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26 octobre 2009

Combiner hautes et basses technologies

Une société privée américaine a développé l'an dernier une plateforme air-sol pour les forces aériennes irakiennes plutôt originale : un avion monomoteur Cessna équipé de senseurs infrarouges, de désignateurs lasers et de missiles air-sol Hellfire, tout comme les drones Predator armés, avec un système de protection contre les missiles sol-air. C'est un exemple parmi d'autres de combinaison de hautes et (relativement) basses technologies, qui indique une manière intéressante de développer pour un coût modeste des capacités adaptées à des besoins opérationnels bien définis.

Pourquoi une telle combinaison ? Un appareil à hélice de ce type a bien entendu une basse vitesse (150 à 200 km/h), mais aussi une endurance d'environ 10 heures : idéal pour observer à basse altitude une zone donnée, identifier une menace de jour comme de nuit (domaine visible comme infrarouge), et pour la combattre avec une arme à la fois précise (grâce au guidage laser) et d'une puissance destructrice limitée (charge explosive de 8 kg), ce qui permet de limiter les dommages collatéraux. Et on peut supposer que le prix de l'ensemble, malgré la modernité des senseurs, doit être plutôt réduit, en termes d'acquisition comme d'exploitation.

Cette approche n'est bien entendu pas très nouvelle : les chasseurs-bombardiers de la Seconde guerre mondiale avaient un profil similaire, quoique moins performants au niveau de la précision et de la détection (mais mieux à même de se défendre). Plus tard, lors de la guerre du Vietnam, les États-Unis ont également employé un avion à hélice pour les frappes air-sol, à l'aide de ses armes embarquées, mais également en tant que contrôleur aérien avancé, avec donc du personnel spécialisé dans la détection de cibles au sol et dans leur traitement. Le même rôle a été repris par un avion à réaction, certes lent, très endurant et puissamment armé, mais qui reste unique en son genre - et régulièrement contesté.

Il n'y a pas à douter aujourd'hui de l'importance de frappes aériennes précises et mesurées, en particulier dans les opérations de basse intensité ; mais les chasseurs-bombardiers modernes sont trop perfectionnés et trop rapides pour offrir une solution efficace et abordable dans ce type de conflit. Ils sont très coûteux ; ils doivent donc voler très haut pour minimiser les risques, ce qui diminue d'autant leur capacité de frappe aérienne précise (à moins d'avoir une équipe au sol pour désigner la cible et sélectionner l'arme nécessaire), et ne peuvent être acquis en grande quantité et ont de toute manière une autonomie modeste, ce qui réduit les possibilités d'employer cette capacité.

Dans la mesure où la société Pilatus a bien malgré elle - ou peu s'en faut - une certaine expérience dans la fabrication d'avions à hélice capables d'exécuter des frappes aériennes, on se demande si l'armée suisse - compte tenu des réalités budgétaires actuelles - ne devrait pas s'intéresser à des solutions similaires pour développer ses capacités...

Publié par Ludovic Monnerat le 26 octobre 2009 à 22:12