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30 octobre 2005

Vers la sécurité civilo-militaire

Une troisième nuit consécutive d'émeutes a eu lieu dans la banlieue parisienne, à Clichy-sous-Bois, où vivent plus de 28'000 personnes dont la moitié âgées de moins de 25 ans, dont une forte proportion originaire d'Afrique du Nord. Ces violences ont été moins importantes que les deux nuits précédentes, avec des jets de pierre sur les pompiers et la police ainsi que 20 voitures incendiées. La veille, les forces de l'ordre avaient dénoncé une véritable "guérilla urbaine", alors qu'un syndicat de la police avait appelé aux renforts de l'armée pour juguler une situation de "guerre civile".

Ces mots percutants peuvent sembler exagérés, alors qu'une seule balle de gros calibre a été tirée sur un car des CRS et que les cocktails Molotov ont sinon été les armes les plus dangereuses de ces jeunes gens qui se sont battus suite à la mort par électrocution de deux d'entre eux. Mais en étudiant les images des affrontements et en prenant les effectifs impliqués (400 jeunes contre 250 à 300 policiers vendredi soir), force est d'admettre que les forces de l'ordre françaises font face à une insurrection rampante, à une intifada potentielle que le moindre incident grave [et non étincelle, ce mot est ici inapproprié] peut déclencher.

De telles violences sont en effet quotidiennes à un degré moindre, au point que les forces de police et les pompiers sont systématiquement l'objet de caillassages sans que cette désobéissance criante soit vraiment médiatisée. Et le chômage qui frappe ces jeunes gens n'est pas le seul facteur de violence : la diffusion de valeurs islamiques dans une population immigrée, notamment, favorise la distanciation par rapport à l'autorité de l'Etat, et l'adoption d'une identité communautaire qui lui est résolument opposée. Autrement dit, c'est dans de telles banlieues que se fabrique un ennemi intérieur, par un phénomène qui se déroule dans presque toute l'Europe.

L'appel de policiers au soutien de l'armée ne doit donc pas surprendre. Il va immanquablement se reproduire chaque fois que les forces civiles seront confrontées à une menace qui va au-delà de leurs capacités, de leurs méthodes, de leurs équipements aussi. Pour l'Armée de Terre française, par exemple, il n'y aurait pas une grande différence entre la sécurisation de Clichy-sous-Bois et celle de Kosovska Mitrovica : les missions de maintien de la paix ont donné aux militaires une expérience et un savoir-faire qui peuvent aisément être appliqués à l'intérieur des frontières nationales. Bien entendu, cet emploi est à double tranchant et comporte des risques d'escalade certains. Mais les zones de non droit sont des chancres qui peuvent ronger une société.

Une telle perspective est encore loin d'être répandue. En Suisse, où vient d'être inaugurée la nouvelle académie de police de Savatan, qui fait l'exploit fédéraliste de rassembler les aspirants des polices cantonales et municipales de Vaud et du Valais, on brandit encore et toujours le spectre de la "militarisation de la sécurité intérieure" comme si rien n'avait changé depuis des décennies. L'engagement de l'armée pour des prestations subsidiaires de sécurité, que ce soit dans la surveillance des bâtiments consulaires ou dans l'appui à la protection de sommets internationaux comme le WEF, est toléré comme un pis-aller. Les remerciements sont en proportion...

Un jour viendra où policiers, gardes-frontière et militaires seront déployés sous un commandement commun pour des opérations de sécurité intérieure. Les circonstances nous y amèneront. Et si cette perspective n'est pas exactement souriante, compte tenu de la gravité nécessaire de ces circonstances, il est néanmoins préférable de s'y préparer mentalement.

