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23 décembre 2009

Les manipulations des illuminés

Révisions Wikipedia MWP.pngMême si les médias traditionnels se gardent bien d'en parler en détail, on sait que l'idée d'un réchauffement climatique à la fois sans précédent et causé par l'homme est un mythe : la science ne permet pas de parvenir à des conclusions aussi absolues, et les courriels révélés au monde entier par un acte de piratage montrent bien à la fois les manipulations et les collusions de ce que l'on résume désormais sous le nom de Climategate (voir ici mon billet à ce sujet, et voir cet article pour un aperçu plus récent du phénomène). Ce scandale scientifique, médiatique et finalement politique - puisque nombre de décisions aujourd'hui sont prises en fonction de ce mythe - n'a pas fini de se dérouler et de nous poursuivre. Les intérêts en jeu sont d'ailleurs tels qu'il est aisé de comprendre pourquoi la déconstruction de ce phénomène est un pareil anathème.

L'une des objections les plus fortes au mythe n'a cependant pas été révélée ces dernières semaines : l'existence d'une période chaude au Moyen-Âge, suivie d'un petit âge glaciaire dont nous sortons, est connue depuis longtemps (on n'aurait sinon pas appelé « Groenland », pays vert, cette étendue de glace que l'on connaît aujourd'hui). Or cette période chaude a l'immense inconvénient d'apparemment contredire sans rémission le graphique dit de la canne de hockey sur lequel repose tout le mouvement du réchauffement climatique d'origine humaine. Dans une démarche scientifique, une telle contradiction n'a pas de conséquence drastique, parce que la compréhension des mécanismes responsables est incertaine et parce que les avancées se succèdent sans vérité absolue. Mais dans une démarche idéologique, et dans le cas présent carrément religieuse, cette période chaude est une menace, un blasphème, un déni qui risque de troubler les fidèles et qui ne peut simplement pas exister.

Les croisés du réchauffement climatique d'origine humaine s'escriment donc à minimiser le sens de la période médiévale chaude ou même à nier son occurrence (ce que fera le GIEC de l'ONU), et ont notamment utilisé l'encyclopédie en ligne Wikipedia - la source d'informations la plus utilisée au monde - pour propager leurs convictions. C'est ce que les courriels piratés ont révélé :

But the UN's official verdict that the Medieval Warm Period had not existed did not erase the countless schoolbooks, encyclopedias, and other scholarly sources that claimed it had. Rewriting those would take decades, time that the band members didn't have if they were to save the globe from warming.
Instead, the band members turned to their friends in the media and to the blogosphere, creating a website called RealClimate.org. "The idea is that we working climate scientists should have a place where we can mount a rapid response to supposedly 'bombshell' papers that are doing the rounds" in aid of "combating dis-information," one email explained, referring to criticisms of the hockey stick and anything else suggesting that temperatures today were not the hottest in recorded time. One person in the nine-member Realclimate.org team -- U.K. scientist and Green Party activist William Connolley -- would take on particularly crucial duties.
Connolley took control of all things climate in the most used information source the world has ever known - Wikipedia. Starting in February 2003, just when opposition to the claims of the band members were beginning to gel, Connolley set to work on the Wikipedia site. He rewrote Wikipedia's articles on global warming, on the greenhouse effect, on the instrumental temperature record, on the urban heat island, on climate models, on global cooling. On Feb. 14, he began to erase the Little Ice Age; on Aug.11, the Medieval Warm Period. In October, he turned his attention to the hockey stick graph. He rewrote articles on the politics of global warming and on the scientists who were skeptical of the band. [...]
All told, Connolley created or rewrote 5,428 unique Wikipedia articles. His control over Wikipedia was greater still, however, through the role he obtained at Wikipedia as a website administrator, which allowed him to act with virtual impunity. When Connolley didn't like the subject of a certain article, he removed it -- more than 500 articles of various descriptions disappeared at his hand. When he disapproved of the arguments that others were making, he often had them barred -- over 2,000 Wikipedia contributors who ran afoul of him found themselves blocked from making further contributions. Acolytes whose writing conformed to Connolley's global warming views, in contrast, were rewarded with Wikipedia's blessings. In these ways, Connolley turned Wikipedia into the missionary wing of the global warming movement.


Ce comportement digne de l'Inquisition est parfaitement documenté, puisque l'encyclopédie en ligne a pour immense qualité de conserver les traces des modifications apportées aux articles. Une manipulation aussi grossière et prolongée devait bien finir par éclater au grand jour, et la période chaude médiévale n'a pas pu être entièrement effacée de la connaissance humaine. Mais les illuminés du réchauffisme n'en restent pas moins déterminés à sauvegarder les reliques fondant leur culte : un contrôle effectué ce matin (voir ci-dessus) sur les révisions de la page en anglais consacrée à la période chaude médiévale les montre toujours à l'œuvre, bloquant les modifications mettant leur foi en doute, veillant au respect du dogme et agissant en quelques minutes pour la gloire de leur divinité planétaire et le salut de leur vision du monde. Nous voilà bien loin de la science et de la raison...

