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18 janvier 2005

WEF : le discours de la violence

Le Forum économique de Davos commence la semaine prochaine, et le façonnement des perceptions publiques fonctionne à plein régime. Grâce à leurs fidèles relais dans les médias, les opposants au Forum tentent en effet de justifier par avance les violences issues de leurs rangs ; ils s'appuient pour ce faire sur les restrictions imposées par la ville de Berne à leur grande manifestation pour annuler celle-ci et crier au bafouement des droits élémentaires. Leur message est on ne peut plus clair : ce sont les forces de l'ordres qui sont dangereuses.

« L'Exécutif avait décidé de militariser la ville. Nous étions donc en souci pour la sécurité de nos militants », complète depuis Genève Alessandro Pelizzari, secrétaire d'Attac Suisse, qui a participé à la discussion de dimanche soir. Selon lui, le scénario des autorités augmentait sérieusement les risques de confrontations. [...] Mais les Black Blocks ne rêvaient-ils pas d'en découdre avec les forces de l'ordre? « Il faudrait savoir qui ils sont vraiment. Des membres de la coalition ou des infiltrés contrôlés par la police »

Les responsables de l'Alliance anti-WEF, qui rassemble une trentaine d'organisations militantes, n'ont donc pas peur des paradoxes : alors qu'ils visent à empêcher la tenue d'une manifestation publique, ils protestent contre toute entrave à leur propre manifestation. Et le lieu accordé pour celle-ci n'avait rien d'anodin ou d'excentré : la Place Fédérale, juste devant le siège du Gouvernement et du Parlement. Visiblement, un lieu pareillement idéal pour faire passer un message politique, directement sous les caméras des médias tout proches, ne satisfait guère nos militants altermondialistes.

Mais le plus intéressant reste le fait voir à quel point ce message est retransmis, confirmé et amplifié par certains journalistes, comme le fait Vincent Bourquin dans 24 Heures, qui s'est fendu d'un éditorial enflammé dans lequel il crie au non respect des droits les plus fondamentaux. Extraits :

L'Exécutif bernois voulait faire de même avec les anti-WEF. Les «parquer» durant quelques heures sur la place Fédérale, sans les laisser défiler dans les rues de la capitale. Des pratiques pas très éloignées de certains régimes totalitaires.
Le droit à la liberté de manifester est donc clairement attaqué par une municipalité, pourtant majoritairement à gauche. Et cette décision crée un dangereux précédent: à l'avenir sera-t-il encore possible de manifester à Berne? C'est loin d'être sûr. [...]
Des débordements étaient prévisibles. Mais la décision des autorités bernoises pourrait bel et bien générer des réactions beaucoup plus violentes encore.

On n'est pas loin ici de la folie furieuse que je prends plaisir à exposer sur ces pages, n'était ce fond idéologique tellement évident qui tord le sens et les perceptions : le droit de manifester est confondu avec le droit de manifester n'importe où et n'importe quand, les restrictions décidées par des autorités élues sont une incitation à la violence et le présage d'une tyrannie future. Aucune logique n'apparaît dans ces propos qui dégoulinent de militantisme d'extrême-gauche. Mais le camarade Bourquin aura fidèlement reproduit la ligne du parti !

Peut-être se trouvera-t-il une bonne âme à 24 Heures pour expliquer à ce malheureux garçon que le journalisme ne consiste pas à servir de porte-parole pour une mouvance politique, quelle que soit la légitimité ou non de sa démarche, mais bien de prendre du recul pour replacer objectivement les faits dans leur contexte. Et si possible faire preuve d'esprit critique : est-ce que par hasard les anti-WEF n'auraient-ils pas été effrayés par la perspective de devoir remplir la place Fédérale, sous peine de paraître - encore plus - ridicules ? Cette bonne place Fédérale, avec ses jolis jets d'eaux, peut accueillir facilement 30'000 personnes... Soit dit entre nous !

Publié par Ludovic Monnerat le 18 janvier 2005 à 12:53

Commentaires

Ce n'est pas la première distorsion du "camarade" Bourquin par rapport aux faits qu'il est censé relater. Lors des manifestations anti G8 en juin 2004 à Lausanne, le même genre d'arguments tendancieux a été largement repris. Mais le "camarade" Bourquin est incapable de comprendre que dans notre Etat de droit quand la sécurité publique est en jeu, le droit de manifester peut être tout simplement suspendu voire restreint à certaines règles. Si les gentils organisateurs ne s'engagent pas à les respecter, la manifestation peut être interdite. Les manipulateurs d'opininon veulent se dédouaner des débordements qui risquent bien d'arriver...et ils ont trouvé le larbin de service pour soi-disant hurler à l'atteinte des droits démocratiques. La ficelle devient trop grosse et l'arrivée des "weblogs" commence à contre-balancer la dérive de certains éditorialistes. Bravo pour vos réflexions sur ce sujet

Publié par marcel cohen dumani le 18 janvier 2005 à 13:48

"Les droits de l'homme et les devoirs du citoyen"

On parle beaucoup des premiers et on ignore largement les seconds.

Publié par Frédéric le 19 janvier 2005 à 0:33

Nous verrons bien ce que le WEF nous réserve en terme de violences urbaines et de "désobéissance créative" (les altermondialistes font preuve d'une inventivité ébourriffante pour dissimuler les zones sombres de leurs mouvements). En attendant, il est éclairant de constater que des médias ont par avance choisi leur camp et pris sur eux d'en promouvoir la cause - et que ce n'est pas la première fois !

Publié par Ludovic Monnerat le 19 janvier 2005 à 10:38