la suite. Voici donc la troisième version :

  • L'Iran n'a pas la capacité de produire et d'engager des armes nucléaires ;
  • La population iranienne a la capacité et la volonté de changer de gouvernement ;
  • Les pays de la région n'interviennent pas militairement contre l'opération et ne changent pas de posture face à la coalition ;
  • Les forces déployées par la coalition ont une liberté d'action complète dans le théâtre d'opérations.

Iran : le point de non retour

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Est-ce que l'année 2006 verra une action militaire être entreprise contre le régime de Téhéran et son programme nucléaire ? C'est une question à laquelle il est bien difficile de répondre, mais la probabilité d'une telle action a certainement augmenté ces derniers mois. Les informations publiées dans la presse allemande sur les préparatifs initiaux des Etats-Unis sont des indices dignes d'intérêt. Les appels à l'action se font également plus nombreux, en réponse aux déclarations génocidaires et révisionnistes du Président iranien, même si celles-ci sont encore présentées comme des "dérapages" ou des "provocations" dans une partie des médias. Le spectre d'un régime fanatique et belliciste, doté de l'arme nucléaire et des vecteurs pour l'employer, commence un peu trop à évoquer les pires régimes totalitaires du siècle dernier. Et s'il ne faut guère compter sur une action coercitive de la part de l'Union européenne, les Etats-Unis ne vont probablement pas esquiver leurs responsabilités dans la région et se laisser déborder par une opération israélienne.

Le point de non retour est-il atteint ? Sans doute pas en termes de capacités, mais certainement en termes de volontés. A moins d'un événement spectaculaire en Iran qui aurait des conséquences immédiates sur la politique intérieure, la bombe islamiste chiite sera une réalité ; elle se rapproche chaque jour un peu plus de sa concrétisation, après les années de négociations vides de contenu que le régime des mollahs a menées avec l'impuissante troïka européenne. Mais l'aveuglement dont font encore preuve une grande partie des dirigeants occidentaux a un prix tellement exorbitant que les premiers concernés ne seront pas prêts à le payer. Devant l'inefficacité ou la lenteur des pressions politiques, des armes économiques ou des influences sémantiques, seule l'action armée offre encore une possibilité de retarder l'avènement d'une nouvelle puissance nucléaire.

Il reste à savoir quelle forme peut prendre cette action. Voilà déjà un certain temps que les options militaires face à l'Iran sont discutées aux Etats-Unis, mais les développements survenus ces derniers mois ont sans doute clarifié plusieurs aspects du problème. Pour entrer vraiment dans celui-ci, je propose aux lecteurs et contributeurs de ce carnet de me suivre dans une démarche innovatrice : une planification participative en source ouverte. Il s'agit d'une expérience à laquelle je songe depuis belle lurette, et que la technologie actuelle, combinée au réseau informel généré par ce site, permet désormais de mener. Mon idée est la suivante : afin de mieux appréhender les possibilités et les servitudes d'une action militaire américaine en Iran, essayons d'effectuer ensemble une planification opérative et ainsi de prendre un brin d'avance sur l'actualité. A priori, ma formation militaire doit me permettre en quelque sorte de conduire les réflexions et de parvenir à reproduire, certes de façon très simplifiée, les préparatifs qui n'ont pas manqué d'être entrepris au Central Command.

Naturellement, mon intention n'est pas de former à travers le web un groupe de planification opératif interforces (traduction suisse de Joint Operational Planning Group), en confiant à différents intervenants les fonctions usuelles d'une telle structure (renseignement, opérations, logistique, etc.) ; ce serait aller un peu vite en besogne. En revanche, il devrait être possible de mettre à contribution comme groupe d'experts le lectorat de ce carnet, et ainsi de franchir ensemble les différentes étapes conceptuelles de la planification opérative. L'objectif étant de parvenir en quelques semaines à une idée de manoeuvre claire, à une répartition dans l'espace et dans le temps d'effets précis, avec une indication des forces et des appuis nécessaires. Est-ce que cela vous tente ? Ne manquez pas de me le faire savoir. De toute manière, pour mes propres préparatifs, j'ai l'intention ces prochaines semaines d'effectuer cette démarche. On ne peut que bénéficier d'un échange ouvert à ce sujet.

Le piège de la liberté

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Ces derniers jours, les informations en provenance de Palestine ont souligné la dégradation continue de la situation dans la bande de Gaza et la détérioration de la réputation palestinienne auprès des audiences internationales. L'augmentation des rapts d'expatriés occidentaux, la destruction d'un bar privé des Nations Unies, l'occupation de bâtiments publics par des hommes en armes, la mise en fuite d'observateurs européens à la frontière avec l'Egypte notamment ont souligné le chaos qui règne à Gaza ; les menaces sur la tenue des élections, la fin unilatérale de la trêve annoncée par les groupes terroristes, le soutien affiché aux appels iraniens à l'éradication d'Israël, et plus encore le soutien majoritaire aux attentats terroristes en Occident ainsi qu'à l'adoption d'un régime de type islamiste heurtent de plein fouet les perceptions que les Palestiniens ont réussi à imposer au fil des ans. On est très loin des louanges tressées par les médias occidentaux voici presque une année, après l'élection présidentielle.

