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19 mars 2007

RMS : blindés, hypersécurité et ribbons

Sur le nouveau site de la Revue Militaire Suisse, dont la phase de développement s'est achevée la semaine dernière, 3 articles ont été mis en ligne ce week-end :

Par ailleurs, le blog collectif de la RMS a abordé récemment plusieurs thèmes :

Bonne lecture !

Publié par Ludovic Monnerat le 19 mars 2007 à 18:23

Commentaires

Votre argumentation sur les "dangers de l'hypersécurité" m'interpelle!

En effet, quand une société en arrive à instaurer des successions d'"anneaux de garde" à l'intérieur de ses frontières , c'est que "la frontière" a cédé, et qu'elle en est réduite à vider l'eau des cales du bateau avec une casserole parcequ'un mauvais capitaine, assisté d'un mauvais équipage l'a amené tout droit dans les récifs...

Publié par Ar Brezonneg le 19 mars 2007 à 19:47

Oui, mais on ne fait jamais rien avec des frontières seules. Le recours aux protections statiques et passives par refus de mesures offensives est un cercle vicieux ; c'est notamment ce que j'ai tenté d'illustrer.

Publié par Ludovic Monnerat le 19 mars 2007 à 20:06

" La réponse la plus logique à l'augmentation d'une violence ... reste en effet l'augmentation des capacités d'autodéfense individuelles... Mais le droit de porter des armes et de s'en servir en cas de légitime défense reste contesté."
si en France les gens avaient le droit de porter des armes, il y aurait un très grand nombre de morts ! cf qq "faits divers" (ce serait la guerre civile !)
un exemple : les Maghrébins victimes des coups de feu de "Français de souche" ou de Tchéthènes en France demandent aux flics de les désarmer !

Publié par JPC le 19 mars 2007 à 22:35

"Oui, mais on ne fait jamais rien avec des frontières seules."

Plus que sa réalité concrète, la frontière est une structure mentale sans laquelle aucune vraie défense n'est possible.

En effet, comment défendre et même plus, pourquoi défendre quelque chose qui n'est pas borné?

Publié par fass57 le 20 mars 2007 à 0:12

"En effet, quand une société en arrive à instaurer des successions d'"anneaux de garde" à l'intérieur de ses frontières..."

Sans oublier l'aspect anti-libertaire d'une telle vision, car au lieu de limiter la contention régalienne de l'Etat à la seule frontière, elle distille cette contention à l'intérieur même de la nation.

Publié par fass57 le 20 mars 2007 à 0:17


Du matériel d'occasion: en voilà un sujet intéressant. Malheureusement LM nous a mis l'eau à la bouche sans vraiment esquisser une réponde. Dommage!

Publié par Alex le 20 mars 2007 à 9:02

Alex, vous faites référence au billet sur les MLRS achetés par la Finlande ? Oui, c'est un aspect qui m'intéresse ; à voir pour un texte plus long un de ces jours... :-)

Publié par Ludovic Monnerat le 20 mars 2007 à 10:05

Tout à fait; je me réjouis...

En fait, ce pourrait être une piste par rapport à la problématique évoquée précédemment "Les armes d'hier pour demain"

Publié par Alex le 20 mars 2007 à 10:24

Sur le papier du capitaine Mathieu Durand

Ce papier rappelle trait pour trait l'ouvrage du colonel Gabriel Bonnet : «La guerre révolution-naire du Vietnam» (Paris, Payot, 1969, 274 pages), notamment les pages 218 à 238, où il traite de la tactique et de l'emploi combiné des armes (infanterie, chars, hélicoptères, aviation). Quarante ans après, rien n'a changé ! Certes, ce n'est plus le même théâtre d'opérations, ce n'est plus la même guérilla, mais, côté américain, c'est la même façon de concevoir les choses. Et, j'ajoute, ce sera la même issue! J'évoquerai, à ce propos, un souvenir littéraire : dans «Le roi des Aulnes», de Michel Tournier, Nestor demande à Abel de saisir un gyroscope dans sa main. Et ce petit ins-trument de rien du tout lui tord le bras avec une force prodigieuse! Et Nestor d'expliquer qu'en fait, ce n'est pas le gyroscope qu'Abel tient dans sa main, mais la Terre entière, dont le mouve-ment se concentre alors dans le gyroscope ! Face aux 150 000 soldats américains en Irak, il n'y a pas 8000, 20 000 ou je ne sais combien de guérilléros. Il y a 1,5 milliards de musulmans!

Publié par Albert le 20 mars 2007 à 10:38

Albert, je trouve que votre lecture de ce retour d'expérience est biaisée. Trouver au niveau tactique une meilleure manière d'employer les armes à disposition ne peut pas être assimilé avec des erreurs faites au niveau stratégique sur les objectifs mêmes de l'action armée.