COMPLEMENT (1.11 1535) : Lorsque l'on voit les affrontements se poursuivre et s'étendre, on ne peut que prendre conscience du danger qui réside dans ces banlieues, du potentiel de violence qui peut aller bien plus loin. Lorsque des policiers se mettent à trouver normaux de simples caillassages de leurs véhicules et des jets de cocktails molotov, c'est que vraiment quelque chose est en train de changer dans l'appréhension de la menace. Ou quand la négation de tout ennemi extérieur aboutit à l'aveuglement face à l'ennemi intérieur.

Publié par Ludovic Monnerat le 30 octobre 2005 à 8:06

Commentaires

Je n'aime pas trop ce jeu de mots:

"que la moindre étincelle peut déclencher"

alors que les jeunes sont morts électrocutés

Publié par Deru le 30 octobre 2005 à 11:26

C'était purement involontaire ! D'ailleurs, je viens de corriger... Merci !

Publié par Ludovic Monnerat le 30 octobre 2005 à 12:12

A notez cette article de Libération sur l'organisation des sapeurs pompiers de Paris qui utilise justement leur formation militaire pour tenter de travailler dans ces guérillas urbaines :

http://www.liberation.fr/page.php?Article=334690

Publié par Frédéric le 30 octobre 2005 à 13:31

Les familles des deux jeunes victimes viennent de porter plainte pour non assistance en danger.

Je suis désolé pour eux, mais les policiers en service à ce moment là ne peuvent être tenus pour responsables.

C'est uniquement l'imbécilité des 2 jeunes qui a provoqué ce drame.

...et tous ces casseurs se moquent bien de la mort de 2 "jeunes", cet accident n'est qu'un prétexte !!
Tout ça me fait g..er

Publié par Frédéric le 30 octobre 2005 à 14:08

Merci pour le lien vers l'article de Libé, effectivement très intéressant. Et révélateur de notre époque : n'est-il pas invraisemblable que des sapeurs-pompiers, entièrement voués au bien de la population, se fassent constamment agresser parce qu'ils appartiennent aux forces de sécurité ? Les causes d'une telle fracture sont bien trop profondes pour être aisément résorbées.

Publié par Ludovic Monnerat le 30 octobre 2005 à 15:03

Eh oui, nous vivons dans des temps bien étrangement bien-pensants et complaisants, où la police doit s'excuser de faire son travail (ici des contrôles d'identité suite à des infractions :apparemment, un vol de chantier) et même quand les momes à la conscience tranquille se mettent à courir et se cachent dans des lieux dangereux (turbine ou transfo EDF) ...

"L'avocat des familles des deux mineurs a annoncé dimanche qu'il allait porter plainte avec constitution de partie civile au tribunal de Bobigny lundi. «Pourquoi
des jeunes qui n'ont rien à se reprocher, se sont-ils sentis surffisammment menacés pour pénétrer sur un site dangereux (...) et se cacher à l'intérieur d'une turbine ?», s'est interrogé Me Jean-Pierre Mignard."

http://www.lefigaro.fr/societe/20051030.FIG0155.html?142307

Sans parler effectivement de ces pompiers qui doivent subir caillassages et injures pour faire leur boulot , comme l'incendie de cet immeuble de l'Haye-les-roses par deux jeunes mineures qui avait fait 16 victimes début septembre et où le maire socialiste de la commune, Patrick Sève, avait parlé d'"acte d'incivilité"!

Ou de ce chiffre des RG (début septembre) de plus de 20.000 voitures brûlées depuis janvier, soit quelque 30 000 pour l'année ! (ce qui semble quand même beaucoup, même si on déduit les accidents et les arnaques à l'assurance) .!

