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26 février 2007

Une défense à réinventer

ExposéEEMG.jpg.jpg

Tel était le titre de ma conclusion, lors de l'exposé sur la guerre moderne que j'ai donné cet après-midi à l'Ecole d'Etat-major général, devant les 32 officiers ayant franchi les différents obstacles du second stage et appelés à être promus ce vendredi. L'un de mes anciens camarades de classe de l'école d'officiers (le 3e sur 12 à arborer tout bientôt les bandes noires et le 4e à devenir officier supérieur!) n'a manqué de m'interroger sur cette réinvention de la défense, et notamment sur sa dimension offensive. Je n'aborderai pas ici la question des bases juridiques, puisqu'une telle décision relève avant tout de la politique, mais plutôt le profil opérationnel d'une nouvelle compréhension de la défense nationale. Etant entendu que les effets recherchés doivent aboutir à défendre et à protéger le territoire, les esprits et les marchés.

La défense du territoire en conflit symétrique, avec le combat dès la zone frontière et la recherche de la décision militaire, voit son importance se réduire proportionnellement à l'amenuisement des capacités offensives au sein des armées européennes. En revanche, la défense du territoire en conflit asymétrique suppose la capacité à préserver et à restaurer le contrôle qu'exercent les autorités civiles sur des objets, des axes, des quartiers ou des secteurs. Dans la mesure où le renseignement ne permet que rarement d'effectuer au bon endroit et au bon moment des missions de protection, et comme les effectifs ne permettent pas d'assurer une protection généralisée (notamment en milieu urbain), cela signifie doit développer son aptitude à agir en milieu semi-permissif ou non permissif pour prendre le contrôle d'un périmètre donné, stabiliser la situation et assurer le retour de la normalité.

La défense des esprits ne peut cependant se satisfaire de telles actions contre-offensives : laisser volontairement l'initiative dans le domaine sémantique revient à abandonner par avance les éléments constitutifs des perceptions publiques, les points de repère et les références des jugements futurs. L'armée doit résolument prendre l'offensive dans ce domaine pour préserver le sentiment national, pour développer la volonté de servir, pour montrer les menaces contemporaines. Les représentations en matière de défense étant encore ancrées dans les conflits interétatiques, l'armée doit également rendre publiques les modalités belligérantes de notre ère, les méthodes de guerre susceptibles d'être utilisées contre nous - et celles qui l'ont déjà été. En plaçant la Suisse et ses intérêts au centre de sa perspective, l'armée doit lutter à son niveau contre la subversion du communautarisme et de l'incivisme.

La défense des marchés est la résultante des actions s'inscrivant dans le domaine matériel comme immatériel. En contribuant à la stabilité et à l'intégrité du pays, l'armée en préserve également l'attrait économique ; en contribuant à la protection des citoyens suisses et de nos intérêts hors des frontières, elle soutient aussi le dynamisme économique qui les caractérise. Enfin, l'armée doit rester en mesure d'appuyer l'approvisionnement économique du pays dans ses tâches régulières, en cas de crise menaçant ce dernier, pour éviter les pénuries dont nous aurions le plus à souffrir. Tout ceci suppose naturellement des intérêts communs avec d'autres nations européennes, et donc des engagements s'effectuant ponctuellement mais systématiquement en coopération multinationale.

Il reste à préciser que toutes les actions de l'armée, dans le cadre de cette défense rénovée du pays et de sa population, ne peuvent être limitées a priori par des frontières géographiques. Comme être suisse et vivre en Suisse sont de moins en moins synonymes, dans un sens comme dans l'autre, le critère déterminant pour un engagement de moyens militaires doit être l'intérêt national, et non l'emplacement géographique. Ce qui me paraît la condition pour qu'un Etat moderne conserve sa crédibilité et donc sa légitimité au cours des prochaines décennies.

Publié par Ludovic Monnerat le 26 février 2007 à 19:06

Commentaires

L'armée comme source d'information, de motivation civique, de conscience nationale et de réflexion sur la guerre ou la défense, donc, et ce en impliquant le tissu économique. C'est vraiment très intéressant. Est-ce encore simplement un objectif ou existe-t-il des applications concrètes?

Publié par ajm le 26 février 2007 à 22:45

Tiens, la "guerre moderne", c'était pas copyrighted?

A part ça que pensez-vous de la situation Iran-Nucléaire-Iraq et de la façon où les USA sont assez pris en hotages?

