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3 octobre 2005

Cracher dans la soupe

Le quotidien 24 Heures a publié aujourd'hui un article qui se veut critique sur le Swiss Raid Commando, et qui s'appuie pour ce faire sur les déclarations d'un seul officier concernant le coût supposé de l'événement. En présentant ce dernier comme un "grand raout militaire", c'est-à -dire une manifestation festive dont le rôle consiste à produire de l'image, c'est bien une perception précise qui est propagée pour donner du crédit à des propos tenus par un seul interlocuteur. Une substance assez légère et trouble pour construire un article significatif, et qui montre bien que la démarche polémique - annoncée ouvertement par la journaliste le week-end dernier - a besoin de faits pour être crédible.

Son article fait en effet totalement abstraction du fait que le Swiss Raid Commando est aujourd'hui le seul exercice de troupe au niveau brigade mené par l'armée suisse. La présence des raiders étrangers et le concours militaire auxquels ils participent sont une opportunité pour engager un état-major de 85 officiers et sous-officiers ainsi que l'équivalent de 4 bataillons - le bat aide cdmt 2, le bat car 1, le bat ondi 16 et le bat IFO inf 3, avec des renforts divers - dans un exercice majeur en termes de conduite, de logistique et de sûreté.

Pour prendre quelques exemples, l'entre-terrain dans lequel les raiders ont effectué une approche et un repli en conditions tactiques était sillonné par 20 chars de grenadiers à roues 93 de l'ER inf 3, dont les membres faisaient office de marqueurs ; le quartier-général du SRC à Bure était exploité par plus de 100 soldats de transmission et du renseignement ; les places de soutien de base abritaient plus de 100 tonnes d'équipements divers, centralisés et décentralisés par des équipes logistiques se relayant jour et nuit.

En d'autres termes, la question des coûts n'est absolument pas celle évoquée par l'article. L'armée suisse n'a pas augmenté son crédit d'heures de vol en Super Puma, ses stocks de munitions ou ses dépenses en subsistance en raison du SRC : les moyens utilisés l'auraient de toute manière été dans le cadre d'autres activités. Et les frais supplémentaires dus au Raid sont effectivement couverts par son budget de 55'000 francs. Le sens même de l'article est donc contredit par la réalité. Sauf si, bien entendu, on décide de faire des économies de fonctionnement en supprimant tous les exercices d'envergure - alors que l'armée a justement besoin de retrouver une telle dimension.

Il reste à se demander comment il est possible de construire un article sur les déclarations d'un officier isolé, qui consent à cracher dans la soupe et prête son nom à une démarche polémique dépourvue de fondement.

PS : Merci à Chris pour m'avoir signalé cet article. Je recommande également de lire le commentaire de Louis-Henri au billet précédent sur le traitement médiatique du SRC.

Publié par Ludovic Monnerat le 3 octobre 2005 à 14:26

Commentaires

mouais... c'est en effet un article très impartial ;-(
pour l'avoir aussi vecu de l'interieur plusieur fois,(mais pas cette année) c'est un superbe exercice, qui permet vraiment à tous (cadres et soldats) de faire un bon exercice très valorisant.
Il faut peut-être voir, dans les remarques de cet officier, comme un coup bas dû aux rivalités interforces helvetique, discutées dans un post précédent. ;-)

Publié par t-Buster le 3 octobre 2005 à 15:12

De toutes manières, le 24 heures ne que difficilement tomber plus bas.

http://lescommentairesdepan.blogspot.com/2005/10/la-productivit-du-mdia-unique.html

Publié par Ruben le 3 octobre 2005 à 15:19

Pour Ruben

Il ne faut pas non plus tomber dans l'excès inverse en critiquant de façon disproportionnée le média en question. Plusieurs points de vue ont été présentés. Les déclarations de l'officier en question sont, à mes yeux, plus problématiques.

Alex

PS. De la part d'un libertarien, ça ne m'étonne qu'à moitié!

Publié par alex le 3 octobre 2005 à 17:54

De rien camarade !
Il est ainsi assez marrant de constater que grace a internet,l eloignement geographique (je travaille a Hong-Kong) n est plus un obstacle a ce qu un officier de l armee suisse se tienne au courant des sujets concerant notre institution...

Publié par zingg christophe le 4 octobre 2005 à 3:16

Si j'ai bien compris, il trouve surtout que l'armée suisse n'est pas assez payée, ce qu'on pourrait approuver si on est soi-même militaire de carrière.

Autrement, c'est un bobet, s'il ne comprend pas que ces dépenses auraient été faites de toutes façon, et que par conséquent ça ne "coûtait" rien de les affecter au SRC.

Publié par François Guillaumat le 4 octobre 2005 à 10:13

Le qualificatif de "bobet" me semble en l'occurrence un bienveillant euphémisme. Je serais surpris qu'une telle bêtise étalée en public n'ait pas de conséquences...

Publié par Ludovic Monnerat le 4 octobre 2005 à 10:32