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16 janvier 2006

Iran : planification d'emploi (6)

Il est temps de passer à la suite de notre planification, en l'occurrence l'analyse des facteurs géographiques. La démarche devient ici un peu plus technique, plus précise aussi, avec des éléments mesurables qui exigent une recherche d'informations plus approfondie. Pour simplifier les choses, nous rangerons dans ces facteurs les éléments suivants : le terrain, avec le relief, la couverture et les infrastructures, les éléments météorologiques, hydrologiques et océanographiques, ainsi que les conditions médicales et épidémiologiques. En revanche, les facteurs plus directement liés aux populations et à leurs activités seront traités plus tard. Une planification, cela prend du temps !

Pour se lancer dans cette analyse, il est nécessaire de consulter certaines données disponibles en ligne (par exemple ce profil au format PDF ou cette collection de cartes). Au niveau opératif, l'analyse du milieu - comme on le dirait en Suisse - est cependant rendue problématique par la dimension du pays et par la nature interarmées de la réflexion : les préoccupations changent diamétralement entre les composantes (terrestre, aérienne, maritime, spéciale, informationnelle), et l'éventail des possibilités reste trop vaste pour aller dans le détail. Il est donc nécessaire de se concentrer sur des facteurs très généraux, afin d'en tirer des conséquences valables pour la répartition des efforts entre les composantes.

Voici quelques éléments pour entrer dans la problématique.

Enoncé Déduction Conséquence
L'Iran est un pays de grande taille, mesurant environ 1800 km en longitude et 1300 km en latitude, avec de longues chaînes montagneuses et deux zones désertiques qui entourent et segmentent des zones urbaines d'une densité généralement faible. La dimension et la configuration du pays le rendent défavorable aux opérations offensives aéroterrestres conventionnelles, en raison de la longueur des lignes de communication et des effectifs nécessaires pour les sécuriser, et nécessitent l'emploi de moyens aériens pour le transport et le soutien des éléments au sol. Un engagement durable de troupes au-delà de la zone frontière prendra la forme d'opérations spéciales focalisées sur la reconnaissance / surveillance, la désignation d'objectifs et les actions de guerre non conventionnelle, appuyées par une composante aérienne disposant d'une suprématie constante.
Le Golfe Persique et le Golfe d'Oman longent presque tout le sud de l'Iran, sur une longueur de 2440 km, et sépare ce pays des petites monarchies de la péninsule arabique (à l'exception du Koweït), traditionnellement alliées aux Etats-Unis et ou ceux-ci disposent d'infrastructures permanentes. La protection de ces petites nations et de ces infrastructures nécessite un contrôle de l'espace maritime et aérien qui les sépare de l'Iran, afin d'empêcher des représailles ou des attaques préemptives par le biais d'actions terroristes navales, de raids aériens ou de tirs de missiles balistiques. Avant même le déclenchement de l'opération, une force aéronavale puissante - centrée autour de groupes distants - doit contrôler le Golfe Persique et le Golfe d'Oman, empêcher toute intrusion d'éléments hostiles et déployer une capacité antimissile.

J'ai pleinement conscience que cela n'est pas de la première simplicité. Mais je vous laisse néanmoins le soin de vous lancer dans cette nouvelle étape ! :)

Publié par Ludovic Monnerat le 16 janvier 2006 à 23:00

Commentaires

Un grand territoire est aussi défavorable au défenseur.
Les diverses ops menées en Afghanistan et en Irak ont acclimaté troupes et matériels, et c'est important.
L'essentiel sera la protection des convois logistiques, et la coalition a un certain savoir-faire dans le domaine.
"Capacité antimissile" Euh, ça fonctionne déjà suffisament bien? Parce que l'Iran a des Sunburn, pas des Fritz-X, et que les flottes risquent de souffrir, sans compter les Kilos.
Cordialement.
S.

Publié par Stauffenberg le 16 janvier 2006 à 23:26

L'Iran a des frontières communes avec les principaux Etats dans lesquels se manifestent les terroristes islamistes.

Un conflit déclenché en Iran pourrait renforcer l'axe terroriste.

Un large cordon sanitaire devrait être mis en place avant l'ouverture des hostilités

Publié par Alex le 17 janvier 2006 à 8:32

Votre dernier billet prouve, s'il en était encore besoin, qu'une intervention physique en Iran n'a rien de facile et qu'elle soulève de nombreuses questions tactiques.
Vos derniers messages m'ont donné une idée, que l'on pourrait de prime abord trouver totalement saugrenue, mais que je me permets de vous donner ici, parce qu'elle est je crois intéressante.