Publié par Mikhaël le 27 février 2007 à 2:11

Et la gestion "kurtzienne" du théatre irakien de la part de l'Iran?

Publié par Mikhaël le 27 février 2007 à 2:14

Pas deux posts et on est déjà dans les sables!

Publié par fass57 le 27 février 2007 à 9:12

Merci à Ludovic Monnerat de partager son exposé avec nous, modestes internautes !
C'est très instructif.

Publié par Juan_rico le 27 février 2007 à 9:15

Merci à vous, mais sortons effectivement des sables pour en revenir à la défense de la Suisse...

Pour répondre à ajm, c'est un peu des deux : l'armée agit effectivement en la matière et contribue à la réflexion sur la guerre, surtout à l'initiative de la milice faut-il le préciser, et c'est par ce biais que la dimension économique est également prise en compte (si l'on sait que l'actuel directeur de la Bundesbank est un officier EMG de l'armée suisse, on peut voir le potentiel de la milice). En revanche, l'armée n'agit que peu, pour l'instant, dans le domaine sémantique en général (au-delà de la seule communication, s'entendu).

Publié par Ludovic Monnerat le 27 février 2007 à 9:24

Investir peut-être davantage dans l'éducation, ou plutôt dans le contenu de l'enseignement (histoire, civisme). Engager un débat sur l'approche fondamentale de la défense dans l'enseignement, faire de la notion de défense (moderne) un élément plus civil, plus commun, plus populaire.

Publié par ajm le 27 février 2007 à 11:51

Au niveau universitaire, intégrer des programmes dédiés à la résistance intellectuelle contre la désinformation et - très important - les théories conspirationnistes. En déduire des canevas plus simples transmissibles à travers des ouvrages de vulgarisation qui renforcent le bon sens de la population. Inclure ces aspects dans la formation de journaliste.

Publié par ajm le 27 février 2007 à 12:11

Subventionner (privilégier), au nom de l'armée et de la défense, des travaux de recherche qui énumèrent, évaluent et formulent de manière simple et claire (afin que chacun/e puisse en apprécier le bien fondé) les mesures que la société civile (entreprises, propriétaires, particuliers, services publics) peuvent prendre pour encourager et favoriser les actes de civisme.

Publié par ajm le 27 février 2007 à 12:17

"Au niveau universitaire, intégrer des programmes dédiés à la résistance intellectuelle contre la désinformation [...] . Inclure ces aspects dans la formation de journaliste."

Moi, je veux bien, mais vous rêvez dans votre clavier, ajm... :-)

Publié par Ludovic Monnerat le 27 février 2007 à 14:00

Laisser moi rire! Le civisme? Quesa quo? Allez trouver un secrétaire pour le club de foot de votre village, un effectif suffisant pour la société de Samaritains ou assez de monde pour que la Cabane de votre Ski-Club soit desservi tous les week-ends sans que ce soit toujours les mêmes qui y passent!
Quel est le pourcentage de votants?
Combien de personnes s'arrêtent lorsqu'une grand-maman tombe dans la rue?
Combien aident un aveugle à traverser? Combien se lèvent dans le bus?
Etc, etc, etc!!!

Le civisme a été remplacé par le plaisir immédiat, l'individualisme réconfortant et le "moins j'en fais, moins je m'expose".

Il y a un sérieux boulot à faire et c'est pas moi qui vais me porter volontaire! ;-D

Publié par dahuvariable le 27 février 2007 à 14:06

AJM, si j'approuve à 100% vos propositions sur le principe, je me méfie comme de la peste des cours de civisme / d'information / de philosophie lorsqu'ils sont délivrés par une autorité d'Etat, comme l'Education Nationale en France. Et je vois mal comment il pourrait en être autrement, compte tenu de la mainmise étatique sur tout ce qui est éducatif.

C'est simple, en France la philosophie qui m'a été enseignée aurait tout aussi bien pu s'appeler "cours de philosophie socialiste." Mes professeurs ne s'en cachaient même pas.

Depuis, les cours d'éducation civique en France font tout autant penser à ces programmes de rééducation idéologique dispensés dans certains pays totalitaires, par leur idéologie suintante parsemés de quelques slogans.

Maintenant, imaginez qu'un cours sur "l'information et la désinformation" ait lieu à l'école publique par exemple. Va-t-on étudier le cas d'école d'Alain Campiotti ou d'un autre journaliste mentionné fréquemment sur ce site à cause de leurs dérapages, ou plutôt faire un examen critique de Bush-Halliburton-Pas-d'ADM-En-Irak-Pas-De-Guerre-Pour-Du-Pétrole?