En fait, de telles réflexions sur les structures des petites unités et l'équilibre des moyens aux plus bas échelons était une constante dans les armées durant tout le siècle dernier. Le fait d'adapter les structures des formations aux missions reçues et à l'environnement aboutit ainsi à des solutions diamétralement différentes. Cependant, le succès dans les batailles et les engagements reste vain si la campagne ou si la guerre sont mal conçus.

Publié par Ludovic Monnerat le 20 mars 2007 à 14:48

l'hyperviolence comme corollaire de l'hypersecurité ?

hummm .

il me semble que les digicodes sont moins dangereux que d'avoir des armes chez soi .
et toutes ces securités doivent permettre de securiser passivement de vastes spheres, permettant ainsi d'eviter de disperser les forces " offensives " de reconquete de territoires pas encore securisés.
les digicodes participent de la constitution d'un "arriere", pour que tous les moyens humains sociaux et securitaires ( profs, medecins, et policiers) soient concentrés efficacement là où le besoin est le plus criant, sur le "front".

L hypersecurité doit permettre l'hyper-concentration des forces et l'hyper-initiative depuis un sanctuaire

Publié par mowglii le 20 mars 2007 à 22:18

"il me semble que les digicodes sont moins dangereux que d'avoir des armes chez soi ."

Le digicode ne protège ni contre les cambrioleurs doués en technique ni contre la gestapo. Renoncer à garder une arme et faire confiance à ce genre de moyen est parfaitement stupide.

Publié par pan le 21 mars 2007 à 11:39

A M. Monnerat
Mon colonel,

La guerre d'Irak est perdue pour les Américains. Une «bonne» guerre est cadrée, dotée d'objectifs précis, limités dans le temps et l'espace, balisée diplomatiquement. Exemples de «bonnes» guer-res : celle de 1870-71 pour l'Allemagne, celle des Malouines pour les Anglais, celle de 1991 pour les Américains. La guerre de 2003 est une «mauvaise guerre» : engagée pour des raisons falla-cieuses, sans objectif temporel ni spatial, elle est perdue ne serait-ce que parce qu'elle dure. Du-rant la Seconde Guerre mondiale, avant ce délai, les Américains avaient déjà tout «plié». Ici, ils en font trop et trop peu : trop eu égard aux dépenses, trop peu eu égard aux effectifs. Il y faudrait ceux du Vietnam, et ils ne le peuvent ni ne le veulent. Contrairement à vous, je pense qu'il existe une relation directe entre la justesse d'une guerre et les modalités de sa conduite : quand on est sûr de sa cause, on y met les moyens, et les moyens adaptés. Cette guerre brouillonne et dispendieuse, qui voit s'effilocher le soutien intérieur et se débiner les alliés, témoigne, par son désordre même, de son illégitimité.

Publié par Albert le 21 mars 2007 à 12:43

A Albert : je trouve que vous mélangez passablement certaines choses.

En premier lieu, une guerre "cadrée" et limitée dans le temps correspond au modèle des conflits conventionnels, et pas du tout à celui d'une contre-insurrection. De plus, il n'y pas de "bonne" ou de "mauvaise" guerre, puisque la "bonne" de l'un peut fort logiquement être la "mauvaise" de l'autre. Prenez des guerres contre-insurrectionnelles réussies, comme celle menée par les Britanniques en Malaisie, pour vérifier ces dires.

En second lieu, lier l'ordre supposé de la guerre (qui est l'expression même du chaos organisé) et sa légitimité est absurde. La campagne de Pologne en 1939 et celle de France étaient relativement ordrées pour les Allemands, et pourtant totalement légitimes. On peut mettre tous les moyens que l'on veut dans une guerre, cela ne suffit pas à assurer la victoire si on se plante au niveau opératif (voir la campagne de France du côté français, précisément), ou au niveau tactique.

Pour en revenir à l'Irak, vous semblez méconnaître le fait que, dans un conflit de basse intensité, une guerre n'est jamais perdue que lorsque l'on en vient à en être persuadé qu'elle l'est. L'objectif est au contraire de durer, car ce ne sont pas les capacités qui sont décisives, mais avant tout les volontés. Dans votre jugement, vous appliquez les modalités d'une autre forme de conflit. Les Etats-Unis ont fait cette erreur au Viet-Nam, mais ils ont en tiré certaines leçons...

Publié par Ludovic Monnerat le 21 mars 2007 à 16:47

à L. Monnerat

"Pour en revenir à l'Irak, vous semblez méconnaître le fait que, dans un conflit de basse intensité, une guerre n'est jamais perdue que lorsque l'on en vient à en être persuadé qu'elle l'est. L'objectif est au contraire de durer, car ce ne sont pas les capacités qui sont décisives, mais avant tout les volontés"

Ce qui veut dire, que c'est avant tout l'opinion publique américaine (lors de prochaines élections) qui décidera si cette guerre est gagnée ou perdue. Ce n'est ni le Pentagone ni la Maison Blanche ! non ?