Voir :

Le climat avait été donné lors du 14 juillet. Cette nuit-là , plusieurs centaines de voitures avaient flambé, notamment en région parisienne. Incendies accompagnés d'affrontements avec les policiers. /!/ 14 départements sont particulièrement touchés. Cette banalisation des comportements agressifs et de la violence affectent particulièrement le Bas-Rhin, les Bouches-du-Rhône, le Nord, le Pas-de-Calais, le Rhône, la Seine-Maritime, la Seine-et-Marne, les Yvelines, l'Essonne, le Val d'Oise, la Seine-Saint-Denis, les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne, et l'Isère où l'incendie de voiture devient une banalité. Exemple typique dans la banlieue de Grenoble : la brigade de gendarmerie interpelle un mineur de 15 ans pour conduite sans permis. Dans les heures qui suivent, pour le venger, deux de ses amis, un mineur et un jeune majeur, mettent le feu à 15 voitures !

http://fr.news.yahoo.com/050909/214/4kq6h.html

Sans compter, que comme le rappelait un pompier dans l'article de Libératin cité plus haut:

"Pendant qu'ils nous agressent, ces jeunes ont peut-être un parent, un ami qui a besoin de nous, et de cela, ils ne sont pas conscients."

Publié par jc durbant le 30 octobre 2005 à 15:56

"... C'était purement involontaire ! D'ailleurs, je viens de corriger... Merci !..."

Alors je vous caillasse pour avoir osé écrire en Français car je trouve le mot " étincelle " aussi approprié que " moindre incident grave " qui pue la rectitude. Vous auriez du écrire en Sabir mais l'Helvétie est loin de la méditerranée et c'est comme ça que l'ennemie intérieur menace nos institutions. Ces énervés, ces gâtés de démocratie, s'ils étaient sous le joug d'une dictature n'auraient même pas pensé en imputer la faute au grand timonier. Ils auraient crié mort aux Occidentaux qui osent fabriquer de telles horreurs. Les lampes à huile et les esclaves ne font pas d'étincelles. Le Génie de la bêtise qui nous habite menace nos démocraties. Le Génie des lumières que nous voulons exporter soufflera-t-il assez fort pour faire tomber le rempart d'une jeunesse trompée, amoureuse de tyrannie, de haine et d'inculture.

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 30 octobre 2005 à 16:59

"Les causes d'une telle fracture sont bien trop profondes pour être aisément résorbées"

Et elles ne pourront pas l'être. Une aggravation semble bien plus probale car sa résolution requiert une réevaluation des causes qu'aucun politicien en place ne peut mettre en oeuvre sans risquer quelques désagréments.

Pour le moment, la méthode Coué parait être la seule autorisée.

Publié par fingers le 30 octobre 2005 à 17:11

Pourquoi parler d'intifada?

C'est un JIHAD sans les moyens!

Que pensez-vous qu'ils auraient fait s'ils avaient eu les moyens de la "résistance" irakienne? Bombes sur le bord de la route, voiture bombe avec poids sur l'accélérateur lançée contre les véhicules des forces de l'ordre, escaliers et buissons piégés, RPG et grenades à partir des toits, MAG à hauteur de la pelouse, groupes d'assaults sur les flancs ... bref une guerre.

Et quand on parle d'UNE SEULE balle, on sait qu'une seule a touché le véhicule.
Pensant à une arme courte (9mm - 45 - 357) il faudrait déjà s'étonner qu'elle ait touché quelque chose partant de l'hypothèse que les tir n'est pas parti de près, ce qui laisse imaginer qu'il y ait pu y avoir plusieurs tirs (non identifiés n'ayant touché aucun véhicules) et une volonté conséquente de tuer (gros calibre).


Il faut appeler les choses par leur nom.

Publié par Mikhaël le 30 octobre 2005 à 18:56

Je relativise; on prétend quant matiére de société, ce qui arrive aux Etats-Unis touche l'Europe 10 ans aprés.

1992, emeute à Los Angeles; 2005, Birmingham (ou il a eu aussi des morts), Clichy-sous-Bois méme combat.