A votre avis?

Alors, cours de résistance intellectuelle contre la désinformation, je veux bien, mais il faut encore voir qui le donne.

Publié par Stéphane le 27 février 2007 à 14:22

@ Stéphane: On pourrait obliger les petits français et les petits suisses à lire ce blog! Mwouarf!

Publié par dahuvariable le 27 février 2007 à 14:28

À mon avis, le projet est très bien parti car ce domaine aussi est encore tout à fait en friches (connaissez-vous des travaux universitaires sur la question de la désinformation et des théories conspirationnistes? - il y en a quelques-uns) et fait appel à des raisonnements extrêmement structurés, presque mathématiques, qui répugnent précisément aux amateurs de désinformation.

Il y a là une vraie chance de regagner du terrain sur le champ de bataille universitaire. Et l'armée peut fort bien faire pression pour que ce domaine, qui prend toujours plus d'ampleur avec l'importance croissante de l'information, reçoive la place qu'il mérite dans nos temples du savoir. Ahem.

Ce n'est pas un rêve, c'est une nécessité.

Publié par ajm le 27 février 2007 à 15:00

A ajm:
Champ de bataille universitaire
Armée - faire pression - temple du savoir

Bien des mots qui vont difficilement ensemble, non? ;-D

Dis donc Roger tu fous quoi dans la vie maintenant?
Bof, j'fais une thèse à l'Uni pour l'Armée , le thème c'est la désinformation!

Niark, niark, niark!

Publié par dahuvariable le 27 février 2007 à 15:14

Autres propositions:

Caractéristiques, contenu, impact et déjouement des théories conspirationnistes
L'influence des idéologies politiques sur les théories conspirationnistes (par exemple à une certaine époque et/ou dans une certaine région)
Le coût militaire de la désinformation
L'influence culturelle et religieuse sur les méthodes de désinformation
Les méthodes du renseignement et leurs implications dans la désinformation par les médias

Publié par ajm le 27 février 2007 à 15:21

Ludovic
ajm ne rêve pas derrière son clavier, le prix Nobel 2005 d'Economie Robert Aumann a reçu son prix sur la théorie des jeux, lire son exposé fait à l'académie sur la guerre et la paix et ce lien

http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_jeux

Il n'y a rien d'utopique, l'armée suisse doit changer et s'adapter à la guerre asymétrique qui nous guette. L'intifada des banlieues françaises et la menace terroriste en Angleterre démontre que le moment est venu de repenser toute la stratégie et la formation de l'armée. Les polices cantonales sont incapables de faire fasse à une crise interne grave et les politiciens encore moins. A cet effet, se souvenir de l'organisation du G8 à Evian et le cirque qu'il a occasionné en Suisse. Pour prendre conscience de cette évolution encore faut-il que l'UDC cesse de voter en permanence avec les socialistes et nous prive de tous les moyens. Entre un parti qui est encore nostalgique de la guerre aux frontières de 1939 et un autre parti qui cherche à démanteler la seule force capable de maintenir la paix, il y a encore beaucoup à faire. Merci en tout cas Ludovic de présenter avec lucidité les enjeux.

Publié par marcel1 le 27 février 2007 à 17:02

"L'intifada des banlieues françaises et la menace terroriste en Angleterre démontre que le moment est venu de repenser toute la stratégie et la formation de l'armée."

Certes, mais pourquoi ne pas aussi prévenir cette situation en amont, c'est-à -dire et pardonnez-moi d'être répétitif, en veillant à ne pas "léopardiser" encore plus le substrat ethnique légitime et historique de nos nations européennes? Car la "léopardisation" ethnique précède toujours de peu la "léopardisation" territoriale. Et je souhaite bien du courage à une quelconque autorité de contrôler ce processus, avec des forces de sécurité policières et militaires, elles-même frappées par cette "léopardisation".

J'imagine, dans vingt ans, les difficultés de commandement que ne manquerait pas de susciter une armée, et à fortiori une armée de milice, qui devrait intervenir dans de telles circonstances, en étant composée de la jeune population que l'on voit actuellement évoluer dans nos villes.

