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25 août 2005

L'armée à la rescousse

Les inondations subies cette semaine en Suisse ont amené l'armée à être engagée en urgence, avec environ 1000 soldats et 11 hélicoptères, au profit des autorités civiles cantonales et municipales. Une soixantaine de demandes ont été émises par les cantons, et presque toutes ont pu être satisfaites. L'existence d'une compagnie de sauvetage composée de soldats en service long, issue de la réforme Armée XXI, a démontré son utilité puisque celle-ci a pu être mise en oeuvre en quelques heures et fournir des contributions de première qualité. De quoi donner aux militaires la satisfaction de constamment répondre aux crises que traverse le pays...

Il faut cependant souligner que cela ne dépend pas du hasard, et suppose notamment une formation adaptée. A titre d'exemple, je peux citer un exercice d'une journée que j'ai fait l'an dernier durant mon stage de formation d'état-major général III, en partenariat avec les différents services d'urgence (on parle de "blaulicht Organisationen" en allemand) du canton de Lucerne. Il s'agissait de simuler une situation d'inondations graves dans cette région, d'une ampleur encore supérieure à celle vécue aujourd'hui, et d'apprendre puis d'appliquer les principes de la collaboration entre forces civiles et militaires. Durant cet exercice, nous avons ainsi été amenés à planifier le déploiement de plusieurs milliers de soldats, stationnés dans toute la Suisse, pour contribuer à la sauvegarde des conditions d'existence autour de Lucerne.

Cette journée, qui comprenait également une présentation - matériel compris - de tous les services impliqués (y compris la compagnie de sauvetage susmentionnée), a montré que la structure de commandement lucernoise était particulièrement efficace : lorsqu'une situation grave se présente, un officier spécialement formé (issu généralement des pompiers) est nommé responsable de l'engagement ("Katastropheneinsatzleiter", KEL) et commande tous les moyens déployés - police, pompiers, sanitaires, militaires, etc. Un état-major ad hoc est constitué autour de lui, avec des représentants de ces éléments, jusqu'à ce que la situation redevienne normale. Une flexibilité qui s'accorde parfaitement avec les principes de fonctionnement de l'armée, et qui autorise une collaboration sans faille.

L'engagement de l'armée à l'intérieur du pays est vraiment une chose maîtrisée en Suisse. Dommage qu'il faille des intempéries quasi diluviennes pour le rappeler.

PS : Comment dit-on "cocorico" en schwytzerdütsch ? :)

Publié par Ludovic Monnerat le 25 août 2005 à 21:16

Commentaires

De la Suisse aux Balkans, vous avez des inondations catastrophique.

Chez moi et jusqu'au Portugal, c'est la sécheresse et des incendies (en grande partie criminelle) en permanence.

La sécurité civile payent un lourd tribut cette été entre les crash de Canadair et les pompiers tuées et bléssés dans cette vraie guerre contre le feu.

Je rend hommage à ces personnes qui risquent leur vie pour sauver celle des autres.

Publié par Frédéric le 25 août 2005 à 21:53

Kokoriko :)))

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 25 août 2005 à 23:55

C'est "Kikeriki" ;-)

Publié par Robert le 26 août 2005 à 0:18

"De quoi donner aux militaires la satisfaction de constamment répondre aux crises que traverse le pays..."

Si cela pouvait être aussi simple....

Petite citation prise dans Le Temps d'aujourd'hui (surtout la dernière partie):


PF n'a qu'une envie: retourner dans le cœur de la Matte inondée. «Plus vite ce sera déblayé, plus vite la vie reprendra son cours!» Concierge de l'école, il a été évacué de force mercredi avec sa femme. «On était très bien: on avait à manger, le réchaud à gaz, les bougies... Mais bon, y'a douze spécialistes qui disaient que les maisons menaçaient de s'effondrer, alors...» Il grommelle contre les équipes d'intervention incapables, selon lui, de se coordonner. Et s'insurge contre ceux qui auraient dû voir venir la catastrophe. «On n'a pas été informés à temps. Le bois aurait dû être retiré avant d'arriver ici, c'est ce qui a fait déborder l'Aar. Les spécialistes de l'armée auraient dû voir venir tout ça», gronde-t-il.

Publié par X. le 26 août 2005 à 20:04

Pas d'accord, X. : dans un engagement subsidiaire comme celui auquel nous avons assisté, ce sont les autorités civiles qui assurent la responsabilité des actions menées. Les militaires ont pour mission de fournir des prestations en termes de personnel, de matériel et de compétence ; ce ne sont pas eux qui prennent des décisions comme celles d'évacuer des habitations.

Publié par Ludovic Monnerat le 26 août 2005 à 20:23

C'est comme au Québec, durant la crise du grand verglas de 98 l'armée canadienne était à la disposition de la SQ ( Police, sécurité du Québec ) en relation avec la sécurité civile ( autorités civils ). Suite à cette expérience qui a frolé le désastre les autorités civiles ont du revoir et mettre à jour leurs plans de secours et d'évacuation.

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 28 août 2005 à 23:22