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3 janvier 2005

Des officiers au lycée

Un article du Christian Science Monitor décrit le débat qui se déroule actuellement en Israël sur un programme original : l'envoi d'officiers supérieurs dans les lycées afin de rencontrer les étudiants, de leur parler du rôle de l'armée et des devoirs du citoyen, avant de les emmener pour visiter une unité militaire dans le terrain. Pas moins de 70 établissements scolaires participent au programme, qui déclenche néanmoins de vives résistances, avec - sans surprise - des accusations d'endoctrinement et de militarisation.

Que les militaires d'une armée de conscription se soucient de l'éducation civique est logique : sur les bancs des lycées se trouvent effectivement les chefs de demain, comme le nom du programme ("The Coming Generation") l'indique. Année après année, il est aisé de noter l'évolution des vertus essentielles à la vie militaire, comme l'aptitude à privilégier l'intérêt collectif et la disposition à accepter une fonction précise au service d'une organisation complexe. La création de ce programme en Israël semble donc répondre à un besoin tel qu'il est perçu par les militaires.

Mais les réactions de rejet exprimées au sein d'un pays en guerre montrent également à quel point les milieux de l'enseignement, dans les nations occidentales, restent viscéralement antimilitaires et prompts à la censure. Est-ce que la présence d'un lieutenant-colonel dans un lycée suffit à convaincre les étudiants d'embrasser une carrière militaire, ou est-ce qu'il ne serait pas en mesure de fournir des informations inédites à un public aussi intéressé que critique ? Le refus du dialogue trahit toujours un manque de confiance.

Ce débat va cependant au-delà des orientations idéologiques des milieux de l'enseignement, qui d'ailleurs évoluent rapidement au vu de la dégradation massive de la discipline et du respect dans les classes. Il porte sur la notion de service, sur l'acceptation de devoirs afin de garantir les droits d'autrui, y compris le devoir d'employer la coercition armée pour défendre et protéger. C'est bien l'un des piliers de l'Etat-nation qui est en jeu dans l'éducation des adolescents aux problèmes de sécurité.

Si demain un gymnase m'invite à donner un exposé pour expliquer le rôle de l'armée de milice suisse dans notre société et dans le cadre stratégique, je m'y rends sans hésiter. En uniforme de lieutenant-colonel, naturellement.

Publié par Ludovic Monnerat le 3 janvier 2005 à 19:09