Publié par fass57 le 27 février 2007 à 19:31

Navré fass57 ton 2ème paragraphe cela ressemble à langage ou l'on juxtapose les mots pour faire l'intellectuel blasé?
Qu'est ce que cela veut dire:
"pardonnez-moi d'être répétitif, en veillant à ne pas "léopardiser" encore plus le substrat ethnique légitime et historique de nos nations européennes? Car la "léopardisation" ethnique précède toujours de peu la "léopardisation" territoriale"

Est-ce du charabia d'intellectuel après une bonne cuite ou un concept applicable ??? Si oui lequel?

Les difficultés de commandement proviennent certainement de la non-préparation et du manque d'anticipation, j'ai confiance en notre jeunesse.

Quant au modèle mathématique guerre ou paix, voici le lien du prix Nobel 2005 d'Economie, il mérite d'être bien analysé.

http://ratio.huji.ac.il/dp/dp428.pdf

Sa conclusion est vieille comme le monde, mais toujours présente, si tu veux la paix prépare la guerre et Ludovic à 1000 fois raison, la guerre de demain ne sera pas à nos frontières, mais dans nos villes en Suisse ou dans toute l'Europe, nous en avons eu un avant goût en France.

Une formation adéquate et un entrainement prennent du temps heureusement que nous avons encore quelques commandants lucides dans notre armée de milice qui ont le courage de mettre sur le web leur réflexion stratégique, nous en faire bénéficier et nous permettre de réflechir avec eux pour prendre conscience des dangers.
Quant à ajm, merci d'animer ce blog par les questions pertinentes.

Publié par marcel1 le 27 février 2007 à 20:34

Bon, je vais faire le sérieux et éviter de jetter du sable dans les rouages (troublion selon le lieutenant Winkelried).

Quelques petites questions M. Monnerat:

Vous m'excuserez si je ne connais pas, pour cause, la notion suisse de défence. Ceci dit, l'idée que les esprits soient sujet de défence/conquète ça va sans dire (Mao, Trinquier, César ...) mais que les marchés le soient sur le même niveau me laisse extrèmement perplexe.
Comment l'armée a comme objectif des marchés? Si vous aviez parlé de territoires produisants pétrole, matières premières, ressources diverses j'aurais compris (Congo suisse par exemple), mais les marchés?
Est-ce qu'en Suisse le renseignement/défence des technologies est ressort de l'armée (défence)?


l'armée doit lutter à son niveau contre la subversion du communautarisme et de l'incivisme. ??? "incivisme"

La défense des marchés est la résultante des actions s'inscrivant dans le domaine matériel comme immatériel. ??? "immatériel"

Une armée qui s'ingère dans La défense des esprits ne peut cependant se satisfaire de telles actions contre-offensives : laisser volontairement l'initiative dans le domaine sémantique revient à abandonner par avance les éléments constitutifs des perceptions publiques, les points de repère et les références des jugements futurs. L'armée doit résolument prendre l'offensive dans ce domaine


Et pour le côté offensif?


Dans d'autres contrée des telles déclarations précédaient la sortie des tanks pour occuper les centres de communication, centres du pouvoir, administration, on ouvrait les stades ...

à quand le quadrillage de Genève colonel?

Je sais me tromper, j'implore votre explication

merci

un lecteur assidu

Publié par Mikhaël le 27 février 2007 à 22:25

"Est-ce du charabia d'intellectuel après une bonne cuite ou un concept applicable ??? Si oui lequel?"

Alors, on va abandonner la "léopardisation" comme concept intellectuel pour stratège de bistrot, en s'essayant maintenant à la référence footballistique.

Après tout, driver une équipe de foot, c'est un peu comme emmener une compagnie au combat, une histoire d'hommes à fédérer et à conduire vers un objectif précis.

Donc, Gabet Chapuisat , dans le Nouvelliste du 9 février 2007, expliquant au journaliste qu'une équipe de football "léopardisée" (pardon), c'est pas le top question performances et facilité de commandement.

"Certaines rumeurs font état d'une mauvaise ambiance au sein du groupe, est-ce le cas?

Il est évident qu'un tel groupe n'est pas facile à gérer. Car on y trouve des différences tant raciales que culturelles et religieuses."

Capito?

Publié par fass57 le 27 février 2007 à 22:39

En lien direct avec cet article et la conversation qui l'accompagne, j'aimerais vous signaler l'excellent petit livre du général (français) Jean du Verdier : De la non-violence à la force légitime ?.