Publié par Frédéric le 30 octobre 2005 à 21:22

Cet article présente une réflexion intéressante. On peut tout de même douter de l'utilisation prochaine de l'armée de terre pour sécuriser les banlieues.
L'utilisation de l'armée mettrai en cause l'efficacité des compagnies républicaines de sécurité, qui sont celles employées dans de tels cas. D'autre part, la gendarmerie est tout à fait apte à remplir ces missions.
Les gendarmes peuvent tout à fait être amenés à contrôler les foules efficacement, mais également à se déployer pour faire face à une "guérilla urbaine". Les gendarmes possèdent notamment du matériel adapté (blindés légers, armement militaire, etc.), ainsi que des unités spécialisées, pour faire face à des situations dangereuses.
Les gendarmes sont souvent appelés en renfort dans les "zones police", et la plupart des préfets préfèreraient avoir recours aux gendarmes plutôt qu'à l'armée, pour des raisons symboliques.
Un tel déploiement me paraît donc peu probable dans un futur proche et surtout pas forcément indispensable, même s'il pourraît être ordonné dans un but médiatique.
Pour revenir sur la remarque de Mikhaël, des fusils d'assaut et des explosifs sont disponibles de longue date dans "les cités".
On peut donc douter de la volonté des "combattants ?" de les utiliser.

Publié par Mugon le 31 octobre 2005 à 8:11

Désolé pour cette petite interruption publicitaire (mais c'est pour une bonne cause !):

n'oubliez pas de VOTER (avant le 21/11) pour les meilleurs blogs francophones:

Mon choix:

(http://www.thebobs.de/thebobs05/bob.php?site=vote)


N° 1: http://politiquearabedelafrance.blogspot.com/


(un service d'intérêt public à lui tout seul !)


N° 2: http://chine.blogs.liberation.fr/pekin/
(un modèle de rigueur et d'intégrité intellectuelle !)

voir :

La Chine colonise le Tibet : Le Monde approuve, Libération condamne

Media-ratings
le 27 octobre 2005

http://m-r.fr/actualite.php?id=1200


N° 3: http://www.agoravox.fr/

(le petit dernier et...1er blog citoyen !)

Publié par jc durbant le 31 octobre 2005 à 12:21

"Pour revenir sur la remarque de MUGON, des fusils d'assaut et des explosifs sont disponibles de longue date dans "les cités".
On peut donc douter de la volonté des "combattants ?" de les utiliser.


REPONSE:
On peut douter de la volonté des "grands frères" à laisser jouer les "petits" avec.

Publié par Mikhaël le 31 octobre 2005 à 17:47

Il est vrai qu'aprés l'affaire du '' fou de Béziers '', où un jeune délinquant armé d'une AK47 et d'un RPG 7 a parcouru la ville en entonnant des versets du Coran en août 2001. Il n'a "que" dans les affaires de grands banditisme ou l'on entend parler d'armes de guerre. On ne tire pas (encore ?) dessus à coup de P-M aux arréts de bus.

Publié par Frédéric le 31 octobre 2005 à 20:46

...Cela viendra. Pour le moment, le jihad est dans sa phase préparatoire: c'est un test des défenses de l'adversaire, de sa préparation, de sa motivation, de sa capacité de réaction. Du côté des djihadistes, il s'agit aussi de mesurer la capacité de mobilisation des troupes (cela fait maintenant plusieurs nuits que ça dure), la propension à étendre la guérilla à des quartiers connexes, etc. Et je suis sûr que les résultats de cet essai sont très surveillés par bien d'autres groupes dans toutes les banlieues de France.

Les groupes révolutionnaires ont aussi droit à leurs exercices grandeur nature! C'est exactement ce dont il s'agit.

Publié par Stephane le 1 novembre 2005 à 9:45

« Cela viendra. Pour le moment, le jihad est dans sa phase préparatoire: c'est un test des défenses de l'adversaire, de sa préparation, de sa motivation, de sa capacité de réaction. »

Bonjour, quels éléments vous permettent d'avancer une telle hypothèse ? Ainsi balancée, cette affirmation me semble plus être un phantasme qu'une réalité.
Pour ma part, je suis d'avis que les problèmes des banlieues ne se limitent pas à une guerre de religion. Actuellement, on a tendance à tout ramener à ce sujet, alors que d'autres éléments devraient être pris en compte (manque d'encadrement de la part de certains parents, absence de perspectives sociales et professionnelles, création de ghettos, mauvaise intégration et désintérêt pour certaines banlieues, etc.).