Posted by Ludovic Monnerat at 11h45 | TrackBack

21 décembre 2009

La lutte pour la démocratie

Le sommet de Copenhague s'est achevé sur un échec marquant : le grand marchandage entre Nord et Sud, entre Occident et Orient, comme entre États et Nations Unies, n'a pas le caractère autoritaire et contraignant que nombre d'initiants et d'activistes appelaient de leurs vœux outrés. L'autorité des gouvernements et des populations qui les ont élus - quand elles ont la chance de le faire - est donc sauve. Le prétexte apocalyptique du réchauffement climatique n'a pas permis à la « gouvernance globale » de provoquer l'avènement d'un pouvoir supranational sous la bannière de l'ONU, voué à progressivement régir la planète entière dans le but, aussi séduisant que fallacieux, de la sauver. Les hauts cris des médias, une fois de plus, expriment l'impuissance à imposer une conception donnée du monde. Tout cela n'est qu'une affaire de pouvoir.

Au siècle dernier, la démocratie a lutté avec succès contre le fascisme, le nazisme et le communisme, ces idéologies faisant de l'individu le rouage - ou la victime - d'un système autocratique et inhumain. En ce début de siècle, il apparait clairement que cette lutte est appelée à se poursuivre contre toute tendance dictatoriale, mais qu'elle s'applique à de nouveaux adversaires : l'islamisme bien sûr, sur le devant de la scène pendant toute la décennie, mais également le globalisme, la « gouvernance globale », cette conception supranationale visant à confier les décisions politiques et leur mise en œuvre à des organisations indépendantes des États comme des peuples. À la différence près que ce sont les dirigeants des États dits démocratiques qui cèdent aux sirènes du globalisme et abandonnent définitivement un pouvoir qui ne leur a été que temporairement délégué.

L'Organisation des Nations Unies est bien entendu au centre de cette conquête : les potentats locaux et régionaux l'instrumentalisent pour promouvoir leurs intérêts (Mugabe, Ahmadinejad ou encore Kadhafi), les pires tendances antisémites et anti-occidentales s'y expriment librement (comme lors de la conférence de Durban sur le « racisme »), mais elle s'entoure d'une aura de bénévolence et d'universalité qui désarme et séduit les bonnes âmes. À une autre échelle et avec bien moins de vices, l'Union Européenne joue une partition similaire, celle du rassemblement vers un but commun, de la convergence pour un avenir meilleur ; et comme atteindre ce but et construire cet avenir sont plus importants que générer des décisions légitimes, les peuples ayant encore l'habitude de donner leur avis ont le choix entre voter « dans le sens de l'histoire » et fermer définitivement leur clapet.

Cette dérive existe aussi en Suisse, un pays pourtant fier de son indépendance et de la légitimité populaire de ses institutions. On l'a vu suite au succès de l'initiative contre la construction de minarets comme lors d'autres votations notables : lorsque les Suisses votent dans le « bon sens », c'est-à-dire dans celui de la majorité des commentateurs, ils font preuve de sagesse, de maturité ou encore d'ouverture ; mais lorsque les Suisses votent dans le « mauvais sens », ils sont au contraire marqués par l'émotion, la peur, l'ignorance ou encore le repli sur soi. Les millions de citoyens qui se rendent aux urnes ne bénéficient que d'un respect conditionnel. La démocratie directe, c'est-à-dire la forme la plus développée de démocratie, est jugée par rapport à la conformité des décisions qu'elle forge, et non par rapport à la légitimité qu'elle donne à celles-ci.

Les tenants du globalisme cherchent dès lors à diminuer ou à retirer le pouvoir imprudemment laissé aux citoyens, qui s'obstinent à prendre par eux-mêmes des décisions d'ampleur stratégique au lieu de laisser les « personnes compétentes » s'en charger. Suite à la votation sur les minarets, d'aucuns ont ainsi déposé un recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme, c'est-à-dire une instance judiciaire supranationale, pour tenter d'invalider la modification de la Constitution fédérale, alors que d'autres demandent que toute initiative contraire aux conventions internationales - qui sont signées par le Conseil fédéral et généralement approuvées par le Parlement - ne soit plus soumise au vote populaire. L'opinion de 7 juges siégeant à Strasbourg ou de 7 politiciens œuvrant à Berne importerait donc davantage que celle de 1,5 millions de citoyens.

Aucun système politique n'est parfait, aucune instance - quelle qu'elle soit - ne peut avoir de réponse à toutes les questions, de solutions à tous les problèmes, et la démocratie directe ne saurait être parée de vertus qu'elle n'a pas. En revanche, prétendre parler au nom du plus grand nombre tout en réduisant ce dernier au silence et à l'impuissance, comme le suppose la « gouvernance globale », est une ignominie que seuls les autocrates, seuls ceux qui n'ont aucun contre-pouvoir à redouter et aucun électorat à représenter, peuvent concevoir. Remplacer une coordination internationale par un pouvoir supranational, sans la légitimité populaire et la sanction électorale de la démocratie directe, est une menace non seulement pour les libertés individuelles, mais également pour la paix que procure l'équilibre des pouvoirs.

Posted by Ludovic Monnerat at 18h22