Je ne suis ni l'auteur, ni affilié à lui ou à l'éditeur, mais je viens d'en terminer la lecture, et il m'a été précieux. J'y ai notamment apprécié :

- un réexamen bienvenu de la question de la force et de sa légitimité à la lumière de la tradition philosophique européenne (un point faible crucial de notre culture contemporaine)
- une analyse originale des causes et prétextes de quelques conflits récents
- une analyse des principales caractéristiques des nouvelles guerres auxquelles nous devons nous préparer et auxquelles nous ne nous préparons pas (asymétriques en effet, et "civiles")

Le style est concis, perspicace, essentiel. Il est également très libre, sans concessions au politiquement correct.

Sur l'auteur :
JEAN DU VERDIER, général de l'Armée de l'air (2e S), ancien professeur à l'École de guerre aérienne, s'intéresse depuis vingt ans aux problèmes de la sécurité intérieure, de la justice et de la politique de défense. Il est notamment l'auteur de "L'Esprit de défense".

Table des matières :
Introduction
I. L'usage de la force est-il légitime ?
II. La force et l'ordre intérieur des Etats
III. La guerre
IV. Considérations sur l'ennemi
V. Causes et prétextes de quelques conflits récents
VI. Pragmatisme et idéologie
VII. Une force garante de l'ordre international ?
VIII. Donner des armes à l'Europe
Épilogue. Constat et examen de conscience

Publié par Martin le 28 février 2007 à 0:01

En somme, il faudrait imaginer une armée turque, gardienne armée de la démocratie. Peut-être faudrait-il toiletter notre constitution fédérale (à l'image de celle de Turquie justement)afin d'éviter le dernier mot de la chaîne pénale du type: "crime de guerre, que de faire la guerre, que de penser même la guerre..."

Publié par louis le 28 février 2007 à 0:04

Je remercie "louis" qui a bien voulu prendre en considération le côté "chilien" (ou gréc) de cette guerre moderne.

J'aurais beaucoup apprécié une réponse de la part Ludovic, mais enfin, on fait avec, ou plutôt sans.

Être un troublion/voix discordante (voir entre autres dossier Iran) ça a un prix, que j'assume avec sens du devoir.

Publié par Mikhaël le 28 février 2007 à 18:03

La patience est la mère de toutes les vertus, Mikhaël...

Je ne peux pas être à la fois au four et au moulin ! :-)

Publié par Ludovic Monnerat le 28 février 2007 à 18:28

"Ceci dit, l'idée que les esprits soient sujet de défence/conquète ça va sans dire (Mao, Trinquier, César ...) mais que les marchés le soient sur le même niveau me laisse extrèmement perplexe.
Comment l'armée a comme objectif des marchés? Si vous aviez parlé de territoires produisants pétrole, matières premières, ressources diverses j'aurais compris (Congo suisse par exemple), mais les marchés?"

De facto, c'est le cas : le fait de préserver et/ou de restaurer la normalité d'une zone donnée, mission centrale des armées aujourd'hui, revient à préserver et/ou à restaurer leurs activités économiques. Donner du travail aux gens est bien l'une des clefs de la contre-insurrection, non ? Eh bien, il n'y a pas de meilleure manière d'y parvenir que d'avoir une liberté économique maximale.


"Et pour le côté offensif?

Dans d'autres contrée des telles déclarations précédaient la sortie des tanks pour occuper les centres de communication, centres du pouvoir, administration, on ouvrait les stades ..."

Prendre l'offensive, pour moi, signifie produire délibérément un effet visant à altérer les capacités, la volonté, la légitimité ou le savoir d'un ou de plusieurs acteurs déterminés. Pas besoin de chars pour attaquer dès lors que l'on renonce à contrôler le territoire : c'est par l'influence sur les esprits que l'offensive est la plus abordable, dans toutes les situations.


"à quand le quadrillage de Genève colonel?"

Je m'y rends régulièrement, mais je ne danse pas le quadrille ! :-)

Publié par Ludovic Monnerat le 28 février 2007 à 21:54

"Prendre l'offensive.." on pourrait alors ajouter: "visant à altérer la perception" ce qui nous plait bien ;-)

Publié par louis le 28 février 2007 à 23:19

Non, je parlais du côté prise de pouvoir militaire qui plane sur votre artcile.

Que par exemple l"incivisme" soit un danger pour la démocratie et qu'il soit le résultat d'un chavirement du sens de la société c'est évident, mais à travers votre proposition on dirait que vous ayez la tentation de jetter le bébé (démocratie) avec l'eau sale ("incivisme" etc).