Alex

Publié par Alex le 1 novembre 2005 à 14:22

A Alex: effectivement, j'y vais peut-être un peu fort en parlant de jihad. Le terme de guérilla révolutionnaire vous conviendrait-il mieux?

La religion n'est pas l'élément moteur de ces troubles terriblement graves. Pas plus que le désir de réforme, la volonté d'une vie meilleure ou une protestation contre les valeurs de la république. Le moteur de ces lanceurs de bombes incendiaires, c'est le nihilisme pur et simple, la haine destructrice et aveugle. S'ils le pouvaient, ils détruiraient tout - et il faut bien reconnaître qu'ils détruisent tout ce qu'ils peuvent.

Si les devants de la scène ne sont pas tenus par des islamistes, je pense néanmoins que la colère qui anime ces jeunes enragés, presque des meutes d'animaux, est alimentée par un combustible largement fourni - mais ce n'est pas la seule source - par des prédicateurs islamistes, des animateurs de quartiers infiltrés, des "grands frères" avec l'influence requise, qui se servent des excités comme première vague d'assaut. Avec quelques mensonges soigneusement choisis, des rumeurs, une haine de l'ordre et de ses gardiens imprégnant suffisamment l'existence, il ne reste plus qu'à laisser la poudrière exploser. Et ce qui est remarquable, c'est que le système est si bien huilé que lorsque les échauffourées cesseront, la rage et la haine de ceux qui s'en prennent même aux pompiers n'aura pas diminué d'un iota. Ils arrêteront à cause de la fatigue et de l'épuisement, pas parce qu'ils auront changé d'avis.

Peu importe ce que croient ceux qui lancent les cailloux, l'important est dans les plans qu'ils permettent de faire avancer: la démonstration médiatique de l'impuissance de l'Etat, l'officialisation des zones de non-droit, une démonstration de force exemplaire pour toutes les autres banlieues de France, où les mêmes mouvements cherchent à provoquer les mêmes effets.

C'est en ce sens que je considère qu'il s'agit d'un exercice (un exercice très réel!) à une échelle réduite, en attendant quelque chose de plus global. Les régiments de CRS ne sont pas en nombre infinis.

Publié par Stephane le 1 novembre 2005 à 15:55

"Les régiments de CRS ne sont pas en nombre infinis." Et les escadrons de gendarmerie non plus. C'est pour cela que je parlais de l'Armée de Terre dans mon billet, une armée déjà engagée dans Vigipirate : ce serait vraiment le symbole d'une sécurité civilo-militaire.

Concernant la disponibilité d'armes de guerre dans les cités, est-ce qu'il existe des sources récentes? J'avais trouvé en 2002 quelques éléments d'information à ce sujet (ainsi qu'une image sur le cas de Béziers), mais je n'ai plus suivi en détail la question.

Publié par Ludovic Monnerat le 1 novembre 2005 à 16:21

La Gendarmerie est la pour cela, et elle a des effectifs qui sont au méme niveau que l'Armée de Terre.

Publié par Frédéric le 1 novembre 2005 à 16:41

Enfin, presque au méme niveau :

http://www.defense.gouv.fr/sites/gendarmerie/

103 000 personnels militaires pour la Gendarmerie contre 134 000 pour l'Armée de Terre.

Publié par Frédéric le 1 novembre 2005 à 16:47

J'entends bien, Frédéric ; mais combien sont disponibles et combien sont engagés dans ces 2 armées? A priori, je dirais que la grande majorité des effectifs de la Gendarmerie nationale sont engagés au quotidien, alors que l'Armée de Terre n'en compte qu'une minorité (entre les OPEX et les rotations hors métropole, cela en touche pas plus que 20%, non ?).