Ainsi, l'Europe se retrouve au pied du mur devant une provocation iranienne. Prenant cette provocation au sérieux, l'Europe affirme son indignation, mais ne fait rien, n'agit pas, et par conséquent c'est comme si elle cédait à la provocation.
Dans ces colonnes est évoquée l'idée que l'on puisse répondre tout aussi sérieusement à cette provocation en menaçant de l'emploi des armes. (Chose que pour l'instant l'Europe, on l'a vu, se refuse à faire).
N'y aurait-il pas une autre solution - et c'est là que je veux en venir.
L'Iran provoque l'Europe. Mais, cette provocation a quelque chose d'énorme, de volontairement grotesque.
Est-ce que, justement, la solution, qui dégonflerait la baudruche, ne serait t-elle pas de répondre par quelques chose d'aussi grotesque, du genre "Eh oh les iraniens, c'est pour vous envoyer en l'air que vous avez besoin d'une bombe atomique ?"
Vous allez me dire que mon idée est bien amusante, mais qu'ici on est dans un monde sérieux.
Je vous rétorquerais que nous sommes à une époque de guerre subversive et de conquête des esprits.
Un moyen physique n'est pas de prime abord le plus efficace.
D'ailleurs, si nous considérons le langage comme une arme, ne dit-on pas justement, que le ridicule tue ?

Amicalement.

Publié par Juan Rico le 17 janvier 2006 à 9:56

Ah, avoir un porte-avions dans la Caspienne... La Russie ne pourrait pas nous aider pour ca? Au moins une force navale + porte-hélicos? Je pose la question d'un point de vue "technique", la participation de la Russie à la coalition n'étant pas encore réglée...

A mon avis, la dispersion des cibles va nécessiter des bases terrestres, et disséminées dans plusieurs pays (Irak, mais aussi idéalement Azerbaidjan, Turquie & Turkménistan - l'Afghanistan me semble trop éloigné, à part pour participer à la sécurisation du détroit d'Ormuz, et encore).

Ils ont une jolie forteresse, là ... Même si les moyens ne sont pas comparables, y a-t-il des ressources disponibles sur la guerre iran-irak d'un point de vue militaire?

Publié par ylyad le 17 janvier 2006 à 10:02

En partant d'une coalition centrée autour des Etats-Unis, je ne pense pas que l'espace aérien soit un problème majeur. C'est sûr que le pays a des dimensions impressionnantes, mais il est également entouré de bases alliées ou coalisées ; c'est un élément à prendre en compte. De plus, si une opération a lieu, elle verra probablement pour la première l'entrée en lice d'un trio d'avions furtifs - bombardiers B-2, chasseurs-bombardiers F-117 et chasseurs F-22. Nous verrons certes plus tard dans l'analyse des forces adverses comment tout cela peut se mettre en place...

Publié par Ludovic Monnerat le 17 janvier 2006 à 18:26

Il faudra peut-être finalement envisager le support tactique de la France, au vu des dernières déclarations étonnantes, de Jacques Chirac.. en n'excluant pas le recours à des charges nucléaires de faible puissance...

Publié par Ares le 20 janvier 2006 à 12:29

@ Ares, je ne vois pas de déclaration étonnante de Jacques CHIRAC. C'est la position traditionnelle de la France depuis De GAULLE. Aucun gouvernement, de droite ou de gauche ne modifiera ce " Pacte " que la France a signé avec l'atome. L'Armée française ( sans que cela soit dit ) en est la garante. Jacques CHIRAC a répété souvent que la France n'était pas inféodée à la paix, durant la crise de l'entrée en guerre des Américains. On a tendance à occulter ses paroles quand elles divergent de ce que ses adversaires voudraient qu'elles soient... un peu comme Bush. CHIRAC est peut-être tordu mais ce n'est pas un pacifiste de la Gogauche. Pourquoi CHIRAC s'est braqué face aux Américains, là est la question ? avoir été si intransigeant est à mon avis une erreur ( surtout si c'était pour sauver l'ONU ) mais CHIRAC un Chef de fil de la Paix, ça c'est une rigolade et la relation de la France avec le monde Arabe ressemble comme deux gouttes d'eau à celle des États-Unis ( et ça date de quelques siècles en arrières. Le Maroc est parait-il le premier pays à avoir reconnu les État-Unis d'Amérique ).

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 21 janvier 2006 à 5:10

- Le pays montagnard est bien situé en Iran;

- Les pays musulmans ont toujours eu plus de difficulté avec les Montagnards;

- Les Forces spéciales ne devraient pas avoir de difficulté à approcher des Montagnards;

- Cette forteresse naturelle devrait faciliter le développement de l'Armée de Libération;

- La cohésion des groupes doit être encore très forte en pays montagneux avec une nostalgie du passé encore présente dans les meurs;

- L'exode rurale doit faciliter les contacts clandestins en zone urbanisée car de nombreux ex-montagnards doivent se sentir marginalisés quand il s'installent dans les villes de la plaine;

Je pense que nous devrions " travailler " les montagnes pour " capturer " la plaine et quel dommage que la Suisse soit neutre ;-)

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 23 janvier 2006 à 4:03

beaucoup de pipo...

Des strateges amateurs qui pensent déjà à la guéguerre.

L'Iran dispose de ses industries. De ses atouts militaires.

Ce n'est pas l'Irak ou la Serbie affaiblis par 20 ans de guerre et d'embargo!

Ce n'est pas l'Afghanistan des talibans mal armés et non éduqués.

Saddam aussi pensait pouvoir gagner avec sa seule supériorité numérique, le soutien de l'Occident et sa logistique. On voit ce que ca a donné...

Bien à vous.

Publié par ben voyons le 6 juin 2006 à 13:45