La situation est diamétralement opposée du côté israélien, où les fruits de la victoire obtenue lors de la deuxième Intifada palestinienne ont été engrangés : l'économie a connu en 2005 une année faste, avec une croissance du PIB de 5,2%, une augmentation de la consommation de 3,3% et un volume record d'investissements étrangers. Le Gouvernement Sharon a réussi à trouver un compromis efficace entre la neutralisation de la menace terroriste et la maîtrise des propres actions armées, ce qui lui a permis de repousser le prix de la victoire, à savoir la démobilisation des Israéliens. L'élément central de ce compromis a été l'amputation stratégique opérée avec le retrait de Gaza, dont le déroulement impeccable a préservé la majorité nationale autour de la conduite de la guerre, mais aussi réduit la légitimité des Palestiniens à combattre alors même que la construction de la barrière de sécurité réduisait déjà leur capacité.

Ceux-ci sont donc tombés dans le piège de la liberté : largement privés d'ennemi faute de possibilité de l'atteindre, renvoyés à eux-mêmes par une autonomie réelle et placés sous l'oeil critique de la communauté internationale, les Palestiniens se sont divisés et ont perdu le contrôle de leurs actions comme de leurs messages. La manoeuvre des Israéliens, par une soustraction progressive du conflit, à amené la violence générée par la société palestinienne à se retourner contre elle-même. Désormais s'impose de plus en plus l'image d'une population tellement fanatisée et belliciste que lui accorder un Etat reviendrait à créer une menace plus grande encore, à sanctifier une gigantesque fabrique à monstres. En d'autres termes, les Israéliens sont en bonne voie de parvenir à une normalisation internationale partielle en démontrant qu'ils s'opposent à la fois à un chaos meurtrier et à un terrorisme islamiste. L'intention affichée par Ariel Sharon de poursuivre les retraits, en plus de son fondement démographique, vise certainement à cette normalisation.

La question est de savoir combien de temps il faudra à la communauté internationale pour changer de perception à l'endroit des Palestiniens. Jusqu'ici, elle avait fait preuve d'une tolérance exceptionnelle à leur endroit, marginalisant les manifestations haineuses, l'instrumentalisation des enfants, les manipulations médiatiques ou encore la systématisation du terrorisme en raison de l'occupation des territoires conquis lors de la Guerre des Six Jours. Peut-être l'élément décisif de ce changement sera-t-il la question iranienne...

COMPLEMENT I (2.1 1825) : Il vaut la peine de lire ce billet de Wretchard sur la situation à Gaza. Un chiffre souligne cette privation d'ennemi et ce retournement de la violence dont j'ai parlé ci-dessus : le pourcentage de Palestiniens tués par balles à Gaza par d'autres Palestiniens est passé de 5% en 2004 à 51% en 2005 ; le rapport dont est tiré ce chiffre fournit d'autres éléments allant dans ce sens.

COMPLEMENT II (3.1 1100) : La tenue des élections le 25 janvier est officiellement remise en question par Mahmoud Abbas, qui invoque la question des votes à Jérusalem pour ce faire. Pourtant, le groupe terroriste Hamas tient au maintien des élections à la date prévue, tant il est sûr de recevoir de nombreux suffrages ; le succès électoral d'une organisation appelant à la destruction d'Israël aura son importance dans l'évolution des perceptions à l'étranger. Quant aux Israéliens, ils ont hier éliminé un leader du Djihad islamique dans une frappe air-sol au nord de la bande de Gaza. Preuve que la contrebande de missiles sol-air n'a pas encore d'effet.

Le bilan de décembre

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Tout comme l'an passé, je profite de ce bilan mensuel pour remercier sincèrement celles et ceux qui consultent ce carnet et qui prennent le temps de contribuer aux débats. Comme prévu suite aux pics de novembre dus à l'actualité, la fréquentation au mois de décembre a connu une légère diminution dans le nombre quotidien de visites (1560 contre 1642), ainsi qu'une hausse au niveau des pages vues chaque jour (4460 contre 4235) et une baisse des hits (9580 contre 10277). Ces chiffres ont cependant été arrondis vers le bas, car le changement de serveur au milieu du mois a entraîné une brève interruption des statistiques.