Publié par Ludovic Monnerat le 1 novembre 2005 à 16:53

Les conditions insurectionnelles sont préexistante à l'influence de la religion. Cette dernière ferait plutôt office d'élément d'identification et d'homogénéisation.
( voir par ex. l'outil d'analyse de la violence urbaine de L. Bui-Trong )

Hélas, compte tenu de certains contenus de la dite religion, il est évident qu'elle ne constitue en aucun cas un élément modérateur.
Faire intervenir ses représentants "officiels" en tant que médiateurs ou d'interlocuteurs privilégiés ( dans ce type de situation ) ne peut que lui offrir encore plus de légitimité et de l'influence qu'elle convoite tant ( ce qui finalement est le but de toute religion, surtout si elle se perçoit comme universaliste )et, à terme, favoriser l'éclosion d'éléments radicaux et jusqu'au-boutistes ( qui deviennent d'autant plus difficile à détécter que la population dans laquelle ils baignent est nombreuse )

Publié par fingers le 1 novembre 2005 à 17:13

En effet, les effectifs de la gendarmerie mobile ne regroupe que 16 800 personnels contre 66 000 pour la Départementale :

http://www.defense.gouv.fr/sites/gendarmerie/cache_dossiers/repartitions_des_effectifs_suite.?_&ispopup=1

Mais l'infanterie débarqué de l'armée Française comprend elle moins 12 000 personnes :(

Il faudrait faire comme en Irak et transformée des artilleurs en fantassins en cas de "gros, gros pépins".

Il est à noter, et l'on à déja rappellé ce fait sur ce blog, que les armées participent déja activement à la sécurité du territoire, voir ce petit dossir sur "Vigipirate" :

http://www.prefecture-police-paris.interieur.gouv.fr/documentation/dossiers/vigipirate_2005.pdf

On à atteint un maximum de 4 500 hommes sur l'Ile de France et l'on maintenant à 500/600 militaires rien que pour cette région.

Publié par Frédéric le 1 novembre 2005 à 21:25

Il est tout à fait vrai que les escadrons de gendarmerie ont déjà fort à faire et qu'ils ne sont pas déployables à l'infini.
Je basais principalement ma réflexion sur le problème symbolique que constituerai l'emploi de l'armée de terre dans les cités françaises.

Envoyer des soldats dans les cités amènerait inévitablement des réactions (médiatiques) incendiaires et serait une action politique particulièrement risquée.
L'idée de déployer l'armée pour assurer la sécurité publique au quotidien est intéressante, mais se heurte à des barrières symboliques fortes et pourrait être interprété comme un "échec" du Ministère de l'Intérieur.

Les armes de guerre sont présentes dans les cités (il n'y a pas de chiffres vraiment concrets à ce sujet) et des représentants de la police en font régulièrement état, de manière informelle. On peut supposer qu'elles n'y sont pas disponibles en masse.

Publié par Mugon le 1 novembre 2005 à 22:02

Quelqu'un peut-il me donner une précision sur le statut de la Gendarmerie en France actuellement. De mon temps ( service militaire 1965 ) la Gendarmerie faisait parti de l'Armée de terre et après mon service militaire j'ai été réserviste dans la Gendarmerie ( Armée de terre ). Vous semblez faire une distinction ?