Mettre tout sous l'autorité militaire évoque la dictature (militaire) qui est l'opposé de la démocratie.

Pour cela je vous posait la question du quadrillage (et pas de la quadrille comme vous avez détourné la question).

Un point qui n'a pas été, à mon avis, élucidé ce sont les interventions offensives ... un autre c'est le concept de liberté économique maximale (dans votre réponse) maximale comme au far-west?

merci pour y répondre

Publié par Mikhaël le 6 mars 2007 à 1:41

Mikhaël, l'éducation donnée durant le service militaire ne peut être confondue avec une dictature militaire. Puisque quelque 60% des jeunes Suisses passent entre 18 et 25 semaines dans les écoles de recrues de l'armée, puis effectuent 5 à 6 cours de répétition (je ne parle ici des soldats en service long, qui effectuent tout leur service en un bloc), cela a toujours donné une opportunité de leur inculquer des valeurs de camaraderie, d'altruisme et de discipline qui profiteront à l'ensemble de la société. Je ne parlais pas d'autre chose.

Pour la liberté économique, oui, maximale, mais dans le cadre démocratique et fédéral, avec les différents outils utilisés par la Confédération pour favoriser une croissance économique tout en maintenant la paix du travail.

Je me rends bien compte que mes propos sont mal interprétés en raison des schémas différents en France, mais je m'exprime toujours en tant que citoyen helvétique...

Publié par Ludovic Monnerat le 6 mars 2007 à 8:11

En France, on ne peut dire que le service national servait à "conditionné" les jeunes gens qui y passait ;) Il n'y a pas de commissaires politiques chez nous.

Publié par Frédéric le 6 mars 2007 à 15:03

Vous plaisantez, j'imagine, Frédéric ? Il ne s'agit pas ici de commissaires politiques, mais bien de chefs militaires capables de contribuer à l'éducation des jeunes adultes. Ce mot, "éducation", a été rayé des règlements lors du passage à l'Armée 95, mais a été réintroduit comme but de l'instruction lors de la réforme Armée XXI, pour de très bonnes raisons...

Publié par Ludovic Monnerat le 6 mars 2007 à 15:22

Pensez-vous réellement que 25 semaines (et des cours) puissent modifier ce qui produit l'"incivisme"? Réellement? Ce n'est pas un processus qui se développe depuis la plus jeune enfance?

Vous pouvez les former militairement, mais vous ne pouvez pas le faire d'un point de vue "citoyen", ne controlant pas la société ... à moins que ...

Je suis d'accord que cet "incivisme" mine la sociéte démocratique occidentale et je suis d'accord qu'il faille la combattre, mais ce n'est pas l'"instruction" qui va y changer quoi que se soit.

Il s'agit d'une action qui commence par les familles (qui les forme?), l'école (qui en a la volonté?), la société (qui s'en fiche, sinon pour en tirer un profit dans une "liberté économique maximale"?).

On dirait que vous voulez trattraper le tout par le canon du fusil (fonction militaire).

Le probléme est beaucoup plus vaste. Il s'agit d'une action sociétale.

Et en parlant de marchés, comment penseriez-vous "défendre" (militairement) une éventuelle EADS suisse de l'achat des chekistes de Putin quand l'échelon politique s'occuperait plutôt de développer le "patriotisme économique" en défendant Danone (équivalent de Nestlè) d'une OPA légitime?

Option militaire sans la volonté politique n'existe pas.

En tout cas quid de la fonction offensive? Autre point obscur.

Publié par Mikhaël le 6 mars 2007 à 19:49

?

Publié par Mikhaël le 7 mars 2007 à 16:53

Quelle impatience, à nouveau, Mikhaël...

Merci de me dire ce que je sais déjà , à savoir que la volonté politique détermine le succès de toute option militaire avant même qu'elle soit déclenchée. Non, je ne pense pas que l'armée puisse à elle toute seule compenser l'absence d'éducation au civisme. Mais cela ne permet de disqualifier le rôle de l'armée dans ce processus.

En matière de marché, encore une fois, c'est la stabilité de la Suisse - à laquelle l'armée contribue - qui est l'élément essentiel.

Quant au dernier point, je ne suis pas en mesure d'écrire à son sujet en parlant de l'armée suisse.

Publié par Ludovic Monnerat le 7 mars 2007 à 22:15