L'usage visant à compléter un bilan un brin austère et toujours relatif par quelques lignes humoristiques sera naturellement respecté, avec contenu plus fourni que d'habitude, puisque je me suis rendu compte que le logiciel de statistiques devait être consulté plus fréquemment sous peine de rendre inaccessible une partie du contenu. Voici donc mes commentaires à nombre d'entrées grâce auxquelles les moteurs de recherche ont envoyé d'honorables visiteurs par ici :

  • la stratégie territoriale de mc donald s (la terre est ronde comme un hamburger)
  • ovnis survolant la terre (on connaît moins ceux survolant Mars)
  • habiter une banlieue lyonnaise (et je suis censé donner mon avis ?)
  • argumentation commercial de flan d epinards (parce que cela se mange ?)
  • photo toilettes kabul (ce qu'on appelle un goût de chiottes)
  • est-il facile de maitriser des incendies (euh! cela dépend de l'incendie, non ?)
  • armée suisse comment faire son paquetage (l'instruction en ligne, c'est l'avenir !)
  • monnerat bilan du mois (ma petite rubrique mensuelle a du succès !)
  • clinique spirituel de suisse (c'est un surnom pour l'UDC ?)
  • l information est fausse (en général ou par intermittence ?)
  • interdit de fumer 1000 pixel (pour fumer les pixels, faut vraiment être accro aux cristaux liquides!)
  • les grosse fille arabe nue (et on trouve cela chez moi ?)
  • américains incultes (les sales langues hurleraient au pléonasme!)
  • l homme pour les tsunamies (un territoire qu'elles aiment ravager)
  • etudiant boite a colle (cela change des psilocybes !)
  • il vaut mieux mourrir général dans son lit que sous lieutenant sur le champ de bataille (ou lieutenant-colonel dans un PC)
  • nutella stratégie globale ou locale ? (avec les pots de 3 kg, sûrement les deux !)
  • vous ici je vous croyais au zoo c est un heureux hasard (avec les singes ??)
  • vente matériel militaire usagé suisse (une chose qui appartient au passé!)
  • pour ou contre la propagation des blogs (parce qu'on a le choix ?)
  • qu est ce qu on attend pour foutre (le feu, le camp ou la paix ?)
  • comment faire un expose sur la guerre du vietnam (traîner sur mon blog est un début)
  • lucerne - pourquoi inondations - aout 2005 (ou la sauvegarde des questions existentielles)
  • serait-il possible en 2005 d avoir la paix dans le monde? (non, mais en 2006, sûrement !)
  • le piranha peut-il s attaquer a l homme (pas quand il a 8 roues)
  • chercher un sens n a pas toujours de sens (à part sur l'autoroute)
  • esprits faibles incompris (cherchent bonnes consciences altercomprenantes)
  • resumer sur le seuil (détailler sur le canapé ?)
  • les ennemis du folklore (je ne me sens pas du tout concerné !)
  • energie solaire stage gratuit pour ong (énergies renouvelables et idéologies fossiles ?)
  • travail en arabie saudite pendant les vacances (les petits boulots ne sont plus ce qu'ils étaient)
  • nonnes reactionnaires (contre moines progressistes ?)
  • desenchantement wow (comprenne qui pourra wow)
  • definition du multiculturalisme en suisse (la barrière des röstis ?)
  • l euthanasie dans le coran (un conseil pour les islamistes!)
  • une rumeur de disparaitre (beaucoup de bruit pour rien)
  • dans combien de temps l iran disposera de la bombe atomique? (c'est pour une commande de groupe ?)
  • recherche de cour de chant en ajoie (pour chanter la Rauracienne, j'espère !)
  • combien de chinois vivent correctement (à un milliard près ?)
  • les recherches sur les fouilles corporelle (un domaine où l'on tâtonne)
  • femme belge kamikaze (une fois, juste une !)
  • filet de saumon sauve bavaroise (sauve qui peut !)
  • doctrine diplomatique dans les prises d otages (les dîners de l'ambassadeur)
  • personnes de banlieue tort (à défaut de raison!)
  • le role de l onu dans la lutte contre le terrorisme (un rôle ??)
  • drone israel tuer voiture (un scénario classique)
  • powerpoint et portage des repas a domicile (c'est prévu dans Office 2007 !)
  • www.lepouvoirdesprieres.com (www.nesappliquepasici.net)
  • fusil d assaut cadeau (c'est beau, de croire au Père Noël !)
  • la chaine une super puissance economiques (surtout celle aux yeux bridés)
  • le bison se mange saignant (merci de nous l'apprendre !)
  • la tentation de la chaire (ou la carrière académique)
  • vous en avez assez de cette bande de racaille (la voix de son mètre est son surnom!)
  • l avarisme quotidien (les ravages de l'analphabétice!)
  • baignade nue en vacance (et on s'inscrit où ?)
  • achat systeme anti pigeon (l'essentiel est de ne pas se faire avoir)
  • mure de berlin (pour les boules, c'est parfait !)
  • camerounais tué a saint-pétersbourg (encore une sombre affaire)
  • sondage sur la croyance de l au-dela (une question d'outre-tombe!)
  • soupers facultatifs armée suisse (plébiscités par les restaurateurs !)
  • tire au flanc definition (c'est bien trop d'effort pour cela!)
  • poule mouillée en image (il suffit de lui demander sèchement)

Bref, merci à tout le monde !