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 2 novembre 2005 à 5:16

À ma connaissance la Gendarmerie Nationale ne dépend pas (plus ?) de l'Armée de Terre. L'ensemble des gendarmes répond aux ordres de la DGGN, dont le directeur doit rendre compte auprès du Ministère de la Défense (missions militaires) et du Ministère de l'Intérieur (missions civiles). Les directeurs de la DGGN ont d'ailleurs longtemps été des civils.
La DGGN n'a a priori pas de liens hiérarchique direct avec l'Armée de Terre. Il n'est pas rare que la Gendarmerie récupère du matériel de l'Armée de Terre (par des procédés légaux et administratifs probablement assez complexes), mais une partie de ses matériels neufs lui est attribuée par le biais du budget du Ministère de l'Intérieur.
Il existe des passerelles assez directes entre l'Armée de Terre et la Gendarmerie pour répartir les effectifs, notamment au niveau des centres de sélection, des centres de formation et de la réserve, mais je ne connais pas leur fonctionnement en détail.
Officiellement la Gendarmerie ne fait donc pas partie de l'Armée de Terre (même si les liens sont nombreux) et sa direction répond directement aux Ministères.
Bien sûr, un coup de téléphone à la DGGN éclaircirait sûrement cette question.

Publié par Mugon le 2 novembre 2005 à 8:03

« S'ils le pouvaient, ils détruiraient tout - et il faut bien reconnaître qu'ils détruisent tout ce qu'ils peuvent. »Stephane

Vous êtes vous posé la question « pourquoi ? ».
Je pense notamment que vous surestimez le facteur religieux.
De mon point de vue, ces jeunes ont pris l'habitude d'être les « maîtres » du territoire qu'ils occupent. Evoluant dans un cadre peu contraignant, ils supportent de moins en moins toute forme d'autorité s'opposant à leur liberté ou faisant intrusion sur leur territoire. D'autre part, des interventions policières régulières pourraient notamment représenter un danger pour une partie des activités pécuniaires menées par les banlieusards. D'autres facteurs, comme le manque de perspectives sociales et professionnelles, la création de ghettos doivent également être pris en compte.
Bien entendu, le phénomène de récupération peut contribuer à aggraver la situation, mais ce risque me semble faible, en raison du caractère réfractaire des jeunes concernés.

Alex

Publié par Alex le 2 novembre 2005 à 13:23

Pour donner une idée de l'atmosphère:

"Les «keufs» sont aussi pris pour cible sur Internet
La mort de Ziad et Bouna est commentée à chaud sur les blogs des cités. Elle suscite surtout des appels à la vengeance.

Sophie de Ravinel
[02 novembre 2005]

«NIKÉ par les keufs» à «Clichy-sous-Bombe» : c'est le genre de commentaires qui fusent sur un blog hébergé par «Skyblog», et consacré à la mémoire de Ziad et Bouna, les deux jeunes morts électrocutés jeudi. Sur fond noir, les photos des deux victimes et de leurs «potes», celle du petit frère de Bouna mais aussi des affrontements, enflamment l'inspiration de Malika, Cindy, Sana ou Sofian, de Missmafia, de Galsene ou de tant d'autres. Derrière leurs pseudos, les jeunes se défoulent contre la police dans un véritable patois phonétique. La violence est omniprésente ; rare sont ceux qui tentent de calmer le jeu. Pour l'auteur du blog «Bons93» tout est justifié car il y a «tro d'freres ds nos cimetiere ki navé pa fini de vivre».

«Qu'allah accorde le paradis et le martyr a mes deux freres», invoque Sofian de Clichy. Quelques lignes plus loin, un internaute du Chesnay propose son aide : «vous inkiete pas, affirme-t-il, le flic von payer e si lec mec de clichy vous avez besoin de nous de mec venez nous voir e vous aidera gagny c pas loin donc venez.»

«La guerre va commencer»

Un autre, du 93, propose aux «mek de clichy» qui auraient besoin «d'effectif pour niké les keuf» de «passé a saint denis». «On est massif alor n'hésité pas», leur lance-t-il. «Mali» renvoi les lecteurs sur son propre blog : de jeunes blacks y sont filmés arme au poing dans une cave.