Publié par Spiderpine le 21 mars 2007 à 19:06

"Ce qui veut dire, que c'est avant tout l'opinion publique américaine (lors de prochaines élections) qui décidera si cette guerre est gagnée ou perdue. Ce n'est ni le Pentagone ni la Maison Blanche ! non ?"

Presque ! C'est sûr que l'opinion publique, en votant pour des dirigeants qui correspondent à son avis, a un rôle majeur. En même temps, l'Irak n'est qu'un thème électoral parmi d'autres, et une canditature présidentielle anti-guerre pourrait bien répéter l'exemple de 1972. L'opinion publique est décisive, mais à moyen ou long terme (un candidat républicain promettant un retrait partiel d'Irak aurait certainement un écho favorable).

Ce qui est déterminant à court terme, c'est en définitive la Maison Blanche. Les militaires et le secrétaire à la défense ont une influence, mais c'est bien le sommet de l'exécutif qui, in fine, définit la poursuite ou non de la guerre. En novembre dernier, suite au limogeage de Donald Rumsfeld, je n'ai pas été loin de croire que la Maison Blanche allait jeter l'éponge ; en fait, elle a envoyé des renforts et nommé des commandants adoptant une autre perspective opérationnelle.

Publié par Ludovic Monnerat le 21 mars 2007 à 21:05

Mais alors pensez-vous que "the surge", la nouvelle stratégie de la maison blanche soit avant tout destinée à marquer les esprit aux Etats-Unis? et que l'aspect opérationnel ne soit que secondaire?

C'est une optique intéréssante..

Publié par Spiderpine le 22 mars 2007 à 19:41

Spiderpine, c'est une optique intéressante, mais je n'ai pas l'impression qu'elle a été pensée ainsi. Le changement de méthode en Irak n'est pas stratégique, mais opératif ; il s'exprime par rapport à la manière dont la campagne est menée, et non dans les objectifs ou l'existence de la campagne elle-même. Et les principaux avocats de ce changement comptent notamment des militaires de haut rang, parfois, en retraite, qui se sont focalisés sur la situation en Irak, et non sur la perception de l'Irak dans la population américaine.

Publié par Ludovic Monnerat le 23 mars 2007 à 6:37

Pour le conflit Viet Namien, il y avait quelqu'un pour négocier méme si ce dernier mentait et tricher comme un arracheur de dents (encore qu'il est à noter que cette personne à refusé le prix Nobel de la paix qu'on lui proposer), mais en Irak le nombre d'acteurs et d'intéréts est elle que pour savoir qui peut parler au non de qui est un casse téte.

Et le "milliards et demi de musulmans" contre les USA est une illusion.

Chaque état de la région essaie de tirer son épingle du jeu, ou voit on une attitude commune de la Ligue Arabe ou l'OCI dans cette guerre ?

Publié par Frédéric le 23 mars 2007 à 8:23

à L. Monnerat

Dans un article dans le Washington Post du 11 mars dernier (http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/03/09/AR2007030901839.html), Robert Kagan affirmait que "the surge" commence à porter ses fruits.
Ma question est la suivante: dans des cas comme ceux d'une contre-insurrection, comment sait-on que l'on est en train de gagner? Ce que je veux dire, c'est que moins de violence peut être le signe d'une réadaptation des tactiques de la part de l'insurrection (j'ai lu qu'à plusieurs reprises, lorsque les Etats-Unis ont décidé de changer leur mode opératoire sur le terrain, la violence avait tendance à baisser dans un premier temps, puis à augmenter dès que les insurgés apprenaient à contrer ou contourner ces nouvelles tactiques)?
Comment peut-on donc mesurer l'impacte d'une nouvelle tactique et à quelle échéance peut-on faire les premières estimations du succès ou de l'échec ?

La question est importante et bien que d'ordre militaire, elle a également des implications sur ce que nous disions avant, à savoir l'impact sur l'opinion américaine. Les annonces répétées de réadaptations tactiques ne risquent-elles pas d'avoir un effet négatif sur l'opinion ? C'est-à -dire de montrer qu'en définitive, et malgré la succession de nouveaux plans, une armée moderne à une faible capacité à lutter contre des petits groupes d'insurgés, parfois mal équipés ? voir, et c'est peut être encore plus désastreux pour le moral, de montrer les insurgés comme étant plus inventifs et flexibles que l'armée US ? (et donc d'induire une réflexion du type, de toutes façons ces insurgés trouvent à chaque fois des moyens de nous avoir.. donc laissons tomber et ramenons les soldats à la maison....)

Qu'en pensez-vous ?

Publié par Spiderpine le 23 mars 2007 à 15:10

En Algérie, il a fallut presque 9 ans pour que la pression tombe, et il y a encore des attentats et des accrochages dans ce pays.

Le probléme avec les "irréguliers", si qu'il n'y ne pas y avoir de traité de paix en bonne et dut forme pour déclarer la fin des hostilitées.

Publié par Frédéric le 23 mars 2007 à 20:44