L'affaire d'une grenade lacrymogène, lancée par les forces de l'ordre dimanche soir à l'entrée d'une salle de prière de la ville, alimente la surenchère. Les commentaires redoublent de violence contre «les fils de chien» qui «gaze ossi la moské». «Batar de sarko», insulte l'auteur avant d'inviter «tt les mec» à «caillaser» la police. «Ke dieu bénisse la france pck la guerre va commencer».

Une internaute tente de calmer le jeu. «Svp les gars ! pour leur famille arrêter la casse ! ! La vengeance ne sert à rien ça ne les fera pas revenir ! Ca risque uniquement d'en faire tomber d'autre sous des balles perdues ! !» «Soyez mature et musulman dans votre tête», renchérit un autre. Dans ce brouhaha silencieux, «une fille du 93 et ki soutien les deux familles» demande à la communauté de faire son deuil «de facon respectable». Mais le dernier mot est amer : «on aurai di ke vous ne voyez pa ke pour eux ca les arrange ke vou foutiez le bordel. Ca maske skils ont a se reproché. Ils sont meme encouragé a tous vous liquider»."

http://www.lefigaro.fr/cgi/edition/genimprime?cle=20051102.FIG0139

ça n'est peut-être pas représentatif, mais ce n'est non plus pas utile de se voiler la face ( si j'ose dire ): si le facteur religieux ( dans un sens communautaire ) ne signifie rien pour nous, ce n'est pas nécéssairement le cas pour tout le monde.
Nos opinion se fondent quelque fois sur des visions un peu trop ethnocentriques.

Publié par fingers le 2 novembre 2005 à 17:56

Franchement, cela tourne à l'absurde :(

Si les chrétiens descendaient dans la rue chaque qu'un cimetiére est vandalisé ou les juifs chaque fois qu'un de lieux de culte ou leurs écoles est tagué, on n'en sortirait pas...

En 1968, les "jeunes" ont manifesté pour constuire leur avenir, en 2005, c'est pour le détruire.

comparaisons douteuses, je sais, mais y a rien à faire, je ne vois pas de logique dans ces raisonnements.

Publié par Frédéric le 2 novembre 2005 à 20:57

Concernant la présence des armes de guerres dans les banlieues:
Une émission d'envoyé spéciale à eu lieu récemment et à touché ce sujet. D'une manière intéressante, le thème du reportage était l'économie souterraine.
Le résumé de l'émission est disponnible sous:

http://envoye-special.france2.fr/emissions/14686031-fr.php

mais malheureusement pas le reportage.
Bonnee soirée

Publié par Pierre-André le 3 novembre 2005 à 22:39

vous pouvez pas comprendre, vous ne vivez pas vous dans ces cités!!!!!!!!!!!!!!! AHHhhh, ça m'énerve ces stigmatisations, ces amalgames!!!! JE LE CRIE HAUT ET FORT ON VOUS EMM....!!!!

Publié par Zahra le 5 novembre 2005 à 0:39

J'ai décidé de laisser le commentaire précédent pour son intérêt sociologique.

Publié par Ludovic Monnerat le 5 novembre 2005 à 7:52

Personnellement, le recours à l'armée me semblerait regrettable : d'une part, cela serait une sorte de constat d'échec pour la police, d'autre part, ce serait symboliquement extrêmement fort, enfin, comment sécuriser avec des FAMAS ? Si l'armée n'a pas - ce dont il faut tout de même se réjouir - l'autorisation d'utiliser ses armes, que fera-t-elle ?

Et puis, encore une fois, recourir à l'armée serait renforcer l'impression de "guerre civile".

Publié par koz le 5 novembre 2005 à 22:22

A Gagny, le Monoprix a brûlé. L'occasion fera-t-elle le larron?

Publié par gagny le 8 novembre 2005 à 17:49

une seule chose me deplait du debat la religion que vous impliquez dans toutes les cruautés.
l'islam n'est pas du tous cruel.
svp ecarté l'islam de ce quil n'est pas de graces

Publié par alhamdoulilah le 21 novembre 2005